Le Général Alain LAMBALLE
Avril 2008
Le Bangladesh et la Birmanie sont intéressants à plusieurs titres. Les deux
pays possèdent une image négative dans le monde. Selon la plupart des études
internationales, ils se classent parmi les pays les plus pauvres et les plus corrompus.
L’un et l’autre ont connu et connaissent des troubles dus à des insurrections
et à des actes de terrorisme, ils servent de lieux de passage pour toutes sortes de
trafic, notamment la drogue et les armes. L’extrémisme islamique y sévit, surtout
au Bangladesh mais aussi en Birmanie du fait de l’existence d’une minorité musulmane
remuante.
Pays contigus, le Bangladesh et la Birmanie constituent une zone de transition
entre l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est, entre l’Asie brune et l’Asie jaune. C’est
une raison supplémentaire pour s’intéresser à cette région. Cet article se propose
d’examiner les relations que les deux géants asiatiques voisins, la Chine et l’Inde,
entretiennent avec ces pays-charnières que sont le Bangladesh et la Birmanie et leurs
luttes d’influences.
Le Bangladesh, un enjeu pour l’Inde comme pour la Chine
Culturellement, le Bangladesh fait partie du monde indien et se trouve dans la
sphère d’influence et dans la zone d’intérêt immédiat de l’Inde. Mais la Chine s’y
intéresse de près.
L’Inde entretient des relations médiocres avec le Bangladesh, bien qu’elle ait
contribué à sa naissance en 1971, par intérêt afin d’affaiblir le Pakistan en le scindant.
Le partage d’un héritage culturel commun, symbolisé par le philosophe
bengali Rabindranath Tagore dont les écrits ont inspiré la composition des deux
hymnes nationaux n’a engendré aucun effet bénéfique dans les relations politiques.
Jusqu’à présent, New Delhi et Dacca se sont nuis mutuellement.
Dacca, en concertation avec Kathmandu et Islamabad, a oeuvré pour octroyer
à la Chine le statut d’observateur au sein de la South Asian Association for Regional
Cooperation (SAARC) lors de la réunion de cette association en novembre 2005.
L’Inde ne s’y est pas opposée car, isolée, elle n’était pas en mesure de le faire. Elle
déclara même, pour ne pas rester en retrait, que la présence chinoise serait une
bonne chose. Le Bangladesh assurait à l’époque la présidence de l’association et
accueillait la réunion.
L’Inde refuse un droit de transit libre au Bangladesh qui voudrait avoir accès
au Népal et au Bhoutan ainsi que, bien qu’il ne l’affirme jamais, à la Chine par le
Tibet tout proche. Son attitude semble dictée par la crainte de voir se multiplier les
échanges avec la Chine par son territoire et le Népal, voire le Bhoutan, avec tous les
risques que cela impliquerait pour son développement et sa sécurité (mouvements
importants d’étrangers y compris chinois, arrivée massive de produits chinois,
contrebande, ingérences politiques, propagande, …). Les routes existent entre le
nord du Bangladesh et le sud du Népal et du Bhoutan en passant par l’étroit corridor
de Shiliguri reliant le nord-est de l’Inde au reste du pays. Un raccordement des
réseaux ferrés indien et bangladais serait aisé. Le port de Mongla, le second en importance
du Bangladesh après Chittagong, pourrait facilement servir de débouché
pour le Népal et le Bhoutan, voire évidemment à la Chine et d’accès à ces mêmes
pays à partir de la mer.
Le Bangladesh refuse de son côté à l’Inde tout transport routier entre le Bengale
occidental et les Etats du Nord-Est, acceptant seulement des transports fluviaux et
depuis peu mais de manière limitée ferroviaires. La circulation de camions indiens
entre le Bengale occidental et les Etats du Nord-Est reste interdite car elle pourrait
se traduire, estime Dacca, par un accroissement notable de la contrebande et par
une implication, peu souhaitable et non voulue, dans les insurrections de l’Assam
et autres provinces indiennes voisines (on pourrait, par exemple, l’accuser de laisser
passer des armes et munitions). De plus, ses routes souffriraient du fait du tonnage
important des camions indiens. Le risque d’augmentation du nombre de malades
du SIDA serait grand avec les conducteurs de camions, vecteurs bien connus de la
transmission de la maladie en Inde même.
L’Inde, citant en exemple le développement des communications routières
et ferroviaires avec le Pakistan, demande en vain la création via le Bangladesh
de liaisons directes par autobus entre Kolkata, capitale du Bengale occidental et
Agartala, capitale du Tripura. Des lignes de bus existent entre Kolkata et Dacca
depuis 2003 et entre Dacca et Agartala depuis 2007. L’Inde souhaiterait également
établir des lignes de bus entre Dacca d’une part et Shiliguri (Bengale occidental),
Guwahati (dont un faubourg, Dispur, est la capitale de l’Assam) et Shillong (capitale
du Meghalaya) d’autre part. Le Bangladesh souhaiterait, lui, une liaison avec
la capitale népalaise. Une liaison ferroviaire pour les passagers seulement mais pas
pour les marchandises a été récemment établie entre Kolkata et Dacca (plus précisément
Joydebpur, 25 kilomètres au nord, pour des raisons d’écartement des voies).
L’Inde a étendu son réseau de chemin de fer jusqu’à Agartala et souhaiterait pouvoir
le connecter au réseau bangladais tout proche, à Akhaura. Ainsi serait établie une
liaison ferroviaire entre Agartala d’une part et Dacca et Chittagong d’autre part.
Un projet existe aussi de prolonger la ligne existante en territoire indien d’Agartala
jusqu’au sud du Tripura, à Sabrum, distant de 60 km de Chittagong. Le raccordement
avec le réseau bangladais serait très aisé. Cette volonté de l’Inde d’étendre
son réseau ferré dans les Etats du Nord-Est vers le Bangladesh résulte d’une vision
stratégique, l’accès au port de Chittagong. Mais le Bangladesh maintient son refus
à l’Inde d’utiliser le port de Chittagong qui lui permettrait de désenclaver ses Etats
du Nord-Est. Par ailleurs, Agartala n’est pas très loin du réseau fluvial bangladais, le
port le plus proche, ouvert en toutes saisons, étant Ashuganj sur la Meghna.
Un accord global pourrait intervenir accordant à la fois le droit de transit aux
Bangladais en Inde et aux Indiens au Bangladesh mais les deux pays semblent considérer
que les inconvénients l’emporteraient sur les avantages. La situation reste
figée.
Le Bangladesh renonce à toute exportation de gaz vers l’Inde à partir de ses propres
gisements en affirmant que ses réserves prouvées sont relativement faibles. Pour
construire à travers son territoire un gazoduc à partir de la Birmanie, désormais
un pays producteur significatif, il veut imposer à l’Inde des concessions majeures,
jugées irrecevables à New Delhi, notamment un droit de transit pour commercer
librement par voie terrestre avec le Népal et le Bhoutan.
Une aide chinoise est fournie au Bangladesh pour la prospection de gaz et de
charbon. Un accord sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire a été conclu en
avril 2005 alors qu’aucun arrangement semblable n’existe avec l’Inde. Le Bangladesh
peut aussi bénéficier de certaines activités spatiales chinoises puisqu’il a été inclus
au sein de l’Asia-Pacific Space Cooperation Organization (APSCO) qui regroupe,
outre la Chine et le Bangladesh, le Pakistan, l’Iran, la Thaïlande, la Mongolie et le
Pérou.
Le Bangladesh ne possède pas de communauté chinoise. Néanmoins les hommes
d’affaires chinois sont très nombreux, surtout à Chittagong, la deuxième ville
du pays avec plus de 3 millions d’habitants. Ce port présente un grand intérêt à
cause de son site relativement sûr, à l’embouchure du fleuve Karnaphuli, et de sa
localisation, sur le Golfe du Bengale et proche de la Birmanie. Une société chinoise
a modernisé la partie du port consacrée aux conteneurs. C’est par lui que transitent
les échanges commerciaux entre la Chine et le Bangladesh alors que le commerce
entre l’Inde et le Bangladesh se fait presque exclusivement par voie terrestre. La
Chine s’intéresse aussi à la construction envisagée d’un port en eau profonde dans
l’île de Sonadia, près de Cox’s Bazar, donc plus proche de la frontière birmane
que Chittagong. L’Inde s’en inquiète. Les liaisons aériennes se développent avec
l’établissement de vols quotidiens entre Dacca et Kunming, la capitale du Yunnan,
en plus des vols vers Hong Kong et Pékin. Avec l’Inde, des vols sont assurés entre
Dacca d’une part, Kolkata et Delhi d’autre part. Désormais, la Chine devance
l’Inde comme partenaire commercial. Ses produits, qui couvrent une gamme de
plus en plus large, sont de meilleure qualité et moins chers. De plus, les procédures
sont plus simples et les livraisons plus rapides. Les touristes chinois arrivent de plus
en plus. 70.000 sont venus au Bangladesh en 2004.
Par ailleurs, des établissements d’enseignement supérieur bangladais et chinois
coopèrent et ont mis au point des échanges d’étudiants et de professeurs. L’Inde
constate avec une certaine inquiétude l’approfondissement des relations entre le
Bangladesh et la Chine. Cette dernière accroît la fourniture d’équipements militaires,
y compris pour l’armée de l’air qui a reçu des chasseurs F 7 et forme dans ses
écoles des militaires bangladais.
Omniprésence de la Chine en Birmanie et tentative indienne pour la contrer
Dans le passé, la Chine était intervenue en faveur de certains mouvements autonomistes
ou indépendantistes des confins orientaux et septentrionaux birmans, considérés comme des territoires d’importance car ils avaient servi de base arrière au Kuomintang puis comme base de départ des communistes dans leur lutte contre l’Etat birman. Elle cherche, avec succès, à contrôler les régions birmanes contiguës au Yunnan.
Son interventionnisme n’est plus militaire, il est économique et partant
politique. L’Etat shan comprend quatre régions spéciales. Des Shans et des Was vivent de
part et d’autre de la frontière sino-birmane. Du côté birman, les Shans peuplent les
vallées, les tribus, parfois très arriérées, animistes ou chrétiennes, habitant sur les
hauteurs. La Chine contrôle la région spéciale n° 4 de l’Etat shan, située au nord
de Kyaing Tong et dans laquelle le yuan est la monnaie qui a cours de préférence
au kyat. Pour y accéder, il faut payer un droit d’entrée en yuan, un visa en quelque
sorte. La capitale de cette région spéciale est Mong La (à ne pas confondre avec le
port bangladais de Mongla), une petite ville de 10.000 habitants. La région spéciale,
peuplée d’environ 80.000 habitants surtout des Was, est dirigée par un Shan.
Elle possède une armée distincte de l’armée birmane, placée sous les ordres d’un
Birman d’origine chinoise, inféodé à Pékin.
La Chine a construit de fort belles routes comme celle qui relie Kyaing Tong
à Mong La, distant de 79 km, sur la frontière chinoise mais aussi celle allant de
Kyaing Tong à Tachilek sur la frontière thaïlandaise, les deux ayant été achevées au
tout début de l’année 2000. La jonction Tachilek-Mong La par Kyaing Tong se fait
en cinq heures. C’est par cet itinéraire entièrement dans l’Etat shan que se font des
échanges commerciaux entre la Chine et la Thaïlande via Kyaing Tong. Les deux
routes Mong La-Kyaing Tong et Tachilek-Kyaing Tong se raccordent à la route
Kyaing Tong-Taunggyi, reliant l’Etat shan au reste du pays, de médiocre qualité
et de surcroît peu sûre à cause d’insurrections résiduelles. C’est par cet itinéraire
Mong La-Taunggyi via Kyaing Tong que se font des échanges commerciaux entre la
Birmanie et la Chine. En fait une bretelle a été construite au nord-ouest de Mong
La pour éviter la ville ; elle passerait par une agglomération dénommée Kansang.
Mong La était devenu un Las Végas birman où les Chinois venaient s’amuser en dépensant
beaucoup d’argent et en se livrant à des trafics en tout genre. Pékin a voulu
y mettre fin et a interdit en 2005 à ses ressortissants de s’y rendre. Le casino et les
boîtes de nuit sont laissés à l’abandon. De ce fait, la frontière est quelque peu morte
bien que des camions la franchissent encore. Mais la ville pourrait rapidement retrouver
son lustre si l’attitude chinoise changeait.
La Chine est également très présente dans la région spéciale n° 2, située au nord
de la région spéciale n° 4. La région spéciale n° 2 est interdite aux étrangers autres
que chinois, car le régime de Rangoun craint des ingérences américaines, notamment
de la CIA.
La principale liaison routière entre la Birmanie et la Chine se situe en fait plus
au nord, toujours dans l’Etat shan, entre Mandalay et Mu Se, poste frontière birman
(Ruili du côté chinois), via Lashio. De Mandalay, on rejoint la frontière en
douze heures. C’est cette route qu’empruntent les camions chargés de crustacés et
de poissons venant de Sittwe, port de pêche de l’Etat rakhine, à l’extrémité occidentale
de la Birmanie, et se dirigeant vers Kunming. Quatre jours au moins sont
nécessaires pour couvrir la distance Sittwe-Mu Se, sans discontinuité avec changements
de chauffeurs.
La Chine développe les infrastructures routières et ferroviaires au Yunnan
dans le cadre d’une vision stratégique d’accès à l’Océan indien, déjà constatée au
Xinjiang, au Tibet et dans toute l’Asie du Sud1. La Chine construit une voie ferrée
de Kunming à Tali et jusqu’à Shewli sur la frontière birmane. Elle envisage
de la prolonger en territoire birman jusqu’à Lashio. Ainsi Kunming serait relié à
Mandalay puisqu’il existe déjà une voie ferrée, construite à l’époque coloniale, entre
Lashio et Mandalay. La seconde guerre mondiale avait empêché les Britanniques de
la prolonger jusqu’à la frontière chinoise. Ainsi seraient connectés les réseaux ferrés
chinois et birman. Une autre liaison par voie ferrée est prévue plus au nord pour
relier le Yunnan à la ville birmane de Myitkyina. La coopération entre la Chine et
la Birmanie en matière ferroviaire est déjà importante : fourniture de wagons par la
Chine et usine de fabrication conjointe de traverses dans l’agglomération birmane
de Myitnge.
La Chine s’intéresse aux principaux ports birmans dont en premier lieu
Rangoun. C’est une société chinoise qui gère l’avant-port de Thilawa. Elle convoite
Thandwe et Sittwe, deux ports de l’Etat rakhine, proches du Bangladesh ainsi que
Myeik, dans la division de Taninthayi, près de la frontière thaïlandaise. Elle a également
entrepris l’étude d’un projet de port en eau profonde à Kyaukphyu, dans
l’Etat rakhine.
Les liaisons aériennes se développent avec des vols à partir de Rangoun vers
Pékin, Kunming et Guangzhou.
La Chine a aussi édifié l’une des plus importantes centrales hydroélectriques du
pays près de la nouvelle capitale, Nay Pyi Taw ( ce qui signifie cité royale), situé à
proximité de la petite ville de Pyinmana dans le centre du pays. Elle exploite le jade
à Mogaung, dans l’Etat kachin et souvent de manière illégale le bois de teck, auquel
s’intéresse aussi l’Inde. Elle importe par ailleurs les produits de la mer.
La Chine a consolidé sa présence en Birmanie en profitant du retrait relatif des
pays occidentaux qui expriment des réserves à l’égard du régime militaire birman
et parfois refusent toute forme de coopération. Elle a aussi été aidée par la présence
d’une communauté chinoise installée de longue date en Birmanie dont le volume
est difficile à connaître en partie parce que la majeure partie de ses membres est
naturalisée. La présence de cette communauté, qui n’a jamais oublié la mère patrie
toute proche, constitue pour la Chine un avantage dont elle ne dispose pas au
Bangladesh voisin. Elle a su et sait utiliser les Chinois birmans au mieux de ses
intérêts, en exerçant au besoin de fortes pressions, notamment pour promouvoir
ses produits. Elle vend désormais toutes sortes d’articles et de machines que l’on
retrouve dans les villes (en particulier des motocyclettes) et à la campagne (tracteurs
notamment utilisés dans les rizières).
Les Chinois visitant la Birmanie sont de plus en plus nombreux, ils étaient près
de 20.000 en 2005 contre 18.000 en 2004 et 16.000 en 2003. Parmi eux se trouvent
certes des touristes mais la majorité semble constituée d’hommes d’affaires.
Certains s’installent durablement, en particulier à Rangoun qui possède son quartier
chinois et à Mandalay et obtiennent même la citoyenneté birmane, gonflant ainsi la
communauté ancienne. Parmi les nouveaux immigrés figurent aussi des clandestins.
Les Chinois ne sont pas seulement présents dans les régions frontalières et dans les
grandes villes. Ils le sont également dans des villes d’importance moyenne, comme
Aungban et Taunggyi de part et d’autre du lac Inle et comme Lashio.
Les Chinois ont investi massivement dans le commerce, l’hôtellerie et la restauration.
Il contrôlent désormais une bonne partie de l’économie grâce à la connivence
des généraux birmans au pouvoir. Ceux-ci laissent les Chinois, citoyens birmans
ou non, opérer quasiment à leur guise car ils y trouvent leur compte. La population
reste sans défense face à la mainmise chinoise.
La Chine prospecte des gisements de gaz et de pétrole au large de l’Etat rakhine
et dans le centre de la Birmanie. Du gaz a été découvert en mer. La Chine a profité
des difficultés indiennes concernant le projet de construction d’un gazoduc via le
Bangladesh pour signer un contrat de livraison de gaz avec la Birmanie au grand
dam de l’Inde. Celle-ci n’a cependant pas renoncé et envisage même la construction
d’un gazoduc qui rejoindrait le Mizoram, évitant le Bangladesh mais au prix
d’un surcoût important. Un protocole d’accord a été signé par les deux pays lors du
voyage officiel du Président de la République indienne début mars 2006. Le gaz serait
extrait de gisements au large des côtes de l’Etat rakhine, donc relativement près
de la frontière maritime avec le Bangladesh et acheminé vers le Mizoram, accessible
facilement par la vallée du fleuve Kaladan. Deux compagnies d’Etat indiennes, l’Oil
and Natural Gas Corporation of India et la Gas Authority of India participent déjà à
l’exploration off-shore au large de l’Etat rakhine où sont également présentes des
compagnies chinoises, notamment la China National Offshore Oil Corporation.
Les îles de l’archipel Mergui, au large du Tenasserim, dans le sud-est de la
Birmanie, au milieu desquelles se trouvent peut-être des gisements de gaz importants,
intéressent aussi les Chinois pour des raisons stratégiques. Ils pourraient y
construire des bases d’écoute et de radars qui leur permettraient notamment de
surveiller le trafic maritime à l’entrée du détroit de Malacca, à l’instar de celles qui
existent déjà dans les îles Cocos, situées plus à l’ouest, pour observer les tirs d’essais
de missiles indiens, lancés dans l’Océan indien à partir des côtes de l’Orissa. Ils
possèderaient déjà une base navale ou tout au moins bénéficieraient de facilités à
Hainggyi, à l’embouchure du fleuve Pathein (ou Bassein), immédiatement à l’ouest
du delta de l’Irrawaddy. La Chine offre des équipements militaires à l’armée birmane.
La mobilité de cette dernière a été accrue de manière significative par la livraison
de nombreux camions FAW. Des officiers birmans reçoivent une formation dans les
écoles militaires chinoises.
L’Inde, consciente de l’omniprésence chinoise grandissante en Birmanie, a
renoué le dialogue avec ce pays malgré sa réticence longtemps affichée à l’égard
de la junte militaire. Elle ne peut guère s’appuyer sur la communauté indienne
(aujourd’hui environ un million) depuis le départ forcé de la plupart de ses membres
influents après 1962. La majorité des Indiens qui sont restés, hindous de religion,
occupent des postes subalternes, alors qu’à l’époque coloniale les Britanniques
leur avaient donné une place importante dans la politique et l’économie locales.
La prépondérance des Indiens avait engendré une rancoeur à leur égard, toujours
perceptible, alors que les sentiments anti-chinois n’existent guère. L’Inde propose
d’aménager des centrales hydroélectriques, notamment sur la Chindwin, affluent
de l’Irrawaddy et un centre de communication satellitaire. Elle est disposée par
ailleurs à investir dans le domaine des technologies de l’information.
L’Inde partage avec la Birmanie une frontière de 1.640 km le long de quatre
provinces sensibles, l’Arunachal Pradesh, le Nagaland, le Manipur et le Mizoram.
C’est grâce à ce pays qu’elle possède une frontière terrestre avec l’Association of
South-East Asia Nations (ASEAN). Elle accorde son aide pour établir une liaison
routière à partir de la ville frontière de Moreh (côté indien au Manipur) et Tamu
(côté birman dans la division de Sagaing) vers Mandalay via Kalaymio. Mandalay
apparaît donc comme l’endroit où se conjuguent les activités indiennes et chinoises.
C’est là que convergent les routes transversales ouest-est susceptibles de relier
l’Inde à la Chine. La ville, la seconde en importance avec 1,2 million d’habitants
après Rangoun, abrite d’ailleurs des consulats des deux pays. Mais les Chinois, pour
la plupart naturalisés birmans, y sont beaucoup plus nombreux et influents que
les Indiens. Ils y possèdent de nombreux magasins où toutes les inscriptions sont
dans leur langue et des immeubles entiers. L’axe Imphal (capitale du Manipur),
Moreh-Tamu, Mandalay, Mu Se, Kunming, rejoint par l’itinéraire Aizawl (capitale
du Mizoram), Champhai, Kalaymio, en cours d’achèvement, doublera la route
allant de Ledo, dans le nord de l’Assam, à Kunming via Bhamo. Cette dernière
datant de la seconde guerre mondiale et portant le nom du général Stilwell, était
tombée en désuétude mais elle est en cours de restauration. Le tronçon chinois, entièrement
remis en état, est utilisé par les véhicules passant par Mu Se. Les Chinois
proposent de restaurer le secteur birman mais les Indiens tardent à réparer la partie
empruntant leur territoire car ils craignent une irruption chinoise à partir du nord
de la Birmanie et l’arrivée massive de produits chinois, alors que la pression à partir
du Tibet est très perceptible au nord de l’Arunachal Pradesh. En définitive, l’Inde
craint que sa partie nord-est ne soit prise en sandwich. Par ailleurs, l’Inde propose
la construction de voies ferrées pour relier Imphal à Rangoun et Aizawl à Mandalay
(par Monywa, déjà sur le réseau birman), voire Kohima à Mandalay (côté indien,
la ligne de chemin de fer n’arrive qu’à Dimapur mais il est prévu de la prolonger
jusqu’à Kohima, capitale du Nagaland). New Delhi adopte donc une attitude quelque
peu ambivalente, parfois opposée au développement des voies de communication,
parfois au contraire tout à favorable.
Si les relations entre l’Inde et la Chine s’améliorent, ces voies routières et ferroviaires
pourraient servir aux échanges bilatéraux sino-indiens. Elles pourraient aussi
favoriser le développement des échanges commerciaux entre l’Inde et la Thaïlande,
liées par un accord de libre échange. Ainsi, la Birmanie ouvrirait à l’Inde les portes
de l’Asie du Sud-Est. L’Inde propose par ailleurs l’installation en Birmanie d’une
station terrestre pour recevoir et traiter à des fins agricoles des données transmises
par satellites.
Des relations politiques difficiles avec le Bangladesh empêchent l’Inde de désenclaver
ses Etats du Nord-Est par le port de Chittagong, à l’embouchure du fleuve
Karnaphuli, l’un des débouchés naturels de l’Etat indien du Mizoram. Mais les choses
se présentent maintenant mieux avec la Birmanie. Des pourparlers pourraient
s’engager pour réactiver les communications fluviales dans l’Etat rakhine, sur le
fleuve Kaladan dont la source se trouve au Mizoram. Celles-ci existaient à l’époque
britannique. Les Indiens envisagent aussi de construire à partir du Mizoram une
route vers le sud en territoire birman pour opérer la jonction avec le port de Sittwe.
Celui-ci, équipé de manière sommaire, possède un gros potentiel de développement
car il est très bien situé à l’embouchure du Kaladan. Il pourrait devenir l’approche
et le débouché naturels du Nord-Est indien. Sittwe constitue une alternative à
Chittagong. Les Indiens ont proposé d’aménager le site en un véritable port mais
les Birmans temporisent, sans doute sous la pression des Chinois, présents dans
le domaine des pêcheries. New Delhi sera peut-être tenté de susciter une certaine
émulation entre le Bangladesh et la Birmanie en faisant miroiter le profit qu’ils
pourraient tirer d’un accès direct au Golfe du Bengale de l’Assam et des autres provinces
voisines. La création de lignes maritimes entre Sittwe et Kolkata ou son avant
port de Haldia et entre Sittwe et Chennai pourrait de même être envisagée.
Le développement des relations routières, fluviales et maritimes permettrait
d’accroître les échanges commerciaux, actuellement très faibles entre la Birmanie et
l’Inde, de l’ordre de 400 millions de dollars. Avec la Chine, le montant des échanges
s’élève à 1,1 milliard de dollars et est en constante augmentation.
Indépendamment de leur rôle économique, les ports bangladais de Chittagong
et birman de Sittwe présentent aussi un intérêt stratégique car ils permettraient à
l’Inde, en cas de conflit avec la Chine, peu probable dans le contexte actuel il est
vrai, et de l’interdiction par cette dernière de l’accès aux Etats du Nord-Est par voie
terrestre via le corridor de Shiliguri, de rompre l’enclavement de l’Assam et des petits
Etats voisins. Les stratèges chinois ne peuvent ignorer cette dimension militaire
et s’intéressent pour cette raison aussi à ces deux ports.
Le réchauffement des relations indo-birmanes inclut un volet militaire pour
d’autres raisons. Les confins birmans, dans la division de Sagaing et dans l’Etat
chin, demeurent peu sûrs. Des trafics en tout genre s’y déroulent et certains mouvements
insurrectionnels des Etats du Nord-Est de l’Inde, notamment nagas, y ont
installé des bases de repli. Des trafics semblent se faire aussi entre les deux pays, le
long du fleuve Kaladan qui prend sa source dans l’Etat indien du Mizoram et se
jette dans la mer à Sittwe. Les Indiens ont besoin des interventions de l’armée birmane
pour détruire les bases arrière des militants. Les armées indienne et birmane
ont mené des opérations conjointes dans les zones frontalières. Des échanges entre
les deux armées indienne et birmane ont également lieu dans le domaine de l’instruction.
L’Inde propose la vente d’armes. Les visites au cours des récentes années
de hautes personnalités politiques et militaires indiennes en Birmanie et birmanes
en Inde concrétisent le rapprochement.
Les insurrections : vulnérabilités indiennes et atouts chinois
Le Bangladesh et la Birmanie ont connu et connaissent encore des insurrections
dans leurs régions périphériques, de plus ou moins grande gravité, qui ne peuvent
laisser indifférentes la Chine et l’Inde. Elles ont des causes internes (pauvreté, sentiment
d’exclusion des groupes minoritaires, …) mais elles restent interconnectées
avec des guérillas dans les pays voisins et dans certains cas avec les mouvements
terroristes internationaux. Les mouvements insurrectionnels des tribus bouddhistes
des Chittagong Hill Tracts au Bangladesh ont cessé leur combat suite à la signature
d’un accord en décembre 1997 avec le gouvernement bangladais mais certaines
factions dissidentes continuent de mener des actions subversives sporadiques. Le
mécontentement subsiste et n’est pas sans répercussions dans les Etats très instables
du Nord-Est de l’Inde et en Birmanie, pays majoritairement bouddhiste.
La Chine avait apporté une aide militaire aux diverses insurrections nationalistes
agitant les Etats du Nord-Est de l’Inde. C’est par les territoires birmans que
transitaient certains insurgés pour aller s’entraîner au Yunnan et s’y procurer des
armes avant de revenir combattre en Assam et dans les provinces voisines. Ces liens
semblent avoir cessé, bien que les avis divergent. Quoiqu’il en soit, la Chine continue
de porter une attention particulière à l’évolution des insurrections du Nord-Est
indien. Elle s’intéresse aussi aux mouvements maoïstes du Népal, très actifs également
dans certains Etats indiens et au Bangladesh. Le Purba Banglar Communist Party (PBCP-Janajuddho) qui fait partie de cette famille idéologique a été interdit
par le gouvernement bangladais mais reste opérationnel, notamment dans la région
de Khulna, proche de la province indienne du Bengale occidental. Tous ces mouvements,
qu’ils soient de nature nationaliste ou idéologique, profitent à la Chine car
ils affichent une profonde hostilité à l’égard de l’Inde.
Le Bangladesh subit par ailleurs l’influence d’un islamisme radical, longtemps
contesté par Dacca. La misère et le désoeuvrement des jeunes sans avenir favorisent
l’endoctrinement au service d’une cause jusqu’au-boutiste anti-occidentale, surtout
anti-américaine. Les écoles religieuses, les madrassas, contribuent à la radicalisation
de la jeunesse. Leur nombre augmente et beaucoup n’enseignent aucune discipline
classique, se contentant de dispenser un enseignement religieux. L’Inde considère
que le Bangladesh peut devenir un Etat islamiste extrémiste, un nouveau pays taliban
comme l’a été et pourrait le redevenir l’Afghanistan. La Chine ne partage pas
ces craintes peut-être parce que le Bangladesh se situe loin de sa province musulmane
du Xinjiang.
Le terrorisme islamique bangladais possède des ramifications internationales, y
compris avec al Qaeda et des mouvements pakistanais, avec la connivence possible
des services de renseignement du Pakistan, afin de déstabiliser l’Inde. Il entretient
des relations avec les mouvements extrémistes rohingyas de Birmanie. Les mouvements
islamistes bangladais sont également liés aux organisations militantes du sud
de la Thaïlande, à la frontière de la Malaisie.
Le trafic de drogues ignore les frontières. Il était particulièrement actif dans les
deux triangles d’or, Chine-Laos-Birmanie et Birmanie-Laos-Thaïlande. Les actions
menées contre la culture du pavot par les gouvernements concernés avec la coopération
des organisations internationales compétentes l’ont quelque peu réduit.
Néanmoins, les insurrections de l’Asie du Sud-Est et du Nord-Est de l’Inde continuent
de financer leurs activités par le commerce de drogues. Celui-ci reste très fort
de part et d’autre de la frontière indo-bangladaise. La Chine et l’Inde demeurent
directement concernées par les problèmes de drogues lié à celui des armes existant
en Birmanie et au Bangladesh.
La Chine tire de substantiels avantages dans ses échanges commerciaux avec le
Bangladesh et la Birmanie. L’Inde reste en retrait. Les balances commerciales du
Bangladesh sont défavorables avec l’Inde et encore plus avec la Chine alors qu’elles
sont positives avec les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne. Pour la
Birmanie, globalement les mêmes tendances apparaissent dans ses relations avec
l’Inde et la Chine.
L’Inde, le Bangladesh et la Birmanie se retrouvent au sein d’une organisation
régionale dont ne fait pas partie la Chine. Il s’agit de la Bay of Bengal Initiative
for Multi-Sectoral Technical and Economic Cooperation (BIMSTEC), regroupant
cinq pays de l’Asie du Sud (Inde, Bangladesh, Népal, Bhoutan, Sri Lanka) et deux
pays de l’Asie du Sud-Est (Birmanie, Thaïlande). L’Inde et la Birmanie sont également
membres de la Mekong-Ganga Cooperation Initiative (MCCI), comme le
Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam.
Le Bangladesh et la Birmanie peuvent contribuer au rapprochement de l’Inde
et de la Chine. Ces quatre pays constituent un Forum for Regional Economic
Cooperation, qui s’est réuni pour la septième fois à Dacca les 31 mars et 1er avril
2007. Ils se retrouvent par ailleurs avec les autres pays d’Asie du Sud-Est,, la Corée
du Sud et le Japon pour traiter un problème commun, la lutte contre la piraterie,
au sein d’un Regional Cooperation Agreement on Anti-Piracy (RECAAP). Depuis
2006, le Bangladesh fait partie du forum régional de l’Association of South-East Asia
Nations (ASEAN Regional Forum – ARF), auquel appartiennent les pays de l’Asie du
Sud-Est dont la Birmanie, ainsi que l’Inde, la Chine et d’autres pays. Le tourisme
pourrait par ailleurs favoriser la rencontre d’Indiens et de Chinois qui voyagent de
plus en plus, notamment au Bangladesh et en Birmanie.
Mais le Bangladesh et la Birmanie forment aussi un terrain de confrontation
entre les deux géants asiatiques. Les mauvaises relations que l’Inde entretient avec
le Bangladesh l’empêchent de tirer profit de la géographie. La Chine s’engage avec
dynamisme au Bangladesh et encore plus en Birmanie, pour désenclaver sa province
du Yunnan, acheter des matières premières, vendre ses produits et en même temps
contourner l’Inde, comme elle le fait à l’ouest avec le Pakistan. Contrairement aux
ports pakistanais de Karachi et Gwadar, joignables par route depuis le Xinjiang, les
ports indiens de Kolkata et Haldia et bangladais de Chittagong et de Mongla ne
sont pas accessibles à la Chine par voie terrestre à partir du Tibet parce que l’Inde
s’oppose à la traversée de son territoire. Elle craint un encerclement par la Chine,
d’autant plus que celle-ci développe aussi ses liens avec le Népal, le Sri Lanka et les
Maldives.
L’importance stratégique du Bangladesh et de la Birmanie et le rôle grandissant
qu’y jouent la Chine et de l’Inde n’échappent pas à l’attention des Etats-Unis et des
grandes puissances dont la Russie. En 2002, celle-ci avait donné son accord pour
fournir une aide pour construire une centrale nucléaire près de Mandalay. Le projet,
abandonné pour des raisons financières, pourrait être relancé. La Russie aurait aussi
accepté de construire un centre de recherche nucléaire. L’augmentation de ressources
due à l’exploitation de gisements de gaz pourrait en effet, si elle se confirmait,
permettre à la Birmanie, non signataire du Traité de Non-Prolifération, de se lancer
dans un programme nucléaire relativement ambitieux qui pourrait même inclure
une composante militaire. Son rôle de fournisseur de gaz de la Chine et de l’Inde
lui procurerait une relative impunité et invulnérabilité. La Russie reçoit par ailleurs
dans ses écoles des officiers de l’armée birmane pour former des pilotes et des spécialistes
dans les domaines les plus divers, y compris l’informatique. Elle a aussi
contribué à la construction d’un aérodrome à Anisakan, près de Maymyo où se
trouve l’école de l’armée de l’air. Certaines bases aériennes comme celle de Meiktila
sont dotées des chasseurs d’origine russe. Chinois, Indiens et Russes participeraient
par ailleurs à la construction de bâtiments pour le ministère de la défense dans la
nouvelle capitale Nay Pyi Taw. Les uns comme les autres profitent du refus américain
et dans une certaine mesure européen de commercer avec la Birmanie tant que
celle-ci restera gouvernée par une junte militaire.
Chronologie des relations Bangladesh-Inde
1972 : signature d’un accord d’amitié et de paix, valable 25 ans
1974 : signature d’un accord donnant le libre passage aux Bangladais vers l’enclave
de Tin Bigha
1977 : signature d’un accord de partage des eaux du Gange pendant la saison
sèche
1992 : acceptation par l’Inde à titre permanent d’un libre passage vers l’enclave
bangladaise de Tin Bigha
1996 : accord de partage des eaux du Gange
1997 : visite en Inde du Premier ministre bangladais
2005 : visite au Bangladesh du Premier ministre indien (à l’occasion d’une réunion
de la SAARC)
Là où l’Asie du sud et du sud-est se rencontrent, l’ombre de la Chine
135
Mars 2006 : visite en Inde du Premier ministre bangladais Khaleda Zia
Fin février-début mars 2008 : visite en Inde du chef d’état-major de l’armée de terre
bangladaise, le général Moeen U Ahmed
Chronologie des relations Bangladesh-Chine
April 1970 : mise en service à Ghazipur d’une usine de construction de fusils, érigée
par la Chine (donc avant la création du Bangladesh, dans ce qui était alors le
Pakistan Oriental.
Septembre 1974 : la Chine lève son veto pour l’admission du Bangladesh à
l’ONU.
1975 : établissement de relations diplomatiques.
Janvier 1975 : signature d’un accord commercial.
31 août 1975 : reconnaissance du Bangladesh par la Chine.
4 octobre 1975 : établissement de relations diplomatiques.
1978 : signature d’un accord maritime.
Début des années 1980 : fourniture de frégates chinoises.
Mars 1980 : signature d’un nouvel accord commercial, à long terme, remplaçant
celui de 1975.
2 juin 1983 : création d’une Commission économique conjointe.
1986 : escale d’une flotille chinoise.
12 septembre 1996 : signature de 4 accords pour promouvoir les relations économiques.
Juillet 2001 : visite en Chine du chef d’état-major de l’armée de terre.
Décembre 2001 : visite en Chine d’un général de l’armée de terre.
2002 : signature d’un accord de coopération dans le domaine de la défense (entraînement
et production de défense)
Avril 2002 : visite en Chine du chef d’état-major de l’armée de l’air.
23-27 décembre 2002 : visite en Chine du Premier ministre bangladais, Khaleda
Zia. Signature d’un protocole d’accord sur la coopération militaire.
Avril 2008 Géostratégiques n° 19 – L’avenir géostratégique de la puissance indienne
136
7-8 avril 2005 : visite au Bangladesh du Premier ministre chinois Wen Jiabao.
Signature de 9 accords ou protocoles d’accord notamment sur la gestion de l’eau,
l’énergie nucléaire, la formation des personnels de sécurité et de défense.
17-21 août 2005 : visite en Chine du Premier ministre bangladais, Khaleda Zia.
Chronologie des relations Birmanie-Inde
Avril 1949 : visite en Inde de U Nu, chef de l’Etat birman.
7 juillet 1951 : signature d’un traité d’amitié entre la Birmanie et l’Inde, sans clause
de sécurité.
10 mars 1967 : accord frontalier entre la Birmanie et l’Inde.
1984 : visite en Inde du général Ne Win, chef de l’Etat birman.
Septembre 1987 : entrée en vigueur d’un accord frontalier maritime.
Décembre 1987 : visite en Birmanie de Rajiv Gandhi, Premier ministre indien.
Janvier 2000 : visite en Inde du général Maung Aye, vice-chef du Conseil d’Etat
pour le développement et la paix, chef d’état-major des armées.
Juillet 2000 : visite en Birmanie du général V. P. Malik, chef d’état-major de l’armée
de terre indienne.
Novembre 2000 : visite en Inde du général Maung Aye, vice-chef du Conseil d’Etat
pour le développement et la paix, chef d’état-major des armées.
Novembre 2003 : visite en Birmanie de Bhairon Singh Shekhawat, vice-Président
de la République indienne.
Octobre 2004 : visite en Inde du général Than Shwe, chef de l’Etat birman.
Mars 2005 : visite en Birmanie de K. Natwar Singh, ministre indien des affaires
étrangères.
Mars 2006 : visite en Birmanie de A. P. J. Abdul Kalam, Président de la République
indienne.
Fin mars 2006 : visite en Birmanie d’une délégation de l’enseignement militaire
supérieur indien.
Là où l’Asie du sud et du sud-est se rencontrent, l’ombre de la Chine
137
Septembre 2006 : visite en Birmanie du Shekhar Dutt, secrétaire à la défense indien
(le plus haut fonctionnaire civil du ministère).
Novembre 2006 : visite en Birmanie du général S. P. Tyagi, chef d’état-major de
l’armée de l’air indienne.
Janvier 2007 : visite en Birmanie de Pranab Mukherjee, ministre indien des affaires
étrangères.
Avril 2007 : visite en Inde du vice-amiral d’escadre Soe Thane, chef d’état-major de
la marine birmane et du général de corps d’armée Thiha Thura Tin Aung Myint,
chef de la logistique (quartermaster general) de l’armée de terre birmane.
Fin avril 2007 : visite en Assam et au Nagaland du général de brigade birman Tin
Maung Ohn à la tête d’une délégation de 18 membres.
Mai 2007 : visite en Birmanie de l’amiral Sureesh Mehta, chef d’état-major de la
marine indienne.
Juillet 2007 : visite en Birmanie du général de corps d’armée K. S. Jamwal, commandant
de la région militaire indienne de l’Est (Eastern Command).
Chronologie des relations Birmanie-Chine
16 décembre 1949 : reconnaissance de la République Populaire de Chine par la
Birmanie
8 juin 1950 : établissement de relations diplomatiques avec la République Populaire
de Chine.
Avril 1954 : premier accord commercial.
1954 : visite en Birmanie de Zhou En-Lai, Premier ministre chinois.
Septembre 1956 : visite en Chine de U Nu, Président birman.
Janvier 1960 : accord d’amitié et de coopération.
Octobre 1960 : signature d’un accord frontalier.
Mi-1967 : rupture des relations diplomatiques.
Août 1971 : visite en Chine du général Ne Win, chef de l’Etat birman.
Avril 1977 : visite en Chine du général Ne Win, chef de l’Etat birman.
Avril 2008 Géostratégiques n° 19 – L’avenir géostratégique de la puissance indienne
138
Eté 1988 : signature d’un accord commercial avec la Chine.
Octobre 1989 : visite en Chine du général Than Shwe, chef de l’Etat birman.
1994 : visite en Birmanie de Li Peng, Premier ministre chinois.
Juillet 2000 : visite en Chine du général Maung Aye, vice-chef du Conseil d’Etat
pour le développement et la paix,chef d’état-major des armées.
Janvier 2003 : visite en Chine du général Than Shwe, chef de l’Etat birman.
Mars 2004 : visite en Birmanie de Madame Wu Yi, vice-Premier ministre chinois.
Juillet 2004 : visite en Chine du général Khin Nyunt, Premier ministre birman.
février 2006 : visite en Chine du général Soe Win, Premier ministre birman.
Bibliographie
Bangladesh
The Chittagong Hill Tracts : the untold story, ouvrage collectif sous la direction de
Minazur Rahman Shelley, Centre for development research, Dacca, 1992.
Insurgency in North-East India, the role of Bangladesh, Dipankar Sengupta et Sudhir
Kumar Singh, Authors press, New Delhi, 2004.
Dynamics of Bangladesh-India relations. Dialogue of young journalists across the border,
éditeur Farooq Sobhan, Bangladesh Enterprise Institute, The University Press
Limited, 2005.
Se il Bangladesh si fa talibano, article de Hiranmoy Karlekar dans la revue italienne
de géopolitique Limes, Rome, 4/2005.
Le Kaladan Press Network, basé à Chittagong est une bonne source d’information
sur le problème rohingya.
Birmanie
Birmane, Christophe Ono-dit-Biot, Plon, 2007.
Le goût de la Birmanie, textes choisis et présentés par Christophe Ono-dit-Biot,
Mercure de France, 2005.
Là où l’Asie du sud et du sud-est se rencontrent, l’ombre de la Chine 139
Cina e India abbraciano i generali birmani, Raimondo Bultrini dans la revue italienne
de géopolitique Limes, Rome, 4/2005.
A noter l’existence d’un centre de recherche sur la Birmanie et en particulier sur le
pays kayin (appelé aussi karen) en Thaïlande. Il s’agit du Karen human rights group
and open society institute. P. O. Box 2, Prasingha Post Office, Muang Chiang Mai,
50 200 Thaïlande. Ses publications seraient imprimées par Nopburee Press, Chiang
Mai.
* Général de brigade (cadre de réserve). St-Cyr. Docteur en sociologie politique. Diplômé de
l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) en hindi, ourdou et hongrois.
Diplômé de l’université de Delhi en hindi. Diplômé du Centre des Hautes Etudes sur
l’Afrique et l’Asie Modernes (CHEAM). A occupé des postes diplomatiques en Europe occidentale
(Royaume-Uni), en Europe centrale (Hongrie, Autriche), en Europe balkanique (Bosnie-
Herzégovine) et en Asie du Sud (Inde, Pakistan, Sri Lanka, Maldives). A effectué de nombreuses
missions ponctuelles à travers le monde. Publications : deux livres, Le problème tamoul à Sri
Lanka, L’Harmattan, 1985, Insurrections et terrorisme en Asie du Sud, Editions es-stratégies, février
2008, chapitres dans ouvrages collectifs et plus de 150 articles, en majorité sur les problèmes
politiques, économiques et militaires de l’Asie du Sud et de ses marches.
Notes
1. Relations Inde-Chine, Alain Lamballe dans actes du colloque «L’Inde dans les relations
internationales aujourd’hui», organisé par la Société d’histoire diplomatique, 9 mai 2007,
Paris.
2. Franchir les montagnes en Asie du Sud, Alain Lamballe «Futuribles», octobre 2006, Paris.
3. Relations entre Chine et Asie du Sud en 2020. Rivalité ou alliance ? Alain Lamballe. Chapitre
10 de l’ouvrage «La Chine à l’horizon 2020», L’Harmattan, mai 2006.
4. Offensives chinoises en Asie du Sud, Alain Lamballe, «Futuribles», avril 2006, Paris.