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Résumé : Le partage du monde entre les deux grandes puissances lors de la conférence de Yalta (janvier 1945), quelques mois avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, a structuré l’ordre international pour les quarante années suivantes (bipolarité des relations internationales et des rapports de forces). Après la création des deux Allemagnes (RFA et RDA) en 1949, la mise en place du « rideau de fer » divise l’Europe et lance la Guerre froide. L’affrontement direct entre l’Ouest (États-Unis et alliés) et l’Est (URSS et alliés) quitte alors le sol européen pour se pour- suivre en Extrême-Orient, notamment dans la péninsule de Corée (Guerre de Corée, 1950-53). À la fin de la guerre, la péninsule coréenne est – comme l’Allemagne – divisée (au niveau du 38e parallèle) et présentera deux régimes politiquement et idéologiquement opposés, irréconci- liables, et alliés chacun à l’un des deux camps : Corée du Nord dans le camp communiste (Chine, URSS et affiliés) et Corée du Sud dans le camp capitaliste (États-Unis et pays occidentaux). Si, dans les derniers temps de l’URSS, Gorbatchev a lâché la RDA permettant ainsi la réunification allemande en 1990 – ou plutôt l’absorption de la RDA par la RFA –, il n’en est pas de même pour la Corée du Nord, toujours soutenue par le puissant voisin chinois. Un tiers de siècle après la fin de la Guerre froide, l’affrontement Est-Ouest continue et partage donc toujours la péninsule coréenne. Pour autant, peut-on tirer pour les Corées des enseignements de l’expérience alle- mande ? Et une réunification de la péninsule est-elle envisageable ? Hélas, comparaison n’est pas raison, et même si un rapprochement entre ces deux cas peut paraître pertinent à première vue, il est en réalité trompeur. Les deux aires civilisationnelles sont différentes, incomparables bien que présentant des similarités, chacun des cas possédant son contexte, ses spécificités et sa logique propres, qu’il nous faut analyser finement.