La présence d’une banque centrale est-elle compatible avec la souveraineté étatique

Valérie BUGAULT, Docteur en droit privé de l’Université Panthéon Sorbonne, ancienne avocate fiscaliste. Analyste de géopolitique économique

Je suis interpellée et retenue par la question des banques centrales. Bien qu’étant éminemment de nature géopolitique, cette question est un sujet trop peu souvent abordé eut égard à ses enjeux ; car elle est à l’origine d’un nombre considérable de désordres politiques, économiques, sociaux et militaires.

Je vous propose d’analyser le concept de « banque centrale » avant de répondre à la question de savoir si ce concept est ou non compatible avec la souveraineté étatique.

  1. Analyse du concept de « banque centrale »

Caroll Quigley a justement présenté les choses de la façon suivante : « Les puissances du capitalisme financier (1850-1932) avaient un plan de grande envergure, rien de moins que de créer un système mondial de contrôle financier dans les mains du secteur privé capable de dominer le système politique de chaque pays et l’économie mondiale d’un seul tenant. »

Au fil du temps, le système bancaire s’est intégré à différents niveaux : il s’est internationalisé et concentré dans le même temps qu’il s’est consolidé par « zone géographique » au moyen des « banques centrales ».

La banque est une entreprise privée de visée internationale.

La banque est une organisation détenue par des personnes privées qui restent, le plus souvent, anonymes. Dire que la banque est une entreprise privée signifie qu’elle a pour mission de mettre en œuvre les intérêts privés de ses propriétaires. En tant qu’entreprise privée, théoriquement la banque n’a jamais eu pour mission de remplir une fonction, de nature politique, concernant l’intérêt commun. Les choses doivent être, eu cet égard, parfaitement claires.

Aujourd’hui, les banques sont organisées en groupes d’entreprises qui forment un nuage capitalistique. L’organisation des multinationales sous forme de groupes, de constellations capitalistiques, est un moyen essentiel, pour rendre anonymes les véritables détenteurs de capitaux de ces entités tentaculaires. Il est parfois très difficile, même pour des services d’Etat, de remonter aux associés décisionnaires des groupes d’entreprises en raison du nombre de sociétés, de leur imbrication dans de multiples Etats et de la multiplicité des formes sociales juridiquement disponibles. Il faut évidemment ajouter à cela que certains Etats, sous la coupe du droit anglo-saxon, organisent eux-mêmes l’anonymat des détenteurs de capitaux de certaines structures juridiques utilisées à des fins professionnelles, telles les trusts anonymes.

La pratique des groupes d’entreprises permet aux détenteurs actifs des capitaux de prendre, au niveau mondial, un poids économique et politique de plus en plus important tout en restant dans l’ombre, c’est-à-dire à l’abri de toute responsabilité politique.

S’agissant du poids respectif des banques par rapport à celui des Etats, nous pourrions citer l’exemple de BNP-Paribas dont le bilan officiel s’élève, pour 2017, à 1960 milliards d’euros à comparer avec le PIB de la France pour la même période qui s’élève à 2163 milliards d’euros.

Néanmoins, les chiffres officiels des revenus d’exploitation des banques ne sont pas significatifs car ils font l’objet de trop nombreuses manipulations liées à l’existence d’une opacité juridique et comptable internationale d’ordre systémique :

–   la présence de trop nombreuses filiales dans les paradis fiscaux qui ne font pas apparaître les donneurs d’ordre (sur le modèle des trusts anonymes),

–   l’organisation en groupes d’entreprises permettant, via le commerce intra-groupe, l’optimisation fiscale,

–   les manipulations consistant à faire passer une partie des actifs en « hors bilan », ainsi que …

–   la quasi-liberté d’évaluation comptable des actifs (le « fair value », autrement dit « juste prix ») imposée par la comptabilité IFRS qui sévit au niveau international

ont pour conséquence que les résultats financiers de ces groupes présentés au public n’ont aucune  valeur réelle et ne permettent pas de se faire une idée correcte de la véritable puissance capitalistique des conglomérats bancaires.

En outre, il faut garder à l’esprit que le rapport de force entre les banques et les Etats ne se situent pas seulement au niveau capitalistique, il passe également par :

–   la participation de certaines banques, par le biais de leur donneur d’ordre effectifs, à la détermination des normes comptables et bancaires internationales,

–   les liens économiques, juridiques et parfois humains qui existent entre les propriétaires de certaines banques et les groupes industriels exploités sous forme de cartel (de façon officielle ou officieuse).

Il faut aussi préciser que ce sont les grandes banques, prioritairement celles opérant à la City, qui ont organisé le réseau des paradis fiscaux fondé sur les trusts anonymes. Ce réseau est juridiquement supervisé par les grandes firmes anglo-saxonnes d’audit et de droit, les fameuses « Big Four ».

Ainsi, les capitaux cachés dans les paradis fiscaux sont sous l’entier contrôle des grandes banques d’affaires internationales. Non seulement ces réseaux opaques servent à collecter tout type d’argent (évasion, optimisation et argent sale) mais surtout ils permettent aux banques qui y siègent d’utiliser cet argent comme bon leur semble, aucune règlementation ne venant entraver leurs « activités ».

Le système établi par les banquiers s’est consolidé au niveau de chaque Etat, ainsi que par zone géographique, au moyen des banques centrales afin de centraliser la gestion des monnaies. Historiquement, sur le territoire de chaque Etat, les propriétaires des banques privées les plus importantes se sont associés pour créer une « banque centrale ». Il en a résulté que l’affectation des ressources monétaires est devenue un monopole des banquiers privés coalisés, lesquels détiennent le monopole de l’affectation des ressources monétaires.

L’idée d’une banque centrale a été vendue par les banquiers aux « autorités politiques » par les « services » qui seraient rendus à l’Etat par cette « centralisation monétaire ». Dès lors, les Etats se sont portés garants des capitaux privés investis dans ces « banques centrales ».

La banque d’Angleterre (1694), la Banque de France (1800), la Fed (1913), la Banque des Règlements Internationaux (BRI/BIS 1930), le Système Européen de Banques Centrales (décidé en 1992 et entré en vigueur en 1999), la Banque Centrale de la Fédération de Russie (1990) reflètent tous un désengagement des instances politiques de l’Etat dans la gestion centralisée des masses monétaires en circulation.

La nuance trompeuse entre « gestion monétaire » et « gestion politique » est maintenant définitivement actée par les institutions. Or, puisque le monopole monétaire est détenu par des intérêts privés, la monnaie ne peut, structurellement, plus remplir son rôle de facilitation des échanges, rôle qui est pourtant à l’origine même de sa création.

Dès que l’on tente de questionner la pertinence de « l’indépendance » des « banques centrales » vis-à-vis des « gouvernements », la plupart des interlocuteurs vous renvoient aux conséquences de la « planche à billets » de Weimar. Toutefois, l’épisode de Weimar est une mauvaise réponse car l’hyper inflation de cette époque a été le résultat d’une politique elle-même très largement sous domination capitalistique. Par ailleurs, depuis Weimar, les banquiers eux-mêmes ont été officiellement assez créatifs pour remplacer la méchante « planche à billets » par le « Quantitative Easing », qui entraîne une stagflation, dont les résultats sont bien plus satisfaisants pour les banquiers que l’inflation, leur permettant même d’accroître encore leur accaparement.

Certains rétorquerons que certaines banques centrales, telle que la banque de France, ont été « nationalisée », mais là encore, il faut s’entendre sur les termes : que signifie réellement une banque « nationalisée » par un Etat dont les moyens d’actions dépendent entièrement du bon vouloir des banques et des marchés, c’est-à-dire des principaux propriétaires de capitaux… ?

Au vu de l’évolution du rapport de force entre banques et Etats, la véritable question qui doit aujourd’hui être posée et publiquement débattue est la suivante les Etats sont-ils encore des entités juridiques indépendantes de leurs banques ?

Nous allons voir les conditions dans lesquelles quelques-unes des plus grandes banques centrales sont nées et évoluent.

La Banque de France

Mensongèrement présentée comme « intimement liée à l’histoire de la Nation », la Banque de France a été conçue, comme toutes les « banques centrales », comme une entreprise capitalistique détenue par des personnes privées. L’idée de sa création a été susurrée au premier consul Bonaparte, lui-même alors principal actionnaire, par un banquier, Jean-Frédéric Perrégaux lui-même Régent de cette banque. La fiche Wikipédia du banquier Perrégaux fait référence à ses liens avec d’autres banquiers de l’époque dans les termes suivants : « Jean Frédéric Perrégaux, … né en 1716, … a fait l’apprentissage du commerce et de la finance à Mulhouse où il apprend l’allemand, à Amsterdam et à Londres, puis il s’installe à Paris en 1765 où il travaille pour Jacques Necker et fréquente le salon de l’hôtel Thellusson (tenue par la veuve du banquier genevois Georges-Tobie de Thellusson, actionnaire de la Banque Girardot).

En 1781, avec l’aide de son compatriote Isaac Panchaud, banquier financier britannique d’origine suisse, il fonde sa propre banque en s’associant au banquier Jean-Albert Gumpelzhaimer, ancien correspondant à Paris de plusieurs banquiers européens ».

Federal Reserve

La Federal Reserve américaine (Fed) est née sous les mêmes auspices d’une banque privée présentée comme une banque publique, à l’initiative de banquiers.

Créée à l’occasion d’une petite coterie composée de banquiers influents et d’hommes politiques à leur solde, on retrouve, à l’initiative de la Fed (sur l’île de Jekyll Island) : le sénateur Aldrich (qui entretenait des relations d’affaires avec J-P Morgan lequel était le beau-père de John D. Rockefeller fils), Abraham Piat Andrews (secrétaire assistant du Trésor américain, homme politique qui fut tout au long de sa carrière très influents dans les milieux bancaires), Frank Vanderlip (président de la National Bank of New-York, plus puissante banque américaine qui représentait les intérêts financiers de William Rockefeller et de la société d’investissement internationale Kuhn & Loeb and Company), Henry Davison (principal associé de J-P Morgan Company), Charles Norton (président de la First National Bank of New-York), Benjamin Strong (directeur général de la J. P. Morgan’s Bankers Trust Company, qui en devint PDG trois ans plus tard), et enfin Paul Warburg(allemand naturalisé américain, partenaire de la Kuhn & Loeb and Company, il représentait également la dynastie bancaire Rothschild en Angleterre et en France).

Banque centrale de la Fédération de Russie

Nous avons, en Occident, peu d’informations disponibles sur la première banque centrale Russe (Banque d’Etat de l’empire Russe), créée le 31 mai 1860 par Ukase du tsar Alexandre II, et dont la mission semblait être d’accorder des prêts à court terme aux entreprises russes. Nous avons également assez peu d’informations sur la Banque d’Etat de l’URSS.

En revanche, nous disposons de davantage d’informations sur la Banque Centrale de la Fédération de Russie, fondée le 13 juillet 1990 à partir de la Banque de la République de Russie, émanation de la Banque d’Etat d’URSS. Cette banque fonctionne sur le modèle des banques centrales occidentales, elle :

  • est le « régulateur du système bancaire russe »,
  • octroie des licences aux opérateurs bancaires,
  • définit les principes de gestion et les normes comptables applicables au secteur bancaire russe,
  • est prêteur de dernier recours des établissements financiers russes,
  • est responsable de la politique monétaire Russe, notamment par la fixation des taux d’intérêts interbancaires, sous la sérieuse réserve qu’elle
  • est membre à part entière de la BRI, chargée d’élaborer les politiques monétaires qui seront suivie par ses membres.

La BRI est une entité privée dont la moitié du capital appartient aux banques centrales d’Allemagned’Angleterre, de Belgique, de Franced’Italie et des États-Unis d’Amérique (ou tout autre établissement financier de ce dernier État). Les gouverneurs de ces six banques centrales qui se partagent la direction de la BRI.

La Banque centrale de la Fédération de Russie semble, depuis sa création, suivre une politique monétaire constante consistant à limiter l’offre de monnaie disponible. Cette politique monétaire a pour conséquence mécanique le fait que la Russie ne dispose pas d’une économie réellement indépendante, à la fois vis-à-vis de l’étranger et vis-à-vis de ses matières premières. Le 14 septembre 2018, la Banque Centrale vient une fois de plus de relever son taux directeur d’un quart de point pour le fixer à 7,5%. Cette politique monétaire restrictive est la raison précise pour laquelle la Russie n’arrive pas à devenir un réel acteur économique de poids à l’échelle mondiale.

Rappelons que la Chine n’est devenue la puissance économique que nous constatons aujourd’hui qu’en raison du fait que les conglomérats financiers anglo-saxons lui avaient procuré les capacités de financement nécessaire en investissant massivement sur son territoire. Aujourd’hui, les capacités économiques acquises par la Chine lui permettent d’envisager de devenir son propre acteur économique et financier.

La situation en occident est exactement inverse à celle que connaît la Russie. La stratégie occidentale des banquiers consiste à fournir une profusion de liquidité via des prêts, ce qui a pour effet direct la création d’énormes bulles sur les actifs ; bulles destinées à éclater en appauvrissant les classes moyennes. Le résultat de ce désastre économique est une augmentation de la concentration des richesses dans les mains de ceux qui ont organisé lesdites bulles.

La politique monétaire appliquée par différentes banques centrales membres de la BRI s’inscrit dans le cadre du changement de paradigme monétaire international voulu par les grands banquiers : le passage du dollar aux DTS en tant que monnaie mondiale. L’appauvrissement économique des uns (occident mené par les USA), la stagnation économique des autres (Russie) et l’enrichissements économique des troisièmes (Chine) a pour objectif de faire piloter et contrôler par les banquiers à la manœuvre le pourcentage de DTS qui sera in fine détenu par les différentes régions du monde. À ce propos, permettez-moi d’ajouter que la guerre économique menée actuellement par le président Trump s’inscrit parfaitement dans la démarche stratégique des banquiers centraux consistant à rééquilibrer les différentes zones géographiques : il s’agit surtout de réduire la puissance économique américaine afin que celle-ci ne prenne pas trop de poids dans le panier de monnaies composant les DTS.

BRI/BIS

Il est intéressant de connaître les conditions de la naissance de la BRI, officialisée à l’occasion du plan Young de 1930. Cette « banque » est la traduction institutionnelle d’un plan élaboré par un conglomérat d’intérêts bancaires et financiers.

En 1920, John Foster Dulles (1888 – 1959 ; qui deviendra secrétaire d’Etat), représentant les intérêts de la Banque d’Angleterre et de J-P Morgan dans l’Europe d’après-guerre, rencontre Hjalmar Schacht (1877-1970) alors fonctionnaire subalterne auprès de l’autorité bancaire allemande créée par les alliés. En mars 1922, Schacht fait part à John Foster Dulles d’un nouveau système financier international permettant de financer l’Allemagne.

=> Citons Schacht :

« Mon idée est que ce ne soit pas un emprunt d’Etat, mais un emprunt de compagnies privées. Je veux former, disons, quatre compagnies privées allemandes, et à chacune d’entre elles, le gouvernement allemand devra accorder le monopole des exportations en gros de produits tels que le charbon, la potasse, le sucre et le ciment. Chacune de ces compagnies contrôlera l’exportation d’un de ces produits. Le monopole devra être accordé pour 20 ans. Les producteurs nationaux devront leur remettre leur production. (…) Ces sociétés émettront des emprunts d’un montant total de 5 milliards de marks-or. (…) Comme le total des exportations des quatre peut être estimé à 500 millions de marks-or, le montant de l’emprunt sera remboursé en 10 ans. (…) L’emprunt que je propose (…) n’est basé sur aucun traité politique. (…) Le remboursement sera sous le contrôle, tout d’abord, d’industriels et d’hommes d’affaires appartenant aux rangs les plus élevés. »

Dulles fait suivre la lettre à Thomas Lamont, un associé de J.P. Morgan.

Ce plan Schacht-Dulles-Morgan sera mis en œuvre au cours des années qui suiventAinsi, ce qui deviendra la BRI est à l’origine des cartels internationaux basés en Allemagne et dirigés par les Britanniques, qui furent créés dans les années 20.

Schacht lui-même sera nommé Commissaire à la monnaie nationale allemande en novembre 1923, et un mois plus tard, président de la Reichsbank.

Depuis 1919, John Foster Dulles était l’avocat de Richard Merton, fondateur du plus important de ces cartels, l’Interessen Gemeinschaft Farben (IG Farben). En 1924, il est choisi par J.P.Morgan pour mettre en œuvre le plan Dawes prévoyant la réorganisation, dans le cadre de négociations avec Schacht, du versement des réparations de guerre, qui seront ainsi définitivement liquidées. En 1926, John Foster Dulles deviendra directeur exécutif de Sullivan and Cromwell, le cabinet d’avocats de tous les cartels.

De 1926 à 1929, le plan Schacht-Dulles-Morgan débouche sur une série d’arrangements impliquant nombre des plus grandes sociétés britanniques, américaines et allemandes. Les deux principaux cartels sont le trust chimique IG Farben et le Cartel international de l’Acier ; ces deux cartels ont bénéficié de prêts étrangers d’un montant de 800 millions de dollars accordés dans le cadre du plan Dawes. Ces prêts ont été gérés aux trois-quarts par trois firmes de Wall Street : Dillon, Read & Co ; Harris, Forbes & Co ; et National City.

L’extrême imbrication des banques dans la création et la structuration des cartels, véritables conglomérats économiques

La genèse tant des grandes firmes américaines du début du XXème siècle (pétrole, rails…) que de la BRI laissent apparaître l’extrême imbrication des grandes banques d’affaires dans la création de cartels ; cette création a favorisé la discrète mais très efficace prise du pouvoir politique par le « fait économique ». Ce phénomène de prise de contrôle politique par les détenteurs du « fait économique » n’a pu se réaliser qu’à la faveur de l’anonymat des capitaux, lequel a permis la rupture entre pouvoir et responsabilité politique.

Je voudrais ajouter un élément ontologique fondamental : alors que le « fait politique » est historiquement issu de sociétés sédentaires, le « fait économique », et l’anonymat des capitaux qui le véhicule, relève fondamentalement du fonctionnement de sociétés nomades. La lutte actuelle entre « fait politique » et « fait économique » est, de façon structurelle, un conflit entre « Société sédentaire » et « Société nomade ».

Cartel IG Farben : historique

L’histoire du cartel IG Farben est très intéressante, on y trouve une très étroite imbrication des intérêts allemand et anglo-saxon. Ce cartel est associé à « l’ordre économique nouveau », ancêtre du « Nouvel Ordre Mondial », déjà recherché par l’Allemagne nazie.

En 1925, IG Farben regroupe six des plus gros producteurs chimiques allemands. En août 1927, Standard Oil conclura avec lui un programme conjoint de recherche et développement sur l’hydrogénation (production d’essence à partir du charbon), procédé découvert par un chercheur allemand en 1909.

En 1928, Henry Ford fusionnera ses actifs allemands avec ceux d’IG Farben. Le 9 novembre 1929, un cartel pétrochimique international sera créé suite au mariage d’IG Farben avec les Britanniques ICI et Shell Oil, et les Américains Standard Oil et Dupont. L’accord entre Standard Oil et IG Farben constitue le pilier du cartel.

Lorsqu’éclate la Deuxième Guerre mondiale, IG Farben a passé des accords de cartel avec 2000 sociétés dans le monde, dont Ford Motor Co., Alcoa, General Motors, Texaco et Procter et Gamble etc.

IG Farben a été dissoute par décret en 1950 et démantelée en 12 entités dont les principales sont : Bayer, BASF, Agfa, Hoechst et Dynamit Nobel…

Notons que BASF, Bayer et Agfa composaient, à la fin de la 1ère GM, la « petite IG » qui avait fusionné avec Hoechst et 2 autres sociétés pour faciliter et accélérer le retour d’IG Farben sur la scène mondiale. Avant et après les guerres, on retrouve finalement toujours les mêmes… IG Farben a donc été démantelé au profit des entités qui s’étaient alliées pour sa création… Une sorte de « démantèlement pour rire », un simili démantèlement destiné à calmer le public et les quelques personnes opposées aux cartels.

Bayer et IG Farben étaient étroitement impliquées du point de vue capitalistique, Bayer étant une filiale d’IG Farben. Or, Bayer a notamment été condamnée pour « faits d’armes » d’avoir utilisées des cobayes humains trouvés dans les camps de concentration pour faire in vivo des expériences médicales, d’ailleurs les camps de concentration eux-mêmes étaient des sites industriels appartenant aux géants pharmaco-chimiques de l’époque.

Plus récemment, chacun se souviendra que la même Bayer a, en 2016, racheté Monsanto pour la modique somme de 66 milliards de dollars (59 milliards d’euros). Monsanto avait, notamment commercialisé l’Agent Orange, dont l’herbicide connu sous la marque « Roundup » est un dérivé ; « l’agent orange » est à l’origine du concept de tératologie utilisée comme arme de guerre.

Aujourd’hui, Monsanto et les autres firmes pharmaco-chimiques sont très investies dans la commercialisation des produits OGM. Pour contourner et anticiper les futures règlementations en la matière, ces firmes se mobilisent aujourd’hui sur les recherches concernant les ARN messagers, qui sont des copies transitoires d’une portion de l’ADN correspondant à un ou plusieurs gènes. Il s’agira de diffuser non plus des OGM mais des ARN Messagers permettant de modifier la substance vitale des plantes.

Ces dynasties capitalistiques, soutenues par les banques, ne sont jamais à court ni d’argent ni d’idées pour expérimenter de nouveaux procédés toxiques en grandeur nature sans aucun garde-fou. Aucune règlementation ne peut être opposée à ces conglomérats, par des Etats structurellement mis en position d’inféodation économique et juridique par des organismes supranationaux tels que les instances européennes, l’OMC, l’OCDE….

Cartel de l’acier : à l’origine du projet d’Etats-Unis d’Europe et

de ce qui deviendra les institutions de l’actuelle Union Européenne

En 1926, le Cartel international de l’Acier ouvre ses bureaux au Luxembourg. Il servira de véritable « gendarme privé » du commerce mondial de l’acier de 1926 à 1939. Sa composante allemande regroupe les quatre plus gros producteurs d’acier nationaux.

Ce groupe recevra 100 millions de dollars de la part d’investisseurs privés aux Etats-Unis.

Dillon, Read & Co., la société de placement new-yorkaise s’est occupée de l’émission des obligations.

Lors de la signature du premier accord international, le 30 septembre 1926, tous les sponsors du cartel se vantent de ce que le premier pas vers la formation « des Etats-Unis économiques de l’Europe » vient d’être franchi.

Douze ans plus tard, près de 90 % du fer et de l’acier commercialisé au niveau international est sous le contrôle du Cartel de l’Acier. Outre l’Allemagne qui le dirige, l’Autriche, la Pologne, la Tchécoslovaquie, le Royaume Uni et les Etats-Unis en font partie, même s’il est interdit aux compagnies américaines, U.S. Steel, Bethlehem et Republic, de signer les accords formels, sous peine de violer les lois anti-trust américaines.

En 1919, trois producteurs allemands de lampes électriques (Siemens & Halske, AEG et Auergesellschaft), avaient formé une nouvelle société dénommée Osram, pour tenter de regagner les biens et les marchés perdus à l’étranger. AEG était en grande partie contrôlé par General Electric et des liens similaires existaient entre toutes les autres entreprises du même genre en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-Unis.

En 1924, afin de prévenir toute concurrence extérieure, Osram propose la création en Suisse d’une société dénommée Phoebus, qui appartiendrait à toutes les compagnies du cartel et serait dirigée conjointement par elles. En juillet 1929, Osram et la filiale de General Electric pour l’étranger, International General Electric, créent un « partenariat pour tout temps ». À partir de 1929, les relations entre Osram et International General Electric se développeront suivant le même modèle que celles entre IG Farben et ses partenaires étrangers. Pendant les années 20, quatre cinquièmes de l’industrie allemande étaient encore regroupés dans des cartels.

Le cartel de la métallurgie étant à l’origine des institutions européennes, qui a débuté avec le Traité CECA, il ne faut pas s’étonner que les instances bureaucratiques de l’Union dite Européenne cherchent à sauver les institutions jumelles de l’OMC qui œuvrent à imposer et pérenniser le libre-échange au niveau mondial.

  1. En réponse à la question

On peut affirmer que l’Etat tel qu’actuellement conçu est entièrement dominé par le système bancaire, or « la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit » (Napoléon).

Sans les banques, les Etats n’ont aujourd’hui aucun moyen financier propre pour atteindre les objectifs étatiques qu’ils se fixent. En abandonnant dans des mains privées sa fonction régalienne de battre monnaie, l’Etat s’est volontairement placé dans une position d’infériorité par rapport aux détenteurs du « fait économique ».

Privé de toute substance politique, l’Etat est devenu un simple outil de pouvoir aux mains des banquiers anonymes. Le système financier mondial est aujourd’hui piloté par les principaux banquiers qui œuvrent à la City, qui contrôlent la grande majorité des banques centrales et des paradis fiscaux de la planète.

Entre les mains des banquiers, la monnaie est devenue un bien matériel qu’ils ont accaparé. Largement considérée comme un simple « actif », la monnaie a perdu sa valeur comptable neutre « d’actif-passif ». En falsifiant le concept juridique et comptable de monnaie, les banquiers ont pu corrompre les systèmes politiques, et les hommes qui les incarnent, de façon à dominer le « fait politique ».

Cette appropriation du phénomène politique par les principaux propriétaires d’organismes bancaires s’est produite par le biais du contrôle intégral du phénomène économique par lesdits « banquiers » (propriétaires des grandes banques). Ce contrôle s’est réalisé par deux moyens principaux : le contrôle des monnaies, via les banques centrales, et l’anonymat des capitaux.

L’anonymat a permis aux banquiers d’organiser un accaparement discret des biens tangibles de cette terre, sans soulever la juste indignation que n’aurait pas manqué de faire une appropriation ouverte par quelques personnes, aussi violente eut elle été.

Le contrôle des masses monétaires en circulation a permis le contrôle, par corruption, du phénomène politique et le développement des moyens légaux d’appropriation discrète des biens. C’est ainsi que les Etats ont eux-mêmes organisé l’anonymat des capitaux qui permet aux propriétaires contrôlant les grandes banques de rester anonymes.

Ce « système intégré » (à la fois monétaire, économique et politique) favorise et rend possible le phénomène d’accaparement généralisé des biens par une combination de moyens légaux assumés (lobbying, optimisation fiscale, fusion-acquisition, jeux sur les taux d’intérêts directeurs…) et de moyens légaux détournés, qui relèvent d’un consensus international officieux, tels que les Paradis fiscaux.

  • CONCLUSION

Il n’existe de pouvoir politique que monétairement souverain, la présence des banques centrales est un empêchement diriment à l’exercice du « pouvoir » par des hommes « politiques ». L’existence des banques centrales a pour effet mécanique de rendre obsolète le concept « politique ». Les hommes politiques et les Etats deviennent, par le fait des banques centrales, une simple émanation des intérêts catégoriels des grands banquiers qui règnent sans partage et sans contrepouvoirs sur le monde.

Les techniques de contrôle monétaire sont parfaitement rôdées et mises en application par les grands banquiers au moyen des banques centrales qui ont-elles-mêmes organisé, au niveau mondial, leur anonymat et le secret de leurs affaires. En contrôlant l’affectation des ressources monétaires, les banquiers décident réellement qui sera « riche » et qui sera « pauvre », aussi bien au niveau des individus et des entreprises (microéconomie), que des groupes socio-économiques, des Etats et même, plus largement, des zones géographiques (macroéconomie).

Dans ce contexte, la création de richesses devient artificielle, elle est pilotée par les banquiers et ne remplit qu’un seul objectif : satisfaire leur insatiable soif de pouvoir et mener le monde vers un « gouvernement mondial » qu’ils contrôleront définitivement de façon absolue. Le modèle de civilisation sédentaire cèdera alors définitivement la place au modèle nomade.

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