La politique scientifique et industrielle de la Chine en matière d’exploitation des terres rares depuis 1980

David Mascré

Dr en mathématiques, Dr en philosophie Directeur de recherches en école d’ingénieurs

2eme trimestre 2010

Au cœur du dynamisme scientifique et industriel de la Chine se trouve la politique d’acquisition de terres et de ressources jugées stratégiques pour son développement économique. En quelques années la Chine est ainsi devenu le premier producteur, le premier exportateur mais aussi le pre­mier consommateur mondial de terres rares. La Chine développe pour l’avenir l’ambition, non pas seulement de devenir le premier producteur au monde de terres rares, mais aussi le numéro un mondial en matière de fabrication et de commercialisation de produits utilisant les terres rares. Pour ce faire, elle a connu une montée en puissance dans la mise en place des programmes nationaux de recherche sur les hautes technologies associées aux terres rares et parallèlement l’État chinois engagea une réforme visait à réaliser la concentration du secteur en favorisant le regroupement des différents acteurs au sein de grandes entreprises d’État. Enfin, la mise en réseau des laboratoires et le maillage territorial témoignent de la nouvelle configuration de l’espace de recherche et d’enseignement supérieur chinois en matière d’étude des terres rares pour assurer les objectifs de long terme de la Chine.

Il est difficile de comprendre la politique de la Chine à l’égard des res­sources stratégiques sans prendre en considération la volonté politique qui n’a eu de cesse, depuis trois décennies, de présider au redressement et au progressif retour sur la scène internationale de ce pays vaste comme un continent. Au plan économique, cette volonté politique de redressement économique et de réaffirmation diploma­tique s’est traduite par la mise en œuvre de plans de développement à long terme suivis avec résolution et persévérance par les différents gouvernements qui se sont succédé depuis trois décennies à la tête de l’État chinois.

L’arrivée de Deng Xiao Ping et de son équipe au pouvoir marque de ce point de vue un authentique tournant[1]. Elle ouvre pour la Chine une ère nouvelle, caractérisée par une volonté sans faille de mener le pays sur la voie du développement et de faire de la Chine, d’ici 2030, la première puissance économique, industrielle et commerciale mondiale. Les étapes à franchir pour parvenir à cet objectif sont d’entrée bien identifiées.

Dès 1979, Deng Xiaoping fixe à la Chine comme objectif de devenir la première puissance commerciale du monde à l’horizon 2000. Le défi est d’autant plus colossal à l’époque que la Chine s’affiche aux derniers rangs des classements internationaux pour nombre d’indicateurs clés – croissance, développement économique, dévelop­pement humain. Qu’à cela ne tienne, la Chine mettra les bouchées doubles. Pour parvenir à remplir les objectifs qu’elle s’est fixée, la Chine va ainsi mettre en œuvre une politique résolument volontariste et ne ménager aucun sacrifice. L’enjeu est clair : « la Chine doit y arriver par tous les moyens » dixit Deng Xiaoping : adhésion aux principales organisations internationales conçues sous parrainage américain (OMC, FMI), adoption des règles et des mécanismes de l’économie de marché, abandon de la collectivisation. Aucun effort ne sera épargné. Le but affiché dès cet époque par les responsables du PCC est de mettre sur pied un schéma économique et commercial permettant de doter la Chine d’une balance des paiements chroni-quement excédentaire, l’excédent de devises ainsi dégagé devant servir à financer tout à la fois l’achat de brevets, l’acquisition de terres et de ressources jugées straté­giques, la mise en œuvre de projets industriels innovants, le soutien aux projets de recherches scientifiques susceptibles de déboucher sur des ruptures technologiques majeures, l’acquisition d’entreprises étrangères jugées stratégiques par le parti.

Les terres rares : un exemple frappant des capacités de planification stratégique et de développement organique de l’empire du milieu en matière scientifique, économique et industrielle

Parmi les projets industriels reconnus comme particulièrement innovants, ceux liés aux terres rares sont prioritairement mis en avant. Dès son arrivée au pouvoir, Deng Xiao Ping s’attache à faire de ces 17 lanthanides l’un des leviers de puissance de la montée en gamme chinoise. Son projet de développement scientifique et in­dustriel tient en un slogan, particulièrement évocateur et clair : « Le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares ». Il s’agit donc de faire des terres rares l’un des leviers stratégiques par lesquels la Chine parviendra à bâtir sa montée en puissance, à l’instar de ce qui avait prévalu deux décennies plus tôt pour l’Iran et les pays du Golfe.

Dès 1986, trois savants chinois soumettent à Deng Xiao Ping un plan censé permettre à la Chine de rattraper son retard en matière technologique. Le plan est bientôt adopté par Deng qui après quelques corrections le soumet aux membres du Comité central du Parti communiste chinois. Le plan recevra aussitôt l’approbation des membres et sera validé sous le nom de programme de recherche et de dévelop­pement national dans les hautes technologies, ou encore de programme 863. Le but de ce plan, au témoignage du ministre de la science et de la technologie de l’époque est « de fournir à la Chine un point d’appui dans sa stratégie d’entrée dans l’arène mondiale ; d’aider la Chine à réaliser des percées scientifiques dans des domaines techniques clés liés à l’économie et à la sécurité nationales ; enfin d’aider la Chine dans sa course à saute-mouton vers la suprématie économique en lui permettant de se doter de clés de démarrage et de tremplins propres à l’aider à réaliser sa politique de décollage économique ; en résumé, il s’agit de fournir à la Chine des supports scientifiques et industriels dans le domaine des hautes technologies de manière à lui permettre de réaliser sa politique de mise en œuvre de la troisième étape du décollage économique.[2] » Pour ce faire, la Chine entend jouer de ses atouts ; et au premier rang de ces atouts, des terres rares dont elle dispose en abondance. Dès cette époque, des sommes considérables sont donc investies dans le domaine de manière à permettre à la Chine de ses doter d’une industrie de pointe dans ce secteur. Le but est de rattraper le retard de la Chine en matière technologique et de la faire sortir de son statut de pays du tiers monde pour la faire accéder au statut de nation développée.

Les savants chinois vont dès lors développer mettre les bouchés doubles et cher­cher à tirer le meilleur parti des remarquables propriétés physiques et chimiques qu’offrent ces matériaux. Dès cette époque les progrès combinés de la physique des matériaux, des nanotechnologies, de la chimie des phénomènes d’oxydation et de l’exploitation à grande échelle de ces minerais laissent entrevoir aux savants chinois et russes des voies nouvelles et laisse espérer de nombreuses applications qui pour­raient modifier en profondeur les systèmes d’armes du pays.

Pour la Chine, l’enjeu est d’autant plus important que le pays devient à la même époque le premier producteur mondial de terres rares[3] . D’habiles législations permettent à la Chine de multiplier les champs d’extraction et de retraitement. En quelques années la Chine est ainsi devenu le premier producteur, le premier exportateur mais aussi le premier consommateur mondial de terres rares.

Les statistiques de l’académie chinoise des terres rares (Chinese Society of rare Earths) en attestent : la consommation intérieure chinoise a connu une croissance rapide et ininterrompue depuis 2004. Le phénomène n’a cessé de s’accentuer au fil des dernières années au point que la consommation intérieure chinoise dépasse aujourd’hui les 70 000 tonnes par an. Les secteurs pour lesquels la hausse de la de­mande a été la plus forte ont été en priorité ceux liés à l’industrie des nouveaux ma­tériaux – aimants, phosphores, batteries, catalyseurs. À lui seul, ce secteur recouvre en effet désormais près de 60 % de la demande intérieure chinoise. Cette demande va incontestablement continuer à croître dans les années à venir du fait notamment des investissements massifs consentis par les autorités chinoises au secteur des éner­gies propres. Avec un investissement global de 34 milliards de dollars, la Chine était en 2009, le premier investisseur mondial dans les technologies d’énergie propres. Depuis 2006, la Chine a doublé chaque année ses capacités éoliennes. Désormais le pays est en outre le premier producteur au monde de turbines éoliennes. D’ici 2020 on s’attend à ce que la Chine porte sa capacité de production annuelle d’électricité à partir de sources éoliennes à plus de 100 gigawatts (contre 12 en 2008)[4].

Quelque impressionné que l’on puisse être par le programme chinois de contrôle des minerais de terres rares, celui-ci ne constitue pourtant qu’une étape dans le plan de développement à long terme envisagé par la Chine. Le plan de projection de puissance que veut mettre en œuvre la Chine à travers l’exploitation systématique des terres rares ne se laisse véritablement interpréter et sérieusement circonscrire qu’à la condition de l’avoir remis dans sa perspective globale : la volonté à terme de remonter l’ensemble de la chaîne de valeur pour en contrôler chacun des segments. Ce que souhaitent en effet les autorités chinoises, c’est moins sans doute de s’assurer du contrôle global sur la ressource que du contrôle global sur les produits dérivés de l’exploitation de cette ressource. Pour le dire autrement, ce que souhaitent à terme les autorités chinoises c’est moins de contrôler les gisements que l’ensemble de la chaîne de valeur associée à l’ensemble de la filière. Plus encore que les terres rares eux-mêmes, ce sont en réalité l’ensemble des produits finis dérivant de cette filière ou intégrant en leur sein ces composants que les Chinois visent à maîtriser. Pour ce faire les autorités chinoises ont mis sur pied une politique extrêmement élaborée destinée à faire à terme de la Chine non pas seulement le premier producteur au monde de terres rares mais aussi le leader mondial en matière de fabrication et de commercialisation de produits utilisant les terres rares[5].

Infodominance, maîtrise technologique, suprématie scientifique et contrôle de la chaîne de valeur, bref aperçu historique des acteurs en présence et de leurs rapports de force (1980-2006)

Bien que l’existence des terres rares fût connue des géologues chinois de longue date, l’intérêt du pouvoir chinois pour ces ressources particulières est historique­ment relativement récent. C’est du milieu des années 1960 que l’on peut véritable­ment dater la progressive focalisation du pouvoir chinois sur cette ressource. Dès cette époque, les autorités du PCC commencent à porter une attention soutenue à cette ressource. Alertés par les savants chinois, ces dernières perçoivent rapidement tout l’intérêt stratégique et militaire que peuvent avoir à terme ces précieux mine­rais aux étranges propriétés physiques. Pour autant, la prise de décision ne sera pas immédiate. Il faudra encore de longues années avant que cette prise de conscience ne débouche sur la mise en oeuvre d’un véritable programme de développement centré sur ces ressources.

Jusqu’alors, la principale source de production de terres rares dans le monde était la mine du Mountain Pass en Californie. Détenue par la major minière Molycorp Minerals, ce site fournissait à lui seul une part importante de la production mon­diale de terres rares.

À partir du milieu de la décennie 1980-1990, la Chine est progressivement montée en puissance dans secteur. Du fait du faible niveau de sa main d’œuvre, la Chine a ainsi contribué à faire baisser les coûts d’extraction et de production des terres ares, entraînant une baisse des cours marchés mondiaux des terres rares. Pris à la gorge par cette baisse soudaine et inattendue des prix d’extraction, nombre de producteurs occidentaux se sont ainsi vus contraints, pour ne pas faire faillite, de diminuer leur volume de production, voire d’envisager la reconversion complète de leurs activités. Une entreprise comme Molycorp a ainsi vu la part de l’extraction de terres rares dans son chiffre d’affaires fondre comme neige au soleil. « En exportant à des prix très faibles, les Chinois ont éliminé toute concurrence occidentale : leur monopole s’est peu à peu installé.[6] »

Seule une hausse régulière des prix des terres rares – sous l’effet d’une demande accrue – pourrait à terme relancer les systèmes de production occidentaux. Certains experts estiment ainsi qu’à l’horizon 2014, les États-Unis, le Canada l’Australie et l’Afrique du Sud pourraient rouvrir des mines[7]. Certains experts comme le profes­seur Jean-Claude Bunzli, de l’institut fédéral suisse de technologie considère pour sa part que les volumes de terres rares utilisés dans les équipements militaires et autres systèmes d’arme est suffisamment faible pour ne pas justifier la réouverture immédiate des mines occidentales même en cas de restriction soudaine des appro­visionnements en provenance de Chine. Il n’en reste pas moins que le poids prédo­minant de la Chine dans l’extraction et la production de terres rares constitue dès à présent une source d’inquiétude légitime pour plusieurs pays occidentaux. Plus encore qu’une rupture des approvisionnements, c’est la perte de savoir faire et le risque de déphasage accru par rapport aux ingénieurs de pointe chinois qui consti­tue ici le danger potentiel majeur.

La mise en place des premiers programmes nationaux de recherche sur les hautes technologies associées aux terres rares

La Chine en effet n’a cessé depuis le début des années 1990 de développer son potentiel scientifique et industriel en matière de gestion des terres rares. Consciente de l’intérêt stratégique que revêt cette ressource, elle a investi massivement dans la réalisation de laboratoires destinés à soutenir l’effort de recherche sur ces matériaux. Différents programmes sont ainsi venus soutenir institutionnellement l’impulsion donnée avec constance par le haut état major militaire chinois et les plus hautes autorités politiques chinoises : c’est ainsi qu’ont successivement vu le jour le pro­gramme 863 (programme national sur la recherche et le développement des hautes technologies) et le programme 73 (programme pour la recherche nationale fonda­mentale). Quoique ces programmes n’aient pas été mis en place dans l’intention de soutenir telle industrie précise ou tel projet particulier[8], il est clair que la conjonc­tion de ces programmes et leur mise en musique simultanée ont joué pour beau­coup dans l’inexorable montée en puissance de la Chine en ce domaine. Ces pro­grammes offrent en effet des millions dollars aux projets de recherche, qu’ils soient civils ou militaires. Peu importe qui réalise ou conduit ces programmes. L’essentiel est que ces programmes contribuent chacun à leur niveau à combler le décalage technologique de la Chine avec les autres pays industrialisés et à doter l’empire du milieu le leadership en ce domaine tant au plan scientifique qu’au plan industriel et technique.

La Chine possède en effet une remarquable capacité d’anticipation de l’avenir. Par le biais de la planification et d’un système de recrutement qui vis e à porter au sommet de la pyramide si ce n’est toujours les plus doués, du moins ceux qui auront fait la preuve de leur capacité à maîtriser parfaitement leur discipline scientifique, la Chine est en effet en train de se doter d’une véritable force de frappe scientifique qui pourrait d’ici quelques années la rendre absolument incontournable sur plu­sieurs thématiques scientifiques clés. En 1992, au cours de la visite qu’il accomplit sur le site de production de Bayan Obo – la plus importante mine chinoise de terres rares, Deng Xiaoping eut cette phrase prophétique : « Le Moyen-Orient a le pétrole ; la Chine a les terres rares ». Sept années plus tard, Jiang Zemin décla­rait : « améliorer le développement et l’application des terres rares et transformer l’avantage minier en supériorité économique », tel est l’objectif que doit se fixer la République populaire de Chine. En 1996, deux représentants du centre d’informa­tion chinois sur les terres rares, centre localisé dans l’institut de recherche sur les terres rares en Mongolie intérieure, Wang Minggin et Dou Xuehong, publiaient un mémoire intitulé « the history of China » « Rare earth industry ». On pouvait y lire ce propos : « L’arrivée soudaine de la Chine dans l’industrie des terres rares et son érection au rang de producteurs , de consommateurs et de fournisseur principal des terres rares et autres produits dérivés des terres rares constitue à n’en pas douter l’un des phénomènes marquants des trente dernières années, l’un de ceux qui auront le plus contribué à transformé l’histoire récente des terres rares[9] ».

En fait, l’intérêt de la communauté scientifique chinoise pour les terres rares est bien antérieur aux années 90, date de leur véritable mise en exploitation in­dustrielle. Savants et politiques savent depuis longtemps qu’ils bénéficient avec les terres rares d’une ressource stratégique de choix. Une véritable perle qu’il s’agit pour eux d’exploiter et d’utiliser au mieux.

Dès 1952, les autorités chinoises créent l’Institut de recherche sur les métaux non ferreux. En 1950, les mêmes autorités chinoises décident d’ouvrir la mine de Bayan Obo. Située en Mongolie intérieure, à 130 kilomètres au nord de Baotou, cette mine servira de concession et de point d’appui au développement de la future Baotou Iron and Steel Company. À la fin des années 50, la Chine, toujours mar­quée par le modèle scientifique hérité du puissant voisin soviétique, cherche à déve­lopper son industrie lourde. Des dizaines de grands projets industriels faisant appel à l’industrie métallurgique voient le jour, encouragés par Mao et ses hommes qui, soucieux de rattraper le retard avec la Russie soviétique, décident de lancer la Chine dans la politique du grand bond en avant.

Du coup, les terres rares commencent à leur tour à faire l’objet d’une attention soutenue de la part des savants chinois. Certains scientifiques et certains industriels commencent à se demander si ces matériaux étranges ne pourraient pas également servir au pays.

Une étape décisive est franchie au début des années 60 avec l’engagement d’un plan d’investissement de plusieurs années dans le complexe de Bayan Obo. Dès cette époque, le plan de développement prévoit de faire du complexe minier le premier centre mondial d’extraction de terres rares. L’effort d’investissement en matière d’extraction se double d’un effort d’investissement tout aussi important dans le domaine scientifique. Bayan Obo ne doit pas seulement être un centre d’extraction mais un centre de recherche et développement de premier plan en matière d’étude des terres rares. En quelques années, des centaines de savants et de géologues diplômés sont recrutés : ils se voient confier par les autorités centrales la responsabilité de chercher des méthodes plus efficaces d’extraction des terres rares.

Des budgets importants sont votés pour permettre aux équipes nouvellement for­més de devenir se constituer et de travailler dans les meilleures conditions.

Ces éléments montrent que, dès cette époque, la Chine est soucieuse de ne pas se retrouver prise au piège de la dépendance minière. Mieux, qu’ayant médité l’exemple des pays voisin et tiré les premières leçons des indépendances africaines et asiatiques, la Chine a dès cette époque compris le danger qu’il pouvait y avoir pour elle à se voir réduite et ravalée au rang de simple pays producteur de matières premières[10]. Dès cette époque, la Chine refuse donc les schémas de développement proposés respectivement par la superpuissance soviétique ou la superpuissance américaine et cherche à développer un modèle protecteur de sa souveraineté qui lui permette de coupler décollage industriel, politique de recherche ambitieuse et maintien des principaux instruments de souveraineté. Cette volonté de mise au ser­vice de l’indépendance nationale des progrès liés au développement scientifique se manifeste notamment par la création et l’ouverture, en 1963, du Baotou Research Institute of Rare Earths.

La mise sur pied de laboratoires de pointe spécialisés dans la chimie des terres rares et les applications des terres rares

La Chine compte aujourd’hui deux grands laboratoires d’État travaillant sur les terres rares[11] : le laboratoire d’État sur les la chimie des matériaux rares et de leurs applications, affilié à l’université de Pékin (state key laboratory of rare earth materials chemistry and applications) et le laboratoire d’État d’étude des procédés d’utilisation des terres rares à Changchun, au nord de la province de Jilin.

À ces complexes de recherche s’ajoutent naturellement des supports éditoriaux et de publication. La Chine compte ainsi deux revues scientifiques spécifiquement dédiées à la recherche et aux études sur les terres rares : le Journal of Rare Earth et le China Rare Earth information, tous les deux soutenus par la société chinoise d’étude des terres rares. Fondée en 1980, la société compte parmi ses membres des dizaines de milliers de chercheurs et de techniciens spécialisés dans l’étude des terres rares. Cet ensemble harmonieusement agencé de structures aux missions spécifiques clai­rement identifiées donne à la Chine une véritable force de frappe scientifique en matière de recherche minière.

Le développement en parallèle et en partenariat des programmes de recherche civils et militaires

Dans son effort de prise en charge et de valorisation de la ressource consti­tuée par les terres rares, la Chine ne s’est naturellement pas cantonné aux seules recherches civiles. Depuis des années, les autorités chinoises étudient également les possibles applications militaires que seraient susceptibles d’avoir les terres rares. Cet effort de recherche et d’investigation des applications potentielles des terres rares dans le champ militaires n’est pas en soi chose nouvelle : on peut en faire remonter les prodromes au milieu des années 60. Dès cette époque, l’industrie d’armement chinoise commence en effet à développer des programmes de recherche visant à déterminer quelles applications pourraient avoir les terres rares dans le domaine des blindages et des projectiles. La Chine s’est ainsi progressivement spécialisée dans la fabrication et la production en série de blindages pour tanks contenant des propor­tions non négligeables de terres rares[12].

Depuis 1963 au moins, la Chine a recours pour ses pilons et mortiers à des aciers à base de terres rares. Ces derniers se sont révélés remarquablement efficaces dans le percement des blindages. Ils présentent en effet des propriétés dynamiques de pénétration deux à trois fois supérieures à celles que l’on observe traditionnelle­ment pour les pilons constitués à partir d’aciers standard. Ces aciers ont en effet la propriété de déchiqueter les blindages accroissant ainsi considérablement la puis­sance létale des obus et mortiers placés dans les engins. Avant d’utilise ces engins d’impact, la Chine avait recours à des alliages d’acier fabriqués à partir de saumons de fonte[13] de haute qualité. Ces derniers contenaient en effet 30 à 40 % de ferraille d’acier et pouvaient de ce fait servir de matériau de fabrication des chambres de pré­compression pour les projectiles. Les projectiles pré-compressés fabriqués au moyen de cette ancienne technique se révélèrent à l’usage peu résistant et hautement cas­sant. Ils présentaient un taux de létalité après impact relativement faible, du fait notamment du faible nombre de fragments produits et du caractère insuffisamment tranchant des aciers ainsi générés.[14]


Les alliages constitués à base de magnésium et de terres rares sont relativement solides et légers. Ils sont pour cette raison très prisés par l’industrie aéronautique. La corporation des industries aéronautiques chinoise (China Aviation industry cor­poration) a ainsi développé depuis quelques années toute une série d’alliages consti­tués en mêlant magnésium et terres rares.

Outre leurs usages comme projectiles et comme matériaux aéronautique, les terres rares sont également utilisées par la Chine sous d’autres formes.

La Chine s’est ainsi mise dans le sillage des États-Unis et s’attache de plus en plus depuis quelques années à développer des technologies duales.

La Chine a ainsi développé des recherches très approfondies sur les pouvoirs combustibles des terres rares notamment dans leurs applications militaires. Elle a en outre développé des programmes d’étude sur les applications nucléaires – civiles mais aussi militaires – des terres rares, les blindages protégeant contre les radiations nucléaires et thermiques. Les terres rares sont en effet des aimants permanents qui présentent des propriétés magnétiques cent fois supérieures à celles observées dans les aciers magnétiques traditionnellement utilisés dans les blindages et les équipe­ments militaires construits dans les années 70 et 80. Les terres rares trouvent égale­ment des champs d’application dans le domaine de la guidance laser, des systèmes de communications laser, des sonars, des matériaux supraconducteurs.

Tous éléments qui en font, on le voit, un matériau stratégique pour une nation soucieuse de se hisser au sommet de la hiérarchie mondiale tant au plan écono­mique et financier qu’au plan politique et stratégique.

 

2006-2011 : la foudroyante et efficiente restructuration de la filière académique et scientifique d’étude des terres rares

La reconfiguration d’ensemble de la filière de production et des acteurs du secteur

Une étape de plus est franchie en 2006. Cette année là le PCC décide de faire de l’exploitation massive des terres rares l’une des clés du développement économique à long terme de la Chine.

Une fois la décision d’exploitation massive engagée deux problèmes se posèrent rapidement à la Chine. Le premier tenait au nombre trop important d’acteurs pré­sents dans la filière. Le second, à l’hétérogénéité de taille des entreprises investies dans le secteur. La majorité des entreprises travaillant à l’extraction était en effet des entreprises de petite taille à faible capitalisation financière. Or la Chine avait un besoin pressant, pour se poser en géant mondial de l’industrie minière, de disposer de conglomérats puissants, capables d’investir massivement à l’étranger et de com-péter directement avec les géants anglo-saxons, australiens ou brésiliens présents sur le secteur. La multiplicité des petites entreprises et l’absence corrélative de géant dans le domaine présentait de ce point de vue un inconvénient certain.

La multiplication des petites entreprises entraînait en outre avec elle une autre conséquence : la difficulté pour l’État central de contrôler réellement ce qui se passait sur son propre territoire en matière d’extraction minière. L’anarchie éco­nomique régnante et le vide juridique existant favorisaient le développement des mines clandestines en même temps que le développement dans le secteur d’un au­thentique marché noir. La multiplicité des acteurs et l’informalisation d’une partie de la production – phénomène courant sur le continent africain mais plus rare en Asie – empêchait la bonne fixation des prix et surtout l’établissement par l’État cen­tral d’une base fiscale et de règles de prélèvement et de contrôle commune à tous.

Enfin la multiplicité des entreprises accroissait le risque de dommages environ­nementaux avec risque à terme de production d’une catastrophe sanitaire à grande échelle. Or, comme le note Christian Hocquard, économiste des ressources miné­rales au sein du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), « la métal­lurgie des terres rares est difficile et peut se révéler très polluante, surtout lorsqu’elle est menée par des acteurs aux moyens limités ».

Le pouvoir central réagit en décidant d’adopter tout un train de mesures. Il com­mença par fermer les mines clandestines. En quelques années, plus de 280 mines il­légales furent ainsi fermées. À partir de 2009, l’État chinois engagea par ailleurs une grande réforme de la filière. Initiée au plus haut niveau de l’État, cette réforme visait à réaliser la concentration du secteur en favorisant le regroupement des différents acteurs (plus de 220 à l’époque) en une trentaine d’entités. Enfin, pour s’assurer du contrôle des acteurs et de la production, l’État imposa des normes d’exploitation et des licences d’exploitations. Seules les grandes entreprises d’État constituées dans le cadre de ces opérations de regroupement furent autorisées à recevoir des permis d’exploitation[15].

 

L’objectif de cette politique de regroupement était à l’époque triple :

– Préserver et optimiser l’usage de la ressource via

  • la rationalisation de l’emploi des terres rares
  • la réalisation d’économie d’échelle
  • la lutte contre la contrebande

– Contrôler les prix via :

  • la création d’un syndicat professionnel des terres rares
  • l’instauration d’un marché de négoce dédié aux terres rares
  • l’utilisation du pouvoir réglementaire pour fixer les quotas d’exportation
  • l’utilisation du pouvoir réglementaire pour fixer les prix à l’exportation

– Réduire les nuisances environnementales via :

  • l’imposition de normes universelles – norme ISO 9000[16] – aux entreprises désireuses d’entrer sur le marché et postulant à l’octroi de quotas à l’expor­
  • la publication d’un décret du Conseil des Affaires de l’État imposant une réduction des polluants[17] dans l’eau rejetée

Cette politique de concentration, engagée dès 2005, n’a cessée d’être confirmée depuis lors. Elle est sortie renforcée du plan 2010-2015, qui vise à rassembler les droits d’exploitation des mines dans les mains de quelques entreprises solides.

Savants, experts et politiques : la mise en avant de l’excellence scientifique

La montée en puissance de l’industrie chinoise des terres rares ne relève pas seu­lement d’une saine rationalisation économique et d’une efficace gestion adminis­trative du dossier relayée avec constance par les missi dominici du pouvoir central à chacun des niveaux de la hiérarchie économico-industrielle ; elle résulte également d’une authentique culture de l’effort qui s’enracine dans la connaissance technique pointue des dossiers. En Chine, les décisions relevant des choix stratégiques de dé­veloppement sont toujours prises de façon collégiale. Le domaine des terres rares, comme tous les domaines relevant de la recherche fondamentale et des programmes de recherche à caractère stratégique, ne fait pas exception à cette règle.

Dans l’organigramme chinois, une subtile hiérarchisation s’établit entre les sa­vants, les conseillers et les décideurs. Même si ce ne sont pas eux qui disposent des leviers de commande et des pouvoirs de décision, les savants et autres experts sont généralement très écoutés. Dans les discussions stratégiques, il arrive souvent que ce soient eux qui obtiennent le dernier mot. Ce sont eux en tous les cas que l’on écoute le plus longuement et le plus assidûment. Généralement le champ d’étude est suf­fisamment balisé pour que l’avis de l’expert ne souffre pas contestation et autorise l’autorité politique à engager rapidement la décision. Lorsque les sujets sont plus controversés, il arrive que le pouvoir central soit appelé à auditionner à plusieurs reprises les experts sollicités, voire à constituer une ou plusieurs commissions ad hoc destinées à éclairer le législateur et le décideur quant au meilleur choix à arrêter pour parvenir à l’objectif fixé.

Sans parler de retour au mandarinat, on peut donc affirmer qu’en Chine le sa­vant dispose d’une aura et d’une capacité d’influence bien supérieure à celle qui lui sont généralement reconnues dans les démocraties occidentales. Dans le domaine des terres rares, un homme dispose d’une autorité morale et intellectuelle toute particulière : Xu Guangxian. Savant unanimement reconnu, il est salué par ses collègues comme « le père des terres rares ». À côté de ce savant, toute une cohorte de scientifiques est venue renforcer l’expertise scientifique et technique de l’école chinoise des terres rares. C’est ainsi qu’en 2010 pour ne prendre qu’un exemple Wang Pjanzuo, membre de l’académie des sciences de Chine et de l’académie d’in­génierie, a reçu des mains du Président de la République Populaire de Chine Hu Jintao, le prix international du congrès des minerais, distinction suprême dans la hiérarchie académique chinoise.

La mise en lumière soudaine et insistante de ces diverses grandes figures scien­tifiques témoigne du profond boom que connaît actuellement la science chinoise. La multiplication des prix et gratifications académiques officiels, ajoutée à l’esprit d’émulation qui règne désormais un peu partout dans les universités chinoises tra­vaillant dans ce secteur est en train de contribuer à faire naître une véritable école chinoise de géophysique et de géologie dont le savoir faire et la compétence scienti­fique en matière de traitement des terres rares sera appelée à croître dans les années à venir et dont l’expertise – qui à n’en pas douter sera très demandée par les autres pays – risque d’être à son tour un objet de négociation commerciale très précieux pour les autorités centrales de Pékin.

Mise en réseau des laboratoires et maillage territorial : la nouvelle configuration de l’espace de recherche et d’enseignement supérieur chinois en matière d’étude des terres rares

Si pointue qu’elle soit, l’expertise chinoise en matière d’exploitation des terres rares ne repose pourtant pas seulement sur la seule qualité scientifique de quelques savants isolés. En amont de la production scientifique proprement dite, elle peut s’appuyer sur tout un réseau de laboratoires et de centres de recherche qui contri­buent à mailler le territoire. Ces centres qui donnent à la recherche chinois en matière de terres rares constituent le noyau dur de la politique scientifique chinoise. Composés de dizaines de laboratoires rassemblant des centaines de chercheurs tra­vaillant sur ce domaine, ils constituent une authentique force de frappe dont la Chine entend bien user pour accroître dans les années à venir son avance technolo­gique et scientifique dans ce domaine.

L’adossement à des systèmes de financement nouveaux, efficaces et puissants

Le financement de ces laboratoires est directement pris en charge par tout un réseau d’établissements bancaires qui assurent non seulement le bon financement des crédits de recherche ainsi alloués aux laboratoires mais aussi la bonne allocation des crédits de fonctionnement nécessaires au recrutement des chercheurs et à la mise en œuvre au sein des laboratoires des programmes de recherche définis au niveau central. L’ampleur des liquidités dont dispose actuellement la Chine[18] assure la pérennité de ce mode de fonctionnement et garantit aux chercheurs travaillant dans le secteur la pérennité de l’effort de recherche consenti à long terme dans le secteur. « Les principaux établissements bancaires participant aujourd’hui à cet effort de financement sont :

  • La Banque centrale de Chine chargée de conduire la politique monétaire chinoise et de veiller notamment, par ses interventions sur le marché, à la préser­vation et la consolidation des intérêts stratégiques identifiés par le PCC comme majeurs
  • La Banque de développement chinoise chargée d’abonder au financement des projets d’infrastructures

— Les Banques commerciales étatiques[19] : ICBC, Bank of Communication, Bank of Construction, Agricultural Bank of China.

À ces organismes d’État viennent s’ajouter les fonds souverains chinois[20] qui permettent à la Chine de développer à l’international une politique à la hauteur de ses ambitions.[21] » Ces derniers permettent en effet à la Chine de financer l’acqui­sition de mines à l’extérieur du territoire national – en premier lieu en Afrique -mais aussi d’intervenir directement dans le financement et la réalisation des grands réseaux d’infrastructures (réseaux ferrés, installations portuaires, voies routières, adduction d’eau…) indispensables à la mise en œuvre des chantiers d’extraction et d’exploitation des terres rares à l’étranger.

Les objectifs de long terme de la Chine

Cette montée en force des banques chinoises associée à la constitution de gi­gantesques réserves monétaires rendue possible par l’augmentation constante des volumes d’exportation de produits chinois permettent désormais à la Chine de se poser dans le grand jeu international non plus seulement comme un géant com­mercial mais aussi comme une authentique grande puissance économique et finan­cière. Forte de sa compétitivité et de ses réserves en devise, la Chine ne se pose plus seulement en simple sous-traitant docile des nations occidentales mais en véritable challenger de ces mêmes puissances. Son but avoué est désormais de concurrencer ces dernières dans le plus grand nombre possible de secteurs, et en premier lieu dans le secteur clé des hautes technologies. Adossée à un État structuré, dotée d’une équipe de dirigeants unis et solidement formés, armée d’une doctrine de dévelop­pement propre à lui fixer des horizons clairs d’ici 2030, elle apparaît comme une puissance majeure désireuse d’année en année de monter en gamme dans la puis­sance économique.

Cette volonté de montée en puissance se traduit de plus en plus par une foca­lisation sur les industries à forte valeur ajoutée. Sans abandonner les industries de main d’œuvre, sur lesquelles s’est construite depuis trois décennies la lente mais sûre montée en puissance chinoise, la Chine est en effet en train de mettre sur pied une vaste politique d’investissement dans les industries de pointe qui vis à faire d’elle un leader mondial dans la plupart des secteurs de haute technologie d’ici 2015­2020. Le but du pays est désormais de favoriser un modèle de croissance fondé sur l’innovation et non plus sur la seule production des produits semi-finis. La décision d’actionner le levier stratégique des terres rares s’inscrit dans cette perspective. Elle vise clairement à favoriser l’implantation d’entreprises étrangère innovantes, sur le sol chinois, afin de rendre possible les transferts de technologies occidentales, pre­mière étape vers une appropriation par les Chinois eux-mêmes de ces technologies de pointe[22].

Pour ce faire, la Chine s’attache à maîtriser l’ensemble de la filière des terres rares. Son but est de parvenir à un contrôle suffisant de la chaîne de valeur ajou­tée pour pouvoir contraindre les différentes entreprises étrangères qui voudraient s’investir dans ce domaine à venir s’implanter sur son propre territoire.

Par-delà le contrôle de la production proprement dite, la Chine s’attache donc à maîtriser l’ensemble des maillons de la chaîne des savoir-faire associés à l’exploi­tation des terres rares. De la formation des scientifiques à l’exploitation industrielle en passant par la recherche fondamentale et la recherche appliquée, mais aussi le financement bancaire, c’est l’ensemble de la chaîne de valeur sur laquelle la Chine entend désormais assurer sa mainmise et assurer son leadership. Une telle approche ne sera pas sans soulever des difficultés aussi bien politiques qu’industrielles et géos­tratégiques pour un certain nombre de pays occidentaux. Mais il est certain qu’en attendant leur hypothétique – et sans doute trop tardive – réaction, la Chine a dans ce domaine d’ores et déjà acquis plusieurs longueurs d’avance et par sa rigueur scientifique, sa discipline interne et sa capacité de planification stratégique capita­lisé sur les investissements consentis depuis plus de trois décennies dans le domaine.

[1]David Mascré, La Chine et les terres rares, Reims, les éditions de l’infini, 2013, chapitres 1 et 2.

[2]Ministère de la Science et de la technologie de la RPC, http://www.most.gov.cn/eng.

[3]David Mascré, La Chine et les terres rares, Paris, les éditions de l’Infini, 2013, chapitre 2.

[4]J. Seaman, « Le boom des energies propres en Chine », Lettre du centre Asie 48, Ifri, décembre 2009, http :www.ifri.org :.

[5]Cf. Olivier Zajec, « Métaux stratégiques et ressources rares : contexte et enjeux », conférence donnée dans le cadre de la journée d’étude organisée par l’IHEDN le mercredi 9 mars 2011 sur le thème Matériaux stratégiques, quelles alternatives ?, p. 2

http://www.ihedn.fr/userfiles/file/evenements/table-ronde/Mat%C3%83%C2%A9riaux%20

strat%C3%83%C2%A9giques%20et%20ressources%20rares%20contexte%20et%20enjeux%20 -%20O%20%20ZAJEC.pdf.

[6]Ibidem

[7]Elle a fermé en 2002 pour des raisons environnementales liées à l’usage de solvants pour extraire les terres rares. Après une complète réhabilitation et une mise aux normes actuelles, sa réouverture est à nouveau envisagée en 2012.

En Australie, la compagnie Lynas, qui détient un gisement à Mount Weld (Australie-Occidentale) va pouvoir développer ce projet minier grâce à un contrat d’approvisionnement à long terme avec Rhodia. Pour des raisons environnementales, cette entreprise a également dû arrêter l’extraction de terres rares à partir de monazite (associé aux sables de plage titanifères) sur son site de La Rochelle. http://www.actu-environnement.com/ae/news/interview-christian-hocquard-terres-rares-applications-environnementales-impact-chine-10352.php4.

[8]Contrairement aux européens qui semblent avoir oublié depuis quelques années les vertus de la science désintéressée et ne plus jurer que par la recherche finalisée (targeted science/versus open science) les Chinois ont depuis longtemps compris tout le parti qu’il pouvait y avoir à faire fonctionner de concert science libre et recherche finalisée dans un mix vertueux où les découvertes réalisées en sciences fondamentales vont venir alimenter les avancées accomplies sur des programmes ciblées tandis qu’en retour les percées accomplies dans des domaines techniques sur des programmes orientés viendront soulever parfois des questions fondamentales susceptibles de nourrir et de stimuler directement l’activité libre de recherche des purs savants.

[9]Wang Migging, Dou Xuehong, « The history of China’s rare earth industry », Episodes from the History of the rare earth elements ed. C. H. Evans, Dordrecht, Netherlands, Kluwer Academic

Publishers, 1996, 131-147.

[10]Selon une problématique dont tout à l’inverse ne parviendront pas à se sortir la plupart des autres pas du tiers monde.

[11]David Mascré, La Chine et les terres rares, op. cit., chapitre 4.

[12]Li Zhonghua, Zhang Weiping, Liu Jiaxiang, « Application and Development Trends of rare earth materials in modern military technology », Hunan rare-earth materials research academy [China], 16 avril 2006.

[13]Lingot de métal (cuivre, étain, fonte, zinc, le plus souvent, plomb) obtenu en fonderie. Synonyme : .gueuse. Saumon de cuivre, d’étain, de plomb.

[14]Li Zhonghua, Zhang Weiping, and Liu Jiaxiang, « Application and Development Trends of Rare Earth Materials in Modern Military Technology, » Hunan Rare-Earth Materials Research Academy

[Chinese], April 16, 2006.

[15]Baotou Steel Rare earth High-tech Co est le premier producteur de terres rares mondial. Depuis 2007, la société est cotée en bourse à la bourse de Shanghai ; elle possède des droits exclusifs d’exploitation des terres rares dans la région autonome de Mongolie-Intérieure.

[16]Mesure réglementaire émanant de l’Autorité gouvernementale centrale.

[17]Selon Tan Wanli, ingénieur en Chef de la Heli Rare Earth Smeling Co, « les petites et moyennes entreprises vont souffrir des nouvelles normes gouvernementales, pour le plus grand bénéfice des grandes entreprises du secteur. »

[18]En Février 2011, les réserves courantes chinoises avaient officiellement dépassé les 3000 milliards de dollars. Source Ministère du Commerce chinois.

[19]Les quatre banques appartiennent à des capitaux provenant de l’État, son actionnaire majoritaire est la centrale investissement Hujin, elle-même dépendante de la Banque centrale de Chine et du Conseil des Affaires de l’État.

[20]Les fonds souverains sont le CIC, le SAFE ainsi que le China Africa Fund.

[21]Sébastien Jolie et Pierre Talbi, Terres rares, force stratégique, mémoire de l’EISTI (école internationale des sciences du traitement de l’information), 2011, p. 22.

[22]Le cas de la division Rhodia terres rares est symptomatique de cet état de fait. Compte tenu de l’avancement de Rhodia dans les processus de traitement des minerais, la Chine a favorisé l’implantation et le transfert de technologie de l’entreprise française.

Article précédentLes problèmes de l’agriculture, des régions rurales et des paysans : le choix d’un chemin chinois dans une perspective historique
Article suivantLa relation stratégique sino-européenne Les relations extérieures des institutions européennes

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.