François BELLIOT, Ecrivain et politologue
Préambule : Etat des lieux des relations commerciales franco saoudiennes
Pour schématiser, les relations franco saoudiennes sous le mandat de françois Hollande peuvent être comparées aux relations franco qataries sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Dans les deux cas le rapprochement a été spectaculaire, se concrétisant par des alignements diplomatiques, et un accroissement des échanges commerciaux, notamment dans le domaine militaire. Il s’agit, pour reprendre les propres termes de l’Elysée lors de la visite du président Hollande à Riyad en novembre 2012, dans la foulée de son élection : « de faire autant avec le Qatar, et plus avec l’Arabie Saoudite ».
Alors que nous approchons du terme du quinquennat de Hollande les relations sont plus qu’au beau fixe entre les deux pays. La France est le 9ème investisseur en Arabie Saoudite, et celle-ci est devenue, supplantant la Russie, le premier fournisseur de pétrole de la France. La France exporte dans des domaines nombreux et variés (volailles, céréales, tuyaux, avions, produits cosmétiques, aéronautique et spatial, transports et électricité).
Les premiers accords de coopération entre la France et l’Arabie Saoudite datent de 1963, sous la présidence du général de Gaulle, mais c’est à partir de 2005 (date à laquelle l’Arabie Saoudite est admise à l’OMC) que l’on assiste à une progression spectaculaire des échanges commerciaux entre la France et l’Arabie Saoudite, qui va de pair avec un rapprochement diplomatique et militaire de plus en plus étroit, dans le cadre de ce que l’on pourrait appeler, pour reprendre l’intitulé du colloque, la « nouvelle diplomatie française au Moyen-Orient ».
Un premier train d’accord a été partiellement manqué par la France dans un premier temps. C’est l’époque (janvier 2008) où le roi Fahd qualifiait Nicolas Sarkozy de « cheval fougueux qui doit subir l’épreuve des rènes ».
La relation franco saoudienne prend donc son envol, dans tous les domaines, sous le mandat de François Hollande, avec en point d’orgue, fin 2015, la signature d’un méga contrat de 10 milliards portant sur les secteurs les plus variés. C’est en cette occasion que Manuel Valls tweetera : « France-Arabie saoudite: dix milliards d’euros de contrats! Le gouvernement mobilisé pour nos entreprises et l’emploi. » Cocorico auquel nous sommes de moins en moins habitués et qui se comprend fort bien dans le contexte de crise économique grave à deux ans de l’élection présidentielle.
Une phrase de conclusion du « bilan 2013 des relations commerciales franco saoudiennes, est on ne peut plus entousiaste : « Aussi bien le niveau excellent de la relation bilatérale que le nombre de grands projets, la stabilité du pays et les grands indicateurs macroéconomiques, presque tous dans le vert, devraient inciter les entreprises françaises à s’intéresser davantage au marché saoudien . » Le bilan de 2014 est encore plus positif .
Les ventes d’armes de la France à l’Arabie Saoudite sous le mandat de François Hollande
La France fournit des équipements militaires à l’Arabie Saoudite. Citons par exemple l’entrée en vigueur le 7 octobre 2013 du contrat Lex (Life Extension Sawari 1), pour rénover 4 frégates et deux pétroliers ravitailleurs de la flotte saoudienne. Son montant est de 1,1 milliards d’euros .
Après signature de ce contrat, le ministère de la défense français se félicite : « une étape majeure dans les relations franco-saoudiennes en matière de défense navale. Il témoigne du niveau élevé de confiance mutuelle et de coopération qu’entretiennent l’Arabie Saoudite et la France » .
Le ministère de la Défense cite par ailleurs en cette occasion les dossiers sur lesquels les deux pays sont au diapason. Les entretiens entre les deux pays, lit-on, « doivent permettre de conforter notre convergence de vues sur les grandes crises régionales, au premier rang desquelles figurent la crise nucléaire iranienne et la crise syrienne ».
L’alignement des deux pays s’est confirmé avec l’accord tripartite Liban/France/Arabie Saoudite de décembre 2013. Selon l’accord l’Arabie Saoudite doit verser 3 milliards de dollars au Liban (l’équivalent de trois fois le budget militaire annuel de ce pays) afin de permettre à ce dernier d’acheter des armes à la France. Achat prévu de missiles Milan, de véhicules blindés VAB mk3, de 7 hélicoptères Cougar, de systèmes d’artillerie Caesar, et de quatre corvettes. En février 2016, cet accord est annulé par l’Arabie Saoudite en raison de la trop grande influence du Hezbollah, allié de l’ennemi iranien, sur le gouvernement libanais . Finalement, l’accord n’est pas annulé, mais les armes seront achetées par l’Arabie Saoudite.
C’est de manière comparable que s’est conclue l’affaire des Mistrals que les autorités françaises ont finalement refusé de livrer à la Russie en septembre 2014 : ils seront finalement vendus en octobre 2015 à l’Egypte, grâce à un apport financier significatif de l’Arabie Saoudite .
Ces deux derniers exemples montrent l’étroitesse des liens de confiance entre les deux pays.
La France, en outre envoie régulièrement des formateurs dans le domaine de la sécurité (gestion « démocratique » des foules , gestion des accidents de transports en commun , formation de formateurs au tir ), et des policiers et militaires saoudiens viennent régulièrement faire des stages dans l’hexagone (par exemple étude du fonctionnement des commisariats de police ).
Plus généralement, la France, depuis le mandat de Nicolas Sarkozy, qui a vu la mise en place de la nouvelle diplomatie française au Moyen-Orient, se rapproche militairement et diplomatiquement de tous les pays du Conseil de Coopération du Golfe, qui sont tous hostiles à la Syrie et à l’Iran. Symbole de ce rapprochement : en 2008, l’établissement d’une nouvelle base militaire à Abu Dhabi , près du détroit stratégique d’Ormuz, face à l’Iran.
L’alliance franco-saoudienne dans la guerre en Syrie
Les relations entre la France et l’Arabie Saoudite sont renforcées, au niveau militaire, par leur engagement commun et résolu dans la guerre en Syrie (avec les autres pays « amis de la Syrie » comme la Turquie, les Etats-Unis, le Qatar, etc). La convergence de vues est totale et en toutes occasions depuis 5 ans. Rappelons quatre dates clés :
– 24 février 2012 : rencontre de Tunis avec le Conseil National Syrien et les autres pays « amis de la Syrie ». En cette occasion aurait été décidé l’opération « Volcan de Damas et Séisme sur la Syrie » de juillet 2012, un coup d’état manqué contre le gouvernement syrien, dont une partie de l’état major a été décapité en cette occasion.
– fin mai 2012, accusations radicales contre le « régime syrien » pour le massacre de Houla et appel à une intervention militaire internationale pour un « changement de régime ».
– 6 septembre 2013, en marge du G20 de St Petersbourg, la France et l’Arabie Saoudite avec 12 autres pays se déclarent prêts à intervenir en Syrie sans l’aval de l’ONU .
– 20 septembre 2014, la France et l’Arabie Saoudite avec d’autres « amis de la Syrie » intègrent la coalition internationale contre l’organisation EI.
Les deux pays sont également adeptes des déclarations les plus fermes et les plus belliqueuses contre l’Iran, en particulier sur le dossier du nucléaire iranien.
Une relation renforcée par le refroissement des relations entre les Etats-unis et l’Arabie Saoudite
Un dernier facteur plus récent explique la « lune de miel » franco-saoudienne : le très net refroidissement, depuis un an, des relations étasuno-saoudiennes.
Les Saoudiens reprochent aux Etats-Unis l’accord nucléaire avec l’Iran de juillet 2015, accord que le gouvernement français, au contraire, a jusqu’au bout essayé de faire capoter.
Fin 2015 une série de rapports d’ONG / paraissent qui accusent l’armée saoudienne de crimes de guerre dans sa guerre contre le Yemen commencée en mars 2015. En mai 2016, les Etats-Unis, en écho à ces inquiétudes, cessent de livrer à l’Arabie Saoudite des bombes à fragmentation .
En avril/mai 2016, une grave polémique naît d’un projet de loi, qui vise à permettre à des familles de victimes des attentats du 11 sepembre 2001 d’attaquer en justice des dirigeants saoudiens pour responsabilité dans leur mise en œuvre et leur organisation. L’ancien chef des services de renseignement saoudiens, le Prince Turki Al-Faisal déclare en cette occasion : «Les jours heureux entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis sont terminés à jamais. Nous avons changé et l’Amérique aussi. Obama a le mérite d’avoir réveillé tout le monde chez nous sur le changement dont il nous faut désormais tenir compte. Il faut réévaluer nos intérêts communs . »
La presse saoudienne tire unanimement à boulets rouges sur les Etats-Unis qu’elle accuse d’avoir eux-mêmes organisé les attentats afin de justifier le lancement d’une guerre sans fin contre le terrorisme.
Ainsi par exemple le journal al Hayat, basé à Londres, publie-t-il le 28 avril 2016, le rapport du juriste saoudien Al-Shammari dans lequel on peut lire : « Le 11 Septembre est l’une des cartes gagnantes dans les archives américaines, parce que tous les gens avisés de par le monde qui sont des experts en politique américaine et qui analysent les images et les vidéos [du 9/11], conviennent à l’unanimité que ce qui est arrivé aux deux tours était une action purement américaine, planifiée et exécutée par les USA. La preuve en est la séquence d’explosions continues qui a découpé de façon spectaculaire les deux bâtiments […] les ingénieurs en démolition contrôlée les ont détruites avec des explosifs, tandis que les avions s’y écrasant ne donnaient que le feu vert pour la détonation – ils ne sont pas la raison de l’effondrement. Mais aux États-Unis se propage toujours le blâme dans toutes les directions. [Cette politique] peut être surnommée «la victoire au moyen des archives».
Tout débat public sur la version officielle de ces événements étant pour ainsi dire interdite en France, on peut s’étonner que les autorités françaises n’aient eu aucune réaction face à ces graves accusations « conspirationnistes » et que les médias aient complètement passé cette information sous silence.
Dans ce contexte de dégradation de ses relations avec les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite cherche à diversifier ses soutiens, et la France se pose comme un partenaire encore plus privilégié.
La remise de la légion d’honneur, le 7 mars 2016, par François Hollande en personne, du prince Mohammed bin Nayef bin Abdelaziz Al Saoud, qui a suscité une belle polémique, se comprend beaucoup mieux si l’on a à l’esprit ce contexte de « lune de miel » à tous les niveaux entre la France et l’Arabie Saoudite. L’argument des emplois créés et des points de croissance sauvés par les méga contrats signés avec l’Arabie Saoudite invoqués par les dirigeants français a pu choquer l’opinion mais n’est pas dépourvu de sens si l’on considère l’ampleur des contrats, et la situation économique désastreuse de la France. Rappelons au passage que Nicolas Sarkozy avait été décoré, lors de son voyage de janvier 2008 à Riyad, du grand cordon du roi Abdel Aziz, l’équivalent de la légion d’honneur en Arabie Saoudite.
Problèmes que posent cette alliance
Cohérente jusqu’à un certain point la relation franco-saoudienne pose néanmoins un certain nombre de problèmes plus sérieux qu’une légion d’honneur, surtout si on l’envisage du point de vue des grands principes, et du point vue militaire et de la sécurité.
1) les grands principes
Nous connaissons l’adage de la realpolitik : « dans les relations diplomatiques il n’y a pas d’amis et d’ennemis, il n’y a que des forts et des faibles ». Cela ne poserait pas de problème si les grands principes n’étaient pas mensongèrement invoqués, par les médias et les politiques français, pour faire tomber d’autres « régimes » comme la Libye, la Tunisie, et la Syrie, l’Irak. Or l’Arabie Saoudite bafoue presque tous les principes invoqués incessamment depuis 5 ans pour justifier le renversement de Bachar el-Assad en Syrie. Rappelons-en quelques uns.
– C’est le nom de la famille régnante qui donne son nom au pays « Saoud », difficile d’aller plus loin dans l’autoritarisme clanique.
– une centaine d’exécutions par an y sont pratiquées, la plupart par décapitation.
– le statut de la femme y est rétrograde : le rapport mondial sur l’inégalité des sexes publié par le forum économique mondial en 2012 place l’Arabie Saoudite au 131ème rang sur 135.
– l’Arabie Saoudite est l’un des quatres pays arabes où l’homosexualité est non seulement interdite, mais punissable de mort. En France les centres LGBT sont financés par les pouvoirs publics et les opposants au « mariage pour tous » son unamimement désignés dans les médias comme des « fachos » et des arriérés « d’extrême-droite ».
– aucun parti politique n’y est autorisé
– l’Arabie Saoudite est accusée depuis fin 2015 par des ONG, comme on l’a vu, de commettre des crimes de guerre au Yemen. Les rapports de ces ONG (HRW et Amnesty) sont très semblables dans le fond et dans la forme à ceux brandis par les grands médias ces dernières années pour justifier une ingérence militaire internationale en Syrie.
2) la parenté idéologique entre les dirigeants saoudiens et les dirigeants de l’EI
Le second problème, est la parenté idéologique entre les dirigeants saoudiens et les chefs de l’organisation EI, l’ennemi que prétendent combattre la France et l’Arabie Saoudite au Moyen-Orient dans le cadre d’une coalition internationale mise en place en septembre 2014. Ces deux entités partagent exactement le même logiciel, le wahhabisme, qui prône la destruction des monuments religieux et des tombeaux de saints , qui érige cette branche de l’Islam, très majoritairement considérée comme une hérésie dans le monde musulman, au rang de seul Islam véritable, légitimant les meurtres et les massacres de non musulmans et de musulmans suivant d’autres traditions, en particulier les chiites.
3) la libre diffusion de l’idéologie wahhabite sur le sol français
Non seulement il existe de nombreuses preuves du soutien de l’Arabie Saoudite aux groupes armés semant la désolation en Irak et en Syrie (la même remarque pourrait certes être faite concernant la France ), mais l’Arabie Saoudite se permet d’exporter, avec le Qatar, son idéologie mortifère sur le sol français. L’Arabie Saoudite participe donc à la radicalisation de jeunes des « terriroires perdus de la République », qui iront au Moyen-Orient rejoindre des groupes armés, ou qui iront commettre des attentats comme ceux de Charlie Hebdo en janvier 2015 et du Bataclan en novembre 2016.
L’éventualité du retour de milliers « français » wahhabisés et aguerris sur les théâtres de guerre au Maghreb et aux Proche et Moyen-Orient, à terme est susceptible de poser un énorme problème de sécurité nationale.
La pénétration du wahhabisme en France est un peu plus ancienne et remonte aux années 1980. Quelques faits :
– la construction de la grande mosquée de Lyon est financée en 1990 sur la cassette personnelle du roi Fahd .
– En 1997, le fils du roi Fahd, le prince Abdelaziz ben Fahd ben Abdelaziz vient officialiser une mise sous influence saoudienne définitive de la mosquée de Mantes-la-Jolie .
– en 2014, la mosquée de Cannes reçoit un chèque de deux millions d’euros la part d’un mécène de Djeddah : Saleh Abdoullah Kamel, milliardaire président de la multinationale Dallah el Baraka .
Plus généralement, on apprend en novembre 2015, par une note de DGSI qu’une soixantaine de mosquées françaises seraient sous influence wahhabite, 25 en Île de France, 20 dans la région lyonnaise, 12 dans les environs de Marseille, une dizaine dans le Nord entre Lille et Roubaix . Le chiffre aurait doublé en cinq ans.
Ces lieux de culte seraient fréquentés par 15 à 30000 personnes et le mouvement serait en pleine expansion.
Signalons que cette pénétration du wahhabisme, via la prédication et la construction de mosquées, n’est pas propre à la France. Il s’agit d’un mouvement mondial. Prenons l’exemple de l’Allemagne. Ainsi, en décembre 2015, le vice chancelier allemand Sigmar Gabriel, également ministre de l’économie appelle à agir contre les mosquées salafistes en Allemagne, et leur financement par l’Arabie Saoudite, non seulement en Allemagne mais dans le monde entier . Il dénonce également le fait que le wahhabisme d’Arabie Saoudite est l’idéologie de l’organisation EI.
Il n’est pas inutilé de rappeler que dans le même temps la contruction de lieux de culte autres que wahhabites est interdite en Arabie Saoudite, de même que le prosélytisme religieux. Les dirigeants français, massivement et fanatiquement anticatholiques, n’en ont peut-être cure, mais ce deux poids deux mesures mérite d’être souligné.
4) la gestion des « migrants »
l’Arabie saoudite jusqu’à présent refuse d’accueillir des « migrants » sur son sol, alors qu’elle pourrait mettre à disposition le site de Mina, qui ne fonctionne que 5 jours par an à l’occasion du pélerinage, vaste de 20 km², qui peut accueillir jusqu’à 4 millions de personnes dans des conditions plus qu’acceptables. A comparer avec le Liban voisin qui accueille plus d’un million de réfugiés, pour une population de 6 millions d’habitants. Alors que médias et politiques dans de nombreux pays d’Europe tentent de convaincre leurs populations d’accepter d’accueillir en masse les « migrants », avec une rhétorique culpublisatrice, et de massives opérations de propagande comme l’exploitation du cadavre du petit Aylan début septembre 2015, pourquoi l’Arabie Saoudite refuse-t-elle absolument, avec les autres pays du Golfe, d’en accueillir sa part, alors qu’elle en a largement les moyens ?
Une des raisons avancées par les autorités saoudienne est la crainte d’importation d’idées subversives, et que leur pays soit victime d’un scénario à la Libanaise, quand un soudain afflux de réfugiés palestiniens avait été l’étincelle du déclanchement de la guerre civile en 1975… comme si ce problème de sécurité par excellence ne se posait pas pour des pays comme la France et l’Allemagne, dont la culture et les traditions sont encore plus différentes…
A défaut d’accueillir sa part de migrants, l’Arabie Saoudite propose à l’Allemagne, en septembre 2015, de financer la construction de 200 mosquées pour les besoins des migrants .
Conclusion
En guise de conclusion, je souhaiterais citer les propos du waqf chiite que nous avons rencontré à Bagdad il y a près d’un mois et qui a spontanément exposé devant nous les graves problèmes de sécurité que posent à terme la lune de miel franco saoudienne . Tous les éléments évoqués dans cet exposé s’y trouvent résumés, de la part d’un éminent représentant d’une communauté qui a payé un tribut extrêmement lourd dans sa guerre contre l’EI, suite à l’invasion de l’Irak par ce dernier en juin 2014, et l’appel au jihad contre l’EI lancé en réponse par la plus haute autorité chiite d’Irak, l’ayatollah al-Sistani .
« Le wahhabisme est un problème qui se pose pour le monde entier. Avec tristesse nous constatons que les Etats européens se sont trompés sur le sens de Daech ; ils se sont attardés jusqu’à ce qu’ils fassent à leur tour l’épeuve du terrorisme que nous subissons. L’erreur des Européens, c’est qu’ils ont ouvert leurs pays, et leurs villes, aux grands centres religieux wahhabites et aux grandes mosquées. Ils ont laissé des gens faire jusqu’au recrutement des gens qu’ils envoient pour combattre avec Daech et qui reviennent par la suite semer le désordre parmi les populations civiles et paisibles en Europe. Jusqu’à présent, on le remarque, malgré ce désastre, en Europe et spécialement en France les autorités agissent timidement avec ces gens et avec cette pensée qui est destructrice. Et je pense particulièrement que la cause de cet aveuglement vient beaucoup plus de considérations économiques et financières qui sont imposées par ceux qu’on connaît : l’Arabie Saoudite et ses moyens financiers énormes. Nous constatons avec tristesse que le gouvernement français préfère l’argent sale des pays qui exportent le wahhabisme, à la sécurité et à la valeur du sang de leurs citoyens. (…) Ce qui est étrange c’est que ces pays européens imposent des embargos sur des états moins dangereux, alors qu’ils savent que l’Arabie Saoudite est plus dangereuse pour la sécurité du monde que ces pays-là ; pourtant ils laissent faire. S’il y a bien une liste d’états terroristes, et une liste noire au Conseil de Sécurité pour les pays européens, normalement la première place devrait revenir à l’Arabie Saoudite. Je vous dis cela avec connaissance et certitude parce que les méthodes d’enseignement en Arabie Saoudite, ce qui se remarque dans les manuels scolaires, vise à imprimer dans l’esprit des élèves, du primaire jusqu’à l’université, que celui ne pense pas comme eux n’a pas droit à la vie. Toutes les mosquées en Arabie Saoudite sont sous l’autorité des wahhabites, et la portée et les principes du wahhabite, c’est qu’eux-seuls sont les vrais croyants et que seuls parlent au nom de Dieu. Tous les moyens des médias, tous les écrits comme les livres, les journaux, et autres, ils axent leurs articles et leurs moyens d’information sur ce point : takfiri. Takfir c’est :« tu ne crois pas comme moi, donc tu n’as pas le droit à la vie ». Nous savons que tout l’argent des hommes d’affaire saoudiens dont les fortunes sont énormes, quand ils donnent ce qu’ils appellent Zaket ou les dons, l’aumône, tout cet argent qu’ils réunissent est envoyé à ces terroristes. Je ne pense pas que les politiciens en France ignorent cela, et ils savent exactement ce qui se passe en Arabie Saoudite (…), mais ils ferment les yeux pour des intérêts économiques. »