Pierre BERTHELOT
Chercheur associé à l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS) Enseignant dans divers établissements d’enseignement supérieur (Université Paris II, Faculté Libre de Droit …)
Trimestre 2010
Obama face au conflit israélo-palestinien : entre espoirs et réalités
Chercheur associé à l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS) Enseignant dans divers établissements d’enseignement supérieur (Université Paris II, Faculté Libre de Droit …)
Le moins que l’on puisse dire, c’est que s’il y a un dossier sur lequel Barack Obama était particulièrement attendu, c’est sur le très complexe conflit israélo-palestinien[1], véritable nœud gordien proche-oriental, et pour plusieurs raisons. D’abord, parce que Georges W. Bush a laissé un véritable champ de ruines derrière lui avec son soutien total à l’État juif, malgré ses tardives et trop timides initiatives d’Annapolis ou sa proposition de création d’un État palestinien (une première pour un président américain). Ensuite, parce que Barack Obama a semblé mesurer pendant sa campagne les difficultés stratégiques, politiques, voire économiques que cela pouvait avoir à long terme pour les États-Unis et qu’il n’est pas apparu comme un faucon pro-israélien, qui de plus s’était prononcé contre l’intervention américaine en Irak. Enfin, parce que seul Washington semble susceptible de faire bouger les lignes dans cette région tourmentée et en permanente ébullition.
Des espoirs immenses sur fond d’ambiguïtés
Cependant, Obama n’a cessé d’envoyer des signaux contradictoires, sinon incohérents durant la campagne électorale. Il n’est pas inutile de rappeler qu’il est celui qui a suscité la plus grande méfiance au sein de la mouvance pro-israélienne parmi les principaux protagonistes des primaires. Côté républicain, il n’y avait aucune véritable divergence sur le soutien inconditionnel à accorder à l’État hébreu, entre l’ancien maire de New York, Rudy Giuliani, le candidat du milieu des affaires, le mormon Mitt Romney, celui de la droite religieuse, Mike Huckabee, et enfin John McCain, le vainqueur final. Mieux, ces derniers ont semblé aller encore plus loin que le président sortant, George W. Bush (pourtant déjà considéré comme un modèle de pro-israélisme), notamment sur la question iranienne, sujet prioritaire pour Tel-Aviv (McCain s’était amusé de la perspective de bombarder l’Iran pendant la campagne). Côté démocrate, le choix s’est vite résumé à un duel, entre la favorite et expérimentée Hillary Clinton, et le jeune et charismatique sénateur de l’Illinois, Barack Obama. La première, bien que moins belliciste que les candidats républicains, n’a pas caché qu’elle se voulait également une amie inconditionnelle d’Israël. Rappelons que, par le passé, elle avait exprimé une forte compassion pour le drame des Palestiniens lors d’une visite au Proche-Orient avec son époux, Bill Clinton, dont elle partageait alors l’essentiel des idées. Mais elle s’est progressivement muée en un faucon démocrate, à la fois pour se distinguer de son époux et surtout car elle est devenue sénateur de l’État de New York, bastion démocrate mais où réside aussi une importante communauté juive qui lui reprochait ses propos passés, très peu « politiquement corrects » dans un pays où il n’est pas habituel de mobiliser l’émotion de façon plus équilibrée. Quant à Barack Obama, il a été assez vite écar-telé entre sa volonté d’avoir une approche plus nuancée par rapport à ce soutien inconditionnel, qui selon lui est un obstacle pour la stabilisation du Moyen-Orient et les interventions américaines, et la nécessité de ne pas s’aliéner la communauté juive, à la fois pour les primaires et pour l’élection finale.
D’une manière générale, on soulignera que les minorités (Noirs, Juifs, Latinos…) votent traditionnellement et majoritairement pour les démocrates au États-Unis, et que toute défection dans cette catégorie peut dans le cas d’un résultat final serré être fatale. Pourtant, dès le début de sa campagne, et même bien avant, Obama a su rallier nombre d’électeurs juifs pro-israéliens (il n’existe que très peu de juifs antisionistes aux États-Unis), estimant que son approche plus équilibrée était non pas un handicap mais plutôt un atout pour Tel-Aviv, quitte à faire pression sur l’État hébreu lorsqu’il se montrait trop intransigeant. C’est la position de personnalités comme Henry Siegman[2] et également de ceux qu’il a rapidement désignés comme étant ses futurs collaborateur clés, Emmanuel Rahm et David Axelrod. Certains ont affirmé que c’étaient d’indispensables gages pour rassurer tout ceux qui avaient des doutes sur la sincérité du maintien de la « relation spéciale » avec Israël, en partie à cause de ses origines musulmanes, de sa volonté d’entamer un dialogue avec l’Iran ou de son opposition farouche à l’intervention en Irak.
Mais le geste le plus spectaculaire a été son discours devant l’AIPAC, le puissant lobby pro-israélien, où il a non seulement réaffirmé un soutien total à Israël, mais aussi précisé que Jérusalem devait rester la capitale une et indivisible de l’État juif. Une position pourtant contraire au droit international, ce que le juriste Obama ne pouvait ignorer, et aussi un obstacle majeur dans toute tentative de règlement définitif du conflit israélo-palestinien. Mais ses défenseurs ont estimé que sa visite à l’AIPAC était en quelque sorte un passage obligé pour tout candidat sérieux à la présidence, car il reste un soutien très puissant, bien que d’une part ses idées aient été largement défaites sur le terrain ou que d’autre part d’autres lobbys pro-israé-liens beaucoup plus modérés aient récemment émergé (J Street en particulier), qui correspondent mieux à la vision d’Obama. Suite à l’indignation qu’ont suscitée ses propos, tant au sein de l’aile gauche démocrate que des Américains d’origine arabe et musulmane, Obama a ensuite tenté de les nuancer, mais cela a d’emblée montré ses limites potentielles sur ce dossier, les obstacles qu’il devrait affronter et les illusions que les idéalistes ou les naïfs devraient abandonner tôt ou tard.
Le discours du Caire, prononcé le 5 juin 2009 et qui restera probablement l’un des plus importants d’Obama et aussi l’un des plus marquants dans l’histoire de la politique étrangère américaine, a cependant fait momentanément oublier ces tergiversations, sinon ces ambiguïtés, tant il a soulevé d’immenses espoirs, dans la mesure où il a prôné une nouvelle approche vis-à-vis du monde arabo-musulman, plus ouverte et plus respectueuse. Celle-ci a été critiquée tant par les néoconservateurs, qui estiment qu’il aurait dû faire un discours équivalent en Israël, que par certains de leurs anciens partisans, à l’instar du très influent professeur de relations internationales Francis Fukuyama, qui restent attachés à la promotion des valeurs libérales et qui pensent que ce rapprochement ne doit pas signifier leur abandon au Moyen-Orient[3]. C’est l’un des nombreux dilemmes auxquels est confronté Obama, qui veut peut-être aller dans le sens de la rue arabe, mais ne peut se mettre à dos les dirigeants au pouvoir dont il a besoin pour stabiliser la région.
Une stratégie erronée ?
Dès le départ, Obama a rencontré un obstacle de taille, lorsqu’il s’est installé définitivement à la Maison-Blanche fin janvier 2009 : l’élection de Benjamin Netanyahou[4] (qui revient au pouvoir presque concomitamment en mars de la même année), alors que le nouveau président aurait probablement souhaité une victoire de Tzipi Livni, la candidate du parti de centre-droite Kadima, fondé par Ariel Sharon et issu d’une dissidence du Likoud et du Parti travailliste. Pour beaucoup d’observateurs, il aurait commis une erreur stratégique en fixant dès le départ la barre trop haut en exigeant un gel de la colonisation. Il aurait également eu tort en privilégiant une diplomatie publique et non discrète, sinon secrète, qui aurait pu être plus efficace, car pour Israël qui souffre à tort ou à raison d’un profond complexe d’obsidionalité (et ce n’est pas le seul État dans ce cas dans la région), toute impression de faiblesse face à une pression au grand jour ne peut être tolérée, fût-elle issue d’un allié privilégié, car elle reviendrait à lui faire perdre son pouvoir de dissuasion, un de ses principaux atouts. Pour d’autres, Obama n’aurait en revanche que copié la méthode qu’il a adoptée avec succès au niveau de la réforme de la santé : partir d’un objectif ambitieux pour progressivement obtenir, via des concessions mutuelles, l’essentiel.
Si les autres crises régionales où sont notamment impliqués les Américains de façon directe (Irak, Afghanistan) n’en sont pas moins importantes et plus violentes, la position d’Obama était connue depuis longtemps : retrait progressif dans le premier cas et renforcement de la présence dans le second cas (le dossier israélo-palestinien). Même sur l’Iran, le candidat avait dès le départ annoncé une décrispation (à laquelle il n’a pas encore vraiment renoncé) qui correspondait à sa stratégie globale et probablement à ses idéaux. Le dossier israélo-palestinien est à tort ou à raison considéré comme le plus important de tous ceux auxquels la communauté internationale tente d’apporter une réponse depuis plus de soixante ans : il est le réceptacle des frustrations arabes, régulièrement manipulé par les pouvoirs en place ou les différentes forces politiques régionales qui en font un prétexte pour maintenir une chape de plomb sur leurs populations et un certain immobilisme, quand d’autres tentent de se l’approprier à défaut d’apporter des solutions concrètes aux problèmes existants.
Ce que l’on oublie trop souvent, c’est que la façon d’aborder le conflit de la part de ses principaux protagonistes est duale et intègre une dimension aussi bien interne qu’externe. Ainsi, tout président américain est sensible aux répercussions internes que ses prises de position pourront avoir au plan local, d’autant plus qu’il est en campagne permanente, puisque tous les deux ans ont lieu des élections importantes qui se préparent très en amont (renouvellement du Congrès en particulier), et que les élections présidentielles se tiennent tous les quatre ans. Dans l’hypothèse plus que probable où le président sortant se représente (seul Lyndon Johnson ne s’y est pas risqué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale), la campagne dure près d’un an. En outre, dans ce dernier cas, il existe une primauté de quelques grands États, susceptibles de faire basculer le scrutin, et la communauté juive y est surreprésentée par rapport au reste des États-Unis. Chaque candidat craint ainsi que, en exprimant des positions trop critiques par rapport à Israël, Obama ne s’aliène cet électorat qui voterait pour son adversaire, sans compter les importants financements dont il devrait se priver. Mais en réalité, c’est moins cet effet communautaire qui est craint que la mobilisation des réseaux conservateurs et sionistes chrétiens, hostiles à la création d’un véritable État palestinien, c’est-à-dire viable économiquement et réellement indépendant. De même, en Israël et contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, toute décision de politique intérieure, lorsqu’elle a trait à l’enjeu palestinien, est scrupuleusement étudiée à l’aune de la réaction américaine, la seule qui compte véritablement pour l’État hébreu.
Le tournant de mars 2010
Après une période d’observation de près d’un an et des critiques répétées (censées prolonger la dynamique du Caire) mais sans véritables risques de la part de l’Administration Obama, face aux trop timides gestes de l’État juif (un gel de la colonisation qui n’est que partiel), ce dernier et ses alliés croient venu le moment de montrer leur force, après avoir disposé de tout le temps nécessaire pour s’y préparer et jauger leur nouvel « ami-adversaire » : c’est le tournant du printemps 2010. La première salve est lancée lors de la visite du vice-président Joe Biden au Proche-Orient et en Israël courant mars. Alors que ce dernier, plutôt considéré comme bienveillant vis-à-vis de l’État juif, s’y rend pour tenter de convaincre à nouveau les Israéliens de la nécessité de stopper une colonisation qui n’a jamais véritablement cessé, ces derniers le reçoivent en annonçant le lancement de nouvelles « implantations ». C’est l’un des pires camouflets reçus par un très haut responsable américain de la part d’un de ses alliés[5], à tel point que Michael Oren, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, déclare aux diplomates de son pays que les relations israélo-américaines traversent leur crise la plus sérieuse depuis trente-cinq ans (lorsque Nixon a fait pression sur Israël pour qu’il se retire d’une partie du Sinaï). Pourtant, il est abusif de parler d’une rupture majeure, du moins à court terme et sauf coup de théâtre. En effet, il y a eu des vraies crises dans le passé et beaucoup plus graves, notamment lorsque James Baker et George Bush père, sans passer à l’acte toutefois, ont menacé vigoureusement non de limiter l’aide américaine, mais de ne plus garantir certains prêts israéliens. Cette situation ne modifiera probablement pas la donne à court terme mais, à plus longue échéance, elle peut jouer contre les États-Unis, mais surtout contre Israël, points sur lesquels nous reviendrons ultérieurement.
C’est dans ce contexte de tensions qu’un autre événement à la portée presque historique se produit, toujours en mars 2010 : le général David Petraeus, qui supervise alors les forces américaines au Moyen-Orient, estime lors d’une audition devant le Congrès que l’alliance inconditionnelle avec Israël, dans sa configuration actuelle, est une menace tant à court terme qu’à long terme pour les intérêts américains dans la région, et il déclare notamment : « La poursuite des hostilités entre Israël et certains de ses voisins constitue un réel défi pour notre capacité à défendre nos intérêts au Moyen-Orient. Les tensions israélo-palestiniennes débouchent souvent sur de la violence et des confrontations armées à grande échelle. Le conflit israélo-palestinien alimente le sentiment antiaméricain du fait de la perception d’un favoritisme américain envers Israël. La colère arabe quant à la question palestinienne limite la solidité et l’intensité des partenariats avec les gouvernements et les peuples de la région, et affaiblit la légitimité des régimes modérés dans le monde arabe. Parallèlement, Al-Qaida et d’autres groupes militants exploitent la rancœur des populations pour obtenir leur soutien. Le conflit donne aussi à l’Iran une capacité d’influence dans le monde arabe à travers ses clients, le Hezbollah libanais et le Hamas. » Il ne fait cependant que relayer les propos de spécialistes américains de politique étrangère, appartenant à une école réaliste ou néoréaliste, dégagée de toute idéologie, et qui avaient déjà eu l’occasion de critiquer le poids excessif du lobby pro-israélien dans la politique étrangère américaine et les menaces que cela représentait pour toute la stratégie de Washington au Moyen-Orient[6].
En mars, enfin, a lieu le congrès annuel de l’AIPAC, qui donne lieu également à une démonstration de force presque sans précédent et qui associe non seulement les soutiens traditionnels d’Israël aux États-Unis, mais également au-delà, puisque l’on y trouve Tony Blair, qui en principe, en tant qu’envoyé spécial du « Quartet » au Proche-Orient, aurait dû faire preuve d’une plus grande neutralité. Mais la bataille d’influence continue et, pour porter l’estocade, il suffit d’une lettre signée au printemps par la majorité des membres du Congrès (qui étaient déjà présents au congrès de l’AIPAC[7]), rappelant au passage qu’il faudra du temps avant de modifier les fondamentaux de la vie politique américaine et que le vote des réformes majeures sera plus difficile en cas de crispation accentuée entre Washington et Tel-Aviv. Ils réaffirment les « liens indestructibles entre les États-Unis et Israël », critiquent de façon feutrée les propos du général Petraeus, soulignant qu’« Israël a été un allié et un ami constant, et a permis de promouvoir les intérêts américains », et s’auto-proclament en quelque sorte spécialistes des enjeux stratégiques au Moyen-Orient, plus à même d’évaluer la situation locale que les plus chevronnés et les plus réputés des officiers militaires. Bref, le rapport de force apparaît nettement en défaveur d’Obama à l’issue de ce mois de mars et du printemps 2010.
Obama, un jeffersonien au pouvoir ?
Très schématiquement, les présidents américains peuvent être rangés en quatre grandes catégories (qui font référence à de prestigieux hommes d’État), en ce qui concerne leur approche de la politique étrangère[8] : les hamiltoniens, les wilsoniens, les jeffersoniens et les jacksoniens. Chaque courant a ses atouts et ses faiblesses, et en général il emprunte parfois aux uns et aux autres, l’homogénéité parfaite étant plutôt rare. C’est pourquoi, par exemple, lorsqu’on parle de « wilsonisme botté[9] » à propos de George W. Bush, cela signifie qu’il emprunte aux wilsoniens et aux jack-soniens, et souvent les présidents construisent des coalitions regroupant les uns et les autres. Bill Clinton était à la fois hamiltonien (par son approche plutôt consensuelle) et wilsonien (lorsqu’il bombardait la Serbie au nom de la défense des droits des Kosovars).
Les hamiltoniens sont des réalistes (d’autres diront des cyniques), qui pensent que les gouvernements doivent surtout faire la promotion des intérêts commerciaux de leur pays, aussi bien à l’étranger (c’est-à-dire à travers une politique extérieure active) qu’au plan interne, ce qui passe aussi par un pouvoir central plus fort (Kissinger fait partie de cette tradition, ainsi que ceux qui entouraient George Bush senior, qui est donc très présente chez les républicains modérés ou traditionnels). Les wilsoniens, probablement les plus connus et les plus étudiés, sont associés à la promotion des valeurs morales, des droits de l’homme et de la démocratie (ceux-là mêmes qui avaient été à la base de la fondation des États-Unis), notamment au niveau international. Ainsi, la proposition visant à créer une « Ligue des démocraties », qui viendrait se substituer à une Organisation des Nations unies jugée inefficace, corrompue, voire immorale, reprise par John MacCain et les néoconservateurs pendant la campagne de 2008, est initialement issue du courant internationaliste démocrate, l’un de ses inspirateurs, Ivo Dalder, ayant par ailleurs été nommé par Obama représentant auprès de l’OTAN. Les jeffersoniens sont partisans d’une moindre implication mondiale afin de mieux se concentrer sur les problèmes internes, à travers un vrai système fédéral, qui laisse une autonomie importante aux États. Les jacksoniens sont partisans de la force, aussi bien au niveau national qu’international, et moquent les attitudes des autres courants, pensant détenir seuls ou presque la vérité, bien qu’ils ne soient pas obnubilés par l’interventionnisme extérieur, qui doit être justifié par une vraie menace pesant sur le pays (mais, dans cette hypothèse, des moyens maximums et sans limites pourront être utilisés).
Obama est considéré par les spécialistes de politique étrangère comme étant plutôt un jeffersonien qui, à l’inverse des wilsoniens, ne considère pas que la stabilité internationale doive nécessairement passer par une éradication des systèmes dictatoriaux ou autoritaires dont on peut s’accommoder, à condition qu’ils n’agissent pas contre les intérêts américains. Pourtant, il emprunte aussi aux hamiltoniens et suit d’une certain manière les traces de Kissinger et Nixon, notamment dans sa stratégie en Irak et en Afghanistan, qui peut être comparée à la « vietnamisation » proposée par les deux dirigeants républicains au début des années 1970, visant à se retirer progressivement en laissant le pouvoir à des régimes amis, fussent-ils peu regardants sur les libertés fondamentales. Même analogie avec sa main tendue à l’Iran, qui fait écho à la stratégie poursuivie par Kissinger avec la Chine de Mao (décrispons nos relations sans interférence mutuelle au plan interne et en préservant nos chasses gardées respectives), bien que les conditions diffèrent profondément et que le succès ne soit pas forcément au rendez-vous, comme pour l’« irakisation » ou l’« afgha-nisation ». Ce qui compliquera la mise en place de la stratégie jeffersonienne, qui suppose au préalable des succès au plan international et une stabilité concomitante pour pouvoir véritablement se désengager partiellement et se concentrer sur les enjeux domestiques. D’autant plus que, malgré eux, les États-Unis sont en quelque sorte dépendants de leur statut d’« hyperpuissance », car il n’existe pas de véritable concurrent et d’alternative susceptible de jouer ce rôle de stabilisateur au plan mondial, à moins de laisser la Chine agir en ce sens (si elle acceptait toutefois de le faire, ce qui n’est pas acquis), ce qui représenterait un danger presque plus grand que le désengagement partiel ou toute autre forme de « néo-isolationnisme ».
Parce qu’il n’a pu contenir la menace iranienne, par ignorance ou naïveté, qu’il s’est empêtré dans l’affaire des otages, qu’il n’a pu faire ratifier son traité de désarmement avec l’URSS (car le Congrès lui était sur ce point hostile), qu’il était réputé avoir un manque d’expérience et un véritable attachement aux droits des Palestiniens, Carter rappellerait Obama[10], sinon l’inverse, et pour leurs détracteurs ils auraient les mêmes faiblesses, ainsi que le même tropisme jeffersonien, oubliant au passage que Carter a accru de façon considérable le soutien à la résistance afghane, sous l’impulsion de Brzezinski, lors de sa dernière année à la Maison-Blanche.
L’une des difficultés supplémentaires, lorsqu’il s’agit de mener une politique plus équilibrée, comme tente de le faire Obama, c’est que, en général, « […] les tenants du réalisme politique sont si minoritaires qu’ils sont contraints d’emprunter à l’idéalisme traditionnel son style : ils font appel à l’enthousiasme moral, à l’esprit de croisade plus qu’à la prise de conscience des intérêts nord-américains. Finalement, ces flambées de réalisme expriment surtout un attachement romantique à la puissance nationale et aux vertus militaires qui vont à l’encontre du courant principal de la pensée américaine ». On le voit, les dilemmes nombreux et les équilibres délicats auxquels Obama restera confronté sont loin d’être achevés.
Les paradoxes d’une « relation spéciale »
La relation qui unit les deux États, fondement de la politique étrangère américaine, semble presque unique, et seul le Royaume-Uni semble avoir réussi au cours des précédentes décennies à nouer une si étroite coopération avec Washington que l’on parle de « relation spéciale », à l’instar d’un couple qui se connaîtrait parfaitement et qui, malgré les difficultés et les divergences de vues, ne souhaite ou ne peut divorcer. Il est vrai que, dans un monde qui a connu maints bouleversements géopolitiques depuis l’effondrement du mur de Berlin, avec l’affaiblissement de l’ex-camp soviétique, l’irruption du djihadisme international et la montée en puissance des pays émergents, elle propose des repères aisément identifiables et renforce les « valeurs communes » aux deux États, le 11 septembre y contribuant grandement, soulignant au passage l’effet contre-productif des actions d’Al-Qaida pour la cause palestinienne. On retrouve également cette même affirmation commune dans la toute-puissance du droit, de l’idéal démocratique, et cette volonté de s’affranchir du carcan trop étroit des règles supranationales et du droit « interpuissances[11] », d’où le peu de scrupules de Washington à être souvent le seul État à défendre Israël au Conseil de sécurité de l’ONU, à refuser de voir ses ressortissants jugés par la Cour pénale internationale[12], à proposer un système d’exception à Guantanamo ou à ne pas se laisser enfermer dans des alliances trop rigides[13].
Le premier paradoxe que l’on se doit de souligner à propos de cette alliance est que les deux États ou du moins une partie plus ou moins importante de leurs dirigeants (Obama, Biden et Hillary Clinton aux États-Unis, Pérès et Livni en Israël, voire Netanyahou lui-même) ont conscience que cette situation est intenable à moyen ou long terme. Ils le savent et pourtant ils sont condamnés à l’immobilisme relatif qui prévaut depuis près de vingt ans. Car, si ce sont des puissances ou des superpuissances militaires, elles sont très instables politiquement. Si comparaison n’est pas raison et que la réalité des faits est sur certains aspects très différente, elle n’est pas sans rappeler la crise algérienne à l’époque de la IVe République, avec un gouvernement central très instable, qui trouve une certaine forme de consensus à travers le maintien de la colonisation (qui suscite cependant de vraies divergences) et n’est pas véritablement vaincu d’un point de vue militaire, mais avec une situation intenable.
L’autre paradoxe le plus prégnant est que ceux qui se définissent comme les amis les plus proches d’Israël, et en grande partie à la base du blocage actuel, sont en réalité les mêmes qui, lorsqu’ils ont été au pouvoir, au cours des trente dernières années, ont presque toujours contribué par leurs incohérences à l’aggravation du sentiment d’insécurité d’Israël ou à sa réelle vulnérabilité. Ainsi, Reagan ne s’est pas vraiment opposé à l’invasion du Liban, et pourtant, si elle a été un succès à court terme (marginalisation de l’OLP au pays du Cèdre), elle a fait naître une menace beaucoup plus redoutable sur le long terme, avec la montée en puissance du Hezbollah, qui à son tour a aidé et inspiré le Hamas, autre épine dans le pied des Israéliens. C’est également Reagan qui était au pouvoir lors du déclenchement de la première intifada, et qui a cru que, en accordant un blanc-seing à l’État hébreu, cela lui faciliterai la tâche, mais il n’en a rien été. Avec les mandats de Bush senior et de Clinton, moins inconditionnels d’Israël mais à la marge de manœuvre limitée par un Congrès le plus souvent conservateur, de réels progrès pour la sécurité d’Israël ont été obtenus, même si le contexte international, régional et local les a aidés (c’est ainsi la dernière période qui voit l’existence de gouvernements travaillistes, avec Rabin, Pérès et Barak), avec une OLP hégémonique qui a abandonné la lutte armée, et un Iran contenu (avec la politique du « double endiguement » ). Avec le retour fréquent de coalitions majoritairement ancrées à droite depuis 2001 en Israël, quasi concomitantes à la période Bush junior, on a assisté à une seconde intifada (bien qu’elle ait débuté à la fin du mandat de Barak, elle a en partie été déclenchée par une provocation de Sharon). Celle-ci a abouti à la mort de centaines de victimes israéliennes, souvent à la suite d’attaques kamikazes, à un niveau jamais vu auparavant. Puis il y a eu l’affrontement spectaculaire avec le Hezbollah au cours de l’été 2006, où Israël n’a pas été véritablement vaincu mais n’a cependant pas réussi un seul instant à arrêter le flot incessant de roquettes et de missiles envoyés par le « parti de Dieu », malgré des représailles considérables sur le Liban, et ses populations civiles principalement. Enfin, nous rappellerons brièvement que les interventions en Afghanistan et celle tout à fait incohérente contre l’Irak ont davantage renforcé l’Iran qu’elles ne l’ont affaibli, alors que cet État est considéré à tort ou à raison comme la principale menace qui pèse sur Israël. Un ami se doit d’être clairvoyant et pas seulement loyal ou fidèle, et l’objectivité ou le réalisme n’est pas le point fort de cette coalition pro-israélienne majoritairement républicaine mais aussi très présente chez les démocrates (avec des faucons qui n’ont parfois rien à envier à ceux du camp d’en face, comme Joe Lieberman). Ce qui prévaut, c’est l’émotion, l’idéologie, la confusion entre le religieux et le politique, la foi dans la toute-puissance messianique de l’Amérique, sa supériorité morale, et enfin le primat de la force comme solution la plus efficace pour affronter les tensions et les conflits. Leurs visions binaires ne laissent que peu de place pour la complexité, les nuances (toute critique même justifiée est une menace absolue pour la sécurité d’Israël et donc des États-Unis), la négociation ou les révolutions stratégiques d’envergure, telles qu’aurait pu les envisager Kissinger, renoncements et faiblesses[14]. Autant d’éléments que l’on retrouve chez une bonne partie de la classe politique israélienne actuellement au pouvoir, ce qui explique ainsi les convergences si fortes entre ces différents protagonistes. On passera rapidement sur une autre étrangeté de cette relation spéciale qui a déjà été abondamment commentée et qui concerne le soutien sans faille apporté à Israël par ces « chrétiens sionistes » qui, en réalité, pour accélérer la venue du Messie, souhaitent à terme que les juifs se convertissent !
Troisième paradoxe, c’est que les « ultras » affaiblissent à long terme non seulement Israël, mais les États-Unis eux-mêmes et donc le soutien futur de Washington à l’État hébreu[15]. Il n’est ainsi pas impossible que les différents revers politico-militaires essuyés par les Américains au sein du « Grand Moyen-Orient », associés à une marge de manœuvre financière encore considérable mais en recul, aboutissent à un désengagement progressif, sans qu’il puisse forcément être assimilé à un authentique retour à l’isolationnisme qui a si souvent tenté la première puissance mondiale dans le passé. Dès lors, il apparaîtrait de moins en moins justifié de garantir un minimum d’achats à l’industrie d’armement israélienne, qui n’a pu atteindre les performances que l’on connaît sans cette condition indispensable. L’idéal serait en réalité pour l’État hébreu que la situation ne soit ni trop apaisée, ni trop catastrophique pour son allié américain, pour espérer qu’il puisse maintenir un niveau d’implication important. Cette remarque vaut d’ailleurs pour les deux principaux alliés sunnites de Washington dans la région, l’Égypte et la Jordanie, qui ont été en première ligne pour diffuser et accréditer la thèse du croissant chiite, alors que celui-ci n’est qu’une simplification géopolitique qui ne permet pas de comprendre toute la complexité régionale. En effet, pour Le Caire et Amman, la paix signifie qu’ils perdront leur rôle d’intermédiaires dans les laborieuses tentatives de négociations qui existent maintenant depuis près de vingt ans dans la région (si l’on met à part les accords de Camp en 1978) et la rente que cela leur assure, alors qu’une instabilité excessive, outre le retrait américain partiel que cela pourrait entraîner, risque de les déstabiliser par ricochet.
Un bilan de mi-mandat décevant et un regain d’optimisme à moyen terme ?
Si l’on établit un bilan à mi-mandat, la stratégie d’Obama semble avoir échoué. Et les derniers développements qui ont eu lieu en septembre 2010 confirment cette tendance puisque l’on assiste même à une régression avec la non-reconduction, pour le moment, du moratoire partiel qu’il avait obtenu l’an dernier. Le plus surprenant n’est d’ailleurs pas tant ce recul d’Obama[16] que la position du chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui n’a pas démissionné ou claqué la porte des négociations alors qu’il s’était avancé en ce sens s’il y avait reprise de la colonisation, perdant probablement ainsi le peu de crédit dont il pouvait encore disposer.
Pourtant, Obama, et il l’a prouvé à maintes reprises, est un fin stratège, qui tombe difficilement dans les pièges qui lui sont tendus et, qui plus est, est incroyablement tenace et déterminé, alors que certains vétérans des négociations israélo-palestiniennes commencent à désespérer et estiment que rien ne bougera véritablement dans les prochaines années[17]. Les Israéliens ne doivent donc pas estimer qu’ils auront définitivement gagné la partie parce que Obama n’aura pas fondamentalement pu changer la donne au cours de son premier mandat. Il dispose d’autres armes plus subtiles et plus pernicieuses qui pourraient consister à instiller dans l’opinion, par divers relais, que désormais cette alliance menace les États-Unis ou ses soldats, et ainsi prendre à contre-pied les « patriotes », à qui il ferait porter le poids des échecs américains, leur ôtant ainsi leur argument principal. Cela pourrait entraîner un basculement des perceptions vis-à-vis d’Israël et de ses partisans les plus inconditionnels et les plus intransigeants, comme l’AIPAC, alors que de nombreux spécialistes américains se font régulièrement l’écho de la nécessité de réfléchir à une nouvelle approche[18], puisque celle qui a été privilégiée jusqu’ici et qui tend à être trop marquée du tropisme pro-israélien n’a pas fonctionné. Ils veulent rompre avec cette logique si particulière qui fait qu’Israël a été tellement soutenu par les États-Unis que désormais la critique la plus élémentaire tourne à l’affrontement violent et à l’incompréhension totale, et ils soulignent qu’un bon stratège ne peut devenir l’otage de son alliance, mais que cette dernière doit être avant tout au service de ses intérêts.
D’un point de vue interne, Israël pourrait se trouver face à une situation de plus en plus délicate, avec la stagnation de l’immigration juive, la persistance d’une forte minorité arabe et le risque récemment évoqué de la proclamation de l’État palestinien (qui l’obligerait à davantage s’impliquer dans la gestion des Territoires occupés). Les États-Unis de leur côté auront bientôt une minorité de « non-Blancs », avec des populations potentiellement moins proches d’Israël, car issues du Sud. On observe ainsi que presque toute l’Amérique latine se situe entre hostilité et neutralité par rapport à Israël, et non dans le soutien total, et que les nouveaux migrants sont souvent d’origine catholique et donc moins sensibles aux élucubrations millénaristes des évangélistes et au christianisme sioniste essentiellement protestant. L’évolution internationale majeure observée récemment est la montée en puissance du multilatéralisme et des pays émergents qui souhaiteront avoir leur mot à dire dans la gestion des affaires du monde, comme l’ont montré la Turquie (auparavant seul véritable allié musulman d’Israël au Proche-Orient) et le Brésil, qui a soutenu Ankara dans le cadre d’une initiative conjointe visant à proposer une autre issue que l’affrontement inéluctable sur le dossier nucléaire iranien.
Restent les évolutions internes au sein de la communauté juive. Il est significatif que de nombreuses études aient montré que la question de la sécurité d’Israël reste un enjeu important, mais qu’il n’est pas dans les priorités des nouvelles générations. Ce qui peut expliquer le succès de J Street, créé en 2008, soutenu discrètement par Obama, et qui promeut, comme l’AIPAC, une relation privilégiée avec Israël mais à travers une approche plus nuancée, également moins sécuritaire et belliciste. L’émergence de J Street, à laquelle fait écho l’apparition de J Call en Europe, permet de rappeler que 78 % des Juifs américains soutiennent la solution des deux États, que 59 % estiment nécessaires le retrait de la Cisjordanie occupée et le démantèlement des colonies, tandis que la question de Jérusalem recueille une légère majorité en faveur des thèses israéliennes[19]. Cette évolution est donc un signe encourageant et une condition nécessaire bien qu’insuffisante pour parvenir à sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le conflit israélo-palestinien.
S’il était réélu, Obama pourrait cependant disposer de plus de marge de manœuvre, car il ne serait pas obnubilé par sa réélection et pourrait alors mettre en œuvre un certain nombre de mesures qui avaient été envisagées[20] par des experts ou certains de ses conseillers, avant que ne surgisse le tournant de mars 2010, même si cela dépend aussi de l’évolution interne du lobby pro-israélien, dont nous avons souligné la capacité à s’orienter timidement vers plus de pragmatisme. Ainsi, Obama pourrait s’abstenir de soutenir systématiquement Israël au Conseil de sécurité de l’ONU, réduire partiellement et progressivement la coopération militaire dans certains domaines, sous réserve que cela ne menace pas réellement et de façon décisive la sécurité d’Israël (comme l’ont proposé des responsables européens), insister pour que l’État hébreu participe aux prochaines conférences sur la non-prolifération au Proche- et au Moyen-Orient, ou réduire ses garanties financières à certains prêts, comme l’avait fait James Baker en 1991-1992, bien que les performances économiques d’Israël amoindrissent aujourd’hui cette perspective et que le contexte international soit différent.
Mais Obama reste également dépendant d’événements sur lesquels il n’a pas véritablement de prise, comme la crise iranienne, qui est utilisée par une partie des dirigeants israéliens comme prétexte pour ne pas bouger sur le volet palestinien (Lieberman demande par exemple que la question iranienne soit réglée avant que toute négociation sérieuse soit envisagée avec Mahmoud Abbas). Or, rien ne peut véritablement empêcher Téhéran d’avancer vers la possession de l’arme atomique à court ou moyen terme, puisque Ahmadinedjad estime que ses propositions (notamment dans le cadre d’un accord impliquant la Turquie et le Brésil) n’ont pas reçu d’écho favorable et que des bombardements semblent pour le moment exclus, leur efficacité étant mise en doute et leurs conséquences se révélant probablement plus explosives encore que la détention de l’arme suprême[21].
La tâche d’Obama s’annonce donc autant, voire plus difficile pour les deux années le séparant de la fin de son mandat (ou davantage dans l’hypothèse d’une réélection) pour pouvoir avancer sur ce dossier israélo-palestinien, et il devra compter non seulement sur une conjoncture internationale plus apaisée, mais aussi sur un gouvernement plus ouvert en Israël et un pouvoir plus affirmé dans les Territoires palestiniens, dans un contexte d’affaiblissement de sa marge de manœuvre au Congrès, suite aux pertes essuyées après les élections intermédiaires de novembre 2010.
[1]S’il existe de très nombreux ouvrages équilibrés et objectifs sur la politique américaine au Moyen-Orient, en revanche, ceux qui sont spécifiquement consacrés à l’approche du conflit israélo-palestinien par Washington sont plus rares.
[2]Ancien directeur de l’American Jewish Congress, beaucoup plus modéré que l’American Jewish Committee, qui édite la très néoconservatrice revue Commentary.
[3]Francis Fukuyama, « What became of the Freedom Agenda? », The Wall Street Journal, 10 février 2010.
[4]Alain Dieckhoff, « Obama-Netanyahou : un couple impossible ? », Politique internationale, n° 128, été 2010, pp. 295-316 (disponible sur www.politiqueinternationale.com).
[5]Alain Gresh, « Tel-Aviv piétine ses alliés », Le Monde diplomatique, avril 2010 (disponible sur www.monde-diplomatique.fr).
[6]John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2008 (pour la version française).
[7]Ils s’étaient déjà manifestés en ce sens, un an plus tôt, au printemps 2009.
[8]Walter Russell Mead, « The Carter syndrome », Foreign Policy, janvier-février 2010.
[9]Selon l’expression de Pierre Hassner.
[10]Walter Russell Mead, « The Carter syndrome », Foreign Policy, janvier-février 2010.
[11]Charles Zorgbibe, « Droit international et réalisme politique dans la politique étrangère américaine », Géostratégiques, n° 23, janvier-mars 2009, p. 25. Voir également « Diplomatie américaine : le retour de la grande tradition, entretien avec Richard Hass », Politique internationale, n° 124, été 2009.
[12]Julian Fernandez, « Genèse et déclin de l’esprit de Rome », Annuaire français des relations internationales, 2006, vol. VII (www.afri-ct.org).
[13]Alexandra De Hoop Sheffer, « La politique étrangère de l’administration Obama. La quête d’un nouvel équilibre entre réalisme et internationalisme », Annuaire français des relations internationales, volume X, 2009, et « Les États-Unis de Barack Obama : vers un renouveau du multilatéralisme ? », Questions internationales, n° 39, 2009.
[14]Cette mouvance n’hésite pas à se revendiquer de Reagan qui par sa posture maritale aurait porté le coup décisif à l’URSS. Or, ils oublient trop vite qu’il a procédé à une véritable détente avec Gorbatchev et a plutôt concilié fermeté et ouverture (d’où les critiques dont il a été victime de la part des néoconservateurs). Voir Peter Beinart, « Think again : Ronald Reagan », Foreign Policy, juillet-août 2010 (www.foreignpolicy.com ).
[15]Haïm Malka, « Dangerous Brinkmanship », Center for International and Strategic Studies/ Middle East Program (Middle East Notes and Comments), mars 2010 (http://csis.org).
[16]Certains avaient ainsi anticipé qu’Obama ne pourrait pas modifier en profondeur l’héritage de Bush, tant ce dernier aurait profondément marqué et influencé les fondamentaux internes et externes à travers ses nombreuses ruptures (Yannick Mireur, Après Bush : pourquoi l’Amérique ne changera pas, Choiseul Éditions, 2008).
[17]Aaron David Miller, « The false religion of Mideast peace », Foreign Policy, mai-juin 2010 (www.foreignpolicy.com).
[18]Foreign Affairs, septembre-octobre 2010, vol. 5, n° 89. Ce dernier numéro, qui s’intitule « Remaking the Middle East », pose la question de négociations ouvertes avec le Hamas ou l’ouverture d’un débat sur la possibilité de rendre officielle l’existence d’un arsenal nucléaire israélien, et les bénéfices que cela pourrait procurer.
[19]Alain Dieckhoff, op. cit. L’auteur souligne que les critiques ou les pressions sur Israël sont admises par les Juifs américains lorsqu’elles sont justifiées.
[20]Pierre Razoux, « How to put pressure on Netanyahu », The New York Times, 15 septembre 2010, et également, du même auteur : « Comment Barack Obama peut-il faire pression sur Benjamin Netanyahou ? » Défense nationale, novembre 2009.
[21]François Géré, Iran, l’état de crise, Karthala, coll. « Lignes de repère », 2010.