LES JEUX OLYMPIQUES AU SERVICE DE LA MONDIALITÉ LUDIQUE

Jure Georges Vujic

Jure Georges Vujic, géopoliticien franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, auteur de plusieurs livres et d’articles en philosophie, politologie et géopolitique publiés en France et en Croatie, chercheur associé de l’Académie de Géopolitique de Paris, membre du Conseil scientifique de la revue Géostratégiques de l’AGP.

Le sport, et par extension les jeux olympiques, n’ont jamais été hors de la sphère politique, puisque de par leur importance médiatique ils ont toujours constitué un phénomène social mondial où les enjeux à la fois, financiers, économiques et géopolitiques de « soft power » ont d’une certaine manière politisé cet évènement.

Dans la mesure où, comme le disait le philosophe Emmanuel Mounier, « la politique est en tout », tout phénomène social s’insérant dans la chose publique n’échappe pas à une intrusion (voire une instrumentalisation) du politique et de l’interprétation même de ce qui relève de la vie privée. D’autre part, les choix politiques sont eux-mêmes le reflet des références et des visions du monde, par essence plurielles. Au début du XXème siècle, le mythe et la politique faisaient bon ménage : le mythe servait, à travers les récits fondateurs, voire mobilisateurs, à légitimer un ordre politique, alors que pour certains penseurs tels que Georges Sorel et Thomas Mann, la politique au 20ème siècle serait déterminée par des mythes élaborés pour les masses, afin de mettre en mouvement les énergies politiques.

Dans la « prophétie » de Sorel, enfin, les mythes sont des fictions qui acquièrent le statut de « réalités dynamiques » parce qu’elles sont crues par les masses et qu’elles déterminent leur comportement politique. On se souvient que l’origine des jeux olympiques est originellement mythique, puisque les premiers Jeux dans la Grèce Antique s’orientaient vers la recherche de paix temporaire dans la tradition grecque de la Trêve olympique, ou Ekecheira. En effet, les jeux s’inséraient déjà dans un contexte géopolitique particulier, en pleine guerre du Péloponnèse (431 à 404 av. J-C), l’institution des jeux et la trêve provisoire permettant d’unir les cités entre elles et de rétablir la paix. Les jeux étaient organisés en l’honneur du dieu Zeus et avaient par conséquent une dimension religieuse et sacrée fondamentale. Cependant, les jeux furent abolis en 393 après J-C par l’empereur chrétien Théodose 1er (347-395), qui souhaitait arrêter toutes les fêtes païennes dont les Jeux olympiques.

De Ekecheira à Lady Gaga

En Grèce antique, la trêve sacrée (ἐκεχειρία / ekekheiría) était instituée pour l’ensemble des agônes (fêtes sportives grecques), et placée sous la protection de la déesse Ecéchéirie, personnification de l’armistice et de la cessation des hostilités. Néanmoins, la trêve antique n’impliquait absolument pas l’arrêt de toutes les guerres ; ce n’était qu’un « cessez-le-feu partiel ».

Cette trêve avait une fonction pratique car sans elle les jeux n’auraient pas pu se tenir en raison des incessants déplacements des sportifs d’agônes. D’autre part, la violation de cette trêve n’était pas exempte de sanctions et les contrevenants s’exposaient à de lourdes amendes. Ainsi, en 420 av. J-C, durant la guerre du Péloponnèse, Sparte est condamnée à une très lourde amende de 2000 mines pour avoir violé la trêve en attaquant le fort de Phyrkoset en envoyant des hoplites à Lépréon, une petite cité d’Élide (région de Grèce).

À l’époque contemporaine, le mythe et le sacré ayant été exclus par la sécularisation croissante du champ politique et social, la trêve des jeux olympiques s’est transformée sous l’impulsion du baron de Coubertin en 1894, lorsqu’il fonde le Comité international olympique (CIO).

Depuis lors, le CIO est devenu l’organisation gouvernant le mouvement olympique, dont la structure et les décisions sont définies par la Charte olympique[1], et il a adopté une résolution intitulée « Édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique », résolution destinée à promouvoir la paix dans le monde grâce au sport. Mais en fait, comme l’a souligné l’historien Patrick Clastres[2], professeur à l’Université de Lausanne, « la trêve olympique n’a jamais existé, ni dans l’Antiquité où les athlètes n’avaient qu’un sauf-conduit pour se rendre aux épreuves, ni dans l’ère moderne, où les Jeux n’ont jamais arrêté aucun conflit ».

Aujourd’hui, nous sommes loin de l’esprit d’émulation aristocratique des jeux de l’antiquité, lorsque participer aux jeux d’Olympie relevait autant de la piété envers Zeus que de la sociabilité panhellénique, qui mêlait des Grecs de tous horizons partageant l’esprit d’agôn. L’hubris de la professionnalisation, de la « festivisation » (les cérémonies d’ouverture et de fermeture), de la commercialisation et de la capitalisation des jeux contemporains n’en finissent pas d’invisibiliser non seulement les prouesses des athlètes, mais aussi l’esprit même des jeux.  Les jeux antiques, autrefois consacrés par une communion spirituelle et placés sous la protection de la déesse Ekecheira, se diluent aujourd’hui dans les commémorations festives et commerciales,  à l’occasion desquelles se produisent des stars du cinéma et de la pop musique, tels que Tom Cruise ou Lady Gaga.


Bien sûr, les jeux de l’antiquité étaient étrangers à la notion d’ « humanité » au sens moderne du terme et excluaient les « barbares » (les non grecs). Ces Jeux avaient la particularité de rassembler le monde grec des cités-États. Les trois autres Jeux étaient les Jeux pythiques de Delphes, les Jeux néméens de Némée et les Jeux isthmiques qui se tenaient sur l’isthme de Corinthe. Chaque édition des Jeux était dédiée à un dieu spécifique – Apollon, Héraclès, Poséidon ou bien sûr Zeus. Les jeux étaient initialement limités aux citoyens grecs de sexe masculin et nés libres. Les femmes n’étaient pas autorisées à participer aux Jeux. Il n’y avait pas de médailles d’or, d’argent ou de bronze ; les gagnants recevaient une couronne de feuilles d’olivier et étaient accueillis en héros à leur retour. Les athlètes s’affrontaient pour la gloire de leur ville et les vainqueurs étaient considérés comme touchés par les dieux.

Les JO puissant levier du « soft power »

Ainsi, tout comme la trêve olympique n’a jamais vraiment existé, dans l’histoire les jeux olympiques n’ont jamais été apolitiques. Cette réalité, illustre bien le « piège de Coubertin », qui lui-même, tout en prônant l’apolitisme intégral des jeux, aura une grande responsabilité dans la politisation des jeux. En effet,  loin d’être neutre lui-même, il interdisait les femmes athlètes aux JO, invitant avant tout les occidentaux et en promouvant le sport, surtout européen. Aujourd’hui même, le baron de Coubertin est largement critiqué et suspecté d’être réactionnaire, car le narratif de la renaissance des jeux, diffusé á travers la Revue athlétique en 1894  et le CIO (Comité international olympique), était en partie imprégné par un eugénisme teinté de misogynie, de colonialisme et d’exaltation de la virilité, qui aujourd’hui seraient largement stigmatisés comme « masculiniste » et raciste.

Ainsi, loin de la neutralité et de l’apolitisme philanthropique, proclamés par le fondateur Pierre de Coubertin, les jeux et cérémonies d’ouverture pour tous les pays s’inscrivent dans la stratégie de communication du « soft power ». Autrement dit, les cérémonies sont avant tout un moyen, et non une fin. Le sport et l’image qu’il crée du pays sont considérés comme un investissement, non seulement financier mais aussi symbolique, un élément d’un projet politique et culturel d’influence et de compétitivité, et en tant que tels, les images, messages et récits créés pendant les Jeux Olympiques servent souvent des objectifs politiques et économiques. Les Jeux Olympiques, ainsi que leurs cérémonies, sont des leviers importants de la diplomatie sportive qui, avec la diplomatie culturelle et non gouvernementale, font partie intégrante du modèle démocratique de « gouvernance mondiale ».

Aujourd’hui, et encore plus avec l’explosion de la révolution numérique, chaque pays tente d’attirer l’attention, le respect et la sympathie des autres puissances par des démonstrations de pouvoir non agressives et des projections symboliques. Le caractère apolitique des jeux semble donc illusoire, quand on voit la multitude d’acteurs présents et les investissements réalisés par les différents pays pour améliorer leur image internationale. Tout comme d’autres grands événements sportifs comme la Coupe du Monde de la FIFA, ils sont une illustration claire du « soft power » décrit par Joseph Nye – mais aussi une illustration des luttes de pouvoir existantes, qu’il s’agisse de la course aux médailles ou au statut d’organisateur et d’hôte des Jeux Olympiques.

Par exemple, la Chine a profité des Jeux olympiques de Pékin en 2008 pour renforcer son influence et améliorer son image internationale. En effet, le succès de l’organisation des Jeux (infrastructures logistiques et sécurité) permet au pays hôte d’être classé à un numéro et une place particulière sur l’échelle internationale du « soft power »,  s’il parvient à tenir en parfaite harmonie ses promesses en matière de durabilité, de sécurité et d’accessibilité. La Ville de Londres en 2012 a été saluée pour son organisation et ses installations durables, tandis que Pékin en 2008 s’est distinguée par ses innovations, ses expositions grandioses et ses infrastructures symboliques. Bien sûr, les Jeux ont une dimension ludique et festive inévitable, mais « le jeu est un combat et le combat est un jeu »[3], comme le dit Johan Huizing dans son célèbre ouvrage Homo Ludens[4], suggérant que le jeu constitue un élément anthropologique essentiel (qui canalise et civilise les conflits), et une condition pour la création d’une culture particulière. Ainsi, même si l’on peut considérer les Jeux Olympiques – et notamment les méga-cérémonies, avec tous leurs dérivés culturels, commerciaux et médiatiques – à travers le prisme de la « société du spectacle » de Guy Debord[5], et de l’impératif du divertissement qui se transforme en simulacre festif (Jean Baudrillard[6]), les jeux constituent en réalité un levier important pour atteindre les objectifs politiques, économiques et de consuméristes.

Les villes-mondes : les jeux au service de la métropolisation globale

Il ne faut pas oublier que les méga-événements, dont les Jeux Olympiques sont aujourd’hui le symbole, ont toujours été liés aux grandes métropoles européennes, puis américaines et maintenant asiatiques. Dans ce contexte, les Jeux Olympiques constituent un levier du processus mondialiste de métropolisation auquel participent de nombreuses grandes entreprises de marketing, et la sponsorisation par les marques de luxe (comme la marque Louis Vuitton lors de la cérémonie des jeux de Paris).

Les Expositions universelles de Londres (1851, 1862) et de Paris (1855, 1867, 1878, 1889, 1900, 1937) marquent le début de grands événements internationaux. Ce sont les villes désignées par le Comité International Olympique (il existe également un classement des villes mondiales) et qui deviennent de véritables vitrines de l’Olympisme. Leur choix découle de la compétition entre différents pays et capitales dans une concurrence complexe et féroce dans laquelle les puissances géopolitiques, financières et les lobbys internationaux jouent leur rôle. Mais, une fois proclamée, la ville devient sacrée grâce au capital symbolique, qui lui confère une nouvelle légitimité.

Les villes-monde constituent les centres de communication, d’innovation et d’orientation de l’économie mondialisée, concentrant toutes les fonctions, qui sont devenues les capitales des jeux d’aujourd’hui. Ces villes sont également au centre du développement des technologies informatiques et de communication (TIC), nécessaires à la diffusion mondiale des événements olympiques, et participent pleinement au modèle économique du CIO et du sport professionnel en général (télévision, satellite, magnétoscope, réseaux sociaux, etc.). Par conséquent, les plus grands gagnants des Jeux Olympiques resteront les grandes métropoles mondiales, tandis que les autres régions du pays hôte, les villes de petite et de moyenne taille,  périphériques, ainsi que les zones rurales, sont souvent marginalisées et exclues des bénéfices.

Le rôle des narratifs cérémoniels

Les  leviers majeurs du « soft power » des jeux, sont précisément les cérémonies d’ouverture des jeux, qui constituent une opportunité exceptionnelle de commercialiser et d’afficher au niveau mondial un certain récit, un narratif qui revêt des dimensions culturelles et politiques et qui symbolise en même temps l’identité nationale et l’imaginaire collectif d’un pays dans le passé mais aussi dans le futur, avec une certaine  projection culturelle et idéologique d’une telle identité dans le monde.

Un tel récit est un outil important dans la création de ce que le géographe et géopolitologue français Yves Lacoste appelle des « représentations », en tant qu’ensemble d’idées et de perceptions qui façonnent la façon dont une communauté nationale se perçoit elle-même (et comment les « autres » la perçoivent de l’extérieur) dans sa relation avec son territoire, son environnement et ses ressources, et la manière dont ils sont gérés et exploités[7].

Les six dernières cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques ont laissé leur marque à travers des récits différents, et pour des raisons différentes. Ainsi, la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Sydney 2000 a mis en avant la culture aborigène, avec l’annonce du choix de Cathy Freeman, coureuse de 400 mètres d’origine aborigène comme dernière porteuse de la flamme olympique.

La Grèce a axé la cérémonie d’ouverture des Jeux d’Athènes 2004 sur la mythologie grecque. Placés sous le signe d’Apollon, dieu – entre autres – de l’art, du chant et de la musique, des centaures, sculptures et philosophes grecs ont défilé lors de la cérémonie.

En 2008, la Chine a accueilli les premiers Jeux olympiques de son histoire et Pékin a organisé une somptueuse cérémonie mise en mouvement par 2008 tambours qui ont ponctué le proverbe souvent répété de Confucius. Nous parlons de la projection du récit chinois appelé « Tanxia » (tout sous un même ciel), un nouveau paradigme géopolitique qui place la Chine au centre des flux géoéconomiques et politiques mondiaux. Avec des ressources presque illimitées, Pékin a célébré un récit historique millénaire, depuis l’invention du papier et de l’imprimerie jusqu’à la construction de la Grande Muraille de Chine.

La cérémonie d’ouverture des jeux de Londres 2012, fêtant la culture pop, mêlait humour et excentricité britanniques, avec des dizaines de Mary Poppins descendant du ciel avec leurs parapluies. La cérémonie a également été marquée par la participation d’Élizabeth II (1926-2022) à un court métrage avec James Bond (interprété par Daniel Craig).

Avec moins de financement que ses deux prédécesseurs, la ville de Rio a proposé en 2016 une cérémonie d’ouverture centrée sur la culture brésilienne. Parallèlement aux rythmes de la samba, les favelas, quartiers pauvres très présents dans la ville, ont été mis en avant. Particulièrement préoccupé par le changement climatique, le Brésil a également consacré une partie de sa cérémonie d’ouverture à l’environnement. Le dernier message avant le départ des athlètes en défilé était l’éclairage de la statue du Christ Rédempteur aux couleurs du Brésil.

À Tokyo, en 2020, la cérémonie d’ouverture des jeux s’est déroulée dans un stade vide et privé de public en raison de la pandémie de Covid-19, rendant hommage aux soignants puis aux personnes décédées du virus. La cérémonie était plus modeste, avec des athlètes défilant sur des musiques de jeux vidéo japonais et des danseurs interprétant les pictogrammes des Jeux.

La dernière cérémonie parisienne des jeux (2024), qui a suscité de nombreuses polémiques et où l’on a pu voir des prouesses techniques et visuelles indéniables, a été le théâtre d’une déconstruction de l’identité judéo-chrétienne française et occidentale, pleine de stéréotypes et d’icônes du « Wokisme » et du récit progressiste : depuis le tout début, avec la célébration de la période historique de la Terreur de 1793 (décapitation de la reine Marie-Antoinette), comme si l’histoire de France commençait par la Révolution française (en faisant abstraction des siècles d’histoire  des rois de France), jusqu’à l’apothéose de la soi-disant transgression parodique avec la parodie de La Cène de Léonard de Vinci (1495-98), dans laquelle des « drag queens » incarnaient les rôles de La Cène de Jésus (représentant le dernier repas du Christ), ce qui a provoqué des protestations de la part du monde chrétien, mais aussi des membres d’autres religions du monde entier. Cependant, si la grande majorité des Français ont évalué positivement la cérémonie comme un spectacle de masse, la question est de savoir dans quelle mesure le récit « woke » d’une petite caste privilégiée de quelques quartiers bourgeois de Paris (le soi-disant « boboland ») était représentatif de l’état d’esprit d’un grand nombre de citoyens français ordinaires dans toute la France qui, d’ailleurs, ont largement financé cet événement public par leurs impôts.

Les jeux au centre du paradigme de la société mondiale

Loin d’être une compétition neutre, les JO constituent indéniablement un enjeu géopolitique mondial ainsi qu’une vitrine exceptionnelle, où les athlètes et leur son drapeau (les JO rassemblent 206 comités nationaux, ou affiliés au CIO – rassemblement donc plus mondialisé encore que ne l’est l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui ne compte « que » 193 États membres) ont une visibilité internationale et bénéficieront d’une attention médiatique redoublée à travers les compétitions entre les États, qui mesurent leur puissance. C’est ce qui fait dire à l’écrivain George Orwell qu’ « à un certain niveau, le sport n’a plus rien à voir avec le fair-play […], ce n’est plus qu’une guerre sans coup de feu ». Ou encore, « le sport c’est la guerre, les fusils en moins » (G. Orwell, 1945)[8].

Les Jeux olympiques constituent un phénomène sociétal global (Marcel Mauss)[9], qui traduit bien le cadre de la mondialité contemporaine en tant que fait social total. En tant que phénomène ludique, sportif et hyper-festif, ils s’intègrent dans un ordre capitaliste marchand mondial dépassant le cadre national des États. Les Jeux constituent à ce titre un mécanisme puissant de promotion du modèle de société mondiale cosmopolite, bâtie sur les réseaux d’acteurs et soumise à des régulations transnationales. En effet, depuis l’avènement de la question de la société mondiale (World Society) dans le sillage des réflexions de l’English School (John W. Burton, E. Luard, M. Shaw)[10], on parle le plus souvent de société mondiale autonome transétatique au sens où Hedley Bull la définissait[11], qui se constitue progressivement, en dehors des États, et réunissant les individus, les organisations privées, les groupes humains de toutes natures jusqu’à rassembler la population mondiale. L’esprit des JO, fondé sur la solidarité et la fraternité universelle des peuples, s’inscrit dans le droit fil des visions et utopies planétaristes, unitaristes de la mondialité.

Cependant, les approches mondialistes s’avèrent trop souvent idéologiques, avec des aspirations uniformisantes de la mondialité qui demeure multi-référentielle et multidimensionnelle[12]. Ainsi, dans son aspect sportif et compétitif transnational comme dans les JO, nous assistons à un double processus géopolitique et culturel : l’un occidentalo-centré, hyper-festif et cosmopolite ; l’autre centrifuge et révélant une forme de désoccidentalisation géopolitique avec l’affirmation et l’émergence de puissances sportives extra-occidentales telles que la Chine, la Russie ou d’autres pays du monde musulman, qui remettent en question la domination sportive occidentale.

La dimension ludique et sportive ainsi que le récit cosmopolite des JO ne saurait voiler le visage de la mondialisation libérale (qui rejoint la thèses de Georg Simmel) qui repose sur une culture moderne dominée par le rôle de l’argent en tant que référent de l’universel humain et la dynamique du marché tout-puissant, et écartelée entre deux directions opposées : l’interdépendance et l’indifférence. La mondialité ludique et sportive participe à ce système de réseaux et d’échanges qui révèle, selon Pierre-Noël Giraud[13], le caractère très peu inclusif du capitalisme mondialisé, qui ignore des masses d’hommes parce que « la mondialisation actuelle est une mondialisation engendrée par des nomades qui, au lieu d’interagir avec des sédentaires dans leur environnement immédiat, agissent maintenant à une échelle mondiale ». Les jeux constituaient dans leur dynamique discriminante d’« l’inégalité interne par le jeu des lobbys, des attributions et des reconnaissances et exclusions une vitrine fallacieuse de compétitivité externe ».  En effet, dans la mesure où les jeux constituent un « symbolisateur nodal »[14] de nos sociétés contemporaines, ils ne sauraient être appréhendés de manière isolée, mais au contraire comme un phénomène faisant partie intégrante d’un système socio-économique et sociétal.

Certains politistes contemporains comme Jules Boykoff parlent de « capitalisme de la fête »[15], pour expliquer ce phénomène multidimensionnel à la fois socio-économique et ludique. En raison du gigantisme de ces événements festifs qui mobilisent une multitude d’acteurs étatiques et non-étatiques, mais aussi la population entière, les JO sont le reflet de l’organisation des grands événements sportifs internationaux (GESI), qui ne porte plus simplement sur le contexte politique international, mais sur les conditions mêmes de leur organisation, conduisant de plus en plus les responsables à chercher à obtenir l’évaluation et la participation des populations concernées.

D’autre part, certaines lois dites « olympiques » comme celles adoptées en France, respectivement les 26 mars 2018 et 19 mai 2023, permettent d’obtenir une série de dérogations régulatives à l’organisation des JOP, au point que certains juristes n’hésitent pas à parler d’une véritable « lex olympica », subordonnant le droit national à des réglementations d’exceptions, notamment celles qui ont été  utilisées durant la pandémie de Covid-19 (QR code, vidéosurveillance) : en matière de sécurité, la reconnaissance faciale automatique sera par exemple autorisée dans la vidéosurveillance, ce que certains interprètent comme une expérimentation grandeur nature d’une technologie liberticide, à laquelle s’ajoute un dispositif de sécurité massif mêlant forces publiques (police, gendarmerie et armée) aux agents de firmes privées, ainsi qu’un ensemble d’interdictions de circulation dans certains périmètres jugés sensibles. Plusieurs de ces réglementations dérogatoires et d’exception dans le domaine de l’urbanisme, la circulation, la surveillance, vont directement à l’encontre des engagements inscrits dans la Charte sociale des Jeux Olympiques, adoptée en juin 2018[16].

Jules Boykoff estime en effet que « les célébrations qui accompagnent les méga-événements sportifs internationaux comme les JOP autorisent en effet la proclamation d’un véritable état d’exception lors duquel certaines règles habituelles sont suspendues, au profit de certains intérêts capitalistes, tant à travers la création d’un spectacle planétaire particulièrement lucratif que par la logique de privatisation des profits et de socialisation des risques et des coûts qui l’accompagnent. Les JOP s’accompagnent ainsi désormais systématiquement dans les territoires où ils sont organisés d’un certain nombre de phénomènes qui font système : une militarisation de l’espace public au nom de la sécurisation de l’événement qui repose là encore sur une alliance entre secteurs public et privé et permet au premier d’expérimenter de nouvelles techniques de contrôle social et au second de commercialiser ses « solutions » en la matière ; la dérégulation provisoire de certaines règles du commerce et du droit social au nom  du bon fonctionnement continu de l’événement et de l’accueil du public, mais aussi de la garantie des privilèges des sponsors de la compétition ; et enfin la gentrification accélérée de certains espaces qui s’accompagnent par l’expulsion plus ou moins massive de leurs habitants plus précaires »[17].

Du capitalisme d’entreprise au capitalisme ludique

En raison de l’importance des investissements colossaux dans ce méga-événement sportif qui combine le sport, le marketing et l’ « entertainment »médiatique, les Jeux Olympiques (JO) sont marqués par le signe du gigantisme organisationnel, et le spectaculaire médiatique, qui bénéficie de l’argent des entreprises et d’une popularité généralisée. La popularité des JO n’a fait que croitre depuis l’arrivée de la télévision, alors que durant la Guerre Froide ils furent instrumentalisés géopolitiquement pour accéder à la suprématie globale. Depuis la professionnalisation de la discipline des athlètes de haut niveau et le financement combinant le privé et le public, les JO se sont étroitement liés au capitalisme d’entreprise, surtout durant la période de la présidence du Comité International Olympique (CIO) de Juan Antonio Samaranch (1980-2001), qui marquera un tournant majeur lors des Jeux en 1984, pour se transformer en business géant. La transformation des JO a eu lieu au milieu des années 1980 lorsque le CIO a établi « le programme Olympique », qui est devenu plus tard « le programme de partenariat mondial », lequel ouvrira la voie à une transformation progressive des JO jusqu’à nos jours, où le rôle et le financement par les marques et les sponsors sont devenus omniprésents dans cet événement. Les JO de Los Angeles 1984 ont été les premiers Jeux à fonctionner de manière entièrement capitaliste. Néanmoins, bien que le « programme de partenariat mondial » de 1984 intègre les JO dans le cadre d’un capitalisme néolibéral, les JO d’aujourd’hui fonctionnent sur un mode hybride combinant des régimes de règles et de régulations originaires du CIO (Comité International Olympique), avec des financements sources de la dette publique et ses calendriers stricts de remboursement.

Loin d’être une compétition neutre, les Jeux Olympiques contemporains restent écartelés entre deux impératifs contradictoires : d’un côté, la promotion de l’idéal olympique, mythifié et déclaratif mais continûment réaffirmé par un CIO directement issu de l’établissement politico-financier ; de l’autre, la contrainte du politiquement correct et la prise en compte des intérêts géopolitiques du moment, qui impliquent des politiques de reconnaissance ou d’exclusions de participations de pays jugés indésirables, non-démocratiques, etc…

On se souvient des épisodes de boycotts durant la guerre froide olympique : à la suite des événements de Hongrie (les Jeux d’« été » de la XVIème olympiade ont eu lieu à la fin de 1956), les Pays-Bas, l’Espagne et la Suisse avaient décidé de boycotter une rencontre dont étaient également absentes l’Égypte et la Chine populaire. Après l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques en décembre 1979, la fin de l’ère Brejnev s’est traduite aussi par un retour à la guerre froide olympique. Dès janvier 1980, Jimmy Carter annonce son intention de boycotter les Jeux de Moscou, ce à quoi les Russes répondront quatre ans plus tard par une abstention aux jeux de Los Angeles à laquelle s’étaient associés dix-sept États alliés ou clients de l’Union soviétique. Lors des derniers JO de Paris, le véritable enjeu géopolitique résidait dans la participation des athlètes russes et biélorusses sous la bannière de leur pays. Au lendemain de l’invasion de l’Ukraine (février 2022), le CIO avait banni ses fédérations de toute compétition internationale. Cette bataille entre le CIO et Moscou, qui affirmait son droit légitime de participation, constituait une nouvelle illustration de la fragmentation géopolitique du monde, sous la pression de puissances hostiles, comme la Russie. En effet, la Russie Poutinienne veut soutenir le lancement de Jeux parallèles, organisés par les BRICS (un regroupement de dix pays formé, à l’origine, du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud) ou encore de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Le président russe, Vladimir Poutine, a réaffirmé sa volonté de « remplacer le système sportif mondial », les JO constituant ainsi le reflet d’une forme de désoccidentalisation géopolitique.

Comme l’affirme Edgar Morin, « le sport porte en lui le tout de la société »[18], les JO constituant dans un contexte social et international donné, un miroir des mœurs, des valeurs, des aspirations et des tensions de notre société. En effet, Les compétitions sportives, reflètent à cet égard les évolutions sociétales, les dynamiques culturelles et sociales, et le plus souvent les dérives ludiques de la « société du spectacle », comme l’illustre l’intégration des danses urbaines comme le Break dance ou du skateboard en tant que disciplines sportives, ou l’influence des politiques inclusives de genres avec la participation de sportifs transgenres.

Cette interdépendance entre le divertissement et le festif avec les compétitions sportives s’explique par le fait que les JO constituent une matrice commerciale, communicationnelle et financière de l’industrie du sport, qui génère annuellement des milliards d’euros, et soutenue par une consommation accumulée de produits sportifs et des investissements substantiels dans les infrastructures sportives, et de nombreux autres marchés proposants des produits dérivés pour tous les sportifs. En effet, les JO constituent un véritable écosystème transnational qui repose sur une symbiose de structures médiatiques, économiques et commerciales intégrant le sponsoring et le financement des multinationales. Cet écosystème olympique est à l’image d’une société de cour planétaire, dans le sens que lui a donné Norbert Elias, avec ses poncifs du CIO, ses courtisans, ses trésoriers, ses lobbyistes, ses diplomates et technocrates (qui veillent à l’application des règles de la « gouvernance du sport » et des textes fondateurs des JO). En effet, « Le sport est fréquentation »[19] et dans le domaine des relations internationales, la rencontre sportive traduit le degré d’acceptation et de reconnaissance d’un régime ou d’un État vis-à-vis d’un autre. Bien sûr, reste à définir qui décide et sur quels critères objectifs on s’établit pour dire si un État, un pays, est plus fréquentable que d’autres, ce qui pose la question de la légitimité de l’excommunication sportive, de l’exclusion ou de la reconnaissance. En effet, le CIO n’hésite pas à s’appuyer sur des avis de l’ONU ou d’autres organisations internationales (le G7, le G20 ou encore le Mouvement des non-alignés) pour justifier sa politique de reconnaissance ou d’exclusion.

Par extension, les JO s’intègrent très bien dans cette ère hyper-festive, caractérisée selon Philippe Muray par une accumulation de fêtes et de commémorations, de cérémonies, le sport se diluant dans le ludique commercial, le festif fébrile : « La fête a participée du flux et de la vie quotidienne […] Alors que la fête se racontait le lendemain, elle se raconte et se filme les temps réels »[20]. Les compétitions des JO retransmises en temps réel au niveau global, loin d’être un moment d’émulation autonome, s’inscrivent dans un flux continu d’événements festifs dans lesquels les olympiens se prêtent volontiers à des selfies sur commande ou des campagnes de marketing. Bien sûr, le sport, avec sa valorisation de l’effort, de la reconnaissance et du respect de l’autre, a participé au processus de civilisation énoncé par Norbert Elias et Eric Dunning, dans « Sport et civilisation »[21],  selon lesquels le sport est apparu au XVIIIème siècle au sein de la haute société anglaise. En tant que « simulacre de combat », le sport codifié avait permis aux élites de s’affronter pour la conquête du pouvoir de manière pacifique, au point de donner naissance au régime parlementaire. Chez ces auteurs, l’analogie entre le sport et le régime parlementaire se situe dans le fait de « régler les différends non plus par la violence, mais par des moyens conformes à des règles ». En effet, selon Roger Caillois[22], dans Les jeux et les hommes, le jeu de compétition (l’agôn) a influencé de manière déterminante le processus de civilisation, en valorisant le mérite au détriment de la force. Ce dernier distinguait quatre sortes de jeu : l’illinx (recherche du vertige et perte du sentiment de réalité, comme les sports extrêmes) ; la mimicry (les jeux de simulacre et de déguisement) ; l’alea (primauté du hasard, dans les jeux de dés notamment) ; et l’agôn (la compétition, comme les jeux de combat). Dans ces derniers, l’égalité des chances de départ, demandant ainsi au joueur un effort de volonté, place le triomphe du vainqueur sous le signe du mérite. Néanmoins, avec la colonisation festive des compétitions sportives tels que les JO, la dimension purement agonale voire ludique tend à se fondre dans l’illinx hyper-festif, la recherche du vertige festif et permanent.

ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

– Baudrillard Jean, Simulacres et simulation, Paris, Gallimard, 1981 (éd. 2024), 233 p.

– Boykoff Jules, Celebration Capitalism and the Olympic Games, Londres, Routledge, 2013, 174 p.

– Bull Hedley, The Anarchical Society: A study of Order in World Politics, Londres, Palgrave Macmillan (2ème éd.), 1995, 347 p.

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[1] Charte olympique, CIO, état en vigueur au 17 juillet 2020, 110 p., lien : https://stillmed.olympic.org/media/Document%20Library/OlympicOrg/General/FR-Olympic-Charter.pdf (consulté le 2 septembre 2024).

[2] Favre Laurent, « Militer doit-il faire partie des Jeux olympiques ? », dans Le Temps, 16 décembre 2020, lien : https://www.letemps.ch/sport/militer-doitil-faire-partie-jeux-olympiques?srsltid=AfmBOopj8o80QRMtEgNZiYmJ6B2ECYRhdwvCxpdP8qFXqNYYystSvpvA (consulté le 17 décembre 2020).

[3] Küpper Achim (dir.), Vanden Berghe Kristine (dir.), Guerre & jeu. Cultures d’un paradoxe à l’ère moderne, Tours, Presses Universitaires François-Rabelais, 2014, 228 p.

[4] Huizing Johan, Homo Ludens. Essai sur la fonction sociale du jeu, Paris, Gallimard, 1988, 350 p.

[5] Debord Guy, La société du spectacle, Paris, Gallimard, 1996, 208 p.

[6] Baudrillard Jean, Simulacres et simulation, Paris, Gallimard, 1981 (éd. 2024), 233 p.

[7] Lacoste Yves (dir.), Dictionnaire de géopolitique, Paris, Flammarion, 1994 (plus rééditions), 1686 p.

[8] Voir l’article : Paquin Alexandre, « Les Jeux olympiques d’Orwell », dans Le Devoir, 10 août 2016, lien : https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/477342/les-jeux-olympiques-d-orwell (consulté le 2 septembre 2024).

[9] Mauss Marcel, Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, Paris, PUF, 1922 (éd. 2017), 250 p.  

[10] Voir : « École anglaise », sur Wikipédia, lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_anglaise (consulté le 2 septembre 2024).

[11] Bull Hedley, The Anarchical Society: A study of Order in World Politics, Londres, Palgrave Macmillan (2ème éd.), 1995, 347 p.

[12] Dussouy Gérard, Traité de relations internationales. Tome III. Les théories de la mondialité,  Paris, L’Harmattan, 2009 ; Voir également Op. Cit. Bull Hedley, The Anarchical Society: A study of Order in World Politics

[13] Simmel Georg, L’Argent dans la culture moderne et autres essais sur l’économie de la vie, Paris, Maison des Sciences de l’Homme & Presses de l’Université de Laval, 2005, p. 27. ; Voir également : Giraud Pierre-Noël, « Comment la globalisation façonne le monde », dans Politique Étrangère, 4-2006, pp. 927-940, lien : https://shs.cairn.info/article/PE_064_0927?lang=fr (consulté le 2 septembre 2024).

[14] Martinache Igor,  « L’olympisme, stade suprême du capitalisme (de la fête) ? », dans la Revue Française de Socio-économie (RFSE), N° 32, 2024/1, pp. 5-19, lien : https://shs.cairn.info/revue-francaise-de-socio-economie-2024-1-page-5?lang=fr (consulté le 2 septembre 2024).

[15] Boykoff Jules, Celebration Capitalism and the Olympic Games, Londres, Routledge, 2013, 174 p.

[16] Charte sociale des Jeux Olympiques et paralympiques Paris 2024, CIO, 2024, 5 p., lien : https://ess2024.org/wp-content/uploads/2019/04/charte-sociale_jo2024-juin-2018.pdf (consulté le 2 septembre 2024).

[17] Op. cit., l’article : Martinache Igor, « L’olympisme, stade suprême du capitalisme (de la fête) ? »…

[18] « Ce que le sport raconte de nous et de notre société » (podcast), Sociovision (groupe IFOP), 9 mai 2024, lien : https://www.sociovision.com/ce-que-le-sport-raconte-de-nous-et-de-notre-societe/ (consulté le 2 septembre 2024).

[19] Gillon Pascal, « Les jeux olympiques, objet et vitrine des relations internationales ? », dans Revue de l’OFCE, N° 185, 2024/2, pp. 57-86, lien : https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/5-185OFCE.pdf (consulté le 2 septembre 2024).

[20] Muray Philippe, Festivus Festivus (conversation avec Élisabeth Lévy), Paris, Flammarion, 2008, 485 p.

[21] Elias Norbert, Dunning Eric, Sport et civilisation : La violence maîtrisée, Paris, Fayard, 1994, 396 p.

[22] Caillois Roger, Les jeux et les Hommes. Le masque et le vertige, Paris, Gallimard, 1958 (rééd. 1991), 384 p.

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