discours d’introduction : Le financement du terrorisme

 

Ali RASTBEEN,  président de l’Académie de Géopolitique de Paris

Les efforts régionaux et internationaux contre le terrorisme et l’extrémisme qui constituent une menace directe à la sécurité et à la stabilité du monde entier, ils sont donc nécessaires et doivent être poursuivis. Déjà la communauté internationale se mobilise pour amputer le financement du radical islamiste, améliorer le travail des services de renseignement, renforcer la défense, endiguer l’idéologie dénaturée de ce groupe et arrêter le flot de combattants étrangers depuis et au Proche-Orient.

Le terrorisme, sous toutes ses formes constitue l’une des dégradations les plus préjudicielles de la paix et de la sécurité mondiale. C’est une agression contre les valeurs essentielles de la démocratie, et une véritable négation du droit à la vie. Tous les actes terroristes, quels qu’ils soient, sont criminels et injustifiables. Comme étant un phénomène global, le terrorisme doit être adressés sérieusement à travers la collaboration de tous les Etats quand ils sont tous  et à juste titre concernés de très près.

Seule une législation plus sévère et une application plus stricte de la loi, associées à une nette coopération internationale, permettront de lutter efficacement contre le financement du terrorisme qui bien entendu assure sa survie jusqu’à maintenant.

Le 17 décembre 2015, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l’unanimité, la Résolution 2253, agissant sous le chapitre 7. Cette résolution, introduite par les États-Unis et la Russie, impose le gel des avoirs, l’interdiction de voyager et l’embargo sur les armes à l’encontre de Daech, Al-Qaïda et « des individus, groupes et autres entités qui leur sont associés ». Le lendemain, 18 décembre 2015, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la Résolution 2254, comme base d’une solution politique dirigée par la Syrie pour mettre fin au conflit.

Les sanctions exploitent les critères suivants : d’une part le fait de concourir à financer, organiser, faciliter, préparer ou exécuter des actes ou activités d’Al-Qaida et de l’EIIL, en association avec ceux-ci, sous leur nom ou pour leur compte, ou le fait de les soutenir ; d’autre part le fait de recruter pour le compte d’Al-Qaida ou de l’EIIL ou de soutenir, de toute autre manière, des actes ou activités d’Al-Qaida, de l’EIIL ou de toute cellule, filiale ou émanation ou tout groupe dissident de ceux-ci.

En fait le vrai problème est externe, principalement régional, et échappe au contrôle syrien. Des puissances comme le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie sont toujours en train de financer, armer et transporter des terroristes vers la Syrie. C’est l’ignorance de la Résolution 2253 qui met l’accent sur la nécessité de couper le soutien aux terroristes afin de les vaincre, ce qui conduira éventuellement à une solution politique en Syrie. Les États-Unis semblent avoir perdu le contrôle de leurs alliés régionaux en Turquie, au Qatar et en Arabie saoudite et ont été incapables d’empêcher leurs opérations menées en Syrie ou de prendre une action contre leurs violations de la Résolution 2253 des Nation Unies.

Amnesty International a pointé du doigt pour la première fois de façon très explicite l’implication d’Ankara, Washington, Riyad et Doha pour avoir fourni des armes aux groupes terroristes pour le Front al-Nosra et Ahrar al-Cham en Syrie.

L’Organisation des Nations Unies et les pouvoirs occidentaux, surtout celui des États-Unis, continuent à se concentrer sur la Résolution 2254 qui porte sur la solution politique à la crise en Syrie, tout en ignorant complètement le fait qu’aucune solution politique ne peut être atteinte avant d’avoir éliminé le terrorisme, qui est l’essence même de la Résolution 2253. Egalement la résolution 1373 (2001) prévoit en particulier que « tous les États doivent prévenir et réprimer le financement des actes de terrorisme et s’abstenir d’apporter quelque forme d’appui que ce soit, actif ou passif, aux entités ou personnes impliquées dans des actes de terrorisme, notamment en réprimant le recrutement de membres de groupes terroristes et en mettant fin à l’approvisionnement en armes».

Si la France est une cible privilégiée des terroristes et encore tout récemment à Nice, c’est en conséquence de son engagement dans une véritable guerre contre le terrorisme. Il est vrai qu’une Commission d’enquête parlementaire « relative aux moyens mis en œuvre par l’Etat pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015 » a été constituée sous la présidence de Georges Fenech, rapport publié sous le n° 3922, ainsi qu’une mission d’information sur les moyens de Daech, sous la présidence de Jean-Frédéric POISSON, rapport publié sous le n° 3964, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 13 juillet 2016.

Que ce soit dans la partie sur la nécessaire réforme des services de renseignements, celle de la réponse pénale adaptée à la menace terroriste, celle sur la protection et sécurisation du territoire, celle sur la lutte Internationale contre le terrorisme ou même la liste des propositions de ces deux rapports, on ne trouve trace d’un travail en profondeur sur la nécessité d’assécher financièrement les filières terroristes.

Or, il est du devoir des institutions parlementaires nationales et européennes d’interpeller solennellement les ministres de la Défense et des Affaires étrangères pour enfin identifier les pays qui forment, financent, arment, soutiennent logistiquement les filières terroristes et achètent le pétrole qu’elles vendent, d’établir ensuite une commission d’enquête mettant en lumière les agissements de ces réseaux nationaux et internationaux et de mettre en place un embargo sur la vente d’armes et sur l’achat de pétrole, le gel des avoirs, contre les Etats directement concernés ou qui peuvent potentiellement l’être. C’est une question de cohérence et de crédibilité de la lutte antiterroriste, laquelle si ainsi menée rendrait justice aux milliers de victimes du terrorisme et des Etats qui les soutiennent.

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