Globalisation, orientalisme et les bases idéologiques du terrorisme islamiste

 Résumé : On observe que la globalisation trop rapide, trop forcée et rigide tout en étant trop concurrentielle a multiplié et aggravé les résistances et éventuellement les terrorismes, dans un monde caractérisé en partie conséquente tout au moins par le désordre. D’où l’attrait des systèmes qui doivent évoluer et compenser en même temps. C’est le risque et le défi de vivre.

Summary: One notes that a too rapid, too imposed and rigid globalization that is at the same time excessively competitive, has multiplied and aggravated resistances and eventually terrorisms, in a world that is at least in consequent measure caracterized by disorder. Whence the attraction for systems that must simultaneously evolve and compensate. This is the true risk and challenge of Life.

De : Karine GEVORKIAN

Politologue, Chroniqueuse au journal

Il est difficile de nier le fait que le phénomène du terrorisme islamiste ne cessait de croître sur le fond de la hausse exponentielle du processus de globalisation. J’ai besoin de détailler ce point. Si on consulte les physiciens, ils vont vous expliquer que dans de telles conditions le système accumule inévitablement l’entropie. Autrement dit, la capacité de manœuvre baisse. Le savant éminent américain dans le domaine de l’étude des opérations et de la théorie des systèmes, Russell Ackoff l’a écrit dans son ouvrage « Transformation dans la gestion des systèmes » : « La situation dans le monde est caractérisée par le désordre. » C’est si évident que l’on ne demande pas de preuves formelles.

En outre, selon les observations de Lesley Gelb (1991), les perspectives de perfectionnement ne sont pas prometteuses:

« …le monde en évolution demande un nouveau programme de la politique extérieure et de nouvelles personnes qui vont réaliser ce programme. Le problème est que ce sont des anciens experts qui continuent de gérer la politique extérieure et la plupart d’entre eux ne comprend que vaguement le monde qu’ils contrôlent. En réalité, il n’y a que quelques personnes en dehors et à l’intérieur du gouvernement qui sont formées et ont de l’expérience pour comprendre le cours des choses, sans parler de la réalisation d’un nouveau ordre du jour ».

Aucune réforme ne pourra aider dans cette situation, il est nécessaire de procéder à deux types de transformation. Le premier c’est la transformation de la voie par laquelle les nations et les institutions internationales réalisent les relations globales, et le deuxième c’est la transformation de la voie par laquelle les penseurs systémiques mènent de façon collective la gestion des systèmes. Le deuxième doit précéder le premier si nous voulons voir des changements dans le désordre global.

Si on réalise correctement des actions incorrectes on sombre dans l’incorrection. Quand on fait des erreurs en réalisant les actes incorrectes, en les corrigeant on devient encore plus incorrect. Tandis que si on fait des erreurs en faisant des actes correctes, en les corrigeant ont a de plus en plus raison.

Je suis certain que nous avons l’obligation devant la communauté globale dont nous faisons la partie de faire tous les efforts possibles pour apporter des transformations radicales dans notre société où nos enfants ne doivent pas lutter contre le désordre que nous avons créé, et plus est, que nous renforçons.

Quelques mots sur la globalisation. C’est un terme économique. Il signifie la globalisation du travail et du capital. Dans le domaine de la politique, il y avait le processus de la désouverainisation. C’est pourqoi le rôle de l’Etat diminue. Dans le domaine socioculturel, se déployait le paradigme se basant sur la philosophie du postmodernisme « …il paraît que la fonction utopique, inséparable de l’imagination individuelle et collective de homo sapiens a été complètement rejetée dans le contexte postmoderniste comme toutes les autres idées et idéologies qui ont perdu leur valeur… » (F. Ainsa, « Reconstruction de l’utopie »).

Je voudrais ajouter aussi que la culture occidentale contemporaine a manifesté des tendences de revision des valeurs traditionnelles et ne reconnait pas trop « le heros » (il n’a pas péri comme dans la tragédie grecque ; il a fui ou il est chassé ?). Je ne suis pas surprise en apprenant que les jeunes europeénnes font parfois ce choix : elles deviènnent musulmanes et partent pour le Daech. Les memes recherches de l’utopie et de l’héros poussent les jeunes gens des familles non-musulmanes.

Il est intéressant de noter que le projet « Khalifat » qui fait partie du projet islamiste se positionne non comme un projet antiglobaliste mais comme une alternative à la globalisation. Notamment, il se prononce contre l’idée de la souveraineté de l’État. Transnational qui effectue ses activités par l’intermédiaire des reseaux sociaux. (Je trouve une certaine ressemblance avec le phénomène des Ismaélites et des Nizarites du Moyen Age.)

Nous devenons témoins du pillage des musées du P.-Orient. Or des intérêts spéculatifs il y a un moment indicatif : c’est la guerre avec l’histoire humaine.

Il met en tête les valeurs non-traditionnelles de l’existence. Et c’est aussi un projet.

Elvin (Olvin) Toffler sociologue et futurologue américain nous prévient de nouvelles difficultés, des conflits sociaux et des problèmes globaux que l’humanité verra en passant du XXe au XXIe siècle « Future Shock », « The Third Wave », « Powershift: Knowledge », « Wealth and Violence at the Edge of the 21st Century », « War and Anti-War ».

La hausse des protestations dans les zones où l’islam est traditionnellement répandu est due à différents facteurs : à partir des recherches dans l’ordre du « socialisme islamique » et de la guerre en Afghanistan  jusque la perte de crédibilité par les élites laïques. La dernière thèse peut être prouvée par les événements du « printemps arabe » de 2011. À propos, l’appellation le Printemps arabe fait rappeler l’expression le Printemps des peuples, qu’on utilise en indiquant la période des révolutions en Europe de 1848–1849 (Dix-huit cent quarante-huit – dix huit cent quarante-neuf).

En grande mesure, l’esprit anti occidental en Orient en général et dans le monde islamique en particulier a été influencé par un phénomène occidental que Edward V. Said a nommé l’« orientalisme », c’est-a-dire « la suprématie occidentale et l’infériorité orientale ». Il a écrit dans sa monographie qui porte le même nom : « L’orientalisme a presque toujours dépendu dans sa stratégie de cette souple supériorité de position qui fait bénéficier l’homme occidental de toute une série de possibilités dans ses relations avec l’Orient tout en lui laissant sa suprématie ».

Sur ce fond, en début des années ‘90 l’idée de la création du Khalifat mondial a pris des contours pratiques. La Russie s’est heurtée aux « khalifatistes » pendant les deux guerres en Tchétchénie où hormis le conflit armé intertchétchène et les activités des forces fédérales, l’action était menée par l’international islamiste. Aujourd’hui nous sommes témoins des activités de l’« État islamique » des groupes d’Al-quaéda, Daech et d’autres en Irak et en Syrie. Oui, les groupes des islamistes luttent entre eux, mais cette lutte rechauffe le degré revolutionnaire. Les actions de cette force internationale ont été qualifiées en langue diplomatique comme le « terrorisme international » mais c’est un terme éliminé. Pourtant, il faut reconnaître que la prolifération de ce phénomène et l’enrôlement des jeunes musulmans dans les bandes armées qui continue doivent être expliqués par une composante idéologique. Par la proposition utopique de protestation.

Le metteur en scène polonais décédé récemment Andjey Waida a fait un filme intitulé « Mise en vente » (ou : « Tout est à vendre »). Il faut reconnaître qu’en outre de leur idéologie macabre les chefs du Khalifat agissant dans les conditions de la globalisation, ont appris de faire du terrorisme une marchandise et d’exploiter habilement des contradictions profondes s’accentuant de plus en plus entre ceux qui luttent contre eux. Regardez, quelles sont les approches de la coalition occidentale et de la Russie, et indirectement de la Chine, sur la Syrie. Nous voyons que plus on a besoin de solidarité, plus des rivalités apparaissent.

La lutte contre le terrorisme devient la tentation de trouver la résolution de l’« ill-structured problem ».

Dans ces conditions la rivalité des services spéciaux aussi s’accroît.

Voilà les sources essentielles du financement du terrorisme:

1) l’activité criminelle directe des groupes terroristes et des organisations terroristes (vols armés, rançon pour les otages, fraudes financières etc). — une criminalité ouverte, l’hommage (en or) payé par les représentants des autres conféssions ;

2) sponsorisation de la part de grandes sociétés internationales, intéressées de neutraliser leurs concurrents ou de changer le climat d’affaires dans telle ou telle région du monde ;

3) source traditionnelle — aide des pays qui utilisent les terroristes comme instrument pour atteindre leurs buts ;

  • aide de l’économie parallèle, liée directement au trafic des armes, au trafic des drogues, au trafic du pétrole, à la traite des êtres humaine (prise des otages, exportation des prostituées, de la main d’œuvre illégale, vente des organes des gens tués etc). Les drogues et les armes sont des marchandises les plus appropriés pour avoir des revenues de 1000 % et les trafiquants des armes et des drogues versent systématiquement les « pour cents » au terrorisme international ;
  • sponsorisation des personnes privées par l’intermédiaire de toute sorte d’unions de compatriotes, d’associations d’aide humanitaire, d’organismes religieux etc. Cette source nourrit systématiquement les organisations terroristes religieuses et nationalistes ;
  • le trafic des objets des musées, le marché noir des antiquités.

En réalité tout ça fait augmenter l’esprit révolutionnaire des islamistes. Les valeurs de cette révolution reblanchissent touts les crimes de ses partisans dans leur conscience.

 

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