La diplomatie parlementaire de l’Iran et de la France

Mohammad Reza Majidi Professeur à Université de Téhéran, et Zahra Jozaghi chercheur à l’Université de Téhéran 

Résumé

Cet article essaie d’analyser les relations et interactions entre l’Iran et la France pendant des périodes distinctes et  les perspectives de son avenir en termes de Diplomatie Parlementaire. La diplomatie parlementaire est l’un des mécanismes les plus influents dans le domaine de la politique étrangère. Ce genre de diplomatie surveille les activités parlementaires au niveau international afin d’atteindre des objectifs spécifiques. Les relations entre l’Iran et la France ont connu divers hauts et bas à travers l’histoire à cause d’enjeux régionaux, nationaux et globaux particuliers. Cependant, le point important en est que ces relations sont mutuelles en raison du besoin de l’Iran de jouir de la coopération avec un Etat-membre de l’Union européenne (UE), d’autre part du potentiel du marché des 80 millions d’iraniens pour la France. D’ailleurs, la coopération Iran-France pourrait aussi être bénéfique aux niveaux internationaux dans différents domaines, notamment dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme, les sujets nucléaires et l’amélioration des développements stratégique au Liban, en Syrie, au Yémen, etc. Le rôle des Groupes d’amitiés parlementaires a aussi été souligné dans cette élaboration. Enfin, en évoquant les différents déplacements entre les deux pays, un avenir prometteur est attendu dans les relations Iran-France.

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Introduction

Le concept de « diplomatie » se réfère aux relations et aux interactions entre individus, groupes et nations dans le champ des relations internationales. La diplomatie dans son application formelle se réfère principalement à la diplomatie internationale, les relations internationales étant constituées de négociations, conférences et de pourparlers officiels, lesquels nourissent les dialogues entre diplomates officiels.

Dans le monde d’aujourd’hui, étant donné la taille et la complexité des relations politiques et internationales, il est requis qu’un pays utilise tous ses outils disponibles pour exprimer ses vues et atteindre ses objectifs de différentes manières. Puisque les gouvernements différents autour du monde sont reliés les uns aux autres, la relation entre les parlements demeure une tradition de longue date qui a toujours existé.

La Diplomatie parlementaire est un moyen significatif et une forme alternative de diplomatie, même si Elle n’a pas encore été largement étudiée ; elle se développe récemment par le rôle amplifié des parlements et leur participation dans les Affaires extérieures aussi bien que les sujets touchant aux relations internationales. Les rôles et les démarches des parlements dans le domaine extérieur sont définis comme ce que nous appelons la diplomatie parlementaire laquelle peut être analysée à deux niveaux : le premier, son caractère légal avec l’appréciation de la compétence institutionnelle de parlements régulés dans le domaine de relations internationales, tandis que le deuxième niveau se réfère à sa nature politique eu égard au rôle politique plus large de parlements dans la réalisation et dans la formulation de la politique extérieure d’un pays. En combinant les deux niveaux de cette approche, nous définissons la diplomatie parlementaire comme étant les activités développées par les parlements dans les relations internationales, dans les limites de leur compétence institutionnelle et en tant qu’acteur fondamental dans le champ de la politique interne.

La diplomatie parlementaire se réfère à une large étendue d’activités parlementaires dans les niveaux bilatéraux, multilatéraux, régionaux et internationaux visant à mettre en exergue la compréhension mutuelle entre pays et rendant encore plus profond le rôle des parlements dans l’arène internationale et aussi augmentant la participation au processus de formulation internationale des décisions afin de protéger les intérêts des nations.

Aujourd’hui la diplomatie parlementaire est aussi active que la diplomatie gouvernementale officielle. Les parlements en qualité de représentants directs de populations, expriment leurs demandes sans contrainte de quelques protocoles et considérations officiels. Des vues différentes s’expriment dans des parlements et à des périodes où les gouvernements ne peuvent prendre quelque démarche que ce soit, les représentants des parlements pourraient être utiles.

La diplomatie parlementaire est une diplomatie lisse et accessible qui en même temps facilite la diplomatie au niveau gouvernemental et pourrait ouvrir les possibilités pour l’expansion de relations aux niveaux politiques et économiques. L’expansion de la diplomatie parlementaire est une manière de mettre en exergue la coopération politique, économique, culturelle et sociale. Le rôle des parlements pour résoudre et réduire les tensions internationales aux côtés des ministères des Affaires extérieures A pour objet d’être un soutien.

L’application d’une diplomatie parlementaire inclut les déplacements parlementaires bilatéraux et multilatéraux, la formation de groupes d’amitiés parlementaires dans les Parlements des pays, la participation et la présence de représentants dans les assemblées parlementaires internationales, et même de la surveillance directe des décisions internationales des gouvernements par l’approbation ou le rejet des projets, des décisions proposées, des conventions et des accords internationaux, tout aussi bien que l’accès ou le non accès aux conventions internationales. La diplomatie parlementaire est une diplomatie qui facilite l’action de l’Etat, et en même temps, elle peut fournir l’espace pour le développement de relations aux niveaux politiques et économiques. Le développement de la diplomatie parlementaire est une manière de créer de la coopération dans des domaines politiques, économiques, culturels et sociaux entre les pays et le rôle des parlements a été efficace pour s’adresser aux belligérants et réduire des tensions internationales coordonnant l’action main dans la main de ministères des Affaires extérieures des pays, tout aussi bien que pour réaliser des accords politiques entre pays.

La diplomatie parlementaire est l’un des mécanismes les plus influents dans le domaine de la politique étrangère. Ce genre de diplomatie surveille les activités parlementaires au niveau international afin d’atteindre des objectifs spécifiques.

La diplomatie parlementaire n’est pas un concurrent de la diplomatie gouvernementale officielle mais son complément. Parce que dans les situations internationales changeantes d’aujourd’hui, non seulement le nombre d’acteurs dans le champ global a augmenté, mais aussi les champs de coopération internationale, y inclus la coopération scientifique et culturelle, en particulier les relations entre régions et villes dans tout le monde, ont augmenté dramatiquement. La présence de délégations parlementaires dans les organisations internationales et leur participation dans les conférences et conventions internationales indique le besoin croissant pour l’implication des parlements dans ces zones différentes.

Les Groupes d’amitiés parlementaires jouent un rôle actif dans le cadre de la diplomatie parlementaire. Les Groupes d’amitiés parlementaires sont formés dans les parlements nationaux qui agissent pour promouvoir les relations parlementaires entre les différents pays. Quoique ces groupes ne soient pas les porte-paroles de leurs gouvernements ou même de tous les parlementaires auxquels ils appartiennent, ils jouent néanmoins un rôle important pour faciliter et accélérer les priorités de politique étrangère du pays.

L’importance des groupes d’amitiés dans l’avancement de la diplomatie parlementaire en est au point où dans certains pays, le Comité des directeurs du parlement décide directement l’entrée et la sortie d’un membre dans le groupe.

La nature informelle des groupes d’amitiés parlementaires a augmenté la manœuvrabilité diplomatique des représentants dans le champ de la politique étrangère puisque certaines limitations faces au Département de l’Intérieur n’existent pas pour eux. C’est pourquoi dans les parlements de la plupart des pays, les législateurs sont élus pour gérer ces groupes qui ont les connaissances, l’expérience et la capacité d’initiatives individuelles pour améliorer les relations entre le parlement et d’autres pays.

L’historique des relations entre l’Iran et la France

Les relations France-Iran existent de longue date et bien avant l’ère contemporaine. L’analyse de l’évolution des relations entre l’Iran et la France démontre que beaucoup d’instances historiques des relations externes des deux pays ont été fondées pour la plupart sur la base d’échanges scientifiques aussi bien que des relations culturelles et commerciales dans le contexte de relations entre les personnes.

À présent, l’Iran et la France cherchent à construire de nouvelles relations pendant cette période post-sanctions. Or, sans connaître l’historique des relations entre les deux pays il n’est pas possible d’évoluer une image précise de leurs relations contemporaines et de dessiner un schéma clair de leurs interactions futures. Les hauts et bas significatifs des relations entre les deux pays ont donc été mentionnés ici sous deux catégories principales, nommément ceux d’avant la Révolution et ceux d’après.

  1. Avant la Révolution

Selon quelques rapports et affirmations historiques, la relation entre les Perses et des parties du Midi de la France avait été établie dans l’Antiquité par des navigateurs phéniciens.

Beaucoup d’indices révèlent des contacts et des relations entre l’Iran et la France au Moyen Âge. Les premières tentatives dans l’histoire des relations étrangères d’Iran avec la France datent de l’année 1262 AD soit 660 AH durant la règne des Mongols. L’année-là, Holâkou a envoyé une lettre au Roi Louis IX de France pour annoncer la chute du Califat de Bagdad et la conquête de Bagdad.

Ses successeurs de Ghazan Khân à Aljayto (le Sultan Muhammad Khodabandeh) ont aussi essayé d’expédier des délégations dans les pays européens, surtout la Grande Bretagne et la France, pour les encourager à se rallier à la guerre contre l’Egypte et les Sarabans. Pendant le seizième siècle jusqu’à l’arrivée du Chah Abbâss I, puisque Chah Ismail et Chah Tahmasb étaient impliqués dans des conflits internes et dans la consolidation de leurs bases de pouvoir aussi bien que faire face aux attaques par les Ottomans, d’autre part, les rois de la dynastie Vulva en France étaient considérés comme étant des alliés des Ottomans, virtuellement aucune relation n’existait donc entre l’Iran et la France. Mais malgré ces difficultés, de grands voyageurs français ont commencé leurs pérégrinations en Iran pendant cette période. Les expéditions avec Chardin, Tavernier et Tono (Therenot) ont ramené de nouvelles informations sur le peuple iranien aux Français, produisant ainsi une augmentation progressive de relations commerciales.

Avec la chute de la dynastie Safavide, il n’y aura plus soixante années durant de relations avec la France jusqu’à l’époque où Louis XVI a envoyé Kenneth De Ferrière en Iran en 1783. Le représentant de Louis XVI est arrivé en Iran en février de l’année. À ce moment-là, les guerres civiles en Iran battaient leur plein, si l’on en croit Karim Zand Khân, et aucun résultat n’a pu être atteint, ensuite avec la Révolution française aucune relation ne fut possible jusqu’à l’année 1796 lorsque deux représentants français (Brounyro et Olivier) ont été expédiés en Iran pour transmettre une lettre de l’Ambassadeur français à Ebrahim Haji Agha Mohammad Khân Etemadodoleh, chancelier de Agha Mohammad Khan, à la Cour ottomane. Cette lettre proposait des relations cordiales entre les deux pays, ce à quoi le chancelier répondit positivement.

Suivant ces événements, et la correspondance de Napoléon et de Fath Ali Chah, le Traité de Finkenstein a été signé en mai 1807. L’interruption et la suspension des relations entre les deux pays a continué jusqu’à l’époque de Napoléon III, lorsqu’une délégation menée par Bourre a été envoyée en Iran, afin d’établir d’amicales relations avec celui-ci.

Avec la chute de Napoléon III et la déclaration de la République en France, d’amicales relations ont continué entre les deux pays. Nasseredin Chah a visité le pays à trois reprises. Mozafaredin Chah a fait deux voyages en France pendant son règne. Puisque la France n’avait pas de commentaires coloniaux concernant l’Iran, les relations entre les deux pays étaient plus de nature culture et scientifique. Des professeurs français enseignaient à l’Académie Darolfonoun et nombre de jeunes Iraniens se sont inscrits dans des écoles françaises. À l’époque, le français était le langage scientifique et international. Le français était aussi connu comme étant la première langue étrangère en Iran. En 1900, l’Ecole de garçons Saint-Louis et l’Ecole de jeunes filles Jeanne d’Arc ont été établies à Téhéran.

L’établissement d’ambassades et de visites royales Nazareth a ouvert un nouveau chapitre dans les relations étrangères Iran-France, surtout dans les champs de l’économie et de la culture. L’envoi du tout premier groupe d’étudiants iraniens à la Sorbonne, et l’établissement des premières écoles francophones sont des exemples des relations culturelles entre les deux pays courant les époques pré-Pahlavi et Pahlavi.

Les relations entre l’Iran et la France ont été relativement paisibles pendant la première période pahlavide. La France a accueilli à bras ouverts la décision de 1927 annulant la capitulation, et ceci a aidé à renforcer les relations entre les deux pays. Un nouveau traité d’amitié entre les gouvernements iranien et français a été signé à Téhéran le 30 juin 1929, et il exprimait l’intérêt des parties pour intensifier les relations amicales sur le long terme. Aussi, le premier accord culturel officiel entre l’Iran et un pays étranger a été signé entre l’Ambassadeur iranien et le ministre français de la Culture à Paris la même année.

En examinant les relations entre l’Iran et la France pendant la période pahlavide, deux éléments importants peuvent être relevés : l’un c’est l’appréciation la plus haute de la France dans l’opinion publique d’Iran, par comparaison avec d’autres pays européens, et le deuxième, c’est la dominance des relations culturelles entre les deux pays sur les domaines politiques et économiques. Sans doute le cadre et le fondement des relations entre l’Iran et la France peuvent être appréciés à partir de la base d’échanges culturels.

Pendant la Deuxième guerre mondiale et l’Occupation de la France, les relations de l’Iran et du Gouvernement Vichy ont été établies sous les auspices d’Allemagne, mais suivant la pression alliée et l’interruption des relations germano-iraniennes, l’Iran a rompu ses relations politiques avec le Gouvernement de Vichy, le 30 mars 1942, et en juin 1944 le gouvernement de transition de la République française dirigé par le Général de Gaulle depuis Alger, a été reconnu.

En octobre de la même année, après l’établissement de ce gouvernement sur Paris, l’Ambassade iranienne a rouvert, et un an plus tard a été promue à Ambassade Majeure. Dans l’après Deuxième guerre mondiale, et au regard des visites mutuelles entre les chefs des deux pays, les relations entre l’Iran et la France ont joui de bonnes conditions de croissance. Entre 1970 et la Révolution islamique, les deux pays ont signé de nombreux contrats dans les champs de relations culturelles et de commerce.

  1. Après la Révolution

Lors de la victoire de la Révolution islamique, les relations entre les deux pays étaient très bonnes. Giscard d’Estaing, qui avait prédit la chute du gouvernement du chah et concevait ses relations avec l’Iran comme une nécessité, respectait les idéaux révolutionnaires du peuple iranien. Pendant la Révolution islamique en Iran en 1978, du fait de la résidence de l’Imam Khomeini à Neauphle-le-Château près de Paris, la France a été sérieusement impliquée dans les affaires révolutionnaires. Pendant cette période, l’opinion publique française était en faveur de la révolution iranienne.

En fait, les relations les plus amicales possibles entre les deux pays et les deux personnalités furent développées pendant le court séjour de l’Imam Khomeini en France et le rôle favorable des médias de masse en France, selon sa réflexion sur ses vues.

La coopération entre l’Iran et la France dans de nombreuses sphères se situe sur un arrière-plan de long terme. Après la Révolution islamique, malgré des motifs légitimes, le développement des relations entre les deux pays a eu à faire à beaucoup turbulences du fait de la politique régionale adoptée par la France, en particulier le soutien fourni par le gouvernement français au régime ba’assiste irakien durant la guerre imposée. Après la guerre entre l’Iran et l’Irak, la France a voulu participer dans des programmes de reconstruction en Iran. D’une part, l’accès aux marchés d’Iran était important pour la France, politiquement et économiquement, d’autre part l’Iran avait besoin de la coopération d’autres pays afin de reconstruire le pays après la guerre. L’Iran avait aussi besoin du soutien d’autres gouvernements y incluse la France en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, pour l’application stricte des provisions de la Résolution n° 598, et pour empêcher toute négociation dans le cadre des dites provisions. Par conséquent les deux pays se dirigent vers le développement de leur coopération bilatérale dans l’arène internationale, afin de surmonter les obstacles courants.

Lorsque Jacques Chirac est arrivé au pouvoir, il annonça son opposition à l’isolement de l’Iran. Hachemi Rafsandjani, le président iranien de l’époque, en accueillant les propos de Chirac a ouvert un nouveau chapitre de relations entre Téhéran et Paris. En même temps, l’opposition de la France contre les sanctions des Etats-Unis à l’encontre de l’Iran était grandement positive. Suivant la décision du gouvernement des Etats-Unis d’imposer des sanctions économiques contre l’Iran (lois D’Amato), le gouvernement français annonça son opposition à ces mesures. Aussi, Jacques Chirac annonça lors de sa victoire aux élections présidentielles en France que : «…malgré l’opinion de ceux qui trouvent que l’Iran devrait être isolé et que nous devrions cesser nos relations avec ce pays, je crois que la France devrait développer ses relations avec l’Iran. Nous ne pouvons écarter l’Iran si le gouvernement iranien effectue épisodiquement des démarches exigeantes, encore si nous isolons l’Iran, nous intensifierons ces démarches ».

Avec l’arrivée de Chirac, de nouveaux horizons dans les relations entre les deux pays émergèrent, y compris la résolution du problème algérien, afin d’équilibrer les buts des Etats-Unis (ÉU) et de l’Union européenne (UE), et la délinéation des politiques de principes de la France au Moyen Orient et dans le Golfe persique, et en considérant l’Iran comme la plus grande puissance dans la région. Finalement l’entrée de la compagnie pétrolière TOTAL dans les champs pétrolifères d’Iran à la place de la compagnie américaine CONOCO, a été considérée comme un pas positif dans les relations économiques Téhéran-Paris.

Par contre, après l’élection de juin 1997, la victoire de Khatami a créé de nouvelles voies dans la politique étrangère d’Iran. La France a annoncé qu’elle soutiendrait des réformes en Iran, mais de manière prudente. La mise en exergue de la compréhension avec les pays musulmans dans le Golfe persique, la Région Caspienne et l’Afrique du Nord a eu un impact positif sur les relations entre l’Iran et l’Union européenne.

Les voyages de Khatami vers divers pays européens dont la France ont pu être appréciés comme un changement dans les relations entre les deux pays. En fait, nous pouvons dire que les relations entre Téhéran et Paris depuis la décision des pays européens de retirer leurs ambassadeurs de Téhéran le 9 avril 1997, et l’invitation de Jacques Chirac au Président Khatami de voyager en France le 21 août 1998, ont obtenu des retours très rapides et positifs.

Cependant, pendant l’époque Khatami les relations entre les deux pays étaient sur le chemin de la reprise. Le ministre des Affaires étrangères français a rencontré son homologue iranien tôt en 1998 dans les coulisses du 28e congrès du Forum Economique Global en Suisse, et il a souligné que les relations devaient se renforcer davantage, donc en maintenant son opposition aux sanctions par les Etats-Unis, confirmant la visite à Téhéran de l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing, la rencontre du conseiller du Président français avec le Docteur Zarif (adjoint aux affaires légales et internationales au ministère des Affaires étrangères), et le soulignement de la coopération politique et économique avec l’Iran, le désarmement nucléaire, la guerre contre les trafics de stupéfiants, la poursuite de la coopération pétrolière, la signature du prêt de 900 millions de dollars de la Banque Crédit Agricole française à l’Iran en mars 1999, l’arrivée de la délégation d’amitiés du Parlement français en Iran, les pourparlers sur les affaires du Moyen-Orient, le processus de paix en Palestine et dans toute la région …  parmi les éléments les plus importants des années 1998-2000.

Les zones les plus importantes de la coopération France-Iran

  1. Promouvoir la coopération économique

Selon le sénat français courant avril 2014, la France a été appelé « le grand perdant des sanctions contre l’Iran » : le niveau d’échange commercial entre les deux pays a chuté de quatre milliards d’euros en 2004 à seulement 500 millions d’euros en 2013, et la contribution économique de Paris a diminué de 7% à 1%. L’Iran jouit d’une position spéciale dans la Région Ouest-Asie, ayant des ressources énergétiques abondantes et une large population permettant des opportunités uniques qui peuvent élargir les champs de coopération commerciale et économique entre les deux pays. Nous pouvons citer le journal Les Echos qui avait écrit que l’Iran avec son marché de quatre-vingt millions  d’habitants et un nombre conséquent de spécialistes, a attiré les entreprises françaises qui doivent maintenant gagner la confiance de partenaires iraniens en vue d’une présence plus active au marché iranien où guettent de nombreux compétiteurs étrangers. Après de nombreuses années, les limitations sur la coopération entre les entreprises iraniennes et françaises ont enfin été repoussées, Paris cherche à pénétrer à nouveau les marchés iraniens. Suivant l’accord préliminaire à Genève (décembre 2015) nous sommes témoins de l’entrée d’une délégation d’une centaine de membres du Syndicat des ouvriers français, en vue d’estimations préliminaires. La visite immédiate du Ministre des Affaires étrangères français, à Téhéran et la visite du Président iranien en France ont marqué un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays après douze années difficiles. Les aspects importants de ces visites furent : l’élargissement des niveaux de commerce mutuel, la coopération dans des domaines tels que les transports, l’agriculture et l’investissement industriel (surtout l’automobile, l’aviation et le Protocole des accords commerciaux). En outre, l’Iran pouvait espérer obtenir des accords dans les domaines technologiques et industriels dans lesquels la France est très performante. Ceci rendrait possible le transfert de nouvelles technologies vers l’Iran, et éventuellement l’amélioration de toute l’économie du pays. Il est à noter que l’Iran et la France peuvent améliorer leur coopération paisible dans le domaine nucléaire lequel est bénéfique à tous deux. Par contre, l’Iran pourrait discuter des engagements que les pays européens refusent d’honorer depuis quelques années, du fait des sanctions internationales telles la confiscation à nouveau d’une usine nucléaire. D’autre part, la France pourrait développer sa coopération économique et commerciale dans des domaines tels les industries automobiles et pharmaceutiques, aussi bien que les projets pétroliers et électriques, en abandonnant ses positions parfois sévères en matière nucléaire.

  1. Promotion de coopération culturelle

Les occasions de relations culturelles potentielles entre l’Iran et la France peuvent servir pour mettre en exergue la coopération entre les deux pays dans le cadre de l’UNESCO et ses possibilités d’échanges estudiantins et scientifiques.

La langue française a beaucoup influé les domaines scientifiques, culturels et artistiques (la peinture, l’artisanat, la photographie, la musique, etc.), et a été largement traduite. Cette tendance a eu un effet indéniable et essentiel dans la conscience du peuple iranien et son sentiment vis-à-vis du besoin de changement, ainsi que sur les efforts nécessaires pour développer le pays à la fin du dix-neuvième siècle. D’autre part, l’« iranologie » est active en France, focalisant les recherches sur l’archéologie, les anciennes langues et les mœurs, la mise à jour des études et actes anciens. Les relations culturelles entre les deux pays sont donc concrètes, intactes et fructueuses, permettant d’importantes influences sur les conditions internes du développement de l’Iran. La coopération entre l’Iran et la France peut aider au développement de la francophonie. L’Iran appuie la diversité des langues dans ses programmes scientifiques et souhaite réduire l’hégémonie de l’Anglais. De nos jours nous pouvons témoigner de plus en plus de l’exploitation du Français dans les dialogues interculturels. Effectivement, cette langue devient populaire parmi les persanophones en Iran, et, nous l’avons vu, depuis deux siècles le Français est la première langue européenne dans les champs scientifiques, culturels et artistiques d’Iran. En considérant cet intérêt potentiel important des Iraniens vis-à-vis de la langue Française et dans le cadre du récent désamour relatif vis-à-vis de l’anglais en Iran, la France pourrait exploiter ces quatre-vingt millions de personnes à titre de pôle de la francophonie en Asie de l’Ouest, ce qui à son tour accélérerait l’entrée de la francophonie dans d’autres pays de la région.

Le rôle de la coopération parlementaire dans le développement de relations entre l’Iran et la France

Cette année 2016 constitue le cent-dixième anniversaire du Parlement iranien. En 1906 la Révolution constitutionnelle iranienne (Engelâbe mashrootiye) a gagné, et l’Iran fut parmi les premiers pays dotés de parlement. Pendant les vingt-quatre sessions avant la Révolution islamique de 1978-1979 en Iran, et à travers les neuf sessions depuis, le parlement a joué un rôle décisif important dans la vie sociale et politique des Iraniens, et dans l’appréciation que les autres pays portent sur l’Iran.

En cette année 2016, la session a duré deux mois après les élections nationales de février.

Or, les relations entre l’Iran et la France datent de plusieurs décennies avant la création du parlement en Iran. Les parlements en tant que représentants des peuples en gouvernance peuvent avoir un rôle conséquent dans les relations entre pays. De 1906 à 1979, la diplomatie parlementaire a eu peu de rôle dans ces relations, surtout aux époques des deux premiers règnes pahlavides de 1925 à 1979 lorsque les décisions nationales étaient monopolisées par la monarchie.

Depuis trente-huit ans, les relations politiques entre l’Iran et la France ont connu d’innombrables hauts et bas. Avec l’élection du Docteur Rohani en tant que président de la république islamique d’Iran en 2013 et suite aux négociations nucléaires, une ambiance plus pacifiée s’est installée au niveau international par rapport à l’Iran, et nous pouvons témoigner de visites de délégations parlementaires de divers pays en Iran. En même temps, un nouveau chapitre de relations entre Téhéran et Paris a commencé. Les parlements de ces deux grands pays ont des moyens qui peuvent se traduire en de belles occasions et être exploités dans le champ des relations franco-iraniennes. De la même manière qu’en France la politique étrangère est sous la responsabilité du président, le parlement y intervenant à son niveau, en Iran aussi d’autres institutions sont actives dans le champ de politiques étrangères. Cependant le parlement pourrait influencer divers domaines de la politique étrangère, aussi plusieurs contrôles et vérifications sont exécutés par le parlement. Le parlement en France est composé de l’Assemblée Nationale et le Sénat, mais en Iran le parlement ne comprend qu’une chambre : l’Assemblée consultative islamique (ACI).

Dans la République islamique d’Iran, puisque l’ACI est chargée de surveiller toutes les agences étatiques du pays, y inclus le ministère des Affaires étrangères, elle joue un rôle sérieux en politique étrangère. En plus de l’autorité législative du Parlement, ses obligations au niveau international incluent : l’approbation des traités, conventions, accords nationaux et internationaux, l’approbation des prêts et emprunts internes et externes, la responsabilité des représentants envers tous les peuples, et le droit de commenter tous aspects des affaires nationales et internationales. Au parlement même, plusieurs structures et institutions existent lui permettant d’agir sur le champ diplomatique. L’une des structures qui pourrait être très active en matière de diplomatie parlementaire est le Groupe d’amitiés parlementaire (GAP). L’ACI dispose de quatre-vingt GAP qui, lorsqu’ils sont activés, peuvent contribuer pleinement au développement des relations.

Le Groupe d’amitié interparlementaire France-Iran a été créé au Sénat en 1975, et tout comme tous les GAP, il vise à promouvoir des liens bilatéraux de confiance et de compréhension mutuelle entre parlementaires des deux pays, en promouvant en même temps des échanges pratiques dans une variété de domaines dont la coopération économique, le dialogue culturel, les réunions gestionnaires, etc.. Les Groupes d’amitiés du Sénat (GAS) cherchent aussi à promouvoir la coopération décentralisée et le système bicaméral au service de la démocratie. Le Groupe d’amitié France-Iran, dépendant du contexte diplomatique, a focalisé ses activités durant les années récentes sur des réunions informelles ou des séminaires visant à établir une meilleure compréhension des affaires iraniennes, comme la conférence du 10 avril 2012 consacrée à « l’Iran et ses partenaires majeurs ».

La Commission de la Sécurité Nationale et de la Politique Etrangère est encore une structure pouvant être très active en matière de diplomatie parlementaire ; la Commission de la sécurité nationale est celle qui, spécialisée dans le champ de la politique étrangère, pourrait devenir active en ce sens. Le Président du parlement peut aussi travailler activement dans le champ de la diplomatie en tant que membre du Conseil suprême de la sécurité nationale et en qualité de représentant de la nation.

Perspectives futures

Les relations parlementaires entre l’Iran et la France peuvent refléter l’ambiance des relations générales entre ces deux pays. Avant les négociations nucléaires entre l’Iran et le P5+1, et malgré des efforts par les parlements des deux pays, ceux-ci cherchaient à créer de nouveaux espaces pour la promotion des relations, mais en pratique aucun progrès actif n’était vraiment repéré. Dans une telle situation, les agissements de groupes de pression dans l’opposition visant à perturber ou influencer les relations des deux pays ont été créé au Sénat et à l’assemblée nationale français, créant ainsi de nouveaux défis dans le champ de relations bilatérales. À la suite de l’élection du Docteur Rouhani en 2013, de nouveaux signes ont apparu indiquant la volonté de la France de reprendre le dialogue avec les responsables iraniens, dans l’optique de résoudre les crises régionales et créer une nouvelle ambiance favorable aux relations entre les deux pays.

En particulier, contrairement aux politiques uniformes adoptées par le gouvernement français pour imposer une démarche unilatérale par rapport aux développements au Moyen-Orient, et des lignes de conduite pour les représentants de l’Assemblée Nationale et du Sénat français dans l’élaboration d’une démarche de Paris par rapport aux événements dans la région, on peut citer par exemple, le voyage en Syrie par quelques délégations parlementaires pour rencontrer Bachar El Assad pourrait être vue dans ce contexte. Lors de la neuvième session du Parlement, nous avons été témoins de nombreux échanges de délégations parlementaires entre la France et l’Iran, parmi lesquels la visite du Président du Sénat français, Gérard Larcher, en qualité de chef d’une délégation des plus hauts responsables de l’institution, à Téhéran, et qui fut de grande importance. Le président du Sénat français a visité les fonctionnaires parlementaires les plus important iraniens, afin de procéder aux échanges d’idées sur de nombreux sujets régionaux dont la coopération bilatérale, l’avenir politique de la Syrie, les relations Téhéran-Riyad, le combat contre le terrorisme et l’extrémisme, et les divers aspects de la mise en vigueur de JCPOA. À la fin de sa visite, le Président Larcher a décrit sa visite comme étant extrêmement positive. Les pourparlers bilatéraux pendant cette visite indiquaient que Téhéran et Paris ont de nombreuses qualités en commun, et comptent les partager afin de poursuivre leur coopération étendue.

La visite de diverses délégations parlementaires françaises de haut rang à Téhéran est la preuve de l’intérêt du Sénat français dans la promotion de coopération bilatérale entre les deux parties. La visite la plus importante d’une délégation parlementaire iranienne en France était celle de monsieur Alaeddin Boroujerdi, le président de la Commission de sécurité nationale et de la politique étrangère du Parlement, en novembre 2014.

Considérant la haute influence des parlements d’Iran et de France dans la politique des deux pays concernant divers domaines, la coopération parlementaire peut être de grande importance pour les relations à d’autres égards. Dans des situations récentes, l’Iran et la France ont été justement considérées comme deux acteurs importants de la région. Les politiques régionales des deux pays au Liban, au Yémen et en Syrie s’opposent de plusieurs manières. Les échanges parlementaires peuvent contribuer significativement à la promotion de compréhension mutuelle, aussi bien qu’à une meilleure connaissance des positions et points de vue eu égard aux divers développements dans la région.

Le combat contre le terrorisme et l’extrémisme en tant que menaces majeures à la sécurité et au progrès de tous les pays, peut être considéré comme un chapitre important dans la coopération entre les deux pays. Les pourparlers parlementaires mettent en exergue la proximité des positions des deux pays vis-à-vis de la Syrie, de Bahreïn et du Yémen. Comme indiqué, la visite du Président de l’Assemblée nationale Française sera de la plus haute importance. Dans la perspective d’une coopération parlementaire, la rédaction d’un document au titre emblématique Mémoire de Compréhension et de Coopération Parlementaires peut être un pas important vers la définition d’un cadre et d’un socle pour le développement et la promotion ultérieurs des relations parlementaires.

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