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Résumé : Le Caucase est une chaîne de montagnes imposante, constituant en elle-même une barrière géographique ainsi qu’un point d’observation stratégique millénaire, que Perses, Scythes, Hellènes puis Romains se sont successivement efforcés de contrôler. Cet obstacle naturel a ensuite servi pendant des siècles de démarcation naturelle entre le monde russo-slave et le monde turco-ouranien, qui se sont affrontés irréductiblement pendant quatre siècles. Après la chute de l’Empire ottoman (1918) les relations russo-turques s’améliorent, avant que la Turquie ne rede- vienne, à la faveur de la « Turquie des généraux » manipulée depuis Washington, un contrefort antirusse et un point clé du dispositif de l’OTAN (1949-1962). À partir de la « détente », leurs relations se réchauffent de nouveau et les deux États se rapprochent au sortir de la Guerre froide (1991), période à partir de laquelle surviennent différents conflits périphériques (Géorgie, Haut- Karabagh) endigués avec l’aide de la Russie. Plutôt en paix et passée sous les radars pendant l’ère soviétique, le Caucase se trouve au centre de rivalités et de confrontations entre les grandes puis- sances, mais aussi de vastes projets de coopérations (énergétiques, transports, militaires etc.). Les stratégies des différentes puissances, internationales ou régionales, qui sont actives aujourd’hui dans le Caucase (États-Unis, Russie, Israël, Turquie, Iran), sont certainement le signe d’un risque d’embrasement de la région, dont il faut maintenant faire l’examen critique pour anticiper les futurs scénarii, dans un contexte global de déstabilisation.