Le quatrième intervenant, Mme Patricia LALONDE, Chercheuse associée, IPSE a parlé « des droits humains en Arabie saoudite. »
Partie 7; Actes du colloque : Où va l’Arabie saoudite?
Le 10 mars 2016
Assemblée nationale :
Académie de géopolitique de Paris
D’après Mme LALONDE traiter des droits de l’homme en Arabie Saoudite nécessite de s’étendre sur la doctrine de l’Etat saoudien : le wahhabisme. La raison d’être de l’Etat Saoudien est d’appliquer les lois de l’Islam et la volonté de Dieu. Le pays est dirigé par une monarchie absolue où le pouvoir est concentré dans les mains du souverain et du cercle familial.
Les partis politiques et les syndicats sont interdits ; Toute autre religion est bannie et dès le plus jeune âge, les Saoudiens apprennent que le chiisme est une religion de mécréant : En 2014, selon Human Right Watch, le roi Abdallah a introduit un certain nombre de lois considérant comme terroristes les athées. La récente décapitation du Cheik Nimr Barq El Nimr, opposant chiite pacifique en est l’illustration. Ou encore l’exemple du bloggeur Raif Badawi, emprisonné depuis 2012, et est contraint de recevoir régulièrement des centainesde coups de fouets en attendant une éventuelle décapitation ou même la crucifixion. Ou encore le cas d’Abdallah Al Zaher, adolescent torturé en prison et dont le verdict de condamnation à mort doit être confirmé en 2016 ; Il risque la pendaison ou la décapitation…
Les inégalités entre les sexes restent très importantes : Malgré une nette volonté réformiste de Mohamad ben Abdelazziz- al-Saoud, les femmes saoudiennes restent des « dépendantes », recluses de la société. Elles sont par la suite confrontées à un fort taux de chômage…Les femmes représentent 60% de l’ensemble des diplômé[e]s, mais moins de 15% ont accès au marché du travail. Les femmes doivent avoir un tuteur masculin (Mahram) : Elles ne peuvent sortirseules sans être accompagnées d’un tuteur masculin. Elles doivent recevoir l’autorisation de leur tuteur pour se marier, voyager, s’inscrire à l ‘école, ou à l’université et accéder aux services de santé. La polygamie des hommes est permise. La ségrégation des sexes est de rigueur dans les espaces publics et les femmes ne peuvent sortir qu’entièrement recouvertes de l’Abaya, tunique noire ne découvrant que les yeux.
Les milices de la Commission pour la prévention du vice et la promotion de la vertu ( Muttawain) surveillent dans chaque quartier la bonne application de ces règles.
Par ailleurs, l’Arabie Saoudite a récemment obtenu la présidence du conseil consultatif de la commission des Droits de l’Homme des Nations Unis !!
Pour conclure, il est à craindre que cette stratégie d’ouverture ne s’arrête depuis que le Prince Mouqrine, réformateur et réformiste a été écarté du pouvoir au profit de Mohamad ben Salman : rappelons que les Salman font partie[s] de la tribu des « Soudayris » plus proches des thèses fondamentalistes des wahhabites Mohamad ben Salman (MBS) n’a pour le moment pas brillé par sa volonté d’ouvrir le royaume aux réformes, obsédé par une frénésie de guerres contre les chiites, la première en Syrie contre le pouvoir de Bachar al Assad et la seconde, plussilencieuse, au Yémen contre les Houtis, guerre qui se déroule dans le silence où les pires atrocités sont permises.