Son Excellence monsieur Bakhromjon Aloev, ambassadeur d’Ouzbékistan en France
Trismestre 2010
Les Questions Liées Au MAINTIEN de la sécurité régionale constituent les priorités de la politique extérieure de l’Ouzbékistan. La sécurité est en effet le fondement de tout son développement. Aujourd’hui, aucun pays n’est à l’abri de l’influence des menaces et des défis globaux. Une grande inquiétude procède de l’insécurité croissante et de l’instabilité dans la région, du fait de l’accentuation des contradictions qui existent en Afghanistan, de la radicalisation de la situation et de l’activisme des groupes terroristes.
L’Ouzbékistan, avant beaucoup d’autres pays, a condamné la nature destructrice du terrorisme international et de l’extrémisme religieux. En 1993, à la 48e session de l’Assemblée générale de l’ONU, le président de la République d’Ouzbékistan, Islam Karimov, a appelé à l’union des efforts de tous pour lutter contre cette menace globale. Il a mis en exergue la nécessité de régler le problème afghan avec le soutien de la communauté internationale. Il est vrai que cette situation a éveillé l’inquiétude dans beaucoup de pays du monde, tout particulièrement dans les États voisins de l’Afghanistan. L’escalade de cette tension influence bien évidemment directement la sécurité régionale et globale. Malgré l’implication de la communauté internationale, ainsi que celle de la coalition internationale antiterroriste dans le processus de réhabilitation politique et économique de l’Afghanistan, la situation de ce pays reste néanmoins compliquée et imprévisible. Elle se dégrade aussi du fait de la hausse du volume du trafic de drogue en provenance de l’Afghanistan, où aujourd’hui la production d’opium dépasse 8 000 tonnes, soit au moins 90 % de la position et les initiatives de la République d’Ouzbékistan
la production mondiale. Il faut aussi tenir compte du fait que le trafic de drogue est l’une des ressources importantes du financement des terroristes et contribue à la déstabilisation de la situation en Afghanistan tout comme dans les États voisins.
Le président de la République d’Ouzbékistan, Islam Karimov, a lancé une série d’initiatives visant au règlement du problème afghan. La position et les propositions de l’Ouzbékistan ont été mises en valeur par le président ouzbek lors du sommet de l’OTAN au mois d’avril 2008 à Bucarest, ainsi qu’à l’occasion des sommets de l’Organisation pour la coopération de Shanghai (OCS) et d’autres organismes régionaux. Il a notamment souligné que la dynamique de la situation afghane témoignait clairement du fait qu’il ne fallait pas résoudre le problème afghan par l’utilisation de forces armées ou le renforcement des moyens militaires.
La guerre en Afghanistan, qui dure depuis plus de trente ans, a détruit l’infrastructure économique et sociale du pays, et a conduit à l’appauvrissement de la population. Il faut reconnaître que ce phénomène ôte aux Afghans toute confiance en leur avenir et crée des conditions propices au recrutement de nouveaux combattants. Comme l’a noté le président Islam Karimov dans son discours lors de la réunion commune de la Chambre législative et du Sénat du Parlement ouzbek, pendant trente ans de guerre on a dépensé des milliards de dollars pour le règlement du problème afghan. La situation actuelle nécessite de nouvelles stratégies d’approche pour la résolution de cette crise structurelle. La priorité doit donc être l’assurance d’une aide économique bien orientée, la construction et la création d’infrastructures économiques et sociales modernes, l’assurance d’un emploi stable, la réduction des problèmes liés à la pauvreté. Il est également nécessaire de garantir une attitude de respect à l’égard des valeurs nationales et religieuses, des traditions séculaires et des coutumes du peuple multinational et multiconfessionnel qu’est le peuple afghan. Ainsi il conviendrait par ailleurs d’opérer la consolidation des forces politiques d’opposition.
La stratégie nécessaire pour parvenir à ces objectifs devrait être le renouvellement de l’activité du groupe de contact « 6+2 » sur l’Afghanistan. Celui-ci a fonctionné avec succès dans les années 1990 et il conviendrait à présent de le transformer en groupe « 6+3 », en impliquant dans ce processus l’OTAN. Pour mémoire, les pays voisins de l’Afghanistan – l’Iran, le Pakistan, la Chine, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, ainsi que les États-Unis et la Russie – faisaient partie du groupe « 6+2 ». L’initiative du président Islam Karimov témoigne de sa juste perception de cette situation régionale complexe.
En tenant compte de ces initiatives positives, le groupe de contact ainsi défini peut devenir un mécanisme efficace de coopération internationale sur les recherches de solution au problème afghan. La communauté internationale avait reconnu le fait que, pendant la période des événements troublés en Afghanistan, le groupe de contact « 6+2 », créé à l’initiative du président de l’Ouzbékistan et sous l’égide de l’ONU, avait été un mécanisme international efficace en vue du règlement politique du problème afghan. Dans le cadre de ces efforts, des réunions du groupe « 6+2 » ont été organisées au niveau des ministres des Affaires étrangères lors de la 54e session de l’Assemblée générale de l’ONU, lors de la réunion de ce groupe à Tachkent en juillet 1999, ainsi qu’une série de consultations au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères. Au terme de cette réunion, la déclaration de Tachkent sur les principes du règlement du conflit en Afghanistan a été adoptée. Cet événement historique a permis de consolider les efforts des pays directement impliqués ainsi que ceux de la communauté internationale pour résoudre la crise. Dans le cadre de cette rencontre et pour la première fois, on a pu voir les plus hauts représentants des parties afghanes les plus opposées autour de la table des négociations.
La République d’Ouzbékistan prend une part active dans les actions développées par la communauté internationale pour le renforcement de la stabilité et du développement de l’Afghanistan, et attribue une grande importance aux relations amicales et de bon voisinage avec ce pays. Ce fait est conditionné non seulement par l’existence de frontières communes, mais aussi par des intérêts convergents dans la coopération et le maintien de la paix, et pour la stabilité et le progrès au sein de la région. Dans le but de contribuer à l’aide de la communauté internationale en Afghanistan, le gouvernement ouzbek a pris la décision d’ouvrir le pont de « Khayraton », à la frontière ouzbéko-afghane, en décembre 2002, ainsi que le complexe douanier d’« Ayritom » en novembre 2003. En réponse à la demande du gouvernement afghan, l’Ouzbékistan a construit onze ponts entre Mazar-i-Charif et Kabul. La réalisation de ces infrastructures de communication a constitué une étape fondamentale dans le processus de rétablissement économique de l’Afghanistan, en permettant la restauration d’un trafic régulier entre le Nord et le Sud du pays. Depuis 2002, les livraisons d’électricité en Afghanistan ont été renouvelées. De fait, l’Ouzbékistan accorde toute l’aide possible au rétablissement de l’économie afghane. Il fournit notamment du combustible, des matériaux de construction et de laminerie, des engrais, ainsi que des produits alimentaires, etc.
Plus encore, l’Ouzbékistan est partie contractante dans la réalisation du projet de construction du chemin de fer Termez-Mazar-i-Charif via Khayraton.