Le projet géostratégique de la Chine en Afrique

Séverin TCHOKONTE

Doctorant- chercheur en Science politique à l’Université de Yaoundé II. Il est également chercheur au Centre Africain d’Etudes Stratégiques pour la promotion de la Paix et du Développement- CAPED- Yaoundé-Cameroun.

4eme trimestre 2011

  • Le projet géostratégique chinois en Afrique renvoie à l’idée d’un quadrillage de l’espace africain en zones d’importance stratégique et à un déploiement de forces et de moyens pour les mettre sous contrôle politique, économique, diplomatique et stratégique de Pékin. Le déploiement de la Chine sur le théâtre africain, mieux, sa stratégie de puissance se joue sur des échiquiers aussi bien politique et économique, que diplomatique, militaire et culturel. Il constitue une réelle menace pour les intérêts des puissances occidentales et fait ombrage au déploiement des autres pays émer­gents (Inde et Brésil) et au Japon en Afrique. Par ailleurs, l’Afrique peut, en s’inscrivant dans la logique de la ruse, capitaliser au mieux de ses intérêts l’actuelle dynamique chinoise sur son sol.
  • The Chinese geostrategicproject in Africa reminds one of the idea of a mapping of Africa into zones of stratégie importance, and to a deplooyment of forces and means aiming to put them under Pekins political, economic, diplomatic and strategic control. The deplooyment of China in the African theatre, even better: its power strategy, is being played on economic and political chessboards, and also diplo­matic, military and cultural. This constitutes a real threat to the interests of Western powers andputs a break on deployment of other emerging nations (India, Brazil,…) and of Japon, in Africa. Moreover, Africa can, by subscribing to clever logic, capitalize for its own best interests, current Chinese dynamics on its soil.

L’APRÈS GUERRE FROIDE voit la Chine consolider, au milieu des années 1990, son avenir à l’économie de marché. Le processus de modernisation de l’économie chinoise est essentiellement porté par l’industrie dont les besoins énergétiques sont jusqu’ici couverts à plus de 60 % par le charbon (Favennec J.P. ; 2004), d’où la nécessité d’une réorientation de sa politique énergétique. Cette dernière repose sur deux principaux piliers à savoir : le développement de l’hydroélectricité au niveau national et à l’international, un réexamen de la politique d’importation des hydro­carbures. A cet effet, elle se tourne vers le Moyen-Orient1 où elle intensifie ses liens avec les principaux pays producteurs de la région. Mais, en raison de la prépondé­rance des Etats-Unis, de l’instabilité et de la qualité souvent relative2 du pétrole de la région, la Chine décide de diversifier ses sources d’approvisionnement énergé­tique. Afin de régler ce double problème lié à son approvisionnement au Moyen-Orient, perte d’influence politique et coût technique élevé, c’est tout d’abord vers la Russie et l’Asie centrale que la Chine va se tourner. Puis, réalisant que l’Afrique produit 12 % (Poissonnier H. ; Huissoud J. M ; 2008 : 20) de la consommation mondiale de pétrole, et surtout, qu’elle est incapable de protéger efficacement cette ressource, en raison de sa cécité stratégique et de son très faible niveau de dévelop­pement industriel, la Chine jette son dévolu sur elle. Ainsi, l’intérêt géostratégique de l’Afrique croît de façon exponentielle dans la politique énergétique chinoise.

Aussi, sa stratégie de puissance en Afrique, instrument au service de la réali­sation de son projet géostratégique, s’articule-t-elle autour de l’appropriation des recettes qui depuis les indépendances africaines permettent aux pays occidentaux de transformer l’espace des pays africains au mieux de leurs intérêts. Ces recettes sont d’ordre politique, économique, diplomatique, militaire et culturel.

Les moyens politico-économiques de l’offensive chinoise en Afrique

Dans la course qui l’oppose aux autres puissances industrielles en Afrique pour la quête et le contrôle des ressources, et dans le souci d’y réaliser son projet géos­tratégique, la politique et l’économie constituent deux importants piliers autour desquels la Chine manœuvre. Son instrumentalisation du droit international, sous le couvert des principes de neutralité et de non-ingérence et les usages géopolitiques qu’elle fait de l’utilisation de son droit de véto constituent les piliers politiques de sa stratégie (A). Par ailleurs, s’étant rendu compte de l’important déficit infrastructurel dont souffrent ses partenaires africains, Pékin a logiquement choisi de faire reposer son offensive économique sur une importante dotation infrastructurelle, doublée d’une active diplomatie du carnet de chèque (B).

A – Le pilier politique de la stratégie de puissance de la Chine en Afrique : des usages géopolitiques du droit international

Contraints par le vent d’Est à amorcer la démocratisation de leur système po­litique au lendemain de la guerre froide, les pays africains réfractaires aux change­ments trouvent en la Chine un soutien important. L’un des principaux avantages de la coopération sino-africaine, aux yeux des dirigeants africains, réside en effet dans le fait qu’elle n’est pas soumise aux contraintes d’un cadre juridique, institutionnel et moral rigide dans lequel l’occident entre en interaction avec l’Afrique (Nkoa Colin François ; 2007 : 39). Ce soutien se matérialise par une démarche assez sub­tile de la Chine consistant à se réfugier derrière des principes consacrés du droit international que sont la neutralité et la non-ingérence. Cette attitude chinoise est un stratagème concourant à la réalisation de son projet géostratégique en Afrique. En effet, l’apparente3 détermination de Pékin à respecter ces principes consacrés de droit international n’est en réalité que le reflet de son habileté et de sa capacité à s’inscrire dans la dialectique des intelligences. C’est une manœuvre supplémentaire, catalysant la réalisation des ambitions géopolitiques de la Chine en Afrique. La manœuvre opérée par la Chine autour de ce principe de neutralité, la conduit à re­fuser de juger l’action des dirigeants africains et ne pas poser de condition politique4 autre que la non reconnaissance de Taiwan et l’opposition à l’établissement des rela­tions diplomatiques avec ses partenaires africains. Cette posture diplomatique de la Chine est opposée à celle des Etats occidentaux qui, sous la pression populaire, exi­gent (du moins officiellement)5, le respect de la démocratie, des droits de l’Homme et des libertés individuelles comme pré-condition à l’établissement des relations de coopération. Prenant le contrepied du Consensus de Washington pour qui, le développement de l’Afrique n’est conditionné qu’à la stricte observation des politiques néo libérales promues par les pays occidentaux et leurs relais technocratiques, à savoir les institutions de Bretton-Woods, dont les politiques d’ajustement ont toutes échoué sur le continent (Kofi Afetogbo ; 2007). La politique de neutralité et de non-ingérence constitue la principale arme brandie par les autorités chinoises contre les « donneurs de leçons » occidentaux, elle permet surtout à la Chine de pré­senter sa coopération avec l’Afrique comme dénuée de tout esprit d’exploitation et de mercantilisme. Comme le souligne Valérie Niquet « la Chine offre un partenariat stratégique fondé sur le respect sourcilleux de la non-ingérence, le rejet de toute légitimité morale de l’Occident et la mise en avant du concept de spécificité des valeurs, opposé à l’universalisme des principes occidentaux.»6

Pour Pékin, la souveraineté des peuples est au-dessus de toute autre considé­ration. C’est d’ailleurs ce que semble confirmer He Wenping7 lorsqu’il affirme : « Nous ne pensons pas que les droits de l’homme doivent se situer au-dessus de la souveraineté »8. Pour les dictateurs africains qui peuplent le continent, Pékin constitue une réelle alternative aux conditionnalités imposées par l’Occident. La Chine se présente donc comme une alternative9 aux régimes occidentaux jugés trop exigents sur les pratiques démocratiques. Ce qui compte donc pour elle, c’est l’ac­cès aux ressources africaines, la réalisation de son projet géostratégique, synonyme de transformation de l’espace africain au mieux de ses intérêts. Cette politique de neutralité et de non-ingérence, instrument de la nouvelle politique africaine de la Chine, est complétée par l’utilisation quasi systématique de son droit de véto aux Nations-Unies au profit de la protection des régimes clients africains. A cet effet, Valery Niquet affirme : « Pékin utilise sa condition de membre du conseil de sécurité de l’ONU pour offrir des garanties politiques à des régimes corrompus. La Chine a beau jouer sur la fibre tiers-mondiste, cette pratique rappelle les stratégies que les pays occidentaux avaient mises en place juste après la décolonisation ; elle retarde les évolu­tions démocratiques nécessaires en Afrique »10. L’utilisation ou la menace d’utilisation du véto chinois a maintes fois permis aux régimes africains amis de la Chine, à se prémunir des sanctions de la communauté internationale en générale et du conseil de sécurité des Nations-Unies en particulier. Cet autre stratagème chinois s’est ob­servé dans la gestion de nombreuses crises africaines, parmi lesquelles nous pouvons citer les cas soudanais11, ivoirien12 et zimbabwéen13. Mis ensemble, ces deux instru­ments offrent de véritables « boucliers » aux régimes africains contre les pressions des chancelleries occidentales et les sanctions des institutions des Nations-Unies et de diverses ONG.

Les moyens économiques et financiers de l’offensive chinoise en Afrique

La stratégie chinoise de projection et de pénétration du continent africain repose également sur une importante dotation infrastructurelle. Ainsi, Pékin construit sur la quasi-totalité du continent africain des routes, des logements, des chemins de fer, des écoles, des centres de santé et des réseaux d’eaux. Par ailleurs, compte tenu de l’importance de ses réserves financières, la Chine constitue, un important pal­liatif aux difficultés éprouvées par les Etats africains à accéder aux financements de leurs différents projets de développement. La mobilisation d’importants moyens financiers en direction de l’Afrique constitue également un élément de la stratégie économique de la Chine en Afrique.

La dotation infrastructurelle

Les financements chinois sont affectés à des projets de grande envergure, avec une focalisation particulière sur les infrastructures de base. A cet effet, la construc­tion de nouvelles infrastructures est devenue un domaine clé de la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’Afrique. Pour susciter davantage de sympathie des dirigeants africains et nouer avec ces derniers des « relations spé-ciales14 », la Chine propose en échange de construire des infrastructures routières, ferroviaires ou hydrauliques. Ces réalisations infrastructurelles créent chez les diri­geants africains un sentiment de reconnaissance et de gratitude15 qui les incitent à faire des concessions à la Chine. Elles s’observent davantage dans la construction et la rénovation des infrastructures de base et dans l’édification des barrages hydro­électriques.

La construction et la rénovation des infrastructures de base

Dans la mise en œuvre de sa politique de puissance en Afrique, la Chine fait reposer son offensive entre autre sur la résolution, du moins partielle, de ce déficit infrastructurel criard des Etats africains, qui demeure un des principaux obstacles au développement du continent16. Cette dotation infrastructurelle ne constitue aucunement l’expression de l’altruisme de la Chine, elle participe plutôt à la réalisation de son projet géostratégique sur le continent. Les grands chantiers chinois présents sur la quasi-totalité du continent africain pour renforcer les in­frastructures de base, seront étudiés ici à travers les exemples du Cameroun17, de l’Angola18et du Nigéria19.

La construction des barrages hydro-électriques

La construction des barrages hydro-électriques par la Chine en Afrique à partir de la deuxième moitié de la décennie 1990 constitue également un important ins­trument concourant à la réalisation de son projet géostratégique. Ainsi, jusqu’à fin 2007, la Chine avait fourni au moins 3,3 usd milliards pour la construction de dix grands projets hydroélectriques d’une capacité installée de plus de 6 000 mégawatts (MW). Le plus grand projet hydro-électrique sur cette liste, d’une capacité de pro­duction de 2 600 MW, est celui de Mambilla au Nigéria et sa réalisation est désor­mais incertaine. Le deuxième en taille est le barrage de Merowe au Soudan, avec une capacité de 1 250 MW dont la construction est déjà avancée (Vivien Foster et al, 2009 : 22). En Zambie, les projets de Kafue Lower Gorge et de Kariba four­niront à eux deux une capacité supplémentaire de plus de 1 000 MW. Le barrage sur le fleuve Congo, en République du Congo et le barrage de Bui au Ghana, actuellement en construction, sont financés au moyen de prêts de l’Exim Bank de Chine garantis par des livraisons de pétrole pour le premier, et de cacao dans le cas du second. Enfin, le prêt accordé pour la réalisation du barrage de Souapiti en Guinée sera théoriquement lié aux recettes minières (bauxite) (Vivien Foster et al, 2009 : 22).

La Diplomatie du carnet de chèque

Nantie de 1900 milliards de USD de réserves de change à la fin 2008 (concur­rençant désormais le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM))20, la Chine fait de ses importantes ressources financières des outils géostraté­giques concourant à la transformation de l’espace africain au mieux de ses intérêts. Elle n’hésite pas à faire usage de ses importants moyens financiers pour renforcer ses liens avec ses partenaires africains (Mbaye Cisse : 2007). Aussi, l’utilisation de la manne financière est-elle devenue un important instrument de la stratégie de pénétration de la Chine en Afrique. C’est la politique du porte-monnaie. Cette consécration de la finance comme facteur crédible de puissance, mieux encore, cette diplomatie du carnet de chèque est d’autant plus efficace en Afrique qu’elle crée un sentiment de dette morale des dirigeants africains envers la Chine (Christian Harbulot et al ; 2007 : 9). De surcroît, les gouvernements africains dans leur quasi majorité ne se conforment pas toujours aux exigences de la bonne gouvernance21 et de ce fait éprouvent des difficultés à accéder aux crédits alloués par l’Occident et les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque Mondiale). Aussi, apprécient-ils les dons et prêts concessionnels que la Chine met gracieusement à leur disposition (Kofi Afetogbo ; 2007). Outre les dons, prêts et autres appuis financiers, elle pro­cède également à d’importantes annulations de dettes de ses partenaires africains.

L’aide chinoise à l’Afrique : un véritable outil géostratégique

Contrairement à l’idée de philanthropie, d’altruisme et de générosité (considé­rations humanitaires et compassionnelles) qui l’accompagne, l’APD est un véritable instrument de projection diplomatique et de ciment des systèmes d’alliance, de promotion d’intérêts économiques et stratégiques des pays donneurs22. L’aide est une relation intéressée, dans laquelle les pays donateurs consentent à un effort en échange de la poursuite de leurs propres objectifs. C’est la matérialisation même de la logique stratégique qui guide les états à faire ou à consentir à des sacrifices à court terme pour sauvegarder des intérêts à long terme. L’aide chinoise accordée à l’Afrique que Renaud Vivien (2010 : 2) qualifie de « prêts léonins Sud-Sud » consti­tue un outil géostratégique pour23 faciliter la projection et l’installation de la Chine en Afrique. Aussi, les pays pétroliers ou exportateurs de matières premières figu­rent-ils parmi les priorités de la coopération chinoise (jean Raphael Chaponnière : 2008). En effet, grâce à une politique d’investissement multiforme, Pékin consacre 45 % de son aide au développement à l’Afrique (Mbaye Cissé ; 2007 : 10).

Elle permet à l’Empire du Milieu non seulement de remporter d’importants contrats commerciaux mais aussi de gagner des avantages diplomatiques dans le bras de fer qui l’oppose à Taiwan. Beaucoup de pays africains qui avaient succombé aux mirages financiers de Taiwan ont presque tous renoué les relations diploma­tiques avec Pékin (Serge Michel et Michel Beuret : 2008), ils ont compris que la Chine continentale est en mesure d’offrir plus. Sur les 53 pays africains, seuls 4 ont encore des relations avec Taiwan : Le Swaziland, Sao Tomé et Principe, le Burkina-Faso et la Gambie. De plus, cette politique d’aide chinoise à l’Afrique permet éga­lement à la Chine d’asseoir ses positions au sein des institutions internationales (POZZAR ; 2009 : 30-31). Pékin apprécie tout le poids des voix africaines qui lui ont permis en 1971 de retrouver son siège de membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU, au détriment de Taiwan.

Le mécanisme d’attribution de l’aide chinoise à l’Afrique : la modalité angolaise

Le mécanisme d’attribution de l’aide chinoise à l’Afrique est un important in­dicateur du caractère instrumental de cette dernière. le mode opératoire de l’aide chinoise, très souvent destinée aux pays riches en ressources naturelles (Jean Raphael Chaponnière : 2008) souvent désigné sous le terme de « modèle angolais », est le suivant : les fonds ne sont pas directement prêtés au gouvernement africain, mais le gouvernement chinois mandate une entreprise publique chinoise de construction-recevant généralement le soutien de l’Eximbank- pour réaliser des projets d’infras­tructures avec l’accord du gouvernement africain concerné. Ensuite, en contrepar­tie de la provision de ces infrastructures, le gouvernement africain accorde à des entreprises chinoises (privées la plupart du temps) le droit d’extraire des ressources naturelles (pétrole, minerais, etc.), à travers l’acquisition des parts dans une entre­prise nationale ou de licences. (Emmanuel Guérin ; 2008 : 109).

Si ce mode opératoire permet de limiter la corruption ambiante sur l’ensemble du continent, réduisant de ce fait le « risque pays », il traduit surtout la roublardise, voire la supercherie de la Chine. En effet, les entreprises chinoises récupèrent sys­tématiquement les fonds octroyés par l’EXIMBANK aux gouvernements africains.

Les annulations de dette

A l’instar de l’octroi de l’APD, les annulations de dette24 sont le reflet de la subtile utilisation de la puissance financière comme outil au service de la quête des intérêts stratégiques de la Chine en Afrique. Ces annulations de dette ne sont en réalité que des instruments financiers participant à la transformation de l’espace africain au mieux des intérêts de la Chine. Ceci d’autant plus que dans sa coopé­ration avec ses partenaires africains, contrairement aux partenaire traditionnels qui, pour éviter aux pays africains de se retrouver dans une situation de suren­dettement se focalisent sur des annulations de dette plutôt que sur de nouveaux prêts, la Chine combine les deux politiques (annulations de dette et nouveaux prêts) (Nkoa Colin François ; 2007 : 40). Aussi, les multiples annulations de dette opérées par la Chine vis-à-vis de ses débiteurs africains constituent un important aspect de sa « diplomatie financière », avec pour objectif l’ouverture de l’Afrique, mieux encore, sa transformation au mieux des intérêts chinois.

Les moyens diplomatiques, militaires et culturels de l’offensive chinoise en Afrique

Dans le souci de mener une politique africaine susceptible de lui garantir un maximum de succès, la Chine fait un subtil usage du soft et du hard power, que des auteurs tels que (Joseph Nye et Armitage ; 2007 : 6-13) qualifient de « smart power »25. Dans le souci de mener à bien son projet géostratégique sur le continent africain, en dépit des outils politico-économiques précédemment évoqués, la Chine manœuvre habilement et utilise, dans le cadre de sa stratégie globale, des moyens aussi bien diplomatiques (A), que militaires et culturels (B).

L’offensive diplomatique de la Chine en AfriqueL’offensive diplomatique de la Chine en Afrique s’observe aussi bien au niveau bilatéral que multilatéral.

L’offensive bilatérale

Dans le souci de renforcer l’amitié traditionnelle et la solidarité entre pays en développement, la Chine pratique une diplomatie de présence sur le continent africain, notamment en renforçant le poids de ses représentations diplomatiques et en multipliant les visites au sommet. A cet effet, elle est le pays qui a la plus grande représentation diplomatique en Afrique (Tanguy Struye ; 2009 : 25). Cette offen­sive bilatérale se caractérise à la fois par les visites du président chinois Hu Jintao, généralement précédées des visites de hauts responsables gouvernementaux chinois.

Les tournées africaines des responsables gouvernementaux chinois

Dans la politique de puissance actuellement menée par la Chine en Afrique, le renforcement des liens entre l’élite politique africaine et chinoise est davantage l’œuvre de l’active diplomatie de présence menée par les officiels chinois sur l’en­semble du continent. C’est à partir de 1995 que le ballet de visites chinoises prend son véritable envol (Mbaye Cisse ; 2007 : 7). Le Premier ministre Li Pang, M. Qiao Shi, Président du comité permanent de l’Assemblée Populaire Nationale, les 3 vice-premiers ministres, Zhu Rongji, Qian Qichen et Li Lanqin, séjournent en Afrique (Mbaye Cisse ; 2007 : 7 ; Marie Val et Laura Valentin ; 2008 : 19). Les représentants de l’Etat chinois se bousculeront par la suite sur le continent.

Les visites du président Hu Jintao

S’inscrivant en droite ligne des visites des différents membres de son gouver­nement, les déplacements du président chinois Hu Jintao en Afrique constituent une sorte d’apothéose du resserrement des liens entre l’Afrique et la Chine. En effet, l’active diplomatie de présence menée par ce dernier depuis quelques années en Afrique constitue un important élément de la panoplie de mesures initiées par Pékin, avec pour objectif la projection de sa puissance et l’accroissement de son influence sur le continent africain.

Le multilatéralisme

L’intensification des concertations, la coordination des positions et la défense commune des droits et des intérêts légitimes des pays en développement consti­tuent l’idéologie sur laquelle repose l’offensive multilatérale chinoise sur le conti­nent. En effet, initiés dès Octobre 2000 (Serge Michel et Michel Beuret ; 2008 :31), les forums sur la coopération sino-africaine constituent de véritables cadres de coopération multilatérale entre partenaires ayant de nombreux points de conver­gence. Ce sont des espaces consultatifs, de dialogue, réunissant la Chine et 49 pays africains ainsi que de nombreuses organisations internationales et régionales et des représentants du secteur privé. Ces forums sont établis par Pékin afin d’entretenir un partenariat durable avec l’Afrique et de promouvoir la coopération économique sud-sud, sous le modèle des sommets franco-africains et des rencontres périodiques du Commonwealth (Marie Bal et Laura Valentin ; 2008 : 18). Elle fait de ces fo­rums sur la coopération sino-africaine des outils au service de la réalisation de son projet géostratégique sur le continent. Ainsi, se sont tenues les conférences minis­térielles en 2000 (Beijing), 2003 (Addis-Abeba) et 2009 (Charm el Cheikh); et la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement en 2006.

Les moyens militaires et culturels

La Chine, puissance émergente de ce début de xxie siècle mobilise d’importants moyens militaires en Afrique comme des instruments au service de la réalisation de ses ambitions géopolitiques. En effet, ces derniers constituent des outils de pro­jection et d’installation de la Chine en Afrique, et concourent à la transformation de l’espace au mieux de ses intérêts. Dans le cadre de sa stratégie de puissance en Afrique, et conjointement à son émancipation économique, la Chine mène réguliè­rement des actions culturelles et sociétales auprès de très nombreux pays du conti­nent africain (Mbaye Cisse ; 2007 : 13). Ainsi, la culture, entendue comme un en­semble de manières de voir, de penser et de sentir propres à un groupe (Sindjoun ; 2008 : 2) semble constituer un élément déterminant de la stratégie de puissance de la Chine en Afrique.

La structuration des moyens militaires chinois en Afrique

Confrontée à un certain nombre de menaces, d’abord régionales et dans une moindre mesure globales, la Chine consacre une part non négligeable de son bud­get aux dépenses militaires26. La Chine est engagée dans une lutte contre « les trois forces maléfiques » : le terrorisme international, l’extrémisme et le séparatisme, no­tamment à Taiwan, au Tibet et dans le Xinjiang. Les activités militaires de la Chine contribuent à asseoir son influence, tant économique que diplomatique, confor­mément à sa stratégie globale d’accroissement de puissance en Afrique (Christian Harbulot et al ; 2007 : 8). Elles expriment l’ambivalence de la position chinoise : d’un côté, elles contribuent à l’entretien des tensions sur le continent par la fourni­ture massive d’armes et la formation du personnel militaire africain; de l’autre, elles y contribuent aux opérations de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU.

Le continent africain constitue une des principales cibles de la vente d’armes et de matériels militaires chinois. Aussi, pour accéder aux ressources africaines, conso­lider ses liens bilatéraux et payer ses factures de pétrole, la Chine adopte-t-elle des démarches diverses, parmi lesquelles figure en bonne place la livraison d’armes et de matériels militaires. C’est en Afrique que la Chine trouve un débouché pour ses avions d’entraînement K8, fournis à la Namibie, au Soudan et au Zimbabwe. La Chine fournit des hélicoptères au Mali, à l’Angola et au Ghana, de l’artillerie légère et des véhicules blindés, ainsi que des camions militaires, des uniformes, et du ma­tériel de communication à la quasi-totalité des pays de la région australe (Niquet Valérie : 2006).

La formation du personnel militaire africain

Parmi la panoplie de mesures adoptées par la Chine pour transformer progres­sivement l’espace africain au mieux de ses intérêts, figure la formation du personnel militaire. Dans, un contexte africain marqué, entre autre, par la montée de nou­velles formes de menaces (terrorisme, piraterie en haute mer, etc.), auxquelles la plupart des armées africaines ne parviennent toujours pas à faire face, l’offre de for­mation du personnel militaire s’avère être salutaire pour ces dernières. Néanmoins, pour la Chine inscrite dans une logique d’accroissement de sa puissance sur le continent, cette offre est un véritable outil géostratégique, concourant à la réali­sation de ses ambitions géopolitiques sur le continent. Ainsi, la Chine échange aussi son « savoir » et son « savoir-faire » (Serge Michel et Michel Beuret ; 2008 : 232), afin de rendre plus étroits les liens qu’elle s’active à tisser avec ses partenaires africains. Les leaders et instructeurs militaires chinois sillonnent le continent, of­frent leurs conseils, mènent des consultations de sécurité bilatérales et forment les militaires locaux. A cet effet, on assiste depuis quelques années à une augmentation significative du nombre de stages de formation militaire dans tous les domaines, à un moment où les portes des académies militaires européennes sont de plus en plus fermées aux élites africaines.

La participation aux opérations du maintien de la paix sous l’égide de l’ONU

La Chine est, après la France, le deuxième contributeur des forces de l’ONU parmi les cinq membres permanents du conseil de sécurité. Ses contributions aux opérations onusiennes se concentrent presque essentiellement sur le continent afri­cain. En effet, sur les 1800 soldats mobilisés par Pékin dans le cadre des missions de la paix, 1500 l’ont été dans le cadre des missions africaines (Christian Harbulot et al ; 2007 : 7). C’est dire l’importance stratégique que revêt le continent africain pour la Chine. Ainsi, la présence des militaires chinois en Afrique, quoique sous l’égide des Nations-Unies, constitue l’expression même des ambitions géopolitiques de la Chine sur le continent. C’est en Afrique et notamment en Namibie que la Chine a pour la première fois participé à une opération des Nations-Unies en 1989 (Christian Harbulot et al ; 2007 : 7). Elle a participé à six opérations de maintien de la paix en Afrique (Serge Michel et Michel Beuret ; 2008 : 233). Ce fut le cas au Soudan (UNMIS), au Sahara Occidental (MINURSO), en Côte d’Ivoire

(ONUCI), en Ethiopie-Erythrée (UNMEE), au Libéria (UNMIL) et en RDC

(MONUC) (Tanguy Struye ; 2009 : 27).

Le soft power chinois en Afrique

La mobilisation de la culture en tant qu’élément de politique étrangère et donc de puissance, est l’une des caractéristiques des Etats stratégiquement matures. A la fois matérielle et immatérielle, la puissance culturelle (Luc Sindjoun ; 2008 : 4) est un ensemble de moyens matériels et symboliques permettant à un Etat de réaliser ses ambitions géopolitiques. C’est l’idée de la culture comme véhicule de la puis­sance. Elle devient un moyen de l’influence exercée sur l’autre de telle sorte que la relation ne soit pas une relation contraignante (hard power) mais une relation désirable et désirée par l’autre (softpower) (Benjamin Pelletier : 2010).

Ainsi, face aux charges et accusations de piller l’Afrique, la Chine s’adapte en recourant à la puissance douce (Tanguy Struye ; 2009 : 24). Elle déploie en Afrique des instruments d’influence visant à créer les nécessaires passerelles culturelles pour initier, renforcer et pérenniser un désir de Chine de la part des populations afri­caines (Benjamin Pelletier : 2010).

Les centres culturels Confucius

Dans sa stratégie globale d’influence de par le monde, la Chine a résolument choisi de faire de sa langue (le mandarin) un véritable outil de politique étrangère. C’est la deuxième langue la plus utilisée sur le web et le nombre de personnes qui s’inscrivent au test de compétence du mandarin chinois standard pour les locuteurs dont le chinois n’est pas la langue maternelle (Hanyu Shuiping Kaoshi) a augmenté de 40 à 50 % par année, un taux de croissance similaire à celui du test TOEFL dans ses dix premières années (Michael Barr ; 2010 : 511). Aussi, les centres culturels Confucius sont-ils devenus de véritables véhicules de la promotion de la langue chinoise de par le monde. En plus de l’étude des langues et des manifestations culturelles, ces instituts forment également des consultants pour les entreprises et les organisations locales désireuses de faire des affaires en Chine (Michael BARR ; 2010 : 512). L’enseignement de la langue chinoise constitue une part importante du dispositif mis en place par Pékin pour conquérir le monde et l’Afrique (Guy Gweth : 2010). Les instituts Confucius sont à la fois des centres culturels et des centres de langue chinoise, sur le modèle des Alliances françaises. Ils prolifèrent sur le continent africain et les universités organisent de plus en plus des cours d’appren­tissage de la langue chinoise (Tanguy Struye ; 2009 : 24). Ils ont pour vocation de dispenser des cours de chinois, de délivrer des diplômes de langue HSK et de parti­ciper à la diffusion de la culture chinoise (Christian Harbulot ; 2008 : 26). Le conti­nent africain compte 21 instituts Confucius répartis dans 16 pays (Afrique du Sud, Botswana, Bénin, Cameroun, Egypte, Ethiopie, Liberia, Mali, Maroc, Madagascar, Nigéria, Rwanda, Soudan, Togo, Tunisie, Zimbabwe). Le dernier inauguré (23 fé­vrier 2010) est celui d’Addis-Abeba en Ethiopie (Benjamin pelletier : 2010).

Le caractère instrumental de ces instituts a récemment été soulevé par un membre du parlement suédois qui demandait pourquoi Beijing donnait la priorité aux subventions d’éducation internationale, tandis que des millions d’enfants en Chine n’ont pas d’écoles adéquates ? (Michael BARR ; 2010 : 512).

Les rencontres à caractère culturel et l’octroi de bourses d’étude

L’offensive culturelle de la Chine en Afrique, outil de projection de sa puissance se caractérise également par l’intensification des rencontres à caractère culturel et l’octroi des bourses d’étude aux étudiants africains.

La Chine a mis en œuvre plusieurs initiatives à caractère culturel visant à conso­lider ses liens avec l’Afrique. On peut citer parmi celles-ci : l’organisation de com­pétitions de sport : ping-pong, volleyball, football, tennis, à l’île Maurice (décembre

  • ; l’organisation d’une journée de la culture chinoise en Côte d’Ivoire (avril
  • ; la démonstration d’arts martiaux au Malawi (juin 2009) ; l’organisation d’un tournoi de football au Malawi « la coupe de l’amitié Chine-Malawi » (sep­tembre 2009) ; l’exposition : « le Bénin vu par des photographes chinois » (sep­tembre 2009) ; le spectacle donné par une troupe artistique ouïghour en Algérie (septembre 2009) ; le spectacle de danse, d’acrobatie et de Kung Fu par une troupe chinoise au Cameroun (septembre 2009) – il s’agit de la « Troupe des Chemins de fer chinois » (Benjamin Pelletier : 2010). Des manifestations de promotion de la culture chinoise, telles : « Bravo china » en 2002, « Chinese Cultural Tour of North Africa » et « Chinese Cultural Tour of Africa » en 2004 (Christian Harbulot ; 2008 : 25). D’une durée moyenne d’un mois, ces tournées de spectacles dans un ou plu­sieurs pays amènent en Afrique le meilleur et le plus accessible de la culture chinoise actuelle : chants, Kung Fu, danses et costumes traditionnels (Christian Harbulot ; 2008 : 25).

L’octroi des bourses aux étudiants africains

Le nombre de bourses accordées aux étudiants africains ne cesse de croitre et les domaines de spécialisation sont plus que jamais variés. En effet, depuis 2003, le nombre d’Africains venus étudier en Chine augmente de 20% par an27. Pékin entend bien inscrire cet octroi massif de bourses d’études dans sa stratégie de puis­sance en Afrique. Parmi l’arsenal de mesures prises par le gouvernement chinois pour accroître son emprise sur le continent africain, l’ouverture de ses universités aux étudiants africains constitue un des moyens couramment utilisés. En 2005, les universités chinoises ont accueilli 2 757 étudiants africains, et jusqu’à 3 737 pour l’année 2006, soit une hausse de 40%, d’après les statistiques officielles du ministère chinois de l’éducation (Guy Gweth : 2010).

Les médias chinois à la conquête du continent africain

Parallèlement à l’implantation linguistique, les médias chinois constituent un important outil permettant d’accroître l’influence de la Chine en Afrique. La Chine a affecté jusqu’à 45 milliards de RMB (6.5 milliards de USD) pour l’expansion outre-mer de ses principaux organes médiatiques (Michael BARR ; 2010 : 512). Cet effort financier exceptionnel s’explique par la volonté des autorités chinoises non seulement de véhiculer leur vision en Afrique, mais également de contrer les puissants média occidentaux28, qui structurent la pensée de l’opinion, en raison no­tamment de l’incapacité technologique, conceptuelle et programmatique des média nationaux africains.

Les objectifs initiaux visés par ce déploiement médiatique chinois-améliorer son image internationale et lutter contre ce que Beijing considère comme les percep­tions erronées de la réalité de la Chine par les médias étrangers et dans une certaine mesure d’accroître son influence internationale- atteignent progressivement leur but, notamment en Afrique. En effet, en Février 2006, on a assisté à la création de la première station radio chinoise, Radio Chine International (CRI), au Kenya. La té­lévision et la radio chinoise ont installé des équipements de retransmission de leurs programmes francophones aux Comores. Un mémorandum a été signé début juillet 2010 entre l’Office de radiodiffusion et télécommunication des Comores (ORTC), la Télévision centrale de Chine (CCTV), principal réseau chinois de télévision pu­blique et Radio Chine International (CRI), une des deux chaînes publiques de radio chinoise. L’accord prévoit la diffusion des programmes francophones de la CCTV et de la CRI aux Comores en l’échange de la diffusion de programmes de l’ORTC dans la grille des programmes des organes audiovisuels chinois (Geraldo Edwige : 2010). L’offensive médiatique de la Chine en Afrique est également ob­servable au Sénégal. En effet, une délégation officielle chinoise a été reçue en avril 2010 dans ce pays. La rencontre s’est soldée par la signature d’une lettre d’intention de partenariat, prévoyant des échanges de journalistes et de partage d’information (Geraldo Edwige : 2010). Mais, pour Benjamin Pelletier (2010) : « la stratégie mé­diatique chinoise ne connaitra un véritable succès que quand le niveau officiel de la source d’information n’apparaîtra plus directement mais sera relayé par des vecteurs secondaires d’information (membres de la société civile, intellectuels locaux, journalistes et artistes non-chinois, etc.), autrement dit par ceux qui ont en eux le désir de Chine que la Chine aura réussi à leur insuffler. Le message chinois aura d’autant plus de force et d’impact s’il est émis par un Français ou un Africain… ».

Les logiques occidentales d’endiguement de l’offensive chinoise en Afrique, le défi de la concurrence des autres pays émergents et du Japon et les exigences de capitalisation de la présence chinoise en Afrique par les États africains.

L’émergence de la Chine en Afrique suscite des réactions courroucées de la part des puissances ayant plus ou moins sur le continent, les mêmes visées qu’elle. La poussée chinoise en Afrique constitue une réelle menace pour les intérêts Occidentaux et fait ombrage au déploiement des autres pays émergents (Inde et Brésil) et au Japon en Afrique. Dans ce contexte de convoitises accrues dont elle fait l’objet, l’Afrique devrait, en s’inscrivant dans la logique de la ruse, capitaliser cette dynamique chinoise actuelle au mieux de leurs intérêts.

A – Logiques occidentales d’endiguement de l’offensive chinoise et défi de la concurrence des pays émergents et du Japon

Les jeux français et américains

Les puissances occidentales, la France et les États-Unis notamment, essaient par diverses manœuvres de se repositionner, ou du moins à entraver la poussée chinoise en Afrique. A cet effet, la France réactive les réseaux et sommets France-Afrique, évoque les accords de défense pour justifier sa propension interventionniste en Afrique, se déploie subtilement à travers la francophonie pour maintenir son in­fluence culturelle sur ses ex-colonies. Par ailleurs, Paris mène une active « diplo­matie subversive » à l’encontre des pays africains qui sont attirés par le large. Cette diplomatie subversive s’est manifestée à travers deux initiatives complémentaires : la publicisation propagandiste des « biens mal acquis » des présidents Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso sur le territoire français et leur mise en cause dans des scan­dales politiques, prototypes d’une crise pétrolière telles « l’Affaire Elf » au Gabon et « l’Affaire du Beach » au Congo, « l’Affaire Falcone » en Angola.

Les Etats-Unis quant à eux mobilisent des instruments à la fois stratégiques et politiques pour contrer la poussée chinoise en Afrique. Aussi, utilisent-ils respec­tivement Africom (l’un des objectifs stratégiques d’Africom est bien de contrer la poussée chinoise en Afrique)29, et les discours sur la démocratie – discours du pré­sident Barack Obama à Accra, le discours de Hillary Clinton au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba – pour affaiblir les régimes africains amis de Pékin.

Le défi de la concurrence des pays émergents et du Japon

L’actuelle dynamique de l’Inde, du Brésil et du japon en Afrique constitue un important défi que pékin se doit de combattre dans le cadre de la mise en œuvre de son projet géostratégique. En effet, l’Inde et le Brésil, à travers la croissance de leur influence économique et l’organisation des sommets (Inde-Afrique et Brésil-Afrique), l’accroissement des représentations diplomatiques et des visites officielles constituent des menaces à la réalisation des ambitions chinoises en Afrique.

B – Le japon pour sa part, considère l’Afrique comme un « glacis géostratégique », dans le conflit pour le leadership qui l’oppose à la Chine en Asie.

En effet, l’organisation des TICAD, l’accroissement des dons japonais, des re­présentations diplomatiques et les visites des officiels japonais sur le continent sont autant de signes qui témoignent de la détermination de ce dernier à marquer sa présence, à un moment où le subconscient africain désabusé et négligé par l’Occi­dent cherche à se redéployer dans l’espace international. De la capitalisation de la présence chinoise au mieux des intérêts des états africains

L’Afrique quant à elle, cinquante ans après les indépendances, devrait-elle tou­jours subir, être celle sur qui les autres acteurs de la scène internationale déploient leur projet géostratégique ? Ne peut-elle pas capitaliser, au mieux des intérêts de ses différents états, les convoitises diverses dont elle fait aujourd’hui l’objet, no­tamment de la part de Pékin ? En s’inscrivant dans la logique de la ruse et en fai­sant preuve de finesse d’esprit, les dirigeants africains pourraient amener la Chine à faire davantage, ou du moins à tirer le maximum de profit de l’actuelle dyna­mique chinoise en Afrique. Ceci, en s’inspirant des exemples français (au sortir de la 2e Guerre mondiale comment le général De Gaulle a t-il réussi à faire de la France une puissance ? contrer le plan de mainmise américain pour la France ; construire la puissance française malgré la modestie des moyens ?) et chinois (construction de la puissance chinoise, en allant chercher la technologie en Occident et les matières premières en Afrique).

L’Afrique peut tirer le maximum de profit de l’actuelle dynamique chinoise sur le continent. Les exemples français et chinois dans le processus de construction de leur puissance respective, devraient inspirer l’élite politique africaine. Aussi, pour­rait-elle faire de l’actuelle dynamique chinoise sur son sol un atout capable de lui permettre de construire sa puissance, ou du moins de s’inscrire dans une logique de développement durable ? Dotée d’importantes quantités de matières premières, elle devra prioritairement dans ses relations avec la Chine chercher à acquérir la techno­logie, la compétence et le savoir-faire nécessaires à son émergence.

Dans la réalisation de son projet géostratégique sur le continent africain, la Chine fait reposer son offensive sur un subtil usage des instruments à la fois poli­tique, économique, diplomatique, militaire et culturel. La finesse de sa démarche est à la hauteur des objectifs recherchés. Ainsi, sur le plan politique, elle manœuvre autour des principes consacrés de droit international que sont la neutralité et la non-ingérence (Mbaye Cisse : 2007). La mobilisation de ces principes de neutralité et de non-ingérence est couplée à une habile utilisation de son droit de véto pour protéger ses partenaires africains des éventuelles sanctions de la communauté inter­nationale, au motif du non respect de la démocratie, des droits de l’homme et de l’état de droit (Kofi Afetogbo : 2007).

Sur le plan économique, l’importante dotation infrastructurelle effectuée par Pékin sur l’ensemble du continent (routes, hôpitaux, infrastructures sportives, écoles, chemins de fer, etc.), couplée à un subtil usage de ses importants moyens financiers (octroi d’aide et annulation de dette) constituent le socle de sa politique de puissance en Afrique. Cette diplomatie du carnet de chèque est d’autant plus efficace en Afrique qu’elle crée un sentiment de dette morale des pays africains en­vers la Chine (Christian Harbulot et al ; 2007 : 9) et constitue un véritable terreau catalysant le déploiement stratégique de la Chine sur le continent.

A côté de l’usage géostratégique qu’elle fait de la politique et de l’économie, elle mobilise d’importants moyens diplomatiques, militaires, culturels et médiatiques. Ainsi, par le truchement d’une action diplomatique sans précédent, caractérisée par la mise en œuvre d’une diplomatie de présence aussi bien sur le plan bilatéral (qua­drillage diplomatique du continent par les multiples visites officielles du président Hu Jintao et des autres membres de son gouvernement) que multilatéral (organi­sation des forums sur la coopération sino-africaine : conférences ministérielles et sommet de Beijing en 2006), elle fait de sa diplomatie un véritable outil géostraté­gique au service de ses intérêts en Afrique. Sa capacité militaire, faite de son savoir et de son savoir-faire, est amplement mise à contribution pour sa projection sur ce continent (fourniture massive d’armes, formation du personnel militaire africain et participation aux opérations de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU). Notamment, une habile dissémination de ses centres culturels Confucius, une in­tensification des rencontres à caractère culturel, un accroissement du nombre de bourses d’études allouées aux étudiants africains, l’élargissement et l’accroissement de l’influence des médias chinois en Afrique sont l’expression du désir du gouver­nement chinois d’utiliser ses média comme un moyen de soft power contribuant à la transformation de l’espace africain au mieux de ses intérêts.

Seulement, la Chine fait face, dans la mise en œuvre de son projet géostraté­gique en Afrique, à la résistance des puissances occidentales (France et Etats-Unis entre autres) ; au défi de la concurrence des autres pays émergents (Inde et Brésil) et du Japon. Par ailleurs, les états africains devraient, en s’inscrivant dans la dialectique des intelligences, transformer au mieux de leurs intérêts respectifs le projet géostra­tégique chinois en cours sur le continent.

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Notes

  1. Le moyen orient est sans contestations possibles, le cœur pétrolier du monde. Pour ce qui est du poids de ses réserves prouvées, les données montrent que le Moyen-Orient est la région du monde la plus dotée par la nature. Avec une estimation de 728 957 millions de barils contre un total mondial de 1 157 610 millions en 2002, le Moyen-Orient disposait alors d’en­viron 62,97 % des réserves prouvées du monde. Ces chiffres ont évolué entre temps, puisqu’en 2008, cette région disposait de 752 258 millions de barils de pétrole contre un total mondial de 1 295 085 millions ; ce qui correspond cette fois ci à 58,08%. En ce qui concerne le niveau de production, les chiffrent montrent une fois de plus que le Moyen-Orient passe devant toutes les autres régions du monde. Avec une capacité de production de 18 618 300 de barils sur un total mondial de 63 980 800 de barils de pétrole par jour en 2002, le Moyen-Orient est passé à 23 125 500 de barils par jour contre 72 028 300 pour le reste du monde en 2008. Ce qui correspond concrètement à un taux global de 29,09 % en 2002 contre 32,10 % en 2008 ; soit une augmentation de 3,01 %. Cf. (Zuegang ; 2010 : 273-274).
  2. Une partie du pétrole en provenance du Moyen Orient est lourdement chargée en sulfure, ce qui exige certaines installations de raffinage dont la Chine ne peut indéfiniment augmenter la capacité, à moins d’investir massivement dans le renouvellement de ses raffineries. Cette contrainte technique rend cette importation moyenne-orientale très onéreuse.
  3. En 2006, lors des présidentielles Zambiennes, l’ambassadeur chinois a mis en garde l’opinion publique que l’élection du candidat antichinois Michael Sata, allait sérieusement compro­mettre l’engagement chinois dans le pays. C’est la preuve les principes de neutralité et de non-ingérence très souvent utilisés mobilisés par Pékin dans le cadre de sa politique africaine, ne sont en réalité le reflet de ce dernier à s’inscrire dans la dialectique des intelligences. Elle n’hésitera pas à s’engager sur le terrain de la politique intérieure si ses intérêts économiques sont menacés.
  4. The Beijing consensus, predicated upon non-interference in domestic affairs of states and the promotion of sovereign integrity, has appeal for many African leaders who resist western actions aimed at economic or political reforms of their regimes. Cf. Chris Alden, « Charting Africa’s Chinese future », le Bulletin des vendredis de la commission de l’Union Africaine, vol. 1, N° 2,

Janvier 2008, P.19.

  1. Les pressions occidentales sur les régimes africains au sujet d’une véritable institutionnalisation des principes démocratiques ne sont en réalité qu’une manœuvre supplémentaire visant à se faire passer pour des défenseurs de l’idéologie libérale, ceci dans le but de contenter l’opi­nion publique africaine qui demeure engluée dans sa cécité stratégique. En effet, les discours occidentaux sur la nécessité de la promotion de la démocratie et des valeurs libérales ne sont en réalité qu’un outil géostratégique visant essentiellement à réaliser leur projet géopolitique respectif. C’est ce que semble affirmé Alain Fogue (2005 : 158), « les démocraties occidentales affirment soutenir sans réserve l’opinion africaine qui aspire à la liberté, exige des réformes démocratiques effectives et soulève la question de la légitimité politique des dirigeants, dans les faits, tétanisées par leurs intérêts géostratégiques, elles constituent au contraire un obstacle à l’émancipation politique des africains (voir l’attitude de la France dans la gestion succession

 

 

 

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du président togolais en mars 2005 ou encore la complaisance des Etats-Unis face aux dérives autoritaires du président Muséveni en Ouganda) ».

  1. Valérie Niquet, «la stratégie africaine de la Chine » op.cit., pp. 363-364
  2. Directeur de la section études africaines à l’Académie chinoise des sciences sociales.
  3. (Adama Gaye ; 2006 : 43).
  4. Afin de faire face à son isolement international, le Président Robert Mugabe du Zimbabwe a entrepris une politique d’ouverture en direction des entreprises chinoises. En retour, le Premier ministre chinois n’a pas manqué d’exprimer le soutien de la Chine à la réforme agraire au Zimbabwe. Courtisé par Pékin, Robert Mugabe n’a pas pu s’empêcher de déclarer en mai 2005 à l’occasion du 25e anniversaire de l’indépendance de son pays : Il nous faut nous tourner vers l’Est, là où se lève le soleil ». En Ethiopie, les appels pressants des Etats-Unis en faveur de l’organi­sation d’élections transparentes en 2005 ont été ignorés par le parti au pouvoir qui « prônait un rapprochement avec Pékin comme alternative ». Cf. Mbaye Cissé, 2007, « l’affirmation d’une stratégie de puissance : la politique africaine de la Chine », in diploweb.com.
  5. Valérie Niquet, interview donné au journal Expansion, 1er décembre 2006, cité par Mbaye Cissé, op.ci
  6. En septembre 2004, l’ambassadeur chinois auprès de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), Wang Guangya, menaçait d’opposer le véto de son pays pour le vote de la résolution 1564 du conseil de sécurité qui prévoyait de durcir les sanctions envers le gouvernement soudanais pour qu’il mette fin au climat d’impunité au Darfour (Christian Harbulot ; 2007 : 3). Ce soutien de la Chine s’est également observé lorsqu’en Aout 2006, le conseil de sécurité a adopté la résolu­tion 1706 pour envoyer 17 300 casques bleus d’une force hybride ONU-UA au Darfour, pour relever les 7000 casques blancs de l’Union Africaine.
  7. Si Beijing n’a pas opposé son véto aux résolutions 1951, 1962, 1967, 1968 et 1975 des 24 no­vembre et 20 décembre 2010, 19 janvier, 16 février et 30 mars 2011, nombreuses ont été les réticences chinoises à accepter l’ensemble des documents (Xavier Auregan : 2011). Davantage, lors des négociations inhérentes au dépôt du projet de résolution déposé par Paris et Abuja, fin mars 2011 (n° 1975), Beijing et Moscou ménagent une fois de plus, Laurent Gbagbo (Xavier Auregan : 2011).
  8. Le conseil de sécurité des Nations-Unies a rejeté en décembre 2008 un projet de résolution présenté par les Etats-Unis, visant à imposer des sanctions au Zimbabwe suite à la réélection contestée de Robert Mugabe à la présidence. Alors que la France et l’Angleterre votaient pour cette résolution, la Chine et la Russie lui ont opposé leur droit de veto privilégiant plutôt une solution de médiation régionale.
  9. Il faut entendre par « relations spéciales », la disposition de la Chine à accorder un soutien multiforme et permanent aux pays détenteurs de ressources stratégiques avec qui elle entretient des relations, quitte à violer toutes les chartes et conventions internationales. Toutefois, il est important de noter que ces relations spéciales ne profitent pas uniquement à la Chine. Les régimes africains en sont également bénéficiaires. Car, en contre partie de la garantie d’un accès préférentiel à ces ressources, ces derniers obtiennent de Pékin la promesse d’une « assurance vie politique ».

 

  1. La construction des palais présidentiels et des immeubles abritant les ministères des affaires étrangères de divers pays est très significative. Elle place les responsables politiques (Président et le Ministre des affaires étrangères en particulier) dans une position assez délicate, du moins en ce qui concerne les décisions relatives à la coopération avec la Chin Il leur est en effet difficile de refuser des faveurs à la Chine, alors que les bâtiments dans lesquels ils travaillent sont très souvent construits et gracieusement offerts par cette dernière.
  2. S’il est reconnu que les infrastructures sont au cœur du développement de l’Afrique, il est éga­lement important de noter qu’à contrario, le déficit infrastructurel constitue un sérieux frein à la croissance économique de la plupart des pays du continent.
  3. Les dotations infrastructurelles chinoises en faveur du Cameroun sont nombreuses, il en est ainsi de : la construction du barrage hydroélectrique de Lagdo qui alimente en électricité les trois provinces de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême Nord ; l’exécution de 1000 forages d’eau ; la construction d’usines de motoculteurs à Kribi et de rechapage de pneus à Yaoundé, de la construction à kousseri de 3200 km de fibre optique, du projet d’adduction d’eau potable devant alimenter la ville de Yaoundé à partir de la Sanaga, du projet de construction de 1500 logements sociaux, du projet de construction des barrages de Memvelé et de Lom Pangar. Nous avons également, la construction du palais des sports de Warda; le port en eau profonde de Kribi ; l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé à Ngousso et les travaux de canalisation des eaux du Mfoundi.
  4. Le gouvernement chinois a financé des investissements publics, grâce auxquels des entreprises chinoises ont soit réhabilité ou construit de nouvelles routes, voies ferrées, écoles, immeubles et réseaux de télécommunications (Tracy Hon et al ; 2010 : 36). Parmi ces réalisations infras-tructurelles, figurent en bonne place : l’aménagement du chemin de fer angolais, notamment le projet « Ango Ferro 2000 » et la construction de logements sociaux.
  5. En 2006, on note la conclusion d’accords portant sur des projets d’infrastructure d’une valeur de 5 milliards de dollars (Vivien Foster et al, 2009), prévoyant la construction du barrage hy­droélectrique de Mambilla, avec une capacité de 2 600 MW, et deux grands projets d’extension et de modernisation du réseau ferroviaire du pays (Vivien Foster et al, 2009). Elle s’est engagée à financer la construction du réseau de transport en commun par rail d’Abuja ainsi que la réfec­tion de 1 315 kilomètres de voies sur la ligne Lagos-Kano.
  6. Serge Michel et Michel Beuret, « La Chine a-t-elle un plan en Afrique ? », Afrique contem­poraine, n° 228, p. 50.
  7. La notion de gouvernance en Afrique est, en effet, sujette à plusieurs pesanteurs sur lesquelles nous n’allons pas nous étendre. Il est plutôt question de souligner les difficultés d’un réel en­crage démocratique sur le continent. L’accord de Cotonou qui régit la coopération ACP-UE est un parfait exemple des conditionnalités à observer par les pays du Sud pour bénéficier de l’aide de l’Union Européenne. En effet, cet accord dépasse le cadre étroit de la coopération économique et commerciale pour intégrer d’autres éléments considérés comme essentiels au développement et qui constituent autant de conditionnalités pour bénéficier de l’aide commu­ Il s’agit de la consolidation de la paix, la prévention et la résolution des conflits, le res­pect des droits de l’homme, les principes démocratiques et de l’Etat de droit, la bonne gestion

 

des affaires publiques. Cf. François Colin NKOA, 2007, « La coopération Chine-Afrique : un partenariat gagnant-gagnant ? », Enjeux, N° 30, Janvier-Mars 2007, p. 39.

  1. Contrairement aux considérations humanitaires et compassionnelles qui l’accompagne, l’aide publique au développement est l’expression de l’égoïsme plutôt que de l’altruisme des Etats.
  2. Le Chine n’ayant pas vocation à développer l’Afrique, il est difficile de justifier, à travers cette aide, la bonne foi de cette dernière. La Chine demeure en effet un pays à revenu intermédiaire, possédant sur l’ensemble de son territoire d’importantes poches de pauvreté. Elle peine encore à offrir l’eau courante et le téléphone au plus profond de ses terres (Harbulot Christian et al ;

2007 : 3).

De ce fait, il est devient évident que cette aide à l’Afrique, tout comme la plupart des aides au développement, vise des objectifs géopolitiques.

  1. Il est important de rappeler que la dette publique extérieure (celle qui est contractée par les pouvoirs publics à l’égard des créanciers privés et publics étrangers) des pays africains en gé­néral, a été contractée dans des conditions calamiteuses. En effet, elle est à la fois la résul­tante des transferts de dettes coloniales au moment de l’indépendance ; des aides liées des gouvernements du Nord ; des manœuvres visant à contenir le communisme encouragées par les institutions de Bretton Woods ; mais aussi des dirigeants africains qui ont utilisé l’aide pour consolider leur pouvoir autoritaire avec la complicité des créanciers occidentaux. Cf. Renaud Vivien « L’annulation de la dette du Tiers Monde », Courrier hebdomadaire du CRisP 1/2010

(n° 2046-2047), p. 8-22.

  1. Le smart power est une habile combinaison du soft et du hard power afin de parvenir à une stratégie optimale.
  2. En 2003, le budget militaire de la Chine était évalué à 22 milliards de dollars, contre seulement 17 milliards en 2000 et moins de 10 milliards au début de la décennie. En 2004, il était égal à 25 milliards de dollars, alors qu’en 2005 il était de 30 milliards de dollars. Le budget pour l’année 2006, qui s’élevait à 35 milliards de dollars, correspondait seulement au quinzième du budget militaire américain environ et à 1,36 % du produit intérieur brut chinois. En 2007, dans un but de modernisation, le gouvernement a augmenté le budget de 17,8 % pour qu’il atteigne 45 milliards de dollars. C’était alors le deuxième budget militaire au monde, derrière les Etats-Unis avec 600 milliards de dollars. En 2008, la hausse est d’environ 18 %, ce qui re­présente plus de 57 milliards de dollars (Turbanska Agata : 2008). Selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche pour la paix à Stockholm, publié le 8 juin 2008, la Chine occuperait la quatrième place en ce qui concerne les dépenses militaires, la première place était occupée par les Etats-Unis, la seconde par la Grande-Bretagne et la troisième par la France (Turbanska Agata : 2008). En 2010, les dépenses militaires chinoises ont connu une hausse de 7,5 % et les experts penchent pour une augmentation de 12,7 % en 2011. Les augmentations de budget sont réparties en trois postes : équipement militaire, dépenses liées à la formation et revalorisation des soldes des militaires (Turbanska Agata : 2008).
  3. www.chine-informations.com, 08 Janvier 2008.
  4. (Michael BARR ; 2010 : 512).
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