De Roberto Menotti
Mars 2001
- Arrière-plan
L’arrivée au pouvoir de la nouvelle administration aux États-Unis, surtout lorsqu’il s’agit d’un parti différent de ces prédécesseurs, est inévitablement une source d’incertitude. L’inauguration de George W. Bush en janvier 2001 n’est d’aucune exception, soulevant des questions sur la continuité des relations existantes avec l’Europe et, du point de vue de pratiquement chaque pays européen individuel sur le futur des » relations spéciales » que chacun prétend avoir avec l’unique super- puissance. Cette vue sur » la roue et les rayons » des liens Transatlantiques – avec les États-Unis en tant que noyau central de multiples relations bilatérales – est très familière pour la plupart des italiens.
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les politiciens Italiens et l’opinion publique sont convaincus que les relations de leur pays avec les États-Unis est d’une certaine manière » spéciale » : l’influence américaine – réelle ou perçue -n’est d’aucune manière ordinaire. En évaluant les perspectives des relations Italo-américaines, une haute personnalité politique a remarqué en janvier 2001 (lors d’une réunion close informelle) que » l’un des plus grands accomplissements de la politique étrangère italienne durant les dernières années est le fait que le président des États-Unis a appelé le Premier Ministre italien presque chaque jour pendant la crise du Kosovo. Ce politicien a continué en soulignant que les appels téléphoniques était une reconnaissance explicite et bien méritée du statut international italien. La déclaration mentionnée ci-dessus révèle en une phrase la signification profonde des » relations spéciales » avec les États-Unis, et son importance durable dans l’influence sur la politique étrangère italienne quelque soit le type de gouvernement -centre gauche ou centre droite – qui est au pouvoir.
La prédiction étant un tel défi, un bref interlude méthodologique est justifiée à ce stage. Le premier point qui doit être fait ici est que les développements futurs sont liés organiquement au passé, dans le sens que chaque alternative future est un enchaînement du passé. Décalqué le passé récent signifie retracer une voie – ou plutôt des voies – qui peuvent ensuite être prolongées dans le futur. Le trait va souvent être diffus mais néanmoins indiquera une direction générale. Le second et dernier point méthodologique est le fait qu’analyser une relation bilatérale demande une compréhension de son contexte, surtout maintenant que tous les pays européens sont profondément engagés dans la tâche sans précédent, d’amener la procédure évolutionniste de l’Union Européenne plus loin vers une destination politique inconnue. Ainsi, autant le passé récent que le contexte plus large explique en eux mêmes des aspects de la relation bilatérale italo-américaine du futur.
L’histoire de l’Italie d’après-guerre est profondément entrelacée avec le rôle international des États-Unis en tant qu’alliée – et plus que cela, « l’alleato maggiore » – et presque une figure caractérisant du système international avec lequel il faut compter. Selon des historiens d’orientations différentes, les politiques américaines ont eu une influence décisive sur d’importantes relations avec l’Italie de la première période néo-fasciste, et de façon plus large sur la perspective national et l’opinion publique. Par exemple, l’historien diplomatique Ennio Di Nolfo a dédié un livre aux points tournants critiques de la société italienne entre 1943 et 1953, en argumentant qu’autant l’espérance que les déceptions pour le progrès social dépendait largement des politiques américaines et de leurs attitudes. Selon son point de vue, le rôle joué par la puissance occupante, » libératrice » qui est devenue par la suite une alliée était complexe et pas toujours édifiante. Un livre plus récent de Leopoldo Nuti analyse la dite » Ouverture vers la gauche » – la formation d’une coalition centre gauche du gouvernement américain, et ce qu’il appelle » la présence américaine » dans la politique italienne et cette jonction délicate.
Dans un esprit plus ouvertement critique, des historiens italiens, des faiseurs d’opinion et politiciens ont longtemps attiré l’attention sur les différentes épisodes de pressions illégitimes et d’interférence exercé par différentes organismes américains pour influencer le sort de la politique intérieure compétitive. Les activités de la C.I.A. pour faire apparaître les partis et coalitions anti-PCI, particulièrement pendant les années 1940s-1950s, sont documentées, mais les effets sur la démocratie italienne sont encore matière de débat fervent. L’approche critique à la relation bilatérale – ses racines et son évolution – normalement souligne le caractère fondamentalement asymétrique de » l’affaire » entre l’Italie et les États-Unis pendant la Guerre Froide. Malgré le fait que l’asymétrie soit un fait indéniable, sa signification pour l’intérêt de l’Italie a été interprété de différentes manières : en tant que critiques dues à la pure subordination, à l’abdication et à » la souveraineté limitée « , par des défenseurs d’une extraction de concessions d’un partenaire bien plus puissant en retour pour très peu de choses (ou pour un prix raisonnable) en tant que politique italienne astucieuse et réaliste. On pourrait même dire que l’Italie est déchirée entre deux images contrastantes d’elle-même : celle d’une part d’un porte-avions insubmersible fidèlement (quoique sans enthousiasme) entrain de supporter les objectifs américains, et celle d’autre part d’un » pont » vers des régions importantes (surtout vers le Monde Arabe et l’Europe du Sud-est) en vertu de ces ouvertures distinctes et l’espace de manœuvre bien méritée. Beaucoup a changé depuis les premières années après la deuxième Guerre Mondiale, la situation paralysante de la Guerre Froide, et pourtant les deux interprétations de base semblent survivre, particulièrement dans un discours public. En fait, ceux qui ont eu une expérience de première main du travail diplomatique normalement ont tendance à choisir une position intermédiaire dans l’estimation du passé et en évaluant les perspectives pour le futur. Pendant les années de la mi-1990s, un article écrit par l’ex-Ambassadeur à Moscou et par le conseiller Sergio Romano préconisait une relation revitalisée entre l’Italie et les États-Unis, basée sur une attitude italienne plus péremptoire bien que réaliste, en tant que fierté nationale.
Un autre ancien diplomate, Ludovico Incisa di Camerana, a écrit en 1996 que l’Italie, après avoir quasiment délégué aux États-Unis la responsabilité de ses affaires stratégiques pendant la Guerre Froide, a rapidement eu besoin d’acquérir un rôle plus actif en exploitant pleinement son capital géopolitique en tant que puissance centrale dans le Bassin Méditerranéen . Basé sur une longue tradition italienne, cette façon de pensée était nullement incompatible avec l’idée de conserver le lien américain en tant que » réseau de sécurité « . La nouveauté relative de la suggestion d’Incisa di Camerana a été son appel une relation bilatérale plus mûre, basée sur un compromis ferme et explicite plutôt qu’un arrangement tacite et ambigu. Malgré l’attrait intellectuel de ces visions et d’autres, l’élite politique en Italie et de l’opinion publique avait hérité d’une relation complexe avec les États-Unis, marqué par la frustration ainsi que par les succès largement reconnus. Donc, en analysant le potentiel actuel de la relation bilatérale, on doit se rappeler qu’il y a au moins quelques » scores non marqués » et des blessures qui n’ont pas été guéries qui hantent les politiciens d’aujourd’hui et de demain et qui affectent ainsi leurs attitudes. Dans ce sens, la seconde moitié du 20ième siècle n’est pas purement de l’histoire dans le discours politique italien : parfois il devient partiellement ou intégralement partie de la politique actuelle en tant qu’issue non-résolue discutable, opposant les pro-américains aux anti-américains, et en conséquences créant un espace politique pour des positions intermédiaires pragmatiques. Il peut-être discuté que les deux positions extrêmes représentent une juxtaposition s’affaiblissant, de plus en plus démodée et hors de contexte. Cependant, le legs est encore très vivant et, lorsqu’il est accompagné d’attentes enflées d’une échéance plus favorable, il réapparaît périodiquement pour compliquer ce qui autrement semblerait être un partenariat solide et sensé.
En partie à cause de ces raisons, les américains sont traditionnellement inconfortables avec les politiques internes italiennes. Définir une voie et de la suivre fidèlement est une tâche excessivement difficile pour la coalition de gouvernements que l’Italie a été capable de produire : des oscillations dans la politique étrangère est souvent le prix qu’un exécutif instable doit payer pour pouvoir garder sa coalition unifiée.
Cependant, pour tous les pourparlers d’une forte prédominance de préoccupations domestiques sur les affaires internationales, la politique étrangère a manifesté une continuité remarquable durant cinq siècles en poursuivant de manières efficaces quelques intérêts de longs termes, largement en étroite coopération avec les États-Unis. Ceci ne veut dire en aucun cas que les affaires internes ont été sans conséquences ou secondaires : les complexités de politiques internes sont en effet très entreprenants et exigeants dans ce pays et ont parfois sapés la consistance de termes courts de politiques étrangères spécifiques. Cependant, même pour les questions qui soulèvent des passions et des controverses internes significatives – ce qui est souvent le cas en ce qui concerne la politique envers les États-Unis – un spectre très large de la politique d’élite et de l’opinion publique a su montré de la compréhension pour les fondements de base de politiques bien établies. Ceci a été le cas de façon croissante depuis les années 1980, et constituent les fondations d’un consensus bipartisan. Ce n’est pas par coïncidence que même pendant les années de tempête des années 1990s – selon certains la période de changement la plus rapide depuis les années 1940s, bien que l’Italie a eu huit exécutifs elle a tout de même réussi à maintenir une ligne de politique étrangère de base : depuis les deux gouvernements d’Andreotti de 1989-92 , jusqu’au récent Prodi, les gouvernements centre gauche D’Alema et d’ Amato, une politique étrangère avec une claire tendance principale est facilement discernable. Le Ministre de Affaires Étrangères actuelles, Lamberto Dini, incarnent de nombreuses manières l’entière reconnaissance de cette continuité, en ayant été à là barre de la diplomatie italienne – après avoir été lui-même Premier Ministre-pendant trois gouvernements consécutifs couvrant une période de six années. Suites aux changements dramatiques des années 1980s-1990s, l’équilibre et l’interaction entre les politiques internes et les affaires internationales ont pris un nouveau tournant, étant donné la coïncidence du bouleversement interne dû aux scandales politiques de » Tangentopoli » (avec ses diverses ramifications et répercussions sur le système entier du parti) et la fin de la Guerre Froide. Tangentopoli et le nouvel environnement international a enchaîné obligatoirement un ajustement majeur de l’entière politique étrangère dans l’établissement des relations avec les États-Unis. Ceci était inévitable vu le rôle crucial joué par les attitudes américaines et l’influence en formant le système politique de l’Italie de l’après-guerre dans la phase formatrice. L’on pourrait dire qu’une réévaluation générale de la relation bilatérale a eu lieu, peut-être pas systématiquement et peut-être même pas par dessin, mais plutôt à travers des décisions faites en réaction aux évènements de pression. Étant donné que le lien étroit avec les États-Unis est – et certainement a été – une plaque tournante dans la projection internationale de l’Italie, l’attente dominante du retranchement américain d’une manière ou d’une autre des engagements globaux devait forcément avoir un impact sérieux sur les options de la politique étrangère italienne. De façon bien connue, ce désengagement présumé et partiel devait sans doute avoir lieu plus précisément sur le continent européen, poussant ainsi les alliés européens à graduellement améliorer leur capacité collective à agir (cette action n’était pas encore » autonome » au début des années 1990s) surtout en ce qui concerne le secteur multi-facial de » la gestion de crise « . L’Italie encourageait ouvertement le procédé » d’européennisation » graduel de l’OTAN depuis le début, mais n’a jamais perdu de vue le rôle crucial du lien avec les États-Unis en assurant la formation d’un OTAN viable, pour de nouvelles et d’anciennes raisons. L’argument traditionnel en faveur d’une solide présence américaine en Europe est resté valable : les États-Unis servent en tant qu’ » égalisateur » dans l’équation de pouvoir en Europe, en rendant les différentiels du poids militaire/diplomatique de la Grande Bretagne, l’Allemagne et l’Italie beaucoup moins pertinente qu’ils n’auraient parus sans la participation des États-Unis. Dans le contexte multilatéral de l’Alliance, l’arrangement d’un pays un vote est, au moins de façon diplomatique, une manière de réduire l’écart dans les capacités et l’activisme international qui a existé pour quatre décennies parmi les divers alliés européens. L’Italie a ainsi bénéficié de l’arrangement vis-à-vis Londres, Paris et -d’autant plus après la réunification de l’Allemagne – Bonn/Berlin. Mais encore plus que des règles formelles et le mécanisme du consensus dans le Conseil de l’OTAN, c’était la prééminence américaine qui a contribué a des déséquilibres entre les autres pays politiquement maniables.
En supplément à ce fondement durable, une motivation partiellement nouvelle derrière l’attitude pro-américaine italienne était simplement le désir d’une assurance contre l’imprévisible, comme l’expliquera de façon plus détaillée la prochaine partie. Une » stratégie de tête » était jugée nécessaire pour traiter avec la transformation rapide de la Sécurité européenne et de la politique d’environnement, qui a rendu les arrangements existants, les instruments politiques et les institutions inadéquates pour ne pas dire carrément obsolètes. Pragmatiquement parlant, de cultiver les relations bilatérales cruciales (avec les États-Unis, mais aussi avec l’Allemagne, la Grande Bretagne et la France) était un choix logique. Cette insistance renouvelée et pragmatique sur les liens bilatéraux primordiaux n’a pas été limité à des cercles de politique fermées, mais plutôt soutenue par une grande quantité de partisans en faveur d’une approche d’une politique de Realpolitik complète, qui pourvoirait également un contrepoids potentiel à la confiance excessive sur le lien avec les États-Unis. En effet, les années 1990s ont témoigné d’un renouveau des discussions ouvertes, entre académiciens et la communauté d’experts, sur les questions » d’intérêts nationales » – un statement qui avait été rarement utilisé dans des discours publics durant de nombreuses années. Selon une école de pensées ayant de l’influence et qui a gagné une importance notable surtout pendant la dernière décennie et peut-être nommé » les nouveaux géopolitiques « , l’Italie devrait jeter un regard additionnel sur les politiques d’alliance traditionnelle en vue des changements structurels des dernières années. Une réévaluation sobre et systématique devrait remplacer les débats hautement idéologiques du passé, souvent émotionnellement chargés et sans résultats, permettant ainsi à l’élite de la politique de poursuivre des buts plus clairement définis et de développer des instruments plus efficaces. Les défenseurs de projets aussi ambitieux n’ont été que partiellement concluants, mais ont certainement stimulés un débat beaucoup plus animé que dans les années précédentes. La plupart de ces experts ont demandé une politique révisée envers les États-Unis sous une forme ou une autre, basée sur l’argument que les italiens doivent arrêter de se faire des illusions en croyant à une » relation spéciale » avec la seule superpuissance restante.
Bien qu’il soit difficile d’identifier un ensemble cohérent de politiques de recommandations parmi les nombreux cheminements qui ont apparus suite à la nouvelle école » d’ intérêt national », les débats suivants ont permis de produire un climat dans lequel de nombreuses suppositions de longues dates peuvent être contestées. De toute façon, les choix futurs reflèteront d’une manière ou d’une autre, bien que de façon incomplète, cette politique de renouvellement complexe. La tentative précédente d’esquisser l’arrière plan historique des relations actuelles a été inculqué par Benedetto Croce dans sa fameuse déclaration que toute histoire est de l’histoire contemporaine, de quelque manière que ce soit, comme les faits historiques émanent de leurs » vibrations « vers le présent. En se dégageant de l’arrière plan vers la phase centrale, nous trouvons les évènements du milieu des années 1990s qui constituent le cadre d’options politiques actuelles en ce qui concerne la relation bilatérale.
- Principaux facteurs de changement
C’est un truisme d’affirmer que les années 1990s ont témoigné de profonds changements au niveau international : nous allons nous concentrer sur les développements spécifiques qui ont directement influencé la relation bilatérale en considération.
- A) Evènements des Balkans et engagements croissants à l’étranger pour » le soutien de la paix « .
Selon certains, ce facteur a eu une influence profonde sur la politique étrangère de tous les pays de l’Ouest. Sans reprendre à nouveau le débat complexe sur les responsabilités du tournant tragique des évènements en ex-Yougoslavie au début des années 1990, il est juste de dire que la plupart des politiciens (et commentateurs) étaient pris par surprise par le niveau de violence qui a suivi la dissolution politique et économique de l’ex-Yougoslavie. Lorsque les évènements semblaient évoluer d’une crise à une autre, des observateurs étaient tout aussi surpris d’assister à la résistance des acteurs locaux de provocateurs externes, de pressions, de médiation, et même d’intervention et d’engagement prolongé . Cette sorte » contrôle de la réalité » de la gestion de conflit après la Guerre Froide n’était pas limité aux Balkans, mais c’était précisément là, dans une région proche de l’Italie, que cela est devenu une expérience formatrice avec des implications majeures pour la relation bilatérale avec les États-Unis. Si cela peut-être appliquée à tous les pays européens, cela a été particulièrement poignant -presque choquant – à l’Italie compte tenu de son exposition objective à l’instabilité du Sud-Est et son rôle géopolitique particulier en tant que » pont » (bien que quelque peu autosélectionné) et en même temps » un porteur d’avions insubmersible » (basé sur l’expérience de la Guerre Froide).
Ainsi, d’un point de vue italien, les années 1990s ont marqué un point tournant dans le degré d’engagement humanitaire et d’une perspective plus large » de soutien à la paix » à l’étranger, étroitement entrelacé avec la position internationale du pays dans son ensemble ainsi que de ses ambitions. L’évolution rapide et sans limite des opérations militaires multinationales -qu’elles soient conçues strictement en tant qu’ » interventions humanitaires « , en tant qu’ » urgences complexes « , ou en tant que renforcement des opérations dans un sens plus large -cela a changé le paysage de sécurité et diplomatique à un tel point que la signification de toutes relations bilatérales dans le secteur Euro-Atlantique a été changé. Aucun adversaire d’un type traditionnel (représentant au moins un risque potentiel de danger militaire territorial) peut-être perçu à l’horizon, et pourtant l’emploi de force militaire s’est accru en fréquences et en durées. Ceci est critique pour la relation entre l’Italie et les États-Unis, qui normalement était basé sur un point de vue purement défensif ; maintenant, des organisations de défense évoluent vers ce que l’on appelle » la Gestion de Sécurité « . Dans ce contexte, l’Italie a souligné de façon cohérente sa préférence pour les efforts et les engagements multilatéraux, mais en faisant ceci elle a réussie en même temps à graduellement – et, à la surprise de nombreux observateurs – hausser le niveau d’engagement national dans des missions internationaux à risques. Un moment décisif a été la réaction relativement rapide de l’Italie à l’effondrement de l’état d’Albanie en 1997, quand des diplomates italiens ont frappé a plus d’une porte à la quête d’une » couverture » multilatérale, ainsi que de supports opérationnelles diplomatiques (et modestes) de la part de ses alliés. Ce qu’ils ont trouvé (dans les capitoles européens comme dans les américaines) était une hésitation générale d’intervenir en concert et de vouloir activer les organisations les plus capables : l’UE et/ou le WEU, ou l’OTAN. Un mandat formel et explicite de l’UNSC était éventuellement obtenu, ce qui a rendu possible l’action d’une petite coalition ad hoc gérée sous la Direction italienne pour ce qui a contribué a une courte opération de police cependant efficace – l’Opération Alba. Parmi d’autres choses, le cas a su illustré de manière appropriée comment dans des cas d’issus spécifiques d’importance relative pour l ‘Italie le rôle que les États-Unis seraient prêts à jouer – même rien qu’en tant que supporter allié dans l’arrière plan – ne serait pas forcément fonctionnel dans l’immédiat pour défendre les intérêts de l’Italie. Ce qui était nécessaire en confrontant l’effondrement de l’Albanie en 1997 était vraiment une très modeste mais rapide » capacité à la réaction » : bien qu’une assistance des États-Unis était finalement pourvue, il n’y avait tout simplement pas assez de motivation de la part de Washington pour faire plus que d’encourager l’Italie et d’espérer pour le meilleur. D’autre part, toutes les limitations de la machinerie Eurocentrique en s’occupant de crises (même de petites échelles) étaient encore une fois évidentes. Ceci a produit un développement intéressant, en convaincant de nombreux politiciens italiens que des responsabilités nationales accrues peuvent et doivent être acceptées : en retour, ceci a encouragé quelque peu l’approche plus hardie et plus ouverte à des initiatives qui ne seraient pas nécessairement le bienvenu aux États-Unis. A un niveau stratégique plus élevé, la crise de l’Albanie était perçue en Italie comme une évidence que » plus jamais nous ne souhaiterons nous retrouver dans une situation ou l’on aurait que eux alternatives :l’OTAN ou rien du tout « , comme il a été récemment résumé par le Président du Comité de la Maison de Défense, Valdo Spini . Ainsi il est clair que ces développements sont inextricablement liés à la présente évolution des deux noyaux de l’ouest groupés dans le domaine de la sécurité (dans le sens général) : l’OTAN et l’UE.
- B) OTAN et gestion de sécurité » en et autour de l’Europe «
L’OTAN, en tant que l’alliance majeure de centrisme américain, a été le noyau de la tendance vers une conception redéfinie de la sécurité en Europe et dans ses alentours. Lorsque l’Alliance est devenue une organisation beaucoup plus active – basée même sur des normes internationales plus pointues, l’on pourrait dire, pour le meilleur ou pour le pire – le lien américain en conséquence est devenu plus exigeante en forçant les politiciens italiens à faire des choix pratiquement plus rigoureux. En termes métaphoriques, l’insubmersible porteur d’avions – ayant comme base l’Italie – est devenu un endroit plus animé que jamais avec des avions actifs en missions, alors que le pont suspendu au-dessus de l’Europe centrale et de l’est – » le pont d’Italie « offre deux voies de passage à toutes sortes de migrateurs : aux passagers silencieux, aux riches investisseurs, aux faiseurs de paix, mais aussi aux pauvres migrateurs et aux demandeurs d’asile, aux criminels bien organisé ainsi qu’aux terroristes. La « mission » que l’Italie est appelée à mener à bien aujourd’hui est bien plus complexe que de simplement pourvoir son territoire aux soldats américains qui protègeraient leurs frontières d’une attaque malencontreuse de l’est. Bien que cette simple description de la Guerre Froide n’était probablement tout au long rien qu’une caricature, il n’y a aucun doute que les choses sont devenues beaucoup plus compliquées et vont continuer à le devenir. La prédiction relative de l’Alliance statique de la Guerre Froide a donné lieu dans les années 1990s a une organisation en évolution qui constitue le locus principal pour repenser la relation traditionnelle avec les américains. Alors que cette réévaluation a lieu, cependant, le leadership américain n’est pas resté statique, soit ; elle a plutôt pris la forme d’une prédominance américaine sur des opérations multilatérales dans lesquelles même les alliés européens unis sont largement inférieurs en capacités. Dans ce contexte, l’Italie est parfois tombée dans la mauvaise habitude de pratiquement égaler l’OTAN avec les américains : ceci est souvent un simple geste tactique pour diffuser les tensions internes fréquentes – souvent sur l’emploi de force et d’autres issues de sécurité discutables – mais cela reflète également une conviction profonde. En effet, la fonction distincte de l’OTAN aujourd’hui est de garder les américains engagés en Europe avec un format multilatéral. Selon la plupart des politiciens italiens, les autres fonctions exécutées par l’Alliance est également importante mais, au moins en théorie, peut graduellement et de manière sûre être transféré à l’UE – un procédé que l’Italie a Régulièrement encouragé. Il doit être rappelé que l’OTAN est devenu l’institution clef pour la gestion collective des crises suite à des efforts par défaut, dans le sens que le choix logique était au début des années 1990s, la promotion de l’UE avec des capacités de projection externe croissantes. En essence, l’OTAN – presque perçue comme une relique de la Guerre Froide, bien qu’utile de façon symbolique et résiduelle – était en fait une option de » second choix « . L’UE, agissant en étroite collaboration avec le Conseil de Sécurité de l’ONU et de l’OSCE, a en fait entrepris une tâche de s’occuper de la dissolution de la Yougoslavie : le problème est que, du point de vue de toutes les résolutions pratiques, arrivée en 1994 l’UE avait été perçue comme ayant échoué. C’est contre la toile de fond de cette déception majeure et de ses revers sérieux que l’OTAN – et par implication du lien euro-américain et les relations avec les américains – que celle-ci a reçu un nouveau bail de vie inattendu.
Somme toute, l’Italie elle- même a fait appel à l’alliance traditionnel avec les Etats-Unis en l’absence d’une alternative viable, pour être retrouvée un peu plus tard dans le futur en tant que l’identité prisée de la Politique Etrangère et de Sécurité Commune (PESC) et de Sécurité Européenne.
- C) Evolution de l’UE et sécurité incertaine dans la négociation de l' » ère Euro « .
Au milieu de ces développements régionaux et globaux dans le schéma du conflit, la pacification et la politique de change l’Union Européenne a en effet considérablement accéléré le rythme de sa propre transformation en celui d’un joueur international plus actif ainsi que bien plus intégré dans le corps supranational. Le lancement de l’EURO et la préparation à un élargissement vers l’est des membres de l’UE a changé le paysage politique ainsi que finalement stratégique. En fait, en mettant en motion un procédé d’ » Européennisation » de l’Alliance Atlantique et simultanément de l’ » EU-isation » des politiques continentales, l’évolution graduelle de l’Union a enchaîné obligatoirement chaque pays membre à réévaluer son rôle traditionnel avec les américains en tant que » puissance européenne » .Comme il est bien connu, le transfert de l’influence et de la responsabilité est rapidement devenue une transition délicate et est loin d’être accomplie : un équilibre délicat balance les besoins à être maintenus entre innovation et prudence – en pratique, dans l’approche entre » la roue et les rayons » avec les États-Unis au centre, et la perspective d’une alliance de deux piliers comprenant les États-Unis (et peut-être le Canada) d’un coté et l’UE de l’autre. Dans le changement de l’environnement macro-économique – géographique de l’Europe et de ses alentours – le haut niveau d’incertitude et la pure nouveauté des plans européens non-contrôlés en ce qui concerne les politiques externes et de projection de sécurité (de l’UE, du CFSP, du » pilier européen de l’OTAN « /EDI, et de l’hybride de dimension WEU/ Petersbourg) conseille de prendre des précautions extrêmes de ne pas démanteler le réseau Atlantique bien établi et contrôlé. Le débordement institutionnel et certains engagements peuvent résulter dans une confusion, des erreurs politiques, ou des paralysies et chaque défaut a été expérimenté au moins une fois depuis 1990. Une des » leçons centrales de Bosnie » dans la première moitié de la décennie était que les États-Unis peuvent encore servir de gestionnaire de dernier recours, ainsi que l’unique détenteur de certaines capacités militaires clés. En tant que pays géographiquement exposé, l’Italie est bien sûr particulièrement sensible aux risques de paralysies politiques et aux mécanismes multilatéraux inefficaces en gérant des crises potentiels le long de la périphérie européenne (qui a tendance à être décalée). En regardant au-delà des issus de sécurité, il y a une question plus large qui concerne le futur de l’UE en tant qu’acteur international : à moins que l’Euro ne soit le harnais d’une politique étrangère plus forte, l’Italie peut bientôt devoir faire face au pire des deux mondes, avec une Alliance Atlantique potentiellement affaiblie et une Union Européenne immature.
- D) États-Unis » état politique justicier solitaire » et diplomatie de l’Italie
Pendant une période où toutes les institutions et forums de l’Ouest (c’est-à-dire Euro-Américains) sont entrain de subir un procédé de réformes ainsi que d’ » élargissements » -d’envergure pour l’action et pour certains du nombre de membres – une petite quantité de régimes semblent contredire cette tendance générale et choisissent en fait comme but au lieu de les opposer ouvertement et même dramatiquement. Cela est certainement le cas de l’Iraq de Sadam Hussein, et de degrés différents de la Corée du Nord, de l’Iran, de Cuba et de l’Afghanistan.
La préoccupation américaine avec des pays définis par les États-Unis en tant que » justiciers solitaires « , surtout lors des deux administrations de Clinton, a été décisive de plusieurs manières en orientant la politique étrangère américaine : de la politique de sanctions et leurs implications économiques (pour les pays visés ainsi que les alliés des États-Unis0 à la non-prolifération et la lutte contre le terrorisme international. L’on peut conclure que l’issue des pays en tant que justiciers solitaires a beaucoup dominé l’agenda de sécurité aux États-Unis pour une entière décennie.
L’offensive diplomatique italienne envers certains pays ressentis particulièrement comme justiciers solitaires -tel que la Libye, l’Iran le Cuba et récemment la Corée du Nord – est à première vue une politique qui agirait en croisement avec les résolutions de l’objectif majeure américaine de vouloir isoler ces régimes. Une interprétation plus subtile est que la diplomatie italienne a servi à une cause utile en contrôlant les fondements d’une manière essentiellement non nuisible qui en fait n’est pas du tout opposé à Washington. En effet, l’on peut regarder à la position potentielle de l’Italie en tant que » bon flic……. mauvais flic » qui surgit d’initiatives largement communément décidées si pas entièrement coordonnées et envisage un rôle de » pont » pour l’Italie. En d’autres mots, l’Italie – ainsi que pour d’autres européens – les initiatives diplomatiques pourraient faciliter un changement graduel dans la politique américaine sans forcer Washington de perdre la face en reconsidérant son cours de façon autonome. Même au-delà des perspectives de gains économiques que l’Italie est entrain de poursuivre – et de façon plus évidente envers l’Iran et la Libye, mais aussi de façon moins prononcée envers l’Iraq et jusqu’à récemment envers la Serbie de Milosevic – il y a une de la valeur de la part de l’Italie dans ces ouvertures diplomatiques. Psychologiquement et symboliquement, l’effort d’établir des relations de travail – bien que d’envergure limitée au départ – avec certains régimes difficiles est un signe important de l’autonomie italienne et même de portée globale à l’étranger. Souvent inaperçue, une envergure globale est en fait une aspiration cohérente de la politique étrangère italienne, liée par ses défenseurs au passé orgueilleux d’un pays commercial de classe mondaine, pays de navigateurs, marchands et banquiers, datant de l’ère de la Renaissance et avant. Ainsi, particulièrement lorsque des partenaires de commerce potentiels ou d’importants acteurs régionaux sont de signification géographiquement importante pour les intérêts italiens – durant les dernières années surtout la Libye et la Serbie/FRY – la politique américaine d’interférence avec les relations étrangères d’un de ses alliés est perçue comme bloquant l’opportunité de l’Italie de se remettre entièrement du rôle international plus contraint. Une telle interférence était quelque peu tolérable dans le contexte de la Guerre Froide, mais est certainement considérée en tant qu’injustifiée aujourd’hui.
- E) Globalisation et reformulation des intérêts économiques
L’une des caractéristiques de la période après la Guerre Froide est l’accroissement de la compétition économique parmi les puissances industrielles majeures, ainsi que les nouveaux moyens avec lesquels les gouvernements peuvent et réussissent à supporter la compétitivité national. En supplément, jusqu’à récemment il était largement accepté que le changement du paysage politico-stratégique permettait et même encourageait l’allocation d’investissements accrus à certains buts civils spécifiques et moins dans le secteur de sécurité – militaire. Ceci peut-être entrain de changer, mais n’entraînera seulement qu’une contrainte supplémentaire aux budgets étatiques, puisque la compétition s’intensifie partout. En parallèle à ce procédé compliqué, un nouvel ordre de becquetage a commencé à émerger basé sur la capacité de rapidement et entièrement savoir incorporer les nouvelles technologies, spécialement en ce qui concerne les technologies d’information.
L’Italie a eu tendance à osciller entre le désir de faire un » choix entièrement européen » dans sa politique étrangère à tous les regards, et la nécessité de rivaliser encore plus vigoureusement avec d’autres économies nationales, y compris les partenaires de l’UE. Cette oscillation est aussi refléter dans ses relations avec les États-Unis, un pays qui poursuit des intérêts pas toujours consistants avec ceux de l’Europe dans son entièreté dans plusieurs régions du monde où les sociétés italiennes sont très actives, telles qu’en Europe de l’Est et du Sud-est, en Amérique Latine, en Russie et dans une perspective à long terme en Chine. Etre non antagoniste – mais plutôt de coopérer avec – les sociétés américaines est souvent une option délicate pour les acteurs privés italiens et les tâches des agents étatiques en promouvant les intérêts commerciaux, mais quelques fois en désaccord avec le principe de solidarité de lUE, et de plus en plus à tendance à suivre cette voie. Un domaine évident où le dilemme va probablement s’intensifier est celui de l’acquisition de matériel militaire (souvent lié aux transferts cruciaux de technologie), l’Italie a récemment opté pour l’achat d’avions F-16 au lieu du Mirage français 2000. Décrit de façon plus général, malgré le fait que les pays européens (la France et l’Allemagne en premier lieu) sont les partenaires commerciaux de premier choix, la pénétration de produits américains et la capacité d’attirer des investissements américains est indéniablement un facteur très important dans le système économique global.
Les cinq facteurs de changement qui ont été identifiés vont clairement continués à influencer l’Italie et, de différentes manières, les États-Unis également. Permettons-nous de faire un bref résumé de l’état des affaires actuel dans deux secteurs critiques, et qui évoluent précisément sur la base de ces cinq facteurs : la formulation des intérêts régionaux italiens et le « syndrome de l’exclusion » distinct de l’Italie.
- Kosovo et au-delà
Le Kosovo peut judicieusement symboliser les derniers points tournants de la relation bilatérale entre l’Italie et les États-Unis : comme dans la plupart des crises graves, il a eu le pouvoir de faire réfléchir sur les aspects fondamentaux des politiques internationales.
– Intérêts régionaux d ‘Italie et des États-Unis
Au début des années 1990s, le niveau de consensus interne sur le lien de sécurité entre l’Italie et les États-Unis s’était développé de façon significative, en partie en vertu de la transition graduelle de l’ancien Parti Communiste italien vers un Parti essentiellement Social-Démocrate dans le courant principal européen. Ce consensus a été contrôlé sous la pression de crises sévères, en commençant par la Guerre du Golfe en 199, à l’intervention de la Bosnie en 1995, culminant avec l’intervention au Kosovo en 1999. Cette controverse répétitive éperonnée par les portées de force militaire sous le leadership américain est amplement due à l’objectif moral et les dilemmes politiques posés par de telles interventions, mais c’est également un témoignage à la persistance en Italie des sentiments anti-américains latents ou plus précisément, des craintes de l’hégémonie américaine après la Guerre Froide dans les affaires européennes globales. Inévitablement, l’OTAN, et de manière moins consistante les organisations de non – sécurités telles que l’OMC, sont parfois suspectées d’être un peu plus que des véhicules d’intérêts et de politiques américaines. Dans des conditions normales, c’est une vue maintenue par une minorité marginale – à l’extrême droite et l’extrême gauche du spectre politique – avec peu de pouvoir politique; cependant, lors des périodes de stress politique lorsque les considérations émotionnelles et idéologiques acquièrent un attrait particulier, le sentiment anti-américain latent semble soudainement jouer un rôle significatif en marquant des points politiques domestiques.
Même dans ce cas, il est juste de dire que par la mi-1990 l’héritage domestique divisant de la Guerre Froide était graduellement surmonté, grâce au rôle fréquent des États-Unis en influençant directement les choix politiques italiens. Cependant, le niveau réduit de la controverse sur la correspondance américaine a été facilité par des expectatives optimistes anticipées sur le futur de l’Europe, dans lequel les » dividendes de paix » et des murs s’écroulant pourraient surmonter presque tous les agencements de sécurité de la période d’après guerre. En d’autres mots, un environnement stratégique beaucoup plus bénin était envisagé pour les années à venir, et cette supposition a coloré la perception du lien américain : Washington pouvait demeurer un partenaire proche utile, mais ne serait plus totalement le pourvoyeur de sécurité indispensable. La crise des Balkans a anéanti finalement nombre de ces expectatives et nous a laissé une donnée sombre avec laquelle travailler dans le futur. L’intervention de 1995 en Bosnie (dans ces différentes phases, de l’engagement de l’UE / ONU à l’opération de secours de l’OTAN / USA et le rôle plus ample de la communauté internationale qui s’ensuit dans l’étape IFOR / SFOR) avait déjà jeté un nouveau regard sur la signification et la fonction de l’alliance Euro-américaine garantie par l’OTAN. D’une part, la crise et ses conséquences a aidé à diffusé des clivages traditionnels en Italie en ce qui concerne les relations bilatérales avec les États-Unis. En effet, par la fin des années 1990s l’opinion publique italienne peut-être considérée comme étant normalement en faveur d’intervention internationale de force en cas de violations massives des droits humains (existantes ou potentiels) avec une forte préférence pour les opérations multinationales sponsorisées par l’ONU mais même si, elles étaient considérées nécessaires, à travers des » coalitions de volonté » ad hoc avec un mandat de l’ONU moins explicite. En d’autres mots, la rude réalisation que les forces militaires ont un rôle important a fait apparaître l’alliance en chef de l’Italie moins comme une couverture de la domination américaine qu’un instrument irremplaçable de police de sécurité.
D’autre part, l’intervention de Bosnie – et l’engagement de l’Ouest qui a suivi en supplément a finalement exposé de nouvelles fissures, qui ont périodiquement fait surface depuis 1995. L’opération du Kosovo peut justement avoir été la culmination de ces tensions latentes entre une approche dirigée par les États-Unis et ce que l’on peut appeler une approche » Europe continentale « , même si vaguement formulé. L’un des aspects controversé de l’intervention de l’OTAN, c’est-à-dire l’absence d’un mandat explicite UNSC, a vu les européens continentaux alignés contre les États-Unis et la Grande Bretagne, avec l’Italie fortement entrain de soutenir le principe de l’autorisation UNSC quoique admettant des exceptions possibles. Un consensus » bipartisan « , quoique difficile et précaire a été recherché et maintenu pendant la crise du Kosovo de1998-1999. Mais le problème de mandat, la stratégie très floue de l’OTAN et les purs risques dérivant d’une confrontation directe avec la Serbie a causé des tensions pour la coalition gouvernante de centre gauche dirigée à l’époque par Massimo D’Alema. En fin de compte, des considérations régionales ainsi que des issues de » prestige » à travers la participation ont contribuées à produire la politique pro – OTAN, bien que tempérée par divers réservations et d’extrême précaution. En même temps, il devait être ouvertement reconnu que le pouvoir de négociation de l’Italie s’est objectivement accru par les circonstances que les atouts militaires en territoire italiens sont tellement importants aux missions de l’OTAN – jusqu’à présent invariablement dirigé par les États-Unis – dans la région et au delà.
» Syndrome d’exclusion » et pouvoirs de réalignement en cours.
Le » syndrome d’exclusion » de l’Italie est un phénomène complexe qui souvent amplifie l’importance du rapport avec les États-Unis.
L’une des manifestations les plus claires du syndrome a apparu en considération du domaine critique des Balkans, et ce n’est pas une coïncidence qu’elle a pris la forme d’une protestation diplomatique claire adressée en premier lieu aux États-Unis. En 1994, quand le » Groupe de Contact » sur l’ex – Yougoslavie était inaugurée, l’Italie n’était pas invitée a devenir un membre du rassemblement informel en partie due au statut d’un pays voisin. Ceci était particulièrement contrariant, parce qu’en vue d’une action militaire possible de l’OTAN, le gouvernement de Rome était simultanément demandé de pourvoir un soutien logistique significatif pour une opération menée par les États-Unis.
En pratique, l’Italie était supposée de servir un allié loyal mais passif tandis qu’elle était dépourvue d’une » représentation » au plus haut niveau diplomatique dans ce groupe ad hoc -ensemble responsable de décisions de facto. Il faut tenir compte du fait que, d’accepter une utilisation prolongée de ces bases (qui sont techniquement des bases italiennes indépendamment de quel(s) pays placent ou déploient ses atouts là) porte toujours un prix politique dans l’arène domestique italienne, étant donné l’opposition systématique et vocale de l’extrême gauche et de l’extrême droite du spectre du Parlement. En septembre 1995, le Ministre des Affaires Étrangères Susanna Agnelli a annoncé que l’Italie considèrerait renoncer à l’emploi de ses bases pour de nouvelles missions en Bosnie – pour être exécuter amplement par des bombardiers américains » Sleath » F-117 – en réaction à l’exclusion continue du Groupe de Contacte. Cet incident était bref et la crise potentielle dans les relations bilatérales était maîtrisée, aussi parce que Rome a finalement rejoint le Groupe de Contacte en 1996, dans la phase d’exécution des Accords de Dayton. Cependant, trois voies de la position de la politique étrangère italienne ont émergé simultanément à ce point :la détermination de jouer un rôle diplomatique plus actif que dans le passé, surtout en Europe du Sud-est ; cette tentative difficile de réconcilier l’emploi à contrecœur de la force avec la volonté de participer dans des opérations multilatérales de » renforcement » ; et finalement le besoin constant de cultiver une relation de travail proche des États-Unis tout en refusant passivement d’accepter les préférences américaines de diktat.
En essence, le rôle de l’OTAN en Bosnie au cours de 1995 et 1996 peut également être vu comme la détente d’un effort déterminé de joindre le groupe dirigeant au cœur de la coalition de l’Ouest – en d’autres mots, surmontant ou » guérissant » le syndrome d’exclusion. Cette stratégie était poussée un pas plus loin en Kosovo, où le soutien opérationnel des italiens a été très significative et la troupe de déploiement d’après – crise (dans le contexte du KFOR) était de première classe.
Dans ce contexte, d’équilibrer soigneusement les relations avec Washington et la dimension évoluant était devenue une exigence de base. Ce double rapport est toujours présent dans la politique récente de l’Italie et continuera à influencer les politiques d’Italie dans les conjonctures critiques.
A cause du » syndrome d’exclusion » il est souvent difficile de faire une distinction claire entre la valeur intrinsèque de la relation bilatérale et de la fonction qu’elle accompli en tant que garantie primaire contre des directoires possibles qui peuvent exclure l’Italie de décisions majeures, particulièrement en ce qui concerne l’évolution de la sécurité européenne. L’angle inverse est également pertinent: la position prise par les États-Unis dans les réformes du Conseil de Sécurité de l’ONU (essentiellement en faveur de la solution de » réparation rapide » qui bénéficierait le poids économique de l’Allemagne et du Japon) a laissé l’Italie avec seulement une série d’options désagréables et l’a forcé à mener une sorte de bataille réa -garde. Ceci montre graphiquement comment très peu peut être obtenu lorsque les États-Unis utilisent son poids contre l’initiative diplomatique italienne, quoique judicieusement professionnel et énergiquement poursuivie.
Ce fait de la vie renforce seulement la détermination de l’Italie de se battre constamment pour l’inclusion.
- Coopération au delà de la fidélité « , sources de frictions, et imprévisions.
Cette analyse est terminée juste quelques jours après que l’administration de Bush ait lancé une attaque aérienne sur les bases du radar Irakien au nord de la région méridionale de la zone d’interdiction de vol. Pas même un mois après son entrée en fonction., le nouveau Président des Etats-Unis a déjà envoyé à ses alliés européens un message fort sur la façon dont et où il a l’intention de mener la politique étrangère américaine: l’attaque sur l’Irak est une décision -prise en consultation avec le Royaume – Uni qui a sauté tous les canaux multilatéraux alliés, et a surgi à un moment où le NMD (le » N » représentant encore le terme National) est déjà au delà de la portée de n’importe quelle consultation alliée en ce qui concerne le » si » et n’est plus qu’ une question de » quand et comment « . Il pourrait encore être trop tôt pour définir ce type d’attitude comme norme, mais on peut raisonnablement supposer que le multilatéralisme n’est pas ascendant aux Etats-Unis.
Si l’engagement générique américain vers l’Europe ne peut pas être remis en cause en ce moment, il semble également clair que les relations entre les Etats-Unis et l’Europe ont maintenant entièrement entamé une phase ayant peu de ressemblance avec l’agencement de la Guerre Froide. Dans la mesure où les politiques des Etats-Unis se reposeront de plus en plus sur un calcul cas par cas pour juger quels associés ou alliés impliqué, les options de l’Italie deviendront moins portées sur une » fidélité » présumée aux USA ou à l’Alliance Atlantique. Ceci forcera une diversification importante dans le mentalité de politique étrangère italienne.
La section suivante se base en partie sur des entrevues avec plusieurs experts, académiciens et fonctionnaires italiens et américains – dont une partie a demandé à rester anonyme. Chacun d’eux a présenté une perspective différente à la question, mais un amorçage commun peut être noté parmi les différents points de vue. Il semble y avoir un accord de base sur les éléments qui définiront une voie d’accès fondamentalement coopérative et les points possibles de friction dans les relations futurs entre l’Italie et les USA, bien qu’elle soit moins claire que l’impact réel que ces frictions auront sur l’état de la relation bilatérale. En fait, l’impact peut bien être négligeable, dans quel cas ce qui importe le plus ce sont les gains pratiques à récolter de la coopération. Commençons en observant les sources probables de friction.
– Nouvelles formes et manifestations de la grande super-puissance des Etats-Unis, entre le » leadership » multilatéral et l’unilatéralisme.
L’unilatéralisme peut être défini synthétiquement comme l’association du retranchement des engagements et de l’activisme multilatéraux existants en l’absence de la pleine coordination avec des alliés et des associés. Cette association est imprévisible en termes de résultats spécifiques: ceci devient ainsi lui-même une source d’incertitude dans un monde déjà incertain, transformant les USA dans un genre particulier de » puissance de statu quo » – selon une définition traditionnelle popularisée par Henry Kissinger. De grandes puissances bénéficiant d’une vaste supériorité sur des amis, des concurrents ou des adversaires sont censées préserver leur position avantageuse en supportant l’ensemble existant de relations. Cependant, la nature dynamique caractéristique des USA en tant qu’acteur économique et force politique de changement – un rôle qui est parfois joué d’une façon puissante – marque cette prétention moins solide du système international actuel.
L’unilatéralisme intrinsèquement peut à peine être considéré comme une source directe de friction entre l’Italie et les Etats-Unis, parce qu’il est de plus probable de se manifester dans divers forums internationaux où l’Italie n’est pas seule en exprimant le souci, et sera souvent négocié par l’UE. Ce qui est vraiment déstabilisant est la fiabilité diminuée de l’engagement des Etats-Unis en politique étrangère, un problème qui est d’autant plus aigu dans le domaine d’interventions humanitaires / militaire, où les opérations multilatérales reposent toujours sur un équilibre sensible parmi les pays contribuant, et où l’exécution unilatérale peut mettre les alliés en danger et certainement endommager leurs intérêts de différentes manières. L’ancienne tendance a été exemplifiée de la façon la plus pointue par le retrait des USA de Somalie en 1993, où des troupes italiennes ont été directement impliquées. Dans une perspective plus large, les Etats-Unis semblent se développer en une cible mobile en termes de ses intérêts de ‘ »statu quo » – seulement apparemment une contradiction inhérente. En pratique, les définitions américaines de la stabilité changent, parfois de manière abrupte, mettant ainsi des alliés des Etats-Unis hors balance. Si cela sera de plus en plus le cas, l’Italie trouvera plus difficile de compter sur la stratégie contrôlée des garanties d’offre de sa » fidélité » à Washington afin de gagner la flexibilité supplémentaire à la poursuite des niches de ses propres intérêts. Cette attitude était en effet une pierre angulaire du rapport bilatéral au moins jusqu’ à la fin des années 1980s et fait surface encore occasionnellement de temps en temps: si les responsables italiens affirment de façon convaincante que l’entière participation du pays à l’alliance – soit lue ainsi: en premier lieu et en priorité la connexion cruciale des USA – n’est pas en le doute, ils ajoutent rapidement que l’Italie poursuivra donc ses intérêts légitimes. En langage décrypté, ceci était utilisé pour indiquer qu’en faisant sa part équitable dans le cadre Euro-Atlantique, l’Italie gagnait le droit à une politique étrangère autonome dans la zone spéciale concernée. Jusqu’à récemment, beaucoup de ce processus a été porté sur Washington, mais il devient de moins en moins clair quelles sortes de crédits peut être assez agréables aux USA pour gagner un certificat de' » bonne et digne confiance alliée « . Le caractère » de cible mobile » de la politique des USA dans plusieurs zones critiques (terrorisme international, crises balkaniques, politique de justicier solitaire, la réforme de l’Otan, et d’autres) a été particulièrement évident pendant les années de Clinton: assez pour secouer des habitudes de longue date et pour pousser l’Italie sur une voie d’accès différente d’autonomie accrue.
Du point de vue de l’Italie, diverses formes d’unilatéralisme américain créent une menace fondamentale à la fiabilité, ainsi qu’à la valeur, du rapport bilatéral, directement et indirectement par un affaiblissement des liens alliés et des organismes multilatéraux principaux.
Dans la première catégorie – des menaces directes au rapport bilatéral émanant de l’unilatéralisme – nous pouvons placer ces initiatives et politiques des Etats-Unis qui affectent des pays ou des régions d’intérêt primaire en Italie: l’Europe du sud-est, la région Méditerranéenne (avec une concentration spéciale sur l’Afrique du Nord), l’Europe de l’Est et à un moindre degré la Russie et d’autres zones où l’Italie a développé des intérêts économiques significatifs, tels que l’Amérique Latine et peut-être l’Asie Centrale. Ces stratégies régionales nous mènent de nouveau aux attitudes des Etats-Unis particulièrement vers les pays problématiques. À cet égard, les fonctionnaires au Ministère des Affaires Etrangères presque unanimement débattent que l’erreur centrale de la politique d’état de justicier solitaire des Etats-Unis est qu’elle confond l’ennemi avec les pays spécifiques ou leurs régimes, tandis qu’en fait » l’ennemi » sont les issues, telles que de nouvelles formes de terrorisme et de prolifération d’armes, de maladies contagieuses etc. Ce faisant, les causes les plus profondes de telles issues problématiques tendent à être entièrement ignorées.
Cependant, rien de ceci n’est censé impliquer que nous devrions nous attendre à une forte vague de l’anti-américanisme italien, qui est et restera un courant très » mince « . Le problème réel est que les attitudes des Etats-Unis animeront souvent des soucis situés en profondeur et une certaine méfiance, gênant de ce fait notre capacité de poursuivre des intérêts véritablement communs.
À la lumière de l’interconnexion extrêmement serrée des issues de l’UE -au sens large et domestiques pour chaque pays membre, les politiques des Etats-Unis affectant l’ UE sont maintenant une partie intégrale de la première catégorie – celles des manifestations de l’unilatéralisme des USA ayant une portée directe sur des intérêts italiens. L’UE peut être vue comme la frontière prolongée de l’Italie, au moins dans le sens que pratiquement n’importe quelle issue de l’UE au sens large devient un sujet de discussion sur lequel l’Italie a – et souhaite maintenir – un droit de parole. Ce n’est pas une coïncidence que les réactions italiennes aux initiatives américaines vers certains » états justiciers solitaires » et vers le projet de NMD ont été canalisés principalement par des forums de l’UE (et dans une certaine mesure de l’OTAN).
L’OTAN est un cas mixte ou à la limite, dû au legs particulier de l’Alliance de liens bilatéraux forts et caractéristiques entre les Etats-Unis et chacun des alliés européens. En substance, l’OTAN n’est pas incompatible avec » des relations spéciales » de diverses sortes – qui témoigne de la coopération étendue entre les USA et le Royaume-Uni dans le domaine de l’intelligence: en effet, la flexibilité de l’alliance et l’absence de n’importe quelle dimension supranationale véritable est une des raisons derrière sa longévité.
Selon Sergio Romano, l’OTAN demeurera une pierre angulaire des relations entre l’Europe et les Etats-Unis: » Les USA ne se désengageront pas, parce que l’OTAN leur offre l’outil idéal pour maintenir leur hégémonie politico-militaire en Europe. Ainsi, l’engagement continuera même sous des pressions internes accrues » .
Les politiques des Etats-Unis affectant divers forums multilatéraux ou groupements (OMC, ONU, G-7/G-8, OSCE, Groupe de Contact) tombent probablement dans la deuxième catégorie, de même que les intérêts qui sont géographiquement moins – que – primaires. Parmi les questions régionales de soucis moins immédiats à l’Italie qui néanmoins peuvent influencer des intérêts de moyen à long terme sont la Chine, l’Asie du Sud et du Sud-Est, et possiblement l’Afrique subdésertique.
Le même raisonnement s’applique au secteur large et croissant des relations monétaires et de la concurrence économique d’un pays à l’autre, les questions environnementales, ou la » division stratégique de plus en plus importante du travail » avec de l’UE. Ces secteurs sont des secteurs clefs de la gestion des relations internationales et transnationales actuelles, mais avec précision donné leur simple » taille » peut seulement être abordée dans un format multilatéral. Cette circonstance objective les rend moins susceptibles des choix et des politiques strictement nationaux: implicitement, moins central au rapport bilatéral avec les Etats-Unis.
– Projet américain NMD
Le plan des Etats-Unis pour un système National de la Défense de Missile est une issue particulièrement complexe, parce qu’il exige des choix difficiles dans le contexte de l’OTAN, affecte les perspectives pour une politique plus autonome de sécurité de l’UE, et modifie un équilibre déjà fluide de sécurité internationale. En plus de tout ceci, la nature spécifique du projet peut imposer d’une façon ou d’une autre, de nouvelles contraintes au budget de la défense de l’Italie à un moment où la transition sensible vers une force armée professionnelle avec des capacités accrues de projection entre dans son étape cruciale.
Un fonctionnaire de haut – rang du Ministère des Affaires Etrangères a montré le plan NMD comme étant source d’énigme terrible pour l’Italie et les autres Européens: des ressources rares nécessaires au développement de capacités communes pour les interventions militaires de petite et moyenne taille risquent d’être détournées vers un projet gigantesque (dans lequel elles représenteraient au mieux un pourcentage minuscule) avec le futur le plus incertain mais avec des coûts politiques et financiers à court terme. Une trame politique peut probablement être conçue pour agresser l’inquiétude russe et obtenir des alliés européens de se joindre à bord, mais ce ne serait certainement pas à bas prix en termes de nos budgets tendus de la défense. Avec le temps, un tel fardeau supplémentaire peut se développer en mal de tête politique.
En date d’aujourd’hui, malgré un sentiment répandu d’inquiétude, il n’y a aucun accord unanime en Italie sur les effets possibles de cette initiative des USA sur des relations bilatérales. Selon Sergio Romano (aussi bien que quelques membres influents de la coalition centre droite tel que l’ancien Ministre des Affaires Etrangères Antonio Martino), le projet offre le meilleur espoir pour la sécurité maximum à la longue, et l’Italie devrait réellement soutenir l’initiative. L’historien diplomatique John Harper est persuadé que l’initiative est utilisée à ce stade plus comme un outil contre la Force Rapide Européenne d’Intervention plutôt qu’en tant que but politique concret de l’administration de Bush. Il est bien connu que cette technologie n’est toujours pas disponible et que le projet ne démarrerait pas avant au moins dix ans.
Cette opinion démontre indirectement l’asymétrie évidente dans le rapport bilatéral, qui rend les initiatives des Etats-Unis beaucoup plus appropriées en Italie (et en Europe dans l’ ensemble) que n’importe quel effort européen vers l’ » autonomie » ne pourra jamais l’être à moyen terme.
– Réforme du Conseil de Sécurité de l’ONU
Ceci demeurera une issue controversée, due à la complexité objective du problème. L’Italie a peu de choix que d’insister pour divers alternatives possibles à la simple suggestion » de réparation rapide « – une solution que les Etats-Unis n’encourage pas de façon enthousiaste, mais a accepté jusqu’ici en principe, en quelque sorte par défaut. En essence, dans le contexte de l’UNSC l’Italie se sent comme étant discriminée et comme étant traitée comme puissance de second – rang par les Etats-Unis aussi bien que par les autres membres permanents et les aspirants principaux.
La réforme du Conseil de Sécurité est une des rares issues au lequel aucun gouvernement italien ne pourra jamais songer s’adapter à une option – » de réparation rapide » – qui bénéficie à l’heure actuel de l’approbation ouverte des Etats-Unis. Le potentiel pour la polémique demeure ainsi significatif.
– Instabilité interne italienne
Un danger apparent de nature très différente consiste en la politique domestique italienne: c’est le retour aux gouvernements de courtes durées et de coalitions précaires avec un horizon inévitablement limité de politique étrangère. Un tel danger n’est pas restreint au lien bilatéral avec les USA, naturellement, autant que le capital politique de n’importe quel pays dépend de la fiabilité du responsable exécutif en tant qu’associé sur la scène internationale. La crédibilité politique et la viabilité économique des états et des sociétés avancés reposent de plus en plus sur ce facteur dans une ère d’interdépendances complexes, des agences d’estimations impitoyables et d’établissements multilatéraux exigeants.
Dans le contexte bilatéral, Washington a récemment exprimé sa satisfaction pour l’amélioration marginale – de préférence en accroissement – de la stabilité des cadres italiens des années 90s.
Quoi qu’il arrive, comme l’explique John Harper, on ne devrait pas exagérer l’importance des perspectives domestiques: tout comme il était sans fondement d’assumer n’importe quelle affinité particulière entre l’administration de Bill Clinton et des gouvernements de centre gauche durant les dernières années 90s, une coalition italienne de centre droite n’aurait aucun avantage particulier en faisant face à l’administration de Bush. Tel que Harper conclut, » le seul état qui a une relation spéciale avec Washington est le Royaume-Uni « . Somme toute, l’instabilité domestique s’avérera être un facteur qui peut parfois endommager des relations, alors que le progrès vers des cadres plus pertinents est simplement dans l’intérêt italien, indépendamment des préférences possibles des USA et certainement avec au mieux une influence marginale sur les attitudes des Etats-Unis.
– Légalité internationale et choix éthique de la dimension
Un spectre très large de problèmes proviendra en toute probabilité du respect sélectif des Etats-Unis pour la légalité internationale et sa participation également sélective – ainsi en conformité – avec des accords et des forums multilatéraux et institutionnalisés. Les exemples principaux sont la Cour Criminelle Internationale, le Protocole de Kyoto, le Traité Complet d’Interdiction d’Essai, et naturellement l’approche au projet NMD et au Traité relatif d’ABM. Bien que chaque élément de cette liste aie son propre contexte et antécédents, une considération générale peut être faite.
Ce qui importe le plus à l’Italie est la conformité américaine aux normes et aux régimes internationaux émergents auxquels l’Italie est particulièrement attachée, telle que la limitation des armements dans ses diverses formes, la discipline environnementale et le support général pour le système de l’ONU. Naturellement, les positions diplomatiques italiennes ne reflètent pas nécessairement un enregistrement parfait en termes de mise en place et de conformité, mais certainement un engagement déclaratoire à toute épreuve et une aspiration profondément ressentie pour faire de légalité internationale la trame centrale de la référence de politique étrangère du pays. La même chose ne peut pas être dit des Etats-Unis, qui sont plus un faiseur de normes par la force de l’exemple et précédent, basé sur une notion de loi de coutume. L' » intérêt national » figure toujours beaucoup plus en évidence dans la politique déclaratoire et pratique des Etats-Unis qu’il ne fait en politique étrangère italienne.
Cette approche italienne s’applique également – pourtant fortement émotionnel – aux issues et aux normes institutionnalisées potentielles telles que l’opposition à la pénalité de mort. Le dernier est en fait une source fréquente de friction entre les deux pays, bien qu’elle ne se soit à peine débordée sur le noyau de relations diplomatiques jusqu’ici. Le danger est que, une fois visualisée en même temps que certaines des autres attitudes controversées que les Etats-Unis sont susceptibles de continuer à afficher, l’approche au sujet de la pénalité de mort tend à fortement renforcer l’image d' » unilatéralisme » des Etats-Unis, presque comme côté noir de son » exceptionalisme « .
Peut-être en contradiction partielle à une certaine vue de l’Italie comme pays culturellement catholique, le soutien italien des droits d’avortement est une autre source potentielle de polémique, à la lumière des sentiments persistants d’anti-avortement particulièrement parmi des conservateurs aux USA. De nouveau, ceci est une question de jugement éthique qui peut parfois prendre une importance spéciale en tant que signe de différences culturelles existantes: étant donné l’influence américaine sur le flot global des idées, le potentiel de ressentiment et de friction ne devrait pas être complètement écarté.
Malgré la véritable considération sur ces issues de la part de groupes et d’individus très actifs, la plupart des observateurs conviennent que seulement une partie minuscule de l’opinion publique italienne est extrêmement sensible à ces aspects de relation bilatérale avec les responsables politiques des Etats-Unis, et tendra donc à s’abstenir de n’importe quelle attitude de confrontation à moins que des circonstances très spécifiques exigent de prendre une position ferme et de principes. Mais le rapport global serait à peine affecté de toute façon. Selon Leopoldo Nuti, par exemple, l’ » anti-Américanisme après Cermis [l’accident de 1998 provoqué par un avion militaire des Etats-Unis s’exerçant au-dessus des Alpes suite desquels 20 civils sont morts] s’est développé exponentiellement, mais pour des issues comme la pénalité de mort ou l’infraction des accords internationaux il n’y aurait pas là beaucoup de protestations « .
Maintenant tournons-nous vers les issues qui présentent une probabilité approximativement égale de produire des difficultés dans les relations entre l’Italie et les Etats-Unis et de bénéficier du lien bilatéral. Ce sont essentiellement des moments imprévisibles, parce que le contexte global est en modification constante et que la politique américaine en particulier est en état de fluctuation.
– Le » prisme » UE
L’Italie tendra à observer les choix de politique faits de l’autre côté de l’Océan Atlantique par un prisme européen (principalement de l’UE). Le niveau d’intégration et d’interpénétration des politiques dans le contexte de l’UE a maintenant atteint un point où même les intérêts de base sont parfois décisivement influencés par la dimension de l’UE: nous pourrions affirmer que les intérêts caractéristiques de l’UE deviennent une partie intégrale de l’intérêt national. Les considérations concernant les effets de choix américains sur le développement de l’UE – de concurrence / coopération économique à la sécurité et à la défense et des politiques environnementales à la sécurité de la nourriture aux bioéthiques – figureront en évidence, malgré les différences internes et même de batailles politiques dures dans l’UE elle-même. Il est clair que si les USA, de son point de vue, s’habitueront à considérer des autorités de l’UE à Bruxelles comme principaux contre – partis dans les domaines politiques majeurs est une question en suspens. De toute façon, tandis que la relation traditionnelle de l’ère de la Guerre Froide avec Washington était vraiment bilatérale à certains égards, le monde d’aujourd’hui est inévitablement » multi – stratifié » en termes où la puissance, l’influence et le prestige sont localisés. Il est très difficile de prévoir avec quelque certitude que ce soit comment un jeu si multi – stratifié se réalisera.
– Dimension Méditerranéenne
La région Méditerranéenne, avec tous ses points de contact et de clivages, est sûre de rester prioritaire à l’ordre du jour de la politique étrangère de l’Italie. Un effort constant de souligner l’importance de la projection Méditerranéenne de l’UE, de l’ancien flanc » méridional » de l’OTAN, et de l’instabilité provenant de l’Europe du sud-est, figurent en évidence parmi les priorités de l’Italie. Cet ensemble de soucis a pris une nouvelle signification dans les années 90s étant donné l’existence d’un » arc de crises » s’étendant des Balkans à la Méditerranée Orientale. C’est en même temps une source permanente de risque et d’instabilité pour le continent européen entier – aussi bien que pour les intérêts américains, des routes d’énergie aux relations avec lsraël et même la Russie – mais également la raison primaire pour laquelle l’Italie est un acteur géopolitique principal dans l’OTAN. Au cours de toute décennie, les responsables politiques italiens ont été déchirés entre la tentation de compter encore plus que dans passé sur la » connexion américaine » – symbolisée convenablement par la Sixième Flotte basée à Naples – et la véritable aspiration de stimuler un rôle européen plus actif dans les affaires en Méditerranée, y compris la dimension de sécurité au moins dans ses manifestations « douces « . L’incertitude continue dans le futur de la commande Méridionale de l’OTAN – AFSUD – est une manifestation graphique de ce dilemme.
– Régionalisation des intérêts des Etats-Unis
Cette tendance potentielle est distincte des tendances d’unilatéralisme décrites ci-dessus, bien que la régionalisation – apparentée à ce que certains ont étiqueté « l’engagement sélectif » -pourrait facilement alimenter certaines de ces mêmes tendances. La régionalisation intrinsèquement est simplement sans réserves, car il nécessite moins uniformément une approche » globale » aux issues spécifiques. Par exemple, un engagement plus sélectif par des Etats-Unis causerait probablement un retranchement américain de l’Europe du sud-est, en termes de présence militaire et peut-être de participation économique, mais ne nécessiterait pas nécessairement des approches unilatérales pour les » états de soucis » présents ou futurs en ou autour de cette région. Le même raisonnement s’appliquerait au Moyen-Orient, au Golfe et à l’Asie centrale.
Bien qu’il n’y ait jusqu’ici aucun signe précis d’un éloignement des Etats-unis d’une projection véritable de puissance globale, la régionalisation pourrait devenir une nécessité si une voie influente de pensées dans des cercles de politique des Etats-Unis gagnerait de l’ascendance: » les lynx bons marchés « , qui préconisent un art militaire pour une Amérique forte qui dépenserait en même temps moins et serait moins sujette aux engagements à longs termes à l’étranger. Les contraintes de ressources et le genre de précaution personnifiés par le Secrétaire d’Etat Colin Powell peuvent produire exactement un tel cours. Les USA se concentreraient alors sur quelques grandes puissances – la Chine, la Russie, l’Inde – et les » états de pivotement » énoncent – comme la Turquie, Israël, probablement l’Arabie Saoudite et le Mexique. Dans un pire cas de scénario, les alliés européens deviendraient beaucoup moins importants que dans le passé excepté en tant que concurrents économiques. Le risque sérieux pour l’Italie dans un tel scénario doit être vu à Washington principalement comme zone mettant en scène des grèves militaires » chirurgicales » occasionnelles – ou même des opérations plus importantes – et un peu plus. La régionalisation signifierait un affaiblissement des canaux traditionnels d’alliance et contrasterait ainsi avec la préférence de l’Italie pour le multilatéralisme institutionnalisé. D’ autre part, dans un scénario moins dramatique une politique étrangère américaine focalisée et plus explicitement sélective pourrait soulager des soucis italiens actuels sur les excès en termes d’intervention (parfois puissante) dans des affaires internes d’autres pays.
- Vers un nouvel agencement et une relation plus détendue
La tentation de conclure est forte, qu’étant donné la véritable tâche historique que les membres de l’Union Européenne s’étaient préservés pour eux-mêmes pour la prochaine décennie environ – une Union Monétaire complète, un projet d’agrandissement massif, la » constitutionnalisation » des Traités, une entière politique étrangère commune – il y a peu de raison de regarder l’Italie en isolation vis-à-vis des Etats-Unis. Même la plupart des » Eurosceptiques » peuvent voir que le rôle central de la dimension de l’UE est indéniable. En même temps, toute politique est finalement locale et, d’une manière primordiale, les gouvernements nationaux demeurent pour l’instant les principaux responsables politiques.
Le nouvel agencement émergent entre l’Italie et les Etats-Unis prendra probablement la forme d’une association incommode « des géométries variables ». En particulier en faisant face aux issues de sécurité et aux crises internationales de diverses sortes, la faiblesse relative de l’approche commune de l’UE a jusqu’ici encouragé l’effort de reformer l’OTAN et une recherche de solutions pragmatiques telles que des coalitions ad hoc, le Groupe de Contact sur l’ex-Yougoslavie, et dans une certaine mesure le G-7/G-8: d’où, l’intérêt vif de l’Italie en participant activement à des rassemblements ad hoc et des groupes « centraux « . Parmi ces derniers, la notion d’un » Quintuplet » fonctionnant endéans l’OTAN comme une sorte de leadership collectif en période de crises semblent avoir un attrait particulièrement fort pour les responsables politiques italiens, comme mentionné dans le rapport cité dans l’Introduction. Cependant, on ne devrait pas oublier la raison pour laquelle le » Quintuplet » est si attrayant: c’est simultanément une configuration de puissances » Atlantistes « , il implique quatre des pays principaux de l’UE, et naturellement assure que l’Italie a un siège à la table. En pratique, pour certains sujets c’est presque un substitut de Conseil de Sécurité. La relation bilatérale avec Washington sera de plus en plus vue par ce prisme complexe.
Une conclusion générale peut être que des espérances générales concernant l’importance du rapport bilatéral devraient simplement être réduites, autant en termes de gains que de pertes probables. Les relations avec les Etats-Unis demeureront certainement un moyen de mesurer le poids et le prestige international de l’Italie, mais deviendront probablement moins décisives en déterminant sa capacité d’atteindre des objectifs principaux. Ceci pourrait bien être un signe de maturité, comme reflété par exemple dans la compréhension croissante parmi les Italiens que la culture américaine est profondément différente du leur mais que néanmoins certains de ses aspects favorisent un grand dynamisme économique et social qui peut être émulé de façon ou d’autre. Une relation » plus détendue » semble émerger, dans laquelle les questions controverses et les éléments de coopération sont moins excessives que dans le passé: l’abondance de négociations commerciales, de police et de coopération anti-terroriste, une vue observatrice mais finalement bénigne des instincts américains unilatéralistes, aucun Plan Marshall, aucun GI américain protégeant la frontière vitale du nord-est de l’Italie. L’ingéniosité italienne sera plus nécessaire que jamais dans le système international rapidement changeant et de plus en plus globalisé du début du troisième millenium. Si le passé peut servir de quelque guide que ce soit, il y a quelques raisons d’optimisme: après tout, qui d’autre peut espérer être de taille aux hamburgers américains et à la haute technologie des USA mieux que les inventeurs et les exportateurs globaux de la pizza et des voitures Ferrari?