Christophe RÉVEILLARD, Benoît CHARPENTIER
Septembre 2007
La chine est l’un des grands etats qui a le plus lié croissance de sa puissance avec intégration dans la mondialisation. l’on peut d’ailleurs souligner que l’une des étapes principales de cette évolution fut clairement son adhésion en décembre 2001 au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), singulièrement favorisée par Washington1.
L’interdépendance dans la mondialisation facteur d’équilibre ?
Comme le souligne Patrice Touchard2, « Depuis un quart de siècle, le formidable essor de la Chine lui permet et lui impose de lier étroitement les enjeux économiques avec les enjeux territoriaux et stratégiques. (…) ; la voie du développement chinoise est chaque jour plus tributaire du monde développé tant en matière d’investissements extérieurs que de marché d’exportations (probablement dans une proportion des deux tiers), des pays en développement pour ce qui concerne ses approvisionnements en matières premières, et surtout des dommages souvent irréparables causés à l’environnement ». Les enjeux économiques déterminent donc principalement la politique extérieure chinoise actuelle sur plusieurs plans stratégiques : « il s’agit d’abord de sécuriser les approvisionnements en énergie et matières premières stratégiques dans un contexte global défavorable3.
C’est pourquoi au regard d’une interdépendance accrue notamment dans la relation économique et commerciale avec les États-unis, la Chine ne cesse de tenter de convaincre de sa nouvelle diplomatie globale fondée sur « l’émergence paisible », le soft power, etc. L’hostilité d’une grande partie des néo-conservateurs américains vis-à-vis du Parti communiste chinois (PCC) sont pour la Chine source d’inquiétude : « sur le plan économique et commercial, les menaces de sanctions régulièrement agitées au Congrès apparaissent d’autant plus plausibles que la meilleure part du dynamisme économique chinois actuel provient de l’interdépendance avec les États-unis. Une dégradation des relations transpacifiques aurait sans doute des effets négatifs sur l’économie et les finances américaines, mais c’est un véritable désastre que subirait la Chine dont le marché intérieur ne sera pas capable de prendre le relais des exportations avant plusieurs décennies ».
Très clairement cette interdépendance ne laisse à Pékin et Washington qu’une marge de manœuvre étroite : « tandis que la Chine place une partie substantielle de ses réserve en devises (plus de un trillion de dollars) dans des bons du trésor américain, les États-unis constituent le premier marché d’écoulement des produits chinois d’exportation (232,5 milliards de dollars de déficit américain dans le commerce bilatéral en 2006), produits eux-mêmes pour plus de la moitié fabriqués grâce à des investissements étrangers, et au premier chef américains. Des tensions existent, à l’évidence, se nourrissent d’un certain nationalisme économique chinois et du protectionnisme américain. Mais la mondialisation en cours et l’accession de la Chine à l’OMC ne peuvent que renforcer l’interdépendance entre ces deux pays et contribuer à stabiliser leurs relations politiques »4.
La stratégie chinoise d’« émergence paisible » est donc la voie choisie comme le mode opératoire adapté aux attentes de grandes puissances pour participer aux affaires du monde5 ; « il ne s’agit plus de s’afficher comme une puissance hégémonique à l’échelle régionale ou mondiale (les responsables chinois ne cessent de dénoncer l’hégémonisme américain pour mieux souligner la différence entre leur politique et celle de l’Administration Bush), mais d’être reconnu comme un acteur global, c’est-à-dire un pays assez important pour être partie prenante dans la résolution des grands problèmes mondiaux et régionaux, un pays assez puissant pour que les solutions trouvées tiennent compte de ses intérêts dans le cadre d’accords équilibrés, un pays assez influent pour que l’on accepte sa médiation, que l’on étudie positivement ses propositions et que l’on respecte ses arbitrages »6.
Le lien entre puissance et intégration économique7 dans le « système-monde » révèle les forces et faiblesses de la stratégie chinoise et les observateurs confrontés à l’appréciation de la solidité de ce monde chinois en profonde mutation se limitent encore à des évaluations en demi-teinte. « L’essor économique de la Chine et les succès de sa diplomatie continueront, dans un avenir prévisible, de pallier les faiblesses relatives de son outil militaire et de son influence idéologique mais ne pourront à eux seuls transformer la Chine en une grande puissance à part entière »8. Mais cette interrogation est à formuler parallèlement à la démarche diplomatique américaine et des observateurs ne manque pas d’évoquer le « carcan stratégique » dans lequel seraient enfermés Pékin et Washington, comme si aucune de ces deux puissances n’avait d’alternative à son engagement stratégique déclaré l’une envers l’autre: « un containment américain envers la Chine semble désormais aussi peu crédible qu’une Chine « anti-hégémonique » à l’ancienne dirigé contre l’impérialisme américain. A maints égards, ledit carcan stratégique est appelé à se resserrer au gré de la multiplication des interdépendances consécutives à la poursuite de la croissance économique chinoise »9. Par ailleurs, la direction du Parti communiste chinois confirme le choix de cette orientation par des propos si clairs qu’ils pourraient nous faire oublier l’authentique et radicale transformation en si peu de temps qu’ils révèlent : « La globalisation fournit à l’économie de la Chine l’opportunité d’une croissance dans la paix et aussi, dans le cours de cette globalisation, les moyens d’obtenir la part des ressources internationales dont son programme de modernisation a besoin » ; « La Chine n’a pas l’intention de défier l’ordre international existant, moins encore de le briser ou le subvertir par des moyens violents. Quant aux nombreuses anomalies qui existent dans l’ordre international actuel, la Chine propose de les réformer au cours de la construction d’une nouveau ordre international, politique et économique »10.
Une autre grille d’analyse ?
Mais en matière d’analyse géopolitique, certains observateurs opposent une lecture réaliste scrutant les causes potentielles de conflictualité11 ; c’est ce que nous développerons dans les passages suivants.
La Chine mesure parfaitement sa puissance grandissante qu’elle étend à la fois dans son environnement régional, mais aussi sur la scène internationale. La Chine, « révolutionnée » et « reformatée » par des années de communisme national a néanmoins su s’appuyer sur une identité forgée au cours de sa longue et riche histoire. L’empire du milieu, autrefois première puissance maritime, puis dépecé par les Européens (traités inégaux) et les Japonais, relève désormais la tête et entend bien retrouver sa place. Constatant son influence désormais tentaculaire et multilatérale, le tigre fait sentir à qui veut bien l’écouter qu’il n’est plus de papier. Bien entendu, cette Chine qui émerge, utilisant son formidable potentiel, heurte les intérêts des grandes puissances, au premier rang desquelles les Etats Unis. Partagés entre la crainte de voir se bâtir une puissance concurrente et l’opportunité du gigantesque marché que représente la Chine, les États-unis, malgré un évident relâchement des tensions ces derniers temps, assistent malgré eux à la reconstruction d’un géant qui pèse déjà lourd dans les relations internationales. Partenaire ou ennemi potentiel ? L’incompréhension et la méfiance des américains est partagée par les chinois car les sources de frictions subsistent bel et bien, et la croissance toujours plus forte de la Chine n’a que deux issues possibles : l’entente cordiale ou la lutte pour le leadership. Les deux pays marchent sur des œufs pour ne pas provoquer de crises. Mais l’un comme l’autre sait que sont salut dépend du conflit d’influence qui se joue sur les différents théâtres stratégiques.
La Chine, quant a elle, entend bien continuer son ascension qu’elle fonde avant tout sur les permanences de sa position : une civilisation multiséculaire qui s’est enracinée dans une tradition de centralité géopolitique. L’empire du milieu qui a vassalisé la plupart des pays limitrophes aspire naturellement à un rôle central dans la région, sur le continent asiatique, et pourquoi pas dans les dynamiques internationales déjà fortement troublées par initiatives de Pékin outre-Asie.
De fait, la force de la Chine réside dans sa structure identitaire, dans sa capacité à se reformer à l’identique après un effondrement12. Mais aussi, la Chine est un empire qui s’auto suffit parce qu’il a toujours accordé plus d’importance à la gestion de sa terre, confiée aux paysans-ouvriers ou aux paysans-soldats. Et cette autosuffisance, racine même du maintient de l’unité continentale, passe aujourd’hui par une projection de la Chine sur les théâtres énergétiques. La Chine, c’est aussi un potentiel démographique et géographique : 1,3 milliard d’habitants, 9,6millions de km2 qui donnent a la Chine une ampleur frontalière immense, du pacifique a l’Asie centrale, de la Russie à la mer de Chine méridionale. Un dualisme terre-mer exploité par une main d’œuvre intarissable et pérennisé par une identité fière et soudée, un nationalisme exacerbé par les traités inégaux, par l’agression Japonaise de 1937. Le plus grand traumatisme chinois à été celui de la domination étrangère. La Chine se veut « une », « chinoise », et indépendante. La question nationale, nous dit Alain Peyrrefitte, fait l’unanimité en Chine, y compris chez les chinois les plus réticents à l’égard de Pékin13. Bien plus qu’une force idéologique, la Chine est aujourd’hui un acteur géopolitique de premier plan et qui heurte les intérêts stratégiques des puissances intéressées. Au delà du communisme qui caractérisait l’URSS de la guerre froide, la Chine se définit par une permanence de son identité, ce qui la rend bien plus flexible que l’ex-URSS, alourdie par une doctrine qui ne s’appuyait en aucun cas sur le facteur humain. Aujourd’hui unie, la république populaire de Chine qui se veut l’héritière de l’empire des Han, n’a plus qu’une crainte : le Japon et leurs alliés américains.
Ces derniers sont au cœur de toutes les grandes tensions en Asie relatives à la Chine : la question du nucléaire coréen et la réunification des deux Corées, Taiwan, les ambitions pour le contrôle du pacifique et surtout, le projet de bouclier antimissile dont pourrait dans un futur hypothétique bénéficier taiwan. L’omniprésence et la méfiance américaine vis-à-vis de la Chine est perçue comme un encerclement, comme une domination injuste, et comme un obstacle à la poursuite des objectifs stratégiques chinois, en particulier à son approvisionnement énergétique puisque la Chine s’est créé une forte dépendance : elle est le deuxième consommateur mondial de pétrole derrière les États-unis (20 millions de barils/Jour) et devant le Japon14 (5 millions de barils/Jour) avec 6 millions de barils par jour. On estime que cette consommation passera à 13 millions par jour d’ici 2030, dont 80 % serait impor-té15. Et cet encerclement américain est bien réel puisque les ambitions de la Chine effrayent les États-unis, qui voient leur monde unipolaire remis sérieusement en question. Les États-unis disposent de la Ve flotte présente en permanence non loin dans l’océan indien et de la VII dans le Pacifique sud. Ils disposent de bases dans les pays limitrophes (Afghanistan, Kirghizstan, Pakistan, Singapour, Thaïlande, Philippines, Corée du sud et Japon. Ils sont liés avec l’Inde, alliés du Japon et se disent prêts a soutenir Taiwan. Les États-unis veulent que la Chine reste une puissance intermédiaire, auquel cas elle serait un allié potentiel. Mais la Chine ne veut pas être reléguée au second rang. Gérald Fouchet décrit ainsi les objectifs chinois16 : tout d’abord récupérer Taiwan, pour des raisons stratégiques mais aussi éminemment politiques (principe d’une seule Chine), puis, briser l’encerclement Américain constitué par l’axe Japon-Corée du sud. Et enfin, reprendre la domination commerciale du pacifique en faisant fermer les bases américaines et en encourageant la diaspora. A cette description réaliste du politologue Gerald Fouchet, il nous semble intéressant de souligner que le duel Sino-Américain pour la conquête économique et géostratégique du pacifique ne peut pas se faire sans une stabilité interne de l’Empire du Milieu qui dépend avant tout du rognage de ses inégalités grandissantes et de son approvisionnement énergétique.
C’est ainsi que, avant de se tourner vers le Pacifique, ce qu’elle ne peut faire aujourd’hui en raison de la faiblesse de sa flotte (Cf le maintien des conflits dans les Spratleys), la Chine joue sa survie en Asie centrale, le heartland de Mackinder, mais aussi en tissant une toile très serrée avec des partenaires stratégiques diversifiés. L’ASEAN en Asie, l’OCS avec la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Egalement l’Afrique, de qui elle est devenue le 3eme partenaire commercial derrière les États-unis et la France en 2004, et dont la part de pétrole parmi ses importations s’élève à 71 %. Le brésil et le Venezuela (nucléaire et cuivre), l’Arabie Saoudite et l’Iran, l’Inde (strategic and cooperation partnership en 2005) font aussi partie de la nouvelle orientation de Pékin en vue de garantir sa position internationale et d’assurer son approvisionnement contre les pressions de Washington.
De fait, Pékin et Washington jouent sur les mêmes terrains puisque tous deux veulent à la fois s’assurer de la diversité de leur approvisionnement en matières premières, mais aussi contrôler les faits et gestes de l’autre. C’est ainsi que les deux géants semblent s’intéresser de nouveau à l’Afrique que l’on croyait oubliée et se rapprochent sensiblement de l’inde. Indiens et Chinois règlent leurs contentieux frontaliers sur l’arunachal pradesh et sur l’aksai chin (avril 2005) comme pour établir un contrat de confiance alors que les États-unis font eux aussi la cour à New Dehli. Les échanges commerciaux sino-indiens, encore inférieurs aux échanges sino-nippons, sont estimés à 20 milliards de $ en 2006 et à 40 milliards de $ en 2010. Voila qui peut en dire long sur les projets de Pékin dans la région. Le dynamisme diplomatique17 de Hu Jintao montre bien que la Chine entend montrer qu’elle ne se laissera pas effacer du jeu à quatre dans la région : Japon, Inde, États-unis Chine. L’indépendance tant désirée dans la conscience collective chinoise est une idée active. En aucun cas la Chine se laissera encercler : offensives commerciales, échanges multilatéraux et même remilitarisation font partie de la stratégie chinoise de désenclavement du giron Américain. En effet, même si selon certains la Chine cherche encore à conserver un statu quo dans la région afin d’éviter un conflit frontal qui nuirait fortement à son ascension, le dirigeants savent que leur crédibilité et leur influence dans la région se mesurera tôt ou tard à la puissance de leur feu. La Chine se réarme donc dans des proportions considérables18 : en 2001 l’armée a enregistré une hausse des dépenses de plus de 17 % ce qui la portait à 19 milliards d’euros. Aujourd’hui le budget militaire de la Chine s’élève officiellement à environs 30 milliards d’euros. Pékin muscle sa flotte marine et sous marine, envisage un porte avions, prépare des satellites espions et revalorise les soldes des ses hommes, comme pour préparer une situation militaire d’envergure transfrontalières19, avec les États-unis par exemple, mais aussi pour se donner une véritable dimension maritime. Les récents exercices militaires avec la Russie, dans le cadre de l’OCS (d’origine chinoise) laissent à penser que Pékin fait flèche de tout bois pour montrer que l’Asie centrale et pacifique est son terrain d’influence. Il n’est pas improbable, par exemple, que la fermeture des bases Américaine en Ouzbékistan soit une initiative du seul président ouzbek. L’OCS, dont on parle trop peu, est jusqu’à aujourd’hui un formidable outil géostratégique pour contrer, derrière le masque de la sécurité régionale, l’influence américaine en Asie centrale. Cela permet d’équilibrer les technologies rustiques de son armement en attendant le neuf. Néanmoins, il s’agit de relativiser ces hausses budgétaires qui n’ont pas la même portée sur une armée de 2,2millions de soldats, au matériel hésitant. D’autant plus que la modernisation de l’armée, a notre sens, n’est pas une priorité chinoise de première urgence. Il s’agit d’abord de stabiliser l’économie et de gommer les fortes disparités qui vont en grandissant, creusant un fossé entre la côte et les terres et attisant les mécontentements et les révoltes. Il s’agit ensuit réduire l’influence américaine dans la région, de se faire accepter par les pays voisins qui ne veulent pas d’une vassalité écrasante et d’avancer sur la question taiwanaise. La question de la modernisation de l’armée ne sera alors qu’un argument de plus dans la balance chinoise, mais n’est pour le moment pas un outil dont il serait opportun de se servir, au risque de ruiner les efforts consentis pour assurer la croissance. En effet, les états unis ne se priveraient pas de faire en sorte que la Chine reste une bonne fois pour toute une « puissance intermédiaire ».
On évoque souvent de la coopération Chine / États-unis, comme pour affirmer qu’il y aurait une quasi-alliance20 : en effet, Chinois et Américains ont travaillé ensemble sur la question du terrorisme international, sur la question du nucléaire nord-coréen, la Chine étant bien placée pour négocier avec son « Etat sentinelle », allié de longue date. La Chine s’était également déclarée neutre dans l’affaire irakienne. De plus, la question de Taiwan semble être le baromètre des relations sino-américaines : si les usa ne reconnaissent qu’une seule Chine, ils ont également voté en 1979 une résolution qui garantit la sécurité de l’île. S’opposant à l’indépendance de l’île pour ne pas envenimer leurs relations avec la Chine, ils sont cependant prêts, selon la rhétorique diplomatique, à intégrer Taiwan dans le projet de bouclier antimissile, ce qui gèlerait la cause sacrée et les ambitions chinoises sur l’île.
De fait, tout parait serein en façade. Les États-unis sont malgré tout attirés par l’ouverture que représente le marché chinois, et la croissance à crée des intérêts communs. Les Etats Unis sont également dépendants de la Chine comme intermédiaire quant à la question du nucléaire nord-coréen. Rien ne se joue donc sur place, mais comme nous l’avons vu, sur des théâtres interposés, par la multiplication des partenariats stratégiques avec l’Afrique, l’Amérique du sud, l’inde, et encore par la création chinoise d’ensembles régionaux au sein desquels elle se place et se veut naturellement en tête : OCS, ANASE. Tout doit revenir dans le giron chinois, et une réunification des deux Corées, sous tutelle chinoise serait un exemple parfait de la dynamique qui anime de nouveau « l’empire du milieu », face à un « oncle Sam » décidément trop impliqué dans la région.
Alors que la Chine se prépare à accueillir les jeux olympiques en 2008, occasion unique de montrer au monde ses « efforts » en matière de droits de l’homme, sa capacité à organiser un évènement technique et sa volonté de s’ouvrir sur le monde, la lutte derrière le rideau est serrée. Chine comme Etats-unis luttent pour le contrôle des matières premières, déterminant la puissance des deux ogres, laisse à prévoir de vives tensions qui pourraient amener à un conflit. La Chine ne restera pas une « puissance intermédiaire » comme le veut Washington car elle a vocation à se structurer, et hormis les disparités importantes, les indicateurs chinois prédisent de beaux jours. Les Etats Unis quant a eux ne renonceront pas à leurs intérêts vitaux en Asie centrale et feront tout leur possible pour éviter l’émergence de puissances concurrentes. Ainsi donc, l’alliance sino-américaine pourrait n’être que conjoncturelle. En revanche les objectifs antagonistes, entretenus ou subis sont engagent trop d’intérêts pour être bénins. Poussés l’un comme l’autre par un fort sentiment national qui transcende les simples courtoisies diplomatiques, on craint d’un coté le « péril jaune », et de l’autre l’ingérence de Washington. Guerre froide peut être, concurrence certainement. D’un coté comme de l’autre on raisonne à long terme et la frontière entre les deux est de plus en plus floue.
* Christophe Réveillard, membre de l’Ecole doctorale d’Histoire moderne et contemporaine (Université Paris-Sorbonne) et de l’UMR Roland Mousnier (CNRS), est directeur de séminaire de géopolitique à l’Ecole de guerre (CID), membre du comité de rédaction des revues Conflits Actuels, Revue Française de Géopolitique, Catholica et Histoire Economie et société ; il notamment publié (co-dir.), L’américanisation de l’Europe occidentale au XXe siècle, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2002 ; (avec E Dreyfus) Penser et construire l’Europe 1919-1992, Sedes, 2007 ; (co-dir.), La culture du refus de l’ennemi, Presses de l’Université de Limoges, 2007 ; Benoît Charpentier, diplômé en sciences politiques est spécialiste des questions géopolitiques et stratégiques de l’Asie en général et de la Chine en particulier.
Notes
- François Godement, Chine/Etats-Unis. Entre méfiance et pragmatisme, La Documentation française, Paris, 2001
- « Retour vers la puissance » in Pascal Gauchon (coord.), Inde, Chine à l’assaut du monde, Rapport Antheios 2006, Puf, coll. « Major », Paris, 2006, p. 91-122.
- Pascal Gauchon (dir.), Géopolitique du développement durable. Rapport Antheios 2005, Puf, coll. « Major », Paris, 2005.
- Jean-Pierre Cabestan, « La montée en puissance de la diplomatie chinoise » in Asie, dix ans après la crise, Sophie Boisseau du Rocher (dir.), Etudes de la documentation française, édition 2007-2008, Asia Centre, Centre études Asie/ La Documentation française, 2007, p. 57-80.
- Erik Israelewicz, Quand la Chine change le monde, Grasset, Paris, 2005 ; Isabelle Attané (dir.), La Chine au seuil du XXIe siècle, INED, Paris, 2002
- Patrice Touchard, op. cit., p. 113.
- Bruno Cabrillac, Économie de la Chine, PUF, Paris, 2003 ; François Lemoine, L’Economie chinoise, La découverte, Paris, 2003 ; La chine dans l’économie mondiale : les enjeux de politique économique intérieure, OCDE, Paris, 2002 ; François Godement, Sophie Boisseau du Rocher (dir.), Asie. Entre pragmatisme et attentisme, Etudes de la documentation française, édition 2006-2007, La Documentation française, Paris, 2006; Jean-Pierre Paulet, L’Asie : nouveau centre du monde ?, Ellipses, 2005.
- Jean-Pierre Cabestan, op cit., p. 79.
- Pascal Lorot, Le Siècle de la Chine, Choiseul, Coll. « Enjeux du monde », La Documentation française, 2007
- in Pierre Gentelle, « La Chine dans la globalisation… », Monde chinois, n° IX, dossier « Chine, les enjeux de la mondialisation », Hiver 2006-2007, Choiseul, p. 15
- notamment Benoit Charpentier, Chine / Etats-Unis : coopération stratégique ou nouvelle guerre froide ? (à paraître).
- Aymeric Chauprade, « Constantes de la géopolitique chinoise », La nouvelle revue d’histoire, Juillet-Août 2005.
- Alain Peyrrefitte, « Quand la chine s’éveillera », p. .317, 1975
- Pour l’actualité de la relation sino-japonaise, vr. Valérie Niquet, Chine-Japon : l’affrontement, Perrin, Paris, 2006
- Christophe Perret, « L’Afrique et la chine », in Diplomatie Magazine n° 24, janvier-fevrier
2007, p. 38
- Gerald Fouchet « vers une nouvelle guerre froide État-Unis-Chine », strategicsinternational.com
- Egalement Dora Chesne, « La puissance chinoise et ses attributs » in Diplomatie Magazine, n° IX, juin 2004.
- Jean-Pierre Cabestan, « Chine, des armes pour quoi faire ? », Politique internationale, n° 110, hiver 2005-2006, Paris, p. 361-376 ; au sujet de la force de disuasion, vr. Lucas Domergue, La Chine puissance nucléaire, L’Harmattan, Paris, 2005 ; Bruno Tertrais et alii, L’Asie nucléaire, Ifri, Paris, 2001
- Gérald fouchet, « vers une nouvelle guerre froide Chine-Etats-Unis », strategicsinternational.com, Mars 2001
- Général Henri Eyraud « 2003-2004 : La quasi alliance sino-americaine », Geopolasie ; François Godement, Chine/Etats-Unis. Entre méfiance et pragmatisme, La Documentation française, Paris, 2001